Les Basques de Labourd, de Soule et de basse Navarre
271 pages
Français

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Les Basques de Labourd, de Soule et de basse Navarre , livre ebook

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Description

Publié initialement à Bayonne par le Musée Basque en 1943, tiré seulement à 2000 exemplaires, devenu introuvable en quelques mois, réédité par la suite par les Editions Arthaud, Les Basques est devenu un classique de la littérature régionale. Il est heureux qu’il redevienne accessible à tous grâce à cette réédition, préfacée par Olivier Ribeton, Conservateur de Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne.

Philippe Veyrin a entrepris de tracer, à l’usage du grand public, une vue d’ensemble qui résume les tendances et précise les résultats d’abondants et remarquables travaux de détail. Cette « connaissance des Basques », limitée en l’occurrence aux trois provinces françaises  ne laisse pas de se référer quand il convient, aux pays basques d’outre-monts, Haute-Navarre, Alava, Biscaye, Guipuzcoa. Géographie humaine, histoire, traditions et folklore, tels sont les volets du Triptyque qui explique Les Basques.

Lire l’ouvrage de Philippe Veyrin, où le passé est sans cesse relié au présent, les évènements rattachés aux lieux où ils se sont déroulés, les traditions évoquées sous leurs aspects pittoresques et attachants, c’est s’initier de la façon la plus vivante à tout ce que recèle d’un peu secret  le sol millénaire d’Euskual Herria.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 janvier 2013
Nombre de lectures 45
EAN13 9782350683447
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

I. CONTOURS – SOL ET SOUS-SOL – MONTAGNES ET RIVIÈRES


Contours. – Qu’est-ce que le Pays basque ? Sur ce point, le génie populaire qui se matérialise dans le langage a devancé, de longue date, une définition à laquelle les savants ne sont parvenus que peu à peu. En fait, le Basque appelle sa propre langue euskara ou eskuara. Lui-même se qualifie d’Eskual-dun « celui qui possède l’eskuara ». La contrée qu’il habite est l’Eskual-herri « pays de l’eskua ra ». Cette dernière appellation a cessé d’être exacte pour une notable partie du territoire d’outre-monts (Navarre, Guipuzcoa, Biscaye et Alava) où, depuis bien longtemps, la langue millénaire est en recul continu, mais elle se révèle encore parfaitement adéquate au Pays basque français : les frontières linguistiques du Labourd, de la Basse-Navarre et de la Soule se sont maintenues sensiblement constantes et coïncident toujours – à peu de chose près – avec les limites historiques apparues au moyen âge.
Penchons-nous sur la carte : à l’extrême pointe sud-ouest de la France, formant des bandes de territoires à peu près parallèles à la côte Océane, nos trois petits pays présentent cependant dans leur ensemble une certaine unité géographique naturelle, due principalement à la double influence du versant septentrional des Pyrénées et du voisinage de l’Atlantique.
Encadré au couchant par le rivage marin qui s’allonge de l’estuaire de l’Adour à celui de la Bidassoa, au levant par les hauteurs qui dominent la rive droite du Saison, le Pays basque français s’adosse au midi à la frontière d’Espagne. Cette dernière suit, en principe, le tracé sinueux de la ligne de partage des eaux, mais non sans divers accrocs que les traités internationaux, depuis celui de 1659, n’ont cessé de consacrer. C’est d’abord le cours même de la Bidassoa qui, sur ses douze derniers kilomètres, sert de limite aux deux États. Cela n’a rien que d’assez normal. Ce qui l’est moins, c’est l’existence de deux enclaves espagnoles dans les hautes vallées de la Nivelle et de la Nive d’Arnéguy : l’une en Labourd, où Zugarramurdi et Urdax s’avancent dans le bassin français d’Ainhoa-Sare, alors que géographiquement la frontière devrait passer au col de Maya. L’autre en Basse-Navarre, entaille plus profonde qui, débordant le col d’Ibañeta (les Ports de Cize de la Chanson de Roland), descend chez nous par Valcarlos jusqu’au pont d’Arnéguy. En revanche, c’est la France qui possède sur le versant sud le plus haut cours du rio Iraty. Rappelons enfin, autour des Aldudes, le Pays Quint, ou Quinto Real, région de pâturages et de bois longtemps contestée de façon sanglante entre les habitants du Val d’Erro et ceux de Baïgorry. Le traité signé à Bayonne le 2 décembre 1856, à l’instigation de l’Impératrice Eugénie, a consacré sur ce point un partage plus favorable aux Espagnols, mitigé, il est vrai, par un régime de jouissance indivise, moyennant une rente annuelle payée par la Vallée française.
Au nord et à l’est, le Pays basque français tient tout entier dans l’ample courbe que dessinent dans leurs rencontres successives le Gave d’Oloron, le Gave de Pau et l’Adour, mais il s’en faut passablement qu’il atteigne leurs rives. En fait, c’est une ligne idéale qui joint Lahonce en Labourd à Montory entre Tardets et Oloron : elle passe par Urt et Bardos, s’infléchit jusqu’à Arraute et Masparraute, se redresse au nord de Saint-Palais jusqu’à Arbouet, redescend par Arberatz, Domezain, Etcharry, Aroue, jusqu’à Charritte. Sur l’autre rive du Saison, Arrast, Moncayolle, l’Hôpital-Saint-Blaise, puis le saillant formé par Barcus et Esquiule, jalonnent les confins du Béarn. Toutes ces localités sont entièrement basques de langue, sauf Urt et Bardos à une extrémité, Montory à l’autre, devenues plus qu’à demi gasconnes ou béarnaises.
Avant la Révolution des limites politiques coïncidaient presque exactement avec celles de la langue ; pourtant, les villages de Guiche et de Gestas, où l’on parle uniquement gascon et béarnais, relevaient l’un du Labourd, l’autre de la Soule ; en revanche, Esquiule, commune purement basque, aurait toujours, semble-t-il, appartenu au Béarn.
À l’intérieur même du territoire euskarien ainsi délimité, le parler gascon, non point récemment mais sans doute dès le début des temps historiques, a poussé quelques pointes notables. La plus importante concerne le territoire (d’ailleurs plutôt bilingue) de Bayonne-Anglet-Biarritz. Plus loin, à l’est, Labastide-Clairence, dont le nom rappelle qu’elle fut peuplée de toutes pièces au début du xive siècle, probablement par des émigrés venus de Rabastens en Bigorre, constitue une autre avancée du dialecte roman. Par ailleurs, dans le canton Béarnais d’Aramits (vallée de Barétous) des noms de lieux, parfois aussi l’aspect du type humain, semblent attester un ancien recul de l’eskuara.
Tels qu’ils sont demeurés jusqu’en 1789, les contours historiques qui divisent le versant français de l’Eskual-Herri en trois « pays » bien distincts (c’est à dessein que nous n’usons pas du mot « province » sous lequel ils n’étaient jamais désignés dans l’Ancien Régime) sont moins arbitraires qu’il ne paraît à première vue :
Le « Païs de Labourd » (74 152 hectares) c’est, en gros, la zone vallonnée, occidentale, maritime englobant la vallée de la Nivelle et le cours inférieur de la Nive, et limitée approximativement à l’est par la Joyeuse. Hormis Bayonne (capitale économique, religieuse et intellectuelle, mais qui néanmoins a presque toujours mené une existence administrative indépendante), le Labourd formait un seul bloc d’une quarantaine de paroisses, sans subdivisions.
Vers l’orient, le « Païs de Soule » (75 345 hectares) n’est pas autre chose que la vallée du Saison, étroite et allongée. Du sud au nord, on y distinguait – circonscriptions correspondant à des divisions naturelles assez nettes (haute montagne, forêt et laine) – trois « messageries » : La Haute-Soule ou Soule Subiran (en basque Basaburia) formée du Val Dextre et du Val Senestre, les Arbailles, la Basse-Soule ou Barhoue (en basque Pettara). L’ensemble comportait une soixantaine de paroisses, certaines fort minimes.

Entre ces deux petits pays, géographiquement assez bien définis, la « Basse-Navarre » (126 366 hectares), ancienne Merindad de Ultra Puertos d’un véritable royaume pyrénéen, s’avère beaucoup moins homogène. Plus vaste et d’un relief plus tourmenté, elle s’est constituée en effet vers la fin du XIIe siècle, par l’assemblage de plusieurs menus groupements qui ont conservé, même de nos jours, certaine physionomie individuelle : Vallées de Baïgorry, d’Ossès, de Lantabat, Pays de Cize, de Mixe, d’Arberoue, d’Ostabaret et d’Irissarry. Au total, une centaine de paroisses qui, depuis Henri IV, ont justifié pour les rois de France le droit de s’intituler aussi rois de Navarre.
Si nous nous sommes quelque peu attardés à préciser ces entités géographiques, c’est que nous ne cesserons plus désormais de les rencontrer. Une vie historique très diverse a modelé à part chacune d’elles et en a fait pour les Basques des réa lités toujours vivantes, à l’encontre desquelles ni département, ni arrondis se ment, ni canton n’ont jamais pu prévaloir. L’Administration elle-même recon naît aujourd’hui encore plusieurs de ces dénominations, sous la forme de Syndicats intercommunaux, forestiers et pastoraux, qui continuent à coïncider avec les antiques subdivisions de la contrée.

Sol et sous-sol. – Il n’y a pas fort longtemps qu’on est arrivé à voir un peu clair dans l’extrême complication des accidents géologiques qui caractérisent les Pyrénées basques.
Le sol de l’Eskual-Herri, aux couches de la nature et d’âge très divers, se révèle, en effet, tout aussi morcelé dans sa structure que dans son relief. Ainsi s’oppose-t-il aux terrains tardivement plus simples et plus récents qui le bordent au nord : plaines tertiaires de l’Adour, saupoudrées en partie par le sable quarte naire des Landes.
D’une façon générale, trois facteurs successifs ont contribué à façonner dans ses grands traits la physionomie de toute la chaîne des Pyrénées :
À l’ère primaire, un premier soulèvement, les

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