Péril vénérien
194 pages
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Péril vénérien , livre ebook

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Description

Dès la fin du XIXe siècle, la syphilis, la blennorragie et le chancre mou ont entraîné une grande peur, suscitant l'organisation d'une lutte. C'est l'histoire de cette peur et de cette lutte que nous raconte Nicole Malherbe. Le sida n'est pas la première maladie sexuellement transmissible à laquelle notre société est confrontée et contre laquelle elle tente de lutter sans parvenir à la guérir. Deux aspects ont occupé une place centrale dans cette lutte : la prostitution et la culpabilité du malade. Face à ces questions, des attitudes différentes ont émergé selon les régions, les mentalités, l'époque et la religion, attitudes qui nous font plonger au cœur d'une société qui en révèlent différentes facettes. Malgré des préjugés profondément ancrés, les acteurs de ce combat, des médecins notamment vont réagir, s'organiser en associations et inciter la population et l’État à lutter contre ces maladies. En comparant ce qui s'est fait en matière de prévention et de lutte à Neuchâtel et à Lausanne, Nicole Malherbe retrace les principales attitudes et actions mises en place en Suisse romande entre 1870 et 1950. Les questions posées sont actuelles : Quelles peurs ces maladies ont-elles engendrées ? Qui les a combattues et avec quelles armes ? Quelles furent les stratégies mises en place : discours moraliste ou prévention ?

"J'ai voulu montrer que le sida n'est pas le premier fléau sexuellement transmissible et qu'on peut retrouver des correspondances et des mécanismes identiques dans la lutte contre la syphilis." Nicole Malherbe, 24 heures, 5 novembre 2002.

"Cette étude scientifique permet de vulgariser le sujet et de rendre sa compréhension accessible du grand public. Les questions posées sont actuelles (...) Un livre qui interpelle, mais qui est intéressant à lire par son aspect historique et actuel. Il va de la découverte des maladies vénériennes aux enjeux de la lutte contre celles-ci, en passant par des planches illustrant ces maladies, l'évolution du préservatif tant masculin que féminin." La Broye, 30 octobre 2002.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2002
Nombre de lectures 0
EAN13 9782940489763
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
P ÉRIL VÉNÉRIEN
L A LUTTE CONTRE LES MALADIES SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES À L AUSANNE ET À N EUCHÂTEL AVANT L’APPARITION DU SIDA.
A UX E DITIONS A LPHIL
C OLLECTION D ESSINS DE PRESSE
André Harvec, L’univers d’Harvec . Delémont, 1996

C OLLECTION H ISTOIRE, ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ
dirigée par Alain Cortat et Laurent Tissot

Alain Cortat, Condor, cycles, motocycles et construction mécanique, 1890-1980. Innovation, diversification et profits . Delémont, 1998.

Jean-Daniel Kleisl, Le patronat de la boîte de montre dans la vallée de Delémont. L’exemple de E. Piquerez SA et de G. Ruedin SA à Bassecourt (1926-1982) . Delémont, 1999.

Hélène Pasquier, La « chasse à l’hectolitre ». La Brasserie Mueller, 1885-1953 . Neuchâtel, 2001.

C OLLECTION H ISTOIRE ET SOCIÉTÉ
dirigée par Alain Cortat
Nicole Malherbe, Péril vénérien. La lutte contre les maladies sexuellement transmissibles à Lausanne et à Neuchâtel avant l’apparition du sida . Neuchâtel, 2002.
Titre
Copyright
© Editions Alphil
Case postale 5
2002 Neuchâtel 2
Suisse

ISBN Epub : 978-2-940-48976-3

Réalisation graphique : Teddy Nusbaumer, graphiste, Delémont
Dédicace
A mes parents

A Roger et à Guillaume
Ouvrages
Cet ouvrage a été publié grâce au soutien :

– de la direction des affaires culturelles de la ville de Neuchâtel ;
– du Groupement des dermatologues de Neuchâtel et environs (GDNE) ;
– de la Société suisse de dermatologie et de vénérologie ;
– de la Société Académique Vaudoise
R EMERCIEMENTS
Le présent ouvrage est issu de mon mémoire de licence. Je tiens à remercier Monsieur le professeur François Jequier, directeur de mémoire, pour l’attention portée à ce travail, pour ses précieux conseils et pour le soutien qu’il m’a apporté.

Ma gratitude va tout particulièrement à Geneviève Heller pour les nombreux conseils, suggestions et encouragements qu’elle m’a prodigués tout au long de l’élaboration de ce livre. Ses critiques et ses remarques ont aiguisé ma réflexion et m’ont permis de grandement améliorer ce travail.

Je tiens également à remercier Ariane Jemelin-Devanthéry et Thierry Christ pour leur aide, pour leur relecture attentive et pour leurs remarques constructives, ainsi qu’Alain Cortat pour la confiance qu’il m’a témoignée.

Enfin, que toutes les personnes qui m’ont aidée et soutenue tout au long de ce travail se reconnaissent ici et trouvent dans ces quelques lignes l’expression de ma vive reconnaissance.
A BRÉVIATIONS
ACV : Archives cantonales vaudoises
AEN : Archives de l’Etat de Neuchâtel
BPU : Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel
BSSLMV : Bulletin de la Société suisse pour la lutte contre les maladies vénériennes.
CEQSLMV : Comité pour l’étude des questions sexuelles et pour la lutte contre les maladies vénériennes.
RMSR : Revue médicale de la Suisse romande.
RSH : Revue suisse d’hygiène.
SSLMV : Société suisse pour la lutte contre les maladies vénériennes.
STMC : Société pour le traitement des maladies contagieuses.
P RÉFACE
On avait oublié la syphilis, reine maudite du Péril vénérien au début du XX e siècle. Mais notre société est confrontée depuis plus de trente ans au sida, la plus récente et la plus cruelle des maladies sexuellement transmissibles.

Si la syphilis n’a pas disparu, elle n’est plus une préoccupation dominante, quoiqu’elle se soit à nouveau développée en Europe dès les années septante du XX e siècle et qu’elle soit très présente sur les autres continents, en particulier en Asie et en Afrique. L’histoire de cette maladie en Europe est fascinante, non pas en tant qu’entité morbide, mais dans la relation que la société a entretenue avec elle. Ce passé a été réveillé par l’apparition du sida.

Le préservatif ou le condom, décrit déjà au XVI e siècle comme moyen préventif de la syphilis, stigmatisé parce que lié au sexe clandestin et aux maladies vénériennes, est aujourd’hui le principal préventif. Quoique distribué aux soldats pendant les guerres mondiales, il n’était pas ouvertement conseillé à la population au plus fort de la lutte antivénérienne par crainte de promouvoir un moyen contraceptif. C’est là un exemple des relations conflictuelles entre maladie et société.

Apparue en Europe à la fin du XV e siècle, rapidement comprise comme contagieuse, elle a eu un statut ambigu de maladie galante sur laquelle on a beaucoup ironisé. La découverte de l’origine syphilitique du tabès et de la paralysie générale dans les années 1870 a donné une dimension dramatique à la maladie. La découverte de l’agent pathogène de la syphilis en 1905 a apporté la preuve de sa contagiosité ; dès 1906, elle peut être diagnostiquée par sérologie sanguine ; traitée sans succès jusqu’au XIX e siècle avec le mercure, elle reste très difficile à soigner malgré l’introduction du Salvarsan dès 1910 et l’impaludation dès 1917. Ce n’est cependant qu’avec le traitement par la pénicilline dès 1943 qu’elle peut être parfaitement soignée dans ses premières phases et que le stade avancé de la paralysie générale a pour ainsi dire disparu. Dès lors la syphilis, quoique toujours marquée de la gêne d’une contagion sexuelle, est devenue une maladie comme une autre.

L’histoire médicale de la syphilis n’est que la pointe de l’iceberg qu’a été, entre la fin du XIX e siècle et le premier tiers du XX e siècle, l’histoire sociale de la syphilis. Avec les autres fléaux dénoncés avec vigueur au début du XX e siècle – la tuberculose et l’alcoolisme –, elle a été investie des hantises de la société qu’étaient alors, à côté de l’obsession de la contagion issue des théories pastoriennes, la crainte souvent infondée de la dégénérescence, de la déchéance sociale, de l’hérédité morbide (souvent confondue avec une atteinte congénitale). La syphilis n’était pourtant pas la plus répandue de ces trois maladies sociales, ni la plus coûteuse à soigner ni la plus mortelle, mais elle était la plus connotée symboliquement.

La lutte contre les maladies vénériennes a surtout été mêlée étroitement à une critique des comportements sexuels considérés comme menaçant la cellule familiale ; la continence hors mariage a été réaffirmée comme principe moral et comme règle d’hygiène. Mais en même temps cette campagne a contribué à une certaine émancipation par rapport à l’inégalité flagrante de la « double morale » qui valorise la liberté sexuelle de l’homme et nie celle de la femme (qu’elle soit épouse ou prostituée) ; elle a aussi ouvert une brèche considérable dans le mutisme concernant la sexualité.

Depuis une trentaine d’années, l’histoire de la médecine nous a permis de mieux comprendre les implications sociales et politiques de ces fléaux. Pour la Suisse romande, le sujet des maladies vénériennes restait encore peu exploré, à l’exception de l’excellent article de Matteo Pedroni dans la Revue historique vaudoise , publié en 1995, concernant la lutte contre la syphilis dans le canton de Vaud. Nicole Malherbe apporte ici une contribution précieuse à cette histoire de la médecine en Suisse romande, qui est en pleine construction grâce à des recherches indépendantes et aux travaux de l’Institut romand d’histoire de la médecine. Elle étudie ici la lutte contre les maladies vénériennes dans deux cantons romands, Vaud et Neuchâtel. A l’exception de Genève, les autres cantons, catholiques et peu urbanisés, n’ont pas connu de campagne active. La période considérée part de l’émergence de la lutte à la fin du XIX e siècle jusqu’à ce que la syphilis quitte la scène publique, oubliée après la Deuxième Guerre mondiale dès le moment où elle pouvait être facilement guérie.

Se développant par phases successives sur plusieurs années, la syphilis ne pouvait être envisagée comme une maladie contagieuse aiguë et la prévention ne pouvait se faire ni par l’obligation légale d’une déclaration ni par l’isolement temporaire. Autour de la syphilis s’est cristallisée la distinction entre malade coupable et malade innocent (ce dernier « méritant » davantage que le premier d’être soigné), entre mauvais (récalcitrant) et bon malade (celui qui accepte de se déclarer et de se soigner), posant le problème crucial de la responsabilité du malade vis-à-vis de la collectivité. On a stigmatisé les prostituées, considérées comme population à risque, en négligeant trop souvent, dans une société sexiste, de pointer le doigt sur leurs clients, avant d’admettre que la syphilis pouvait atteindre d’autres personnes, en priorité l’épouse. Plus que d’autres maladies, elle était cachée et par conséquent soignée trop tard. La campagne contre la syphilis s’est donc articulée autour de sujets centraux dans le rapport entre médecine et société au début du XX e siècle, sujets compliqués par le statut ambigu de cette maladie : le rôle de sociétés philanthropiques et le rôle de l’Etat, l’accès aux soins dans des lieux spécifiques (avec la question difficile de la discrétion et de la gratuité), la lente prise en charge par les assurances, les moyens de pression pour identifier les malades (déclaration obligatoire personnelle ou anonyme) et pour imposer les traitements lorsqu’ils sont devenus disponibles, ou encore l’inégalité entre les sexes.

En comparant les campagnes dans deux cantons différents, Nicole Malherbe met en évidence les analogies et les différences régionales d’approche de la maladie, de sa prévention et des moyens mis en œuvre localement avant la création, en 1918, de la Société suisse contre les maladies vénériennes, puis au sein ou en marge de celle-ci : création de sociétés locales, contrôle sanitaire des prostituées, information au public, éducation sexuelle des jeunes, consultations gratuites, législation. Le rôle des personnalités influentes par leurs publications et leurs initiatives (à Neuchâtel, les docteurs E. Cornaz et R. Chable ; dans le canton de Vaud, les docteurs A. Herzen, G. Cornaz, A. Lassueur) autant que les conceptions dominantes selon les périodes expliquent les fluctuations

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