Le Choc démographique
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Le Choc démographique , livre ebook

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Description

Sommes-nous prêts au choc démographique qui s’annonce. ? Vieillissement rapide de la population mondiale, urbanisation effrénée, immigration toujours plus importante… Ce n’est pas seulement le profil de notre quotidien qui change, mais aussi les équilibres stratégiques. La Chine peut-elle devenir la première puissance mondiale alors qu’elle s’apprête à «. vieillir avant même d’être devenue riche. ». ? Les États-Unis passeront-ils au second rang alors qu’ils vont conserver leur dynamisme démographique. ? Le déclin de l’Europe est-il inéluctable. ? Y aura-t-il vraiment une «. ruée. » des jeunes Africains vers le Vieux Continent. ? C’est à ces questions que répond Bruno Tertrais, à rebours des fantasmes et sans démagogie. Tandis que la crainte de l’islam devient universelle et alimente la thèse d’un «. choc démographique des civilisations. », que l’Afrique et le Proche-Orient semblent soumis à une instabilité durable, il explique comment ces évolutions pourraient, paradoxalement, augurer d’un monde plus pacifique. La démographie est une affaire politique. : ce livre nous en donne les clés. Bruno Tertrais est politologue, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique. Il a également publié aux éditions Odile Jacob Le Président et la Bombe (2016) et La Revanche de l’Histoire (nouvelle édition 2019)

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 février 2020
Nombre de lectures 8
EAN13 9782738150936
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , FÉVRIER  2020 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5093-6
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
« Il y a trois choses importantes en histoire : premièrement, le nombre ; deuxièmement, le nombre ; et troisièmement, le nombre 1 . »
Les records démographiques 2

T AUX DE NATALITÉ (2015-2020)
Niger 46,3 ‰ – Japon 7,5 ‰
 
T AUX DE MORTALITÉ (2015-2020)
Qatar 1,2 ‰ – Bulgarie 15,4 ‰
 
T AUX D’ACCROISSEMENT NATUREL (2015-2020)
Niger + 37 ‰ – Bulgarie – 6,4 ‰
 
I NDICATEUR CONJONCTUREL DE FÉCONDITÉ (2015-2020)
Niger 6,95 – Japon 1,37 3
 
 GE MÉDIAN (2020)
Niger 15,2 ans – Japon 48,4 ans
 
P ROPORTION DES MOINS DE 15 ANS (2020)
Niger 49,7 % – Japon 12,4 %
 
P ROPORTION DES 15-64 ANS (2020)
Qatar 84,7 % – Niger 47,7 %
Introduction

Sommes-nous préparés au choc démographique ?
La population mondiale vit une transformation sans précédent : vieillissement des pays occidentaux, urbanisation effrénée, accroissement rapide de la population africaine… mais aussi ralentissement de la croissance démographique et baisse de la fécondité au point qu’à très long terme la question risque de ne plus être : « Sommes-nous trop nombreux ? », mais plutôt : « Sommes-nous assez nombreux ? »
L’humanité met le pied sur une terra incognita . L’évolution de la population mondiale annonce des bouleversements économiques, sociaux, culturels et politiques majeurs. Quatre États illustrent cette évolution ( cf. encadré page précédente) : le Niger, le pays le plus jeune du monde et dont la population continue de croître à grande vitesse, mais qui est aussi l’un des plus pauvres ; le Japon, qui est, lui, le plus vieux, avec une fécondité bien en deçà du seuil de remplacement, mais dont le niveau de vie lui permet de se maintenir à flot ; le Qatar, composé presque exclusivement de travailleurs expatriés, plutôt jeunes ; et la Bulgarie, un pays qui se vide de ses habitants, symbole de l’effondrement démographique méconnu de l’Europe de l’Est.
Dans les années 1980, l’« explosion démographique » était au centre de toutes les conversations. Depuis, tous nos repères ont été bousculés. L’entrée dans la modernité des pays en développement est intervenue plus tôt que prévu, ce qui a conduit à la baisse de leur fécondité ; mais, parallèlement, l’accroissement futur de la population de l’Afrique a été réévalué à la hausse. Le vieillissement des pays industrialisés est devenu de plus en plus préoccupant, et seule l’Amérique semble rester une exception durable. Il y a quarante ans, on s’inquiétait de la capacité de la Terre à nourrir l’humanité au XXI e  siècle ; aujourd’hui, les conséquences des changements climatiques sont inséparables du débat sur la question de la population et des ressources. À l’époque, nombre de pays européens voyaient dans la figure de l’immigré arabe le coupable de tous les maux ; désormais, c’est le réfugié musulman qui cristallise toutes les peurs. On s’interrogeait sur les voies et moyens d’un retour au plein-emploi après ce que l’on appelait « la crise » ; aujourd’hui, c’est la question de l’avenir des régimes de protection sociale dans des États vieillissants qui est au centre du débat.
L’Europe, en particulier, subit un double choc : celui du vieillissement, bien sûr, mais aussi celui des migrations : depuis quelques années, sa population ne croît plus que par l’afflux de populations étrangères. Quel est son avenir dans ce bouleversement mondial ? Est-elle appelée inexorablement à s’affaiblir ? Son sort anticipe-t-il celui de la planète entière ?
La question démographique est ainsi au cœur de toutes les problématiques sociétales contemporaines  : ressources, climat, conflits, migrations, urbanisation, éducation, religions, éducation, emploi, retraites, santé… ainsi que, dans certains États, répartition des pouvoirs entre communautés, ethnies ou nations. La démographie est un sport de combat politique. Données et projections en sont les armes.
Ces projections, justement, sont-elles fiables ? Nous sommes dans un domaine où les évolutions sont lentes et les effets d’inertie importants. Il faut souvent plusieurs générations pour renverser une situation. On peut proposer l’analogie du changement climatique : une réduction brutale des gaz à effet de serre n’empêcherait pas la poursuite du réchauffement actuel. Ainsi, plus des deux tiers de l’accroissement naturel de la population mondiale prévu d’ici à 2050 se produiraient même si la fécondité tombait du jour au lendemain au seuil de remplacement. En outre, l’observation de l’évolution des populations permet de dégager sinon des lois, du moins des normes de comportement, qui aident à la prévision. Par exemple, dans les mêmes conditions économiques, un pays est généralement appelé à connaître la même baisse de fécondité que ses voisins. Ou encore le revenu par habitant est un indicateur précieux de l’évolution de cette même fécondité. On constate en effet une décroissance de la fécondité aux alentours d’un produit intérieur brut (PIB) par habitant de 1 000-2 000 dollars, ou lorsque le revenu annuel dépasse 5 000 dollars par personne 1 . Cela rend la prévision moins incertaine qu’elle ne peut l’être dans d’autres domaines et explique que l’ONU ait plutôt bien évalué, en 1981, ce que serait la population mondiale en l’an 2000 (6,28 milliards d’habitants projetés ; ce fut 6,06).
Toutefois, deux éléments tempèrent la portée de ce principe. D’une part, sur la longue durée les changements peuvent être spectaculaires : ainsi en est-il de l’effondrement de la fécondité dans les pays qui se modernisent, comme cela a été le cas au Brésil, en Tunisie ou en Inde, où l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) 2 a été divisé par trois depuis le début des années 1960, ou encore en Iran et au Bangladesh. D’autre part, les grandes vagues migratoires peuvent altérer significativement la démographie d’un pays ou d’une région en quelques années. De plus, l’évolution des populations sur le long terme est caractérisée par ce que l’on appellerait en physique une forte sensibilité aux conditions initiales. Le volume de la population au bout de plusieurs décennies est très sensible aux petites variations de l’indice de fécondité. Ainsi l’ONU avait-elle sous-estimé l’évolution de la croissance démographique en Afrique – il est vrai à une époque où les données étaient médiocres. Comme pour la météorologie, la marge d’incertitude s’élargit ainsi de manière presque exponentielle dès lors que l’on tente de voir de plus en plus loin. Cela rend les prévisions plus hasardeuses sur le très long terme – disons, arbitrairement, au-delà de 2050. Il suffit de soustraire ou d’ajouter quelques décimales à l’ICF, en deçà ou au-delà du seuil de remplacement des générations (environ 2,1), pour qu’à l’horizon de trois siècles la population mondiale projetée ne soit plus que de 2 milliards… ou au contraire de 36 milliards 3 .
Pour ces raisons, et parce que les données qui servent de base aux projections sont souvent incertaines, notamment pour les pays en développement, le scénario de référence utilisé ici (ONU, 2019, projection médiane) doit être considéré comme un ensemble de tendances probables et non comme une prévision 4 . Sans compter, naturellement, que la prospective, dans ce domaine comme dans d’autres, peut justement affecter la décision politique – et ainsi empêcher que la projection ne devienne réalité.
L’analyse démographique ne relève pas de la physique. Dans le domaine migratoire, il convient par exemple de se méfier des raisonnements mécanistes qui font appel à des notions telles que « valve » ou « appel d’air », rarement pertinentes. Et les liens de causalité y sont rarement univoques. Par exemple, l’impact de la croissance démographique sur l’économie peut tout aussi bien être positif que négatif : cela dépend de la pyramide des âges, de la situation du marché de l’emploi, de l’environnement institutionnel, politique, légal, culturel.
La démographie n’est pas non plus déterministe, mais plutôt probabiliste. Elle n’est pas « la destinée », comme le voudrait un adage trop souvent cité (et faussement attribué à Auguste Comte) 5 . Elle est rarement la cause ultime des transformations économiques et encore moins le principal facteur déterminant des évolutions politiques : les guerres du Liban, du Rwanda ou de Syrie n’ont pas été « causées » par des évolutions démographiques.
Enfin, au risque de l’évidence, il faut rappeler que les données de départ (recensements, évaluations des flux migratoires) sont parfois très incertaines. Mais les démographes disposent d’outils pour les évaluer au mieux.
Diagramme 1.  Croissance démographique et accroissement de la population

Source : www.ourworldindata.org , 2019.
Le texte qui suit présente les faits, les enjeux et les conséquences géopolitiques des évolutions démographiques qui se dessinent, dans cette période absolument exceptionnelle dans l’histoire humaine du point de vue de l’évolution de la population mondiale. Basé sur une monographie publiée en 2018 par l’Institut Montaigne, il développe les thèmes qui y étaient abordés 6 .
Il décrit tout d’abord la révolution démographique qui s’annonce (chapitre I), ainsi que le bouleversement dans la hiérarchie des puissances qui pourrait en découler (chapitre II). Il met en ca

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