Emma Lajeunesse dite L’Albani , livre ebook

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Il était une fois une jeune prodige... Ainsi pourrait commencer cette histoire, à la manière des contes. Car une fée s’est assurément penchée sur le berceau d’Emma Lajeunesse pour que, au XIXe siècle, partant de l’austérité culturelle d’une campagne canadienne-française, elle se retrouve auréolée de gloire sur les scènes des plus grands opéras du monde. Nous avons l’habitude, au Québec, de ces destins fabuleux d’enfants, mais fabuleuse notre mémoire l’est moins. Qui, aujourd’hui, se souvient de l’Albani?
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Publié par

Date de parution

10 avril 2014

Nombre de lectures

0

EAN13

9782895966302

Langue

Français

La collection «Mémoire des Amériques» est dirigée par David Ledoyen
Ce texte est extrait de l'ouvrage de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque, De remarquables oubliés , t. 1, Elles ont fait l'Amérique , Montréal, Lux Éditeur, 2011.
Illustration de couverture: Francis Back
© Lux Éditeur, 2011 www.luxediteur.com
Dépôt légal: 2 e trimestre 2014 Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec ISBN(ePub) 978-2-89596-630-2
Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la SODEC . Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada ( FLC ) pour nos activités d’édition.
Emma Lajeunesse, dite L’Albani
M erci, chère Albani,
merci! Si notre main
N’a pas toujours battu si fort sur ton chemin;
Si notre enthousiasme, ignorant trop encore,
N’a pas comme il devait salué ton aurore;
Si nous n’avons pas su découvrir sur ton front
Ta future couronne à ton premier fleuron;
Si ton aube a pâli par notre indifférence,
Oh! tu te venges bien, grande âme! et ta vengeance
Éclate aux yeux de tous, sans fiel et sans rancœur,
Belle comme ta voix, noble comme ton cœur!
Louis Fréchette, 29 mars 1883
I L ÉTAIT UNE FOIS une jeune prodige... Ainsi pourrait commencer cette histoire, à la manière des contes. Car une fée s’est assurément penchée sur le berceau d’Emma Lajeunesse pour que, au XIX e  siècle, partant de l’austérité culturelle d’une campagne canadienne-française, elle se retrouve auréolée de gloire sur les scènes des plus grands opéras du monde. Nous avons l’habitude, au Québec, de ces destins fabuleux d’enfants, mais fabuleuse notre mémoire l’est moins. Qui, aujourd’hui, se souvient de l’Albani? De Madame Albani? On trouvera bien une plaque commémorative à l’emplacement de sa maison natale, à Chambly; une artère à son nom dans le nord-est de Montréal; un timbre-poste à son effigie émis en 1980 par le gouvernement canadien. Mais qui connaît sa carrière remarquable? Qui a entendu, même sur de mauvais enregistrements, la voix pure, «exilée du ciel» de la fameuse cantatrice?

Il était une fois, donc, Estienne Charles dit Lajeunesse, venu en Nouvelle-France en 1665 pour y ériger le fort Chambly. Il épousa une fille du roi, Madeleine Niel, et ils eurent douze enfants. Six générations de Lajeunesse plus tard naquit Joseph, le père d’Emma, notre future cantatrice. Joseph était fils de menuisier et l’aîné d’une famille de huit enfants. Vers la fin des années 1830, il étudie au collège Sainte-Thérèse où un prêtre, le curé Charles-Joseph Ducharme, enseigne la plupart des matières et notamment la musique, avec passion. C’est lui qui stimule l’intérêt et le talent de Joseph pour le piano, l’orgue, le violon, la harpe et la guitare, autant d’instruments qu’il apprendra à maîtriser avec brio. Sur ces mêmes bancs d’école, on trouve un autre Joseph, Casavant celui-là, qui fut aux sources de la tradition des célèbres orgues Casavant de Saint-Hyacinthe. Joseph Lajeunesse n’est pas le Canadien qu’on imagine: c’est un ambitieux, un rebelle, un marginal qui rêve de musique classique et d’opéra au milieu d’un monde d’ostensoirs et de chapelets en famille, de saintes processions et de châtiments divins. Joseph voit grand; il pressent une œuvre, un accomplissement – mais lesquels?
En 1846, il épouse Mélina Mignault, fille de cultivateur. Elle est de descendance normande par son père, écossaise par sa mère. Ils se font construire une petite maison de bois à Chambly, sur le lopin de terre que leur a offert le père de Mélina. Le couple Lajeunesse aura six enfants, dont trois survivront: Emma, Joseph-Adélard et Cornélia. Même si Joseph dit vouloir entreprendre des études de médecine – un subterfuge pour obtenir la main de Mélina? –, il accepte un poste d’organiste à l’église Saint-Joseph de Chambly. Il y restera trois ans, puis deviendra professeur de musique, accordeur de piano et réparateur d’instruments. Les temps sont difficiles, en particulier pour les artistes. Les Lajeunesse mènent une vie instable, c’est un peu la bohème.
Voici l’univers où naît Emma Lajeunesse, le premier novembre 1847. Son premier biographe dira plutôt 1848 et, curieusement, l’Albani écrira dans ses mémoires 1852... et pourquoi est-il inscrit 1850 sur sa pierre tombale? L’extrait de baptême a disparu et les pistes divergent. Son père a-t-il voulu la rajeunir, enfant, pour la faire paraître encore plus précoce? L’a-t-il parfois vieillie pour éviter les remontrances du clergé? Emma s’est-elle soustrait elle-même quelques années, sorte de première coquetterie de cette femme qui n’aura jamais eu le souci de décliner une identité claire et précise? Qui est Emma, l’a-t-on jamais su? Pour cette première énigme, du moins, on retiendra l’année 1847, cette date de naissance étant la plus vraisemblable.
Emma Lajeunesse est une enfant exceptionnelle. Dès l’âge de quatre ans, son talent de musicienne se manifeste. Sa sœur Cornélia est également très douée, de même que leur frère Joseph-Adélard, qui lui s’intéresse au violon. Il se trouve que leur mère est pianiste à ses heures et possède suffisamment de technique pour leur enseigner les premiers rudiments; puis c’est le père, véritable professeur de musique, qui les prend en charge. Joseph entretient un culte pour sa fille Emma. Ayant reconnu chez elle un don, il s’investit de la mission de développer ce talent, de faire éclore ce génie. Il est dur et autoritaire: toute petite, Emma passe six heures par jour à s’exercer au piano, à la harpe et au chant. À peine sait-elle lire et écrire qu’elle a aussi un professeur de grec. Elle ne joue pas à la poupée comme les autres et n’a pas, en fait, une enfance normale; elle peine, persévère, répondant avec docilité aux attentes de l’autorité paternelle. Un coup de baguette sur les mains à la moindre fausse note, et pire si elle s’endort durant l’étude. Un jour qu’elle s’est blessée au doigt, son père l’oblige à poursuivre sa leçon de harpe au point qu’Emma en perd connaissance.

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