Mémoires de Joseph Fouché, duc d Otrante, ministre de la Police Générale
584 pages
Français

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Mémoires de Joseph Fouché, duc d'Otrante, ministre de la Police Générale , livre ebook

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Description

Joseph Fouché (1759-1820)



"Ce n’est ni par esprit de parti, ni par haine, ni par vengeance, que j’ai écrit ces Mémoires, et encore moins pour offrir un aliment à la malignité et au scandale. Tout ce qui doit être honoré dans l’opinion des hommes, je le respecte. Qu’on me lise, et l’on appréciera mes intentions, mes vues, mes sentiments, et par quelle politique j’ai été guidé dans l’exercice des plus hauts emplois ; qu’on me lise, et l’on verra si, dans les conseils de la république et de Napoléon, je n’ai pas été constant dans le parti d’opposition aux mesures outrées du gouvernement ; qu’on me lise, et on verra si je n’ai pas montré quelque courage dans mes avertissements et dans mes remontrances ; enfin, en me lisant, on se convaincra que tout ce que j’ai écrit je me le devais à moi-même. Le seul moyen de rendre ces Mémoires utiles à ma réputation et à l’histoire de cette grande époque, c’était de ne les appuyer que sur la vérité pure et simple ; j’y étais porté par caractère et par conviction ; ma position d’ailleurs m’en faisait une loi. N’était-il pas naturel que je trompasse ainsi l’ennui d’un pouvoir déchu ?"



Joseph Fouché fut un homme politique très impliqué lors de la Révolution française et de l'Empire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 avril 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782384422210
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mémoires de

Joseph Fouché

duc d’Otrante
Ministre de la Police Générale


Avril 2023
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-38442-221-0
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 1219
Première partie
Avis du libraire-éditeur

On verra, par la lecture de l’avertissement de l’auteur, que je pourrais tirer quelque vanité de ce que ses intentions ont été remplies relativement à la publication de ses Mémoires. Le choix qui a été fait de moi pour éditeur, ne l’a point été dans des vues intéressées ; et moi-même j’y ai apporté, j’ose dire, le même désintéressement. Tout autre aurait brigué une telle publication, et n’y aurait vu que la source d’un gain peut-être imaginaire. Pour moi, je n’y ai vu qu’un devoir, et je l’ai rempli, mais non pas sans hésitation. J’avoue même que dans ma détermination j’ai eu besoin d’être éclairé. Le titre du livre et les sujets qu’il traite, me paraissaient peu propres à me tranquilliser. J’ai voulu être sûr de ne blesser ni les lois, ni les convenances, ni le gouvernement de mon pays. N’osant m’en rapporter à moi-même, j’ai consulté un homme exercé, et il m’a rassuré complètement. Si je lui ai demandé quelques notes, c’était plutôt pour constater l’indépendance de mes opinions, que pour offrir un contraste entre le texte et les commentaires. Mais quoique les notes soient clairsemées, elles ont failli me ravir la publication de ces Mémoires posthumes. Enfin l’intermédiaire chargé de remplir les intentions de l’auteur, s’est rendu à mes raisons, et je crois pouvoir annoncer au public que je ne tarderai pas à faire paraître la seconde partie des Mémoires du duc d’Otrante. Quant à leur immense intérêt et à leur authenticité, je me bornerai à dire comme l’auteur : LISEZ.
Avertissement de l’auteur

Ce n’est ni par esprit de parti, ni par haine, ni par vengeance, que j’ai écrit ces Mémoires, et encore moins pour offrir un aliment à la malignité et au scandale. Tout ce qui doit être honoré dans l’opinion des hommes, je le respecte. Qu’on me lise, et l’on appréciera mes intentions, mes vues, mes sentiments, et par quelle politique j’ai été guidé dans l’exercice des plus hauts emplois ; qu’on me lise, et l’on verra si, dans les conseils de la république et de Napoléon, je n’ai pas été constant dans le parti d’opposition aux mesures outrées du gouvernement ; qu’on me lise, et on verra si je n’ai pas montré quelque courage dans mes avertissements et dans mes remontrances ; enfin, en me lisant, on se convaincra que tout ce que j’ai écrit je me le devais à moi-même. Le seul moyen de rendre ces Mémoires utiles à ma réputation et à l’histoire de cette grande époque, c’était de ne les appuyer que sur la vérité pure et simple ; j’y étais porté par caractère et par conviction ; ma position d’ailleurs m’en faisait une loi. N’était-il pas naturel que je trompasse ainsi l’ennui d’un pouvoir déchu ?
Sous toutes ses formes, la révolution m’avait accoutumé d’ailleurs à une extrême activité d’esprit et de mémoire ; irritée par la solitude, cette activité avait besoin de s’exhaler encore. Or, c’est avec une sorte d’abandon et de délices que j’ai écrit cette première partie de mes souvenirs ; je l’ai retouchée, il est vrai, mais je n’y ai rien changé quant au fond, dans les angoisses même de ma dernière infortune. Quel plus grand malheur en effet que d’errer dans le bannissement hors de son pays ! France qui me fus si chère, je ne te verrai plus ! Hélas ! que je paie cher le pouvoir et les grandeurs ! Ceux à qui je tendis la main ne me la tendront pas. Je le vois, on voudrait me condamner même au silence de l’avenir. Vain espoir ! je saurai tromper l’attente de ceux qui épient la dépouille de mes souvenirs et de mes révélations ; de ceux qui se disposent à tendre des pièges à mes enfants. Si mes enfants sont trop jeunes pour se défier de tous les pièges, je les en préserverai en cherchant, hors de la foule de tant d’ingrats, un ami prudent et fidèle : l’espèce humaine n’est point encore assez dépravée pour que mes recherches soient vaines. Que dis-je ? cet autre moi-même je l’ai trouvé ; c’est à sa fidélité et à sa discrétion que je confie le dépôt de ces Mémoires ; je le laisse seul juge, après ma mort, de l’opportunité de leur publication. Il sait ce que je pense à cet égard, et il ne les remettra, j’en suis sûr, qu’à un éditeur honnête homme, choisi hors des coteries de la capitale, hors des intrigues et des spéculations honteuses. Voilà sans aucun doute la seule et meilleure garantie qu’ils resteront à l’abri des interpolations et des suppressions des ennemis de toute vérité et de toute franchise.
C’est dans le même esprit de sincérité que j’en prépare la seconde partie ; je ne me dissimule pas qu’il s’agit de traiter une période plus délicate et plus épateuse, à cause des temps, des personnages, et des calamités qu’elle embrasse. Mais la vérité dite sans passion et sans amertume ne perd aucun de ses droits.
Mémoires de Joseph Fouché, duc d'Otrante
 
L’homme qui, dans des temps de troubles et de révolutions, n’a été redevable des honneurs et du pouvoir dont il a été investi, de sa haute fortune enfin, qu’à sa prudence et à sa capacité ; qui, d’abord élu représentant de la nation, a été, au retour de l’ordre, ambassadeur, trois fois ministre, sénateur, duc et l’un des principaux régulateurs de l’État ; cet homme se ravalerait si pour repousser des écrits calomnieux, il descendait à l’apologie ou à des réfutations captieuses : il lui faut d’autres armes.
Eh bien ! cet homme, c’est moi. Élevé par la révolution, je ne suis tombé des grandeurs que par une révolution contraire que j’avais pressentie et que j’aurais pu conjurer, mais contre laquelle je me trouvai désarmé au moment de la crise.
La rechute m’a exposé sans défense aux clameurs des méchants et aux outrages des ingrats ; moi qui longtemps revêtu d’un pouvoir occulte et terrible, ne m’en servis jamais que pour calmer les passions, dissoudre les partis et prévenir les complots ; moi qui m’efforçai sans cesse de modérer, d’adoucir le pouvoir, de concilier ou de fondre ensemble les éléments contraires et les intérêts opposés qui divisaient la France.
Nul n’oserait nier que telle a été ma conduite tant que j’exerçai quelque influence dans l’administration et dans les conseils. Qu’ai-je à opposer, dans ma terre d’exil, à de forcenés antagonistes, à cette tourbe qui me déchire après avoir mendié à mes pieds ? Leur opposerai-je de froides déclamations, des phrases académiques et alambiquées ? Non, certes. Je veux les confondre par des faits et des preuves, par l’exposé véridique de mes travaux, de mes pensées, comme ministre et comme homme d’état ; par le récit fidèle des événements politiques, des incidents bizarres au milieu desquels j’ai tenu le gouvernail dans des temps de violence et de tempête. Voilà le but que je me propose.
Je ne crois pas que la vérité puisse en rien me nuire ; et cela serait encore, que je la dirai, le temps de la produire est venu : je la dirai, coûte qui coûte, alors que la tombe recélant ma dépouille mortelle, mon nom sera légué au jugement de l’histoire. Mais il est juste que je puisse comparaître à son tribunal cet écrit à la main.
Et d’abord qu’on ne me rende personnellement responsable ni de la révolution, ni de ses écarts, ni même de sa dictature. Je n’étais rien ; je n’avais aucune autorité quand ses premières secousses, bouleversant la France, firent trembler le sol de l’Europe. Qu’est-ce d’ailleurs que la révolution ? Il est de fait qu’avant 1789 les présages de la destruction des Empires inquiétaient la monarchie. Les Empires ne sont point exempts de cette loi commune qui assujettit tout sur la terre aux changements et à la décomposition. En fut-il jamais dont la durée historique ait dépassé un certain nombre de siècles ? En fixant à douze ou treize cents ans l’âge des États, c’est aller à la dernière borne de leur longévité. Nous en conclurons qu’une monarchie qui avait vu treize siècles sans avoir reçu aucune atteinte mortelle, ne devait pas être loin d’une catastrophe. Que sera-ce si, renaissant de ses cendres et recomposée à neuf, elle a tenu l’Europe sous le joug et dans la terreur de ses armes ? Mais alors si la puissance lui échappe, de nouveau on la verra languir et périr. Ne recherchons pas quelles seraient ses nouvelles destinées de transformation. La configuration géographique de la France lui assigne toujours un rôle dans les siècles à venir. La Gaule conquise par les maîtres du Monde ne fut assujettie que trois cents ans. D’autres envahisseurs aujourd’hui forgent dans le nord les fers de l’Europe. La révolution avait élevé la digue qui les eût arrêtés ; on la démolit pièce à pièce ; elle sera détruite, mais relevée, car le siècle est bien fort : il entraîne les hommes, les partis et les gouvernements.
Vous qui vous déchaînez contre les prodiges de la révolution ; vous qui l’avez tournée sans oser la regarder en face, vous l’avez subie et peut-être la subirez-vous encore.
Qui la provoqua, et d’où l’avons-nous vue surgir ? du salon des grands, du cabinet des ministres : elle a été appelée, provoquée par les parlements et les gens du roi, par de jeunes colonels, par les petites-maîtresses de la cour, par des gens de lettres pensionnés, dont les duchesses s’érigeaient en protectrices et se faisaient les échos.
J’ai vu la nation rougir de la dépravation des hautes classes, de la licence du clergé, des stupides aberrations des ministres, et de l’image de la dissolution révoltante de la nouvelle Babylone.
N’est-ce pas ceux qu’on regardait comme l’élite de la France, qui, pendant quarante ans, érigèrent le culte de Voltaire et de Rousseau ? N’est-ce pas dans les hautes classes que prit faveur cette manie d’indépendance démocratique, transplantée des États-Unis sur le sol de la France ? On rêvait la république, et la corruption était au comble dans la monarchie ! L’exemple même d’un monarque rigide dans ses mœurs ne put arrêter le torrent.
Au milieu de cette déc

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