Les Médecines douces
187 pages
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Les Médecines douces , livre ebook

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Description

D'où vient l'efficacité des médecines douces ? Pourquoi les principes de l'homéopathie, de l'acupuncture, de l'ostéopathie, de l'hypnothérapie, qui semblent pourtant discutables aux scientifiques, ont-ils dans la réalité des effets bénéfiques ? Quelles en sont aussi les limites ?Psychiatre et pharmacologue au CHS du Vinatier, à Lyon, Jean-Jacques Aulas est membre du comité de rédaction de la revue Prescrire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 1993
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738159717
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , MAI  1993 15 , RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN  : 978-2-7381-5971-7
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À la mémoire de mon père
Avant-propos

Delphine et l’homéopathie
Voilà cinq ans que Delphine souffre d’atroces maux de tête qui lui empoisonnent la vie. Tout a commencé le jour où l’homme qu’elle aimait l’a quittée. Après trois ans de vie commune, ses projets et ses rêves tombaient à l’eau, son univers s’écroulait. En parfaite santé, Delphine n’avait encore jamais eu l’occasion de fréquenter le corps médical. Pourtant, jour après jour, une chape de fatigue de plus en plus lourde pesait sur elle dès le matin. Plus de goût pour faire la cuisine et pour manger. En l’espace de quelques semaines, Delphine perdit une dizaine de kilos.
Lorsque, sur les conseils d’une amie, elle décida d’aller consulter un médecin, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. La séduisante jeune femme blonde qu’elle était auparavant, enjouée et insouciante, était devenue sinistre, acariâtre. Pour le Dr Aimable, le diagnostic fut sans appel : syndrome dépressif réactionnel. Ce médecin plein de bonté et de compassion aida Delphine à reprendre pied. Après deux mois d’arrêt de travail et grâce à un traitement antidépresseur, elle reprit ses activités. Ce n’était pas encore la grande forme, mais son enthousiasme et sa joie de vivre revenaient. Elle avait retrouvé l’appétit et reprenait même du poids.
Six mois plus tard, ses souffrances n’étaient plus qu’un mauvais souvenir. Tout juste ressentait-elle, par moments, une sorte de lourdeur derrière la nuque. Pourtant, à mesure qu’elle reprenait goût à la vie, cette gêne se fit plus fréquente. Bientôt, une autre douleur, plus vive, apparut, qui l’obligeait parfois à s’allonger dans le noir. Heureusement, l’aspirine la soulageait assez bien et, malgré ces crises pénibles, Delphine fêta ses vingt-cinq ans dans une boîte de nuit avec quelques amis. C’est là qu’elle rencontra son futur mari, Olivier. Trois années s’étaient écoulées depuis sa dépression : elle préférait ne plus y penser et choisit de ne pas en parler à son fiancé.
Pourtant, ses maux de tête étaient toujours là, de plus en plus fréquents et intenses. Elle se décida enfin à retourner consulter le Dr Aimable. Mais il avait pris sa retraite ; aussi est-ce le Dr Savant qui la reçut pour un entretien plutôt décevant. Delphine eut l’impression de n’avoir pas été écoutée ni comprise. Heureusement, le Dr Savant lui avait prescrit un bilan complet et un médicament pour ses maux de tête ; il lui avait aussi obtenu un rendez-vous en urgence pour un scanner la semaine suivante. Delphine suivit à la lettre ces prescriptions. Le bilan était bon et le scanner normal. Le premier mois, le traitement sembla lui faire du bien. Mais, bientôt, elle dut se rendre à l’évidence : ses « céphalalgies migraineuses », comme disait le docteur Savant, ne s’amélioraient pas. Trois mois plus tard, il la reçut pour une entrevue encore plus courte et changea son traitement. Les trois fois trente gouttes quotidiennes d’« anti-maux de tête » qu’elle prit alors régulièrement ne l’empêchaient toujours pas de souffrir.
La date du mariage avait été choisie : ce serait le 10 juillet. On était en mars et Delphine se disait qu’elle avait le temps d’aller mieux. Rien ne l’empêcherait cet été de fêter l’événement. Elle saurait faire taire ses maux de tête. Le vin blanc et le champagne déclenchaient des crises ? Elle s’en moquait bien et, pour une fois, elle ne se priverait pas.
Pourtant, c’est dans le noir, seule, qu’elle célébra son mariage, en proie à une atroce migraine. Le tintement des cloches à l’église résonnait encore dans son crâne. Par chance, une infirmière se trouvait parmi les invités : elle lui fit une injection qui la remit rapidement sur pied et lui conseilla de consulter sans attendre un homéopathe de ses amis.
Delphine ne savait pas très bien ce qu’était l’homéopathie. Pour elle, c’était une technique médicale qui devait plus ou moins traiter le mal par le mal. Elle ignorait ce qu’il fallait en penser. Mais ce dont elle était sûre, c’était que depuis près d’un an qu’elle suivait les prescriptions du Dr Savant, son état ne s’améliorait guère. Pourquoi ne pas changer de médecin et essayer autre chose ? Elle n’avait rien à perdre. Elle prit rendez-vous chez l’homéopathe.
Deux mois plus tard, elle sonnait à la porte du Dr Granule. Une vague d’appréhension l’étreignit cependant qu’elle montait l’escalier de l’immeuble. Et si tout cela ne servait à rien ? Mais on lui avait dit tant de bien de ce docteur…
La première consultation avec le Dr Granule fut déterminante ; Delphine en sortit au bout d’une heure tout à fait détendue. Le médecin avait insisté sur ce qui pouvait caractériser sa maladie. Il lui avait demandé si elle craignait plutôt le chaud que le froid, si ses maux de tête ne s’aggravaient pas lorsqu’elle séjournait au bord de la mer, s’ils n’avaient pas commencé à la suite d’une importante contrariété et si, depuis qu’elle était malade, ses goûts et ses désirs alimentaires s’étaient modifiés. Bref, il l’avait laissée s’exprimer longuement et lui avait posé des questions, de prime abord curieuses, mais qui lui avaient permis d’exposer en détail son cas, ses problèmes et ses symptômes bien à elle. Au terme de cette longue consultation, il lui avait remis une ordonnance sur laquelle était inscrit : «  Tous les dimanches matin à jeun, laisser fondre en bouche une dose de Pulsatilla 15  CH . Les jours de semaine, laisser fondre en bouche le matin à jeun cinq granules d’Ignatia 9 CH et le soir au coucher cinq granules de Gelsemium 9 CH . Éviter absolument de toucher les médicaments avec les doigts et d’absorber de la menthe, sous quelque forme que ce soit, durant le traitement. »
Malgré l’heure entière que lui avait consacrée le Dr Granule, Delphine n’avait pu poser toutes les questions que lui inspirait une pratique de la médecine aussi étonnante. Le lendemain, allant chercher ses médicaments, elle comprit, grâce aux explications très claires fournies par le pharmacien, les trois principes fondamentaux de l’homéopathie : tout d’abord, lui expliqua-t-il, les médicaments qu’elle allait prendre pour soigner ses maux de tête étaient des substances qui, ingérées par un individu sain, déclenchaient les mêmes troubles que ceux dont elle souffrait. Les homéopathes appelaient cela la « loi de similitude ». Le second principe était la parfaite adaptation du traitement à la singularité des troubles du malade : le « principe d’individualisation ». Enfin, les médicaments étaient prescrits à des doses infimes (souvent, il ne restait même plus de molécules de la substance de base) : c’était le principe des « doses infinitésimales », selon les propres termes des médecins homéopathes.
Perplexe, Delphine commença son traitement sans trop y croire. Pourtant, lorsqu’elle revit le Dr Granule au bout de trois mois, il fallait bien qu’elle se rende à l’évidence : l’effet des médicaments homéopathiques n’était pas miraculeux, mais ses crises avaient diminué d’intensité et surtout, elle avait de moins en moins souvent recours à l’aspirine. Au troisième rendez-vous, elle admit qu’elle allait bien mieux et qu’en trois mois, elle n’avait eu que deux grosses crises. Néanmoins, et malgré cette amélioration étonnante, la consultation dura près de trois quarts d’heure : le Dr Granule l’interrogea sur une foule de détails. Il apprit ainsi que la veille de ses crises, Delphine était prise de fringale et qu’elle allait même jusqu’à se lever la nuit pour dévorer tout ce que contenait le réfrigérateur. Entendant cela, l’homéopathe esquissa un discret sourire et commença à modifier l’ordonnance habituelle : « Les trois premiers dimanches du mois, laisser fondre en bouche une dose de Pulsatilla 15 CH et le quatrième, une dose de Psorinum 15 CH . » Le reste du traitement demeurait identique. En raccompagnant sa patiente à la porte, le Dr Granule lui affirma que tout irait très bien à présent.
Et de fait, Delphine passa un excellent hiver. Pas une seule migraine. Sa vie était transformée. Entraînée par son mari, elle s’initia même au ski de fond. Lorsqu’elle consulta le Dr Granule pour la quatrième fois, aucun mal de tête n’était survenu depuis environ six mois et, comble de bonheur, elle était enceinte. Entre-temps, curieuse d’en savoir plus sur l’homéopathie, elle avait lu des ouvrages de vulgarisation qui lui avaient permis de comprendre l’essentiel de la doctrine. Certains confirmaient que les médicaments prescrits par le Dr Granule correspondaient parfaitement à son cas. Ainsi s’était-elle rendu compte que le Pulsatilla 15 CH , qu’elle prenait les trois premiers dimanches du mois, était en parfait accord avec les traits saillants de son caractère et de sa personnalité : douceur, émotivité, intense besoin d’affection, etc. Quant à la dose de Psorinum 15 CH prescrite pour le quatrième dimanche du mois, c’était le seul remède homéopathique qui pouvait soigner les maux de tête précédés d’une intense fringale.
Non seulement le Dr Granule l’avait guérie de ses « céphalalgies migraineuses », mais il s’était aussi intéressé à sa vie professionnelle et affective : il lui avait prodigué une foule de conseils dont elle constatait souvent la pertinence. Leurs rapports de confiance étaient

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