Histoire des Comtes de Poitou • Tome 3 : 1137-1189 — Nouvelle Série , livre ebook

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L’Histoire des Comtes de Poitou d’Alfred Richard – ancien archiviste du département de la Vienne –, éditée pour la première fois en 1903, est fondamentale pour la connaissance de l’histoire du Poitou et de l’Aquitaine des Xe, XIe, et XIIe siècles. Et pour mieux comprendre l’épopée de ces comtes qui devinrent les plus puissants seigneurs du royaume des Francs – ducs d’Aquitaine, ducs de Gascogne, et même, comtes de Toulouse – avant d’être sacrés, au XIIe siècle, reines et rois d’Angleterre. Cent ans après cette première et aujourd’hui – introuvable – édition, voici une troisième édition en quatre tomes de ce grand œuvre de l’Histoire « régionale » qui réjouira tous les amateurs et tous les chercheurs. La mort prématurée de Guillaume X amène une succession complexe. Aliénor, l’héritière, est mariée à l’héritier du royaume de France, le futur Louis VII, puis, une fois répudiée, à Henri comte d’Anjou, futur Henri II d’Angleterre. Tout est prêt pour l’avant-dernier acte de la dynastie des comtes de Poitou qui, en quelques décennies et querelles de famille, atteint le faîte de la puissance.

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Nombre de lectures

0

EAN13

9782824051024

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Même auteur, même éditeur :








ISBN

Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2005/2012/2013/2020
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.0192.0 (papier)
ISBN 978.2.8240.5102.4 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.


AUTEUR

ALFRED RICHARD








TITRE

HISTOIRE DES COMTES DE POITOU tome I II ( n. s. ) (1137-1189)





XVII. ALIÉNOR (1137-1204)
a. — Aliénor seule (1137)
L es dernières volontés de Guillaume VIII témoignent d’un sens politique que l’on ne s’attendait pas à rencontrer chez ce prince ; en remettant ses états au roi de France, il imposait à ce dernier l’obligation de veiller à leur conservation ; en le chargeant de marier sa fille aînée, il était assuré que, à moins d’un acte de félonie dont il ne croyait pas Louis le Gros capable, son héritage reviendrait intact à l’époux que le roi aurait désigné. Ces dispositions n’étaient que verbales, mais elles avaient toutefois ce caractère testamentaire qui rentrait dans les pratiques ordinaires. Il n’était pas alors nécessaire qu’une disposition de cette nature, ou autre, eût été mise par écrit ; il suffisait qu’elle eût été prise devant témoins, la rédaction d’un acte ayant pour objet, comme on peut le voir dans les formules inscrites en tête des titres conservés dans les chartriers de la région, d’empêcher que, dans l’avenir, les conventions passées entre particuliers ne vinssent à tomber dans l’oubli, ou que, par suite de la disparition des témoins, elles ne fussent un jour exposées à être contestées (1) .
La législation était alors loin d’être fixée sur la succession aux fiefs de dignité. La femme n’étant pas apte à remplir les deux principales obligations du vassal à l’égard de son seigneur, le service militaire et le service de plaid, a dû être forcément écartée de la possession du fief à l’époque où les services, qu’était obligé de rendre celui qui le détenait, étaient personnels et effectifs. Dans une partie du Poitou, le droit de viage ou retour, c’est-à-dire la succession de frère à frère, avait eu pour objet de maintenir le domaine féodal dans des mains masculines, et, sans nul doute, dans l’entourage du comte, se trouvaient des gens, imbus de ce principe, qui auraient pu le faire prévaloir pour que le duché d’Aquitaine fût attribué à un collatéral à défaut d’enfant mâle. C’est ce qui s’était produit à la fin du XII e siècle à Toulouse, où Philippie, la mère de Guillaume VIII, avait été évincée de son comté par son oncle, Raymond de Saint-Gilles, et tout récemment en Angleterre et en Normandie, où Mahaut, la femme de Geoffroy Plantegenêt, avait vu, après la mort de son père Henri I er , arrivée le 1 er décembre 1135, les barons anglais et normands lui préférer Étienne de Blois, son cousin.
Guillaume eut la prescience des dangers qui menaçaient ses filles s’il venait à décéder sans avoir manifesté ses volontés ; il fit donc constitution d’héritier, et en vertu du droit absolu de tester, rappelé à l’envi en tête des dispositions prises en faveur des églises (2) , il arrêtait toutes les difficultés qui auraient pu se produire au sujet de sa succession. Tout d’abord, la désignation formelle d’Aliénor, comme unique héritière du duché d’Aquitaine et du comté de Poitou, maintenait l’indivisibilité de ce grand fief et écartait toute prétention à un partage qu’aurait pu émettre Aelith ; il consacrait le droit d’aînesse absolu de la fille aînée et ne lui imposait la charge d’aucune attribution, même mobilière, en faveur de sa sœur. A celle-ci devaient évidemment être appliquées les pratiques en usage dans la famille des comtes de Poitou, où l’on n’aperçoit pas que les cadets aient jamais été pourvus d’aucune situation personnelle ; l’abandon de la Gascogne à Guy-Geoffroy, fait en vertu de la volonté d’Agnès, ne dérogeait en rien à ce principe, ce pays n’ayant pas encore été incorporé dans les états héréditaires des comtes de Poitou.
En même temps, les vœux exprimés par Guillaume avaient pour conséquence de parer à toute velléité qu’auraient pu avoir les partisans de l’exclusion des femmes à la possession d’un fief de dignité, de faire attribuer le duché d’Aquitaine à Raymond d’Antioche, le frère de Guillaume. S’il avait pour lors résidé en France, il aurait peut-être cherché à faire prévaloir cette manière de voir, et à partager à tout le moins les revenus du comté avec sa nièce, ainsi qu’il était arrivé quelque quarante ans auparavant dans la Marche, où la sœur du défunt comte, décédé sans hoirs, avait été contrainte de laisser à leur oncle commun la jouissance de la moitié des revenus du comté, à défaut de sa possession intégrale qu’il avait d’abord réclamée. Mais Raymond se trouvait en Orient, et, quand il fut avisé de l’ouverture de la succession de son frère, cette affaire était déjà réglée. S’insurger contre le roi de France et tenter d’entrer en lutte avec lui aurait été acte de folie ; il ne paraît pas avoir songé à cette extrémité.
Les compagnons de Guillaume VIII, après avoir procédé à son inhumation dans l’église de Compostelle, se hâtèrent de rentrer en France, et ils durent arriver à Bordeaux dans les premiers jours de mai. Geoffroy du Lauroux saisit aussitôt toute l’importance du rôle qu’il était appelé à jouer. Gardien des filles du comte, il pouvait devenir leur geôlier ou leur défenseur, suivant le côté vers lequel le porteraient ses intérêts ; d’autre part, se rappelant le caractère suprême du pouvoir royal, lequel avait été naguères invoqué par les évêques lors des troubles religieux qui venaient à peine de prendre fin, il n’hésita pas. Pour parer aux difficultés qui ne pouvaient manquer de surgir, il n’y avait qu’à se conformer scrupuleusement aux intentions qui venaient de lui être rapportées, c’est ce qu’il fit, mais en même temps il jugea qu’il ne lui était pas interdit de profiter de l’occasion, et il se disposa à conclure en quelque sorte un marché avec le roi de France : quand les Poitevins qui avaient recueilli les dernières paroles de Guillaume partirent pour Paris, ils emportaient en même temps des instructions spéciales de l’archevêque de Bordeaux.
Le temps pressait, les envoyés firent diligence, et, n’ayant pas rencontré le roi à Paris, furent le rejoindre à Béthisy, à quelques lieues au nord de la capitale, où il résidait pour le moment. Il ne semble pas que Louis le Gros ait eu, avant leur venue, connaissance de la mort du comte de Poitou et de ses dispositions dernières, car, autrement, il n’aurait pas manqué de se rapprocher du beau domaine qui lui était offert et se serait rendu dans ses possessions de l’Orléanais ou du Berry. Secrète fut tenue la mission, secrètes furent les négociations. Le roi, mis au courant, tint conseil avec ses intimes, et, sur leur avis, il accepta le don qui lui était fait, de plus, agissant tant en vertu de son droit de suzeraineté, qui lui donnait la garde de sa vassale mineure, que des volontés si formellement exprimées par le comte-duc que l’on pouvait les considérer comme un testament in extremis, voire même que les envoyés aquitains les lui avaient présentées comme ayant été déjà arrêtées dans l’esprit de leur maître avant son départ (3) , il usa aussitôt des droits qui lui étaient ainsi conférés et il désigna son propre fils, le roi Louis le Jeune, pour époux d’Aliénor.
En même temps, il déclara que désormais, dans tout le ressort de l’archevêché de Bordeaux, les élections de l’archevêque, de l’évêque et des abbés se feraient suivant les règles canoniques, sans que les élus fussent tenus de rendre hommage à leur seigneur suzerain, de lui prêter serment ou de lui donner leur foi. Il spécifia que, lors du décès de quelqu’un de ces dignitaires, tout ce dont il pouvait jouir en vertu de sa qualité passerait à son successeur, en ajoutant que toutes les églises, établies dans cette province ecclésiastique, auraient l’absolue jouissance de leurs biens et de leurs possessions diverses, en un mot de tout ce qui leur appartiendrait à quelque titre que ce fût, conformément aux privilèges dont elles avaient été pourvues, et suivant les règles de la justice et des bonnes coutumes ; enfin il reconnaissait que tous les établissements ecclésiastiques et les ministres qui y étaient attachés auraient les pouvoirs canoniques les plus absolus dans toutes leurs possessions. Ces concessions devaient avoir évidemment pour conséquence, dans l’esprit de celui qui les avait obtenues du roi, d’affranchir totalement le clergé aquitain de la suprématie que les ducs exerçaient sur lui, grâce à la renonciation formelle de leur successeur.
Louis le Jeune donna son assentiment à l’acte de son père qui fut rédigé à Paris par le secrétaire Aigrin, en présence des grands officiers de la couronne et de quelques intimes, Geoffroy, évêque de Chartres, légat du Saint-Siège, Étienne, évêque de Paris, Suger, abbé de Saint-Denis, et Girard, abbé de Josaphat (4) .
Ce n’est pas fortuitement que l’évêque de Chartres se trouvait auprès du roi en ce jour solennel ; ami et confident de Geoffroy du Lauroux, c’est à lui qu’avait assurément été confiée la mission délicate de conclure avec le roi le marché dont l’héritage de Guillaume VIII était l’enjeu, c’est lui qui était l’intermédiaire attitré entre le roi de France et les prélats du diocèse de Bordeaux, qui, en échange des privilèges énormes que leur attribuait le dipl

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