"À l heure des petites mains..."
266 pages
Français

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"À l'heure des petites mains..." , livre ebook

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Description

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le patronat horloger suisse fait appel aux ouvrières italiennes, en dépit des réticences dont fait preuve le syndicat ouvrier de la branche. Qui sont ces femmes, pourquoi sont-elles appelées à occuper des postes de travail dans l'industrie suisse ? Quels bouleversements et résistances leur embauche provoque-t-elle pour elles et pour la classe ouvrière ? Quels intérêts représente pour le patronat cette nouvelle main-d’œuvre ? Pourquoi ces femmes finissent-elles par être indispensables à la production horlogère ? Quels sont les enjeux des négociations autour de leur engagement et quelles sont les positions respectives des acteurs institutionnels ? De nombreuses questions auxquelles cet ouvrage apporte des réponses. A travers l'étude de sources variées, des associations patronales aux syndicats ouvriers, des archives d'entreprises aux témoignages des acteurs et actrices de l'époque, cette étude permet de comprendre la mise en place d'une politique migratoire et d'une politique d'embauche sexuée peu connue. Par le croisement d'une approche genrée avec l'histoire sociale, c'est tout un pan de la politique migratoire suisse et, au-delà, de l'évolution de l'industrie horlogère et de l'économie que cette recherche éclaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2008
Nombre de lectures 1
EAN13 9782940489909
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
A l'heure des petites mains...
« À L’HEURE DES PETITES MAINS... »

L ’EMBAUCHE D’OUVRIÈRES ITALIENNES :
ENJEUX D’UNE POLITIQUE D’EMPLOI SEXUÉE DANS L’HORLOGERIE,
1946-1962
Titre
A LINE B URKI ET L EANA E BEL






« À L’HEURE DES PETITES MAINS... »

L ’EMBAUCHE D’OUVRIÈRES ITALIENNES :
ENJEUX D’UNE POLITIQUE D’EMPLOI SEXUÉE DANS L’HORLOGERIE,
1946-1962









É DITIONS A LPHIL
Copyright
© Éditions Alphil, 2008
Case postale 5
2002 Neuchâtel 2
Suisse

www.alphil.ch

EAN Epub 978-2-940489-90-9

Cet ouvrage n’aurait pas pu être publié sans le soutien financier :
– de la Fondation Émilie Gourd ;
– du syndicat UNIA ;
– de la ville du Locle ;
– de Tissot SA ;
Nous les en remercions chaleureusement.

Photographie de couverture :
Archives personnelles de M. Éric Veuve, atelier des ébauches chez Tissot SA. On y voit des ouvrières, en majorité italiennes. Cette photographie a été prise selon lui avant 1960. Estelle Fallet l’a publiée dans son ouvrage, Tissot 150 ans d’histoire 1853-2003 , Le Locle : Tissot SA, 2003, p. 193. Elle la date de 1965.
Responsable d’édition : Alain Cortat
Conception graphique et mise en page : Nusbaumer-graphistes sàrl, Delémont
R EMERCIEMENTS
Notre gratitude va au professeur Jost qui a dirigé nos mémoires ainsi qu’à Laurence Marti qui a eu la gentillesse d’écrire la préface de ce livre.
Un grand merci à toutes les personnes qui ont accepté de participer à des entretiens, aux nombreux-euses archivistes qui nous ont accueillies et guidées, ainsi qu’à Tissot SA et Zenith SA d’avoir accepté de nous ouvrir leurs fonds.
Merci également à toutes les personnes qui nous ont soutenues et encouragées dans la réalisation de ce projet.
L ISTE DES ABRÉVIATIONS
ABL : Archives de la bibliothèque de la ville du Locle
ACP : Archives de la Convention patronale de l’horlogerie, La Chaux-de-Fonds
ACV : Archives cantonales vaudoises
AEN : Archives de l’État de Neuchâtel
AF : Arrêté fédéral
AFB : Archives fédérales, Berne
AfZZ-USCI : Archiv für Zeitgeschichte, Zürich, fonds de l’USCI
ASB : Association suisse des banquiers
ATS : Agence télégraphique suisse
CA : Conseil d’administration
CCC : Comité de la Convention collective (organe exécutif de la CP)
CF : Conseil fédéral
CP : Convention patronale de l’horlogerie
CSCN : Cartel syndical cantonal neuchâtelois
CSH : Chambre suisse de l’horlogerie
DEP : Département de l’économie publique
DFJP : Département fédéral de justice et police
FAR : Fabrique des assortiments réunies
FH : Fédération horlogère
FOMH : Fédération des ouvriers sur métaux et horlogers
OCT : Office cantonal du travail
OFIAMT : Office fédéral de l’industrie, des arts et métiers et du travail
PCE : Police cantonale des étrangers
PFE : Police fédérale des étrangers
PV : Procès-verbal/verbaux
SAZ : Sozialarchiv, Zurich
SSIH : Société suisse d’industrie horlogère
UCAP : Union centrale des associations patronales
USAM : Union suisse des arts et métiers
USCI : Union suisse du commerce et de l’industrie
USP : Union suisse des paysans
USS : Union syndicale suisse
P RÉFACE
Depuis une dizaine d’années, l’histoire ouvrière, que l’on croyait condamnée à disparaître en raison de la diminution du personnel ouvrier dans les entreprises et de l’effondrement du paradigme marxiste accuse au contraire un regain d’intérêt notoire, associé à un renouvellement important des problématiques. Longtemps dominée par l’histoire des ouvriers qualifiés, des luttes ouvrières et le mythe d’une unité du monde ouvrier, on pouvait craindre que la discipline ne s’enferme définitivement dans ce genre de thématique. Or c’est tout le contraire qui s’est produit. L’ouverture et la diversification des angles d’approche lui ont apporté une dose d’oxygène bienvenue au point qu’il est devenu difficile de recenser tous les sujets qui, aujourd’hui, peuvent s’inscrire de près ou de loin sous le « label » de l’histoire ouvrière. Analyse des recompositions du monde ouvrier sous l’effet des migrations et de la féminisation, réinterrogation des fondements hiérarchiques de l’entreprise, nouvelles formes de luttes, étude des représentations de l’ouvrier et de la constitution des identités et des appartenances, ou encore recherches sur le développement de la protection sociale, l’histoire a investi des espaces nouveaux qui dépassent le cadre restreint de l’usine et des thématiques qui tiennent compte des évolutions récentes du monde du travail 1 .
En s’intéressant au processus de recomposition de la population ouvrière dans l’industrie horlogère des années 1946 à 1962, et plus particulièrement aux modalités d’intégration de la main-d’œuvre féminine d’origine italienne, Aline Burki et Leana Ebel s’inscrivent complètement dans cette ligne de renouvellement des problématiques et l’on ne peut que s’en réjouir et les féliciter de cet apport.
Durant la période étudiée, l’immigration féminine et italienne ne représente pas un chiffre extrêmement important, à peine quelques centaines de personnes en 1946, quelques milliers quinze ans plus tard. En revanche les débats qui portent sur cette question sont nombreux et plutôt animés. Fortes de ce constat, les auteures ont opté non pas pour une étude très classique de la migration, mais pour l’analyse du pourquoi de ce débat, de ses enjeux sous-jacents et finalement pour une étude de la politique de l’emploi dans le contexte horloger d’alors. En allant dans ce sens, Aline Burki et Leana Ebel touchent à la problématique, trop peu abordée en histoire ouvrière, de la constitution de ce que l’on appelle improprement un « marché » de l’emploi, et qui, contrairement à l’idéal défendu par les courants libéraux du 19 e siècle, est bien loin de n’être structuré que par les seules lois de l’offre et de la demande : « l’abandon des travailleurs à ces forces extrasociales ne fut jamais total : les artisans ou les salariés anciennement solidarisés par les métiers – relayés plus tardivement par des syndicats de travailleurs à vocation universaliste –, mais aussi les firmes et l’Etat s’employèrent à restreindre la mobilité de la force de travail, de façon occulte, réglementaire, conventionnelle ou légale, au niveau de l’entreprise, du secteur, ou de la société tout entière. » 2 On ne peut rêver de meilleure illustration de ces propos que l’exemple choisi par Aline Burki et Leana Ebel. Dès 1946, l’horlogerie traverse en effet un moment assez particulier. A peine sortie des années 1930 et de la guerre, elle craint encore le retour de crises importantes et de leur bataillon de chômeurs, l’idée prédominante est donc plutôt de freiner l’embauche. La concurrence se fait également de plus en plus forte et la réflexion est entièrement orientée vers la protection de cette industrie, il s’agit d’éviter à tout prix l’engagement d’étrangères et d’étrangers, pour éviter tout risque de réappropriation du savoir-faire helvétique. A plusieurs reprises, cette position n’est pas loin d’entraver la production et d’empêcher les entreprises d’honorer leurs commandes. La demande de montres connaît en effet plusieurs pics importants durant les années 1950, pour finir par augmenter drastiquement dès le début des années 1960. Les employeurs confrontés à cette situation sont plutôt portés à engager, or, la main-d’œuvre suisse manque et une législation très restrictive leur interdit de se tourner vers l’étranger. Tout l’enjeu du débat sera alors de trouver les moyens de remédier à cette carence sans renoncer complètement aux principes protectionnistes de base. On le découvre très vite à la lecture, la question de l’emploi dépasse largement le cadre des entreprises et des personnes pour prendre une envergure nationale et, bien loin de n’être qu’une question d’offre et de demande, elle met en jeu des logiques complexes (techniques, syndicales, professionnelles, politiques, etc.) défendues par des acteurs multiples. Parmi eux, on retrouve le syndicat FOMH, campant sur des positions protectionnistes et préoccupé par la sauvegarde des savoir-faire masculins, mais aussi, bien sûr, les employeurs, avec ici surtout l’exemple de Tissot SA, grande entreprise du Locle, confrontée directement aux problèmes de la production. Apparaissent également les associations faîtières de l’horlogerie, la Chambre suisse de l’horlogerie et la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse, qui cherchent, elles, à préserver de la concurrence l’une des principales industries helvétiques et qui, ainsi, rejoignent très souvent les positions syndicales. Enfin, sont aussi présentes la Confédération, au travers de l’ancien Office fédéral de l’industrie, des arts et métiers et du travail, le plus souvent porte-parole ou arbitre du débat, ainsi que les principales concernées, des femmes italiennes, souvent peu au fait des pratiques en vigueur et bousculant sans le savoir des modes de faire et de relations.
Trouver le moyen de faire converger ces points de vue prendra du temps. Les auteures suivent pas à pas l’évolution des échanges qui interviennent entre ces différents protagonistes qui commencent par opter pour une fermeture presque totale jusqu’en 1955, pour s’orienter ensuite vers une politique d’ouverture très partielle de l’emploi horloger. Cette ouverture sera néanmoins limitée aux seules femmes italiennes peu qualifiées, considérées finalement comme le moindre mal. Les auteures ne mâchent d’ailleurs pas leurs mots en allant jusqu’à attribuer à ces femmes le rôle de « monnaie d’échange » dans le processus de conciliation à l’œuvre entre le syndicat et le patronat.
L’ouverture aux ouvrières italiennes ne se fera pas pour autant à n’importe quel prix. Alors qu’elles sont souvent considérées comme de très bonnes ouvrières par leurs employeurs, leur engagement est assorti d’un contrôle très strict des emplois occupés, d’une limitation des possibilités de mobilité interne et de discriminations salariales. Pendant une dizaine d’années, les femmes italiennes

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