Oser vivre, oser mourir
235 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Oser vivre, oser mourir , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
235 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Accepter sa condition de mortel est une libération. Je vous propose un mode d’emploi. Il s’agit d’apprivoiser la mort. Cesser de trembler face à sa finitude permet de vivre enfin pour de vrai, de s’engager sans réserve, de relever les défis, d’avoir une existence riche et pleine de sens. Car là, il ne s’agit plus de durer, il s’agit de vivre, pleinement. Une vie se juge aussi sur la façon dont on meurt. Veut-on que son trépas se déroule dans l’angoisse, la souffrance, l’indignité, comme c’est trop souvent le cas, ou bien préfère-t-on avoir son mot à dire sur le moment et les modalités de sa mort ? Certains pays le permettent, d’autres non. L’affaire est chaude… » G. A. Gérard Apfeldorfer, dans ce livre, nous propose un manuel d’autothérapie de la thanatophobie pour nous permettre de nous réconcilier avec notre condition de mortel et d’apprécier chaque instant de notre vie. Gérard Apfeldorfer est médecin, psychiatre et psychothérapeute. Il est membre de l’Association française de thérapie comportementale et cognitive (aftcc. org). Il est notamment l’auteur de Pas de panique ! Manuel à l’usage des phobiques, des angoissés et des peureux, aux éditions Hachette, des Relations durables et de Maigrir, c’est simple et dans la tête, aux éditions Odile Jacob, qui sont de grands succès. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 janvier 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738154217
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , JANVIER  2021
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5422-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Aux morts qui me constituent, aux vivants qui me font, à mes enfants qui me continuent.
« Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement. »
François de L A R OCHEFOUCAULD , Maxime 26.
Introduction

L’élaboration de ce livre s’est faite lentement. La vie m’a cabossé, comme tout un chacun. J’ai été confronté à la déchéance de personnes proches ; j’ai perdu des personnes aimées ou estimées ; la mort m’a frôlé de son aile ; j’ai cessé de me croire immortel. Je ne le cache pas : je l’ai assez mal pris.
Tout cela m’a sans doute rendu plus sensible à ce noyau inavouable d’épouvante que nombre de mes patients tentaient de se dissimuler à eux-mêmes. Peu à peu, j’en suis venu à aborder avec eux de façon directe cette terreur, la mère de toutes les peurs, de toutes les angoisses.
Mais ce n’est pas tout. J’ai commencé la rédaction de ce livre après l’épisode des gilets jaunes, j’en ai écrit une bonne partie durant la bataille des retraites, tandis que s’amplifiait en arrière-fond l’angoisse du réchauffement climatique. Je pensais en avoir terminé avec ce livre lorsque a démarré la crise du Covid-19 suivie de l’arrêt de toute activité en France et dans le monde, le confinement généralisé. Et voici qu’à l’automne, les passions tristes, les conduites de déni et de bravade, tout cela resurgit, enflamme les sociétés occidentales…
Sur ces phénomènes, j’ai ma petite idée. L’Occident est habité par la peur de la mort. Ou, pour faire savant, par la « thanatophobie ».
Craindre de mourir est une chose normale pour tout être humain. Mais notre époque se caractérise à ce sujet par un immense déni. Alors qu’autrefois la mort était la compagne des vivants, on ne veut désormais plus rien en savoir, on se refuse à y penser, on tente de faire comme si la mort n’existait pas, comme s’il s’agissait d’une insupportable injustice. Le progrès technique ne nous promet-il pas d’abolir la mort, de vivre bientôt, peut-être pas éternellement, pas tout de suite en tout cas, mais de vivre longtemps, très longtemps ici-bas ?
Malheureusement, le déni de la mort n’est qu’un masque fragile. L’évidence de notre trépas se fait juste souterraine. Elle se transforme en angoisses sourdes, en dépression larvée, en de multiples maladies qu’on étiquette « troubles anxieux ».
On s’en défend comme on peut. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on n’y parvient pas très bien. La mort est là, tapie en nous. Elle est la mère de l’aigreur et de la haine des gilets jaunes, du mécontentement des futurs retraités, des inquiétudes liées au réchauffement climatique, de la peur des virus, mais elle est aussi la mère du désenchantement, du scepticisme et de l’aquoibonisme occidentaux. Cette peur-là est de même nature que celle qui est à l’œuvre chez mes patients souffrant de troubles anxieux. La peur de la mort, toujours.
Des dirigeants, des citoyens aux quatre coins du monde se défendent de la mort en la niant, en tout cas pour eux-mêmes. Ils aiment pratiquer l’ordalie, se mettre en danger pour se tester et tester le sort.
Surtout, ils aiment se mettre en colère. Car la colère est une puissante émotion, capable de masquer toutes les autres, et en particulier la peur. Comme elle est la bienvenue, comme on l’accueille avec joie ! La colère ainsi que toutes ses nuances : la susceptibilité, l’irritabilité, l’aigreur, l’indignation, la rancœur, l’envie, la jalousie, l’exaspération, le ressentiment, la fureur, la rage.
La colère nous remet en action. On est alors prêt à s’en prendre à n’importe quel bouc émissaire. Le mécanisme est certes éculé, mais tellement pratique… Comment s’en passer ?
Après la colère, après la violence contre les boucs émissaires, voilà que parfois, surgit la honte, quand on prend conscience de ses réactions inadaptées, de ses faiblesses, de ses fragilités. Mais, là encore, le plus souvent, on choisit le déni. Bien sûr qu’on avait raison de s’en prendre à ces « autres », de leur faire la peau, parfois tout à fait concrètement, d’autres fois sur les réseaux sociaux en détruisant leur réputation, leurs liens sociaux.
Bon, tout de même, lors du printemps 2020, on aura assisté à une petite éclaircie. La mort qui rôde aura servi, un court moment, quelques mois, de révélateur à chacun. Si certains sont restés égoïstes, frileux, vindicatifs, d’autres, fort heureusement, sont apparus responsables, attentifs à leur prochain, dévoués.
Comment expliquer que l’arrivée d’un nouveau virus tueur puisse apaiser ainsi bien des esprits, rendre certains plus généreux, et même gais et souriants ?
Il m’est arrivé, plus d’une fois, d’observer ce phénomène : un patient en bonne santé physique mais tourmenté par la mort, souffrant de troubles dépressifs et anxieux, perpétuellement aux aguets ; et puis, un beau jour, la mort se fait concrète. On lui découvre un cancer qui le ronge sans qu’il s’en soit aperçu jusque-là. Tout à coup, il va mieux : fini les angoisses existentielles, les phobies et autres tracassins. Désormais, il sait ce qu’il doit combattre : le crabe. Il lui faut se montrer courageux, faire face à l’adversité ; il y a quelque chose à faire, il va s’en sortir, ou en tout cas ne pas se laisser dévorer sans lutter.
 
Eh bien, justement, c’est là en quelque sorte le fil rouge de mon livre. Et si la mort n’était épouvantable que parce qu’on se trompe de combat ? Oui, un jour proche ou lointain, on mourra. Le mieux qu’on puisse faire est de cesser de le nier, de l’accepter, de se familiariser avec cette vérité et lui ôter ainsi son potentiel de terreur.
Accepter sa condition de mortel est une libération. On cesse de dépenser vainement ses forces physiques et mentales à mettre en place des écrans de fumée. On réserve la totalité de ses ressources à ce qui en vaut la peine : la vie. C’est-à-dire le moment présent, qu’il s’agit d’habiter pleinement, de telle sorte que notre existence soit riche et pleine de sens.
Il ne s’agit pas là juste de bonnes paroles de ma part. Je vous propose un mode d’emploi. Nous verrons comment il est possible d’apprivoiser sa mort et, dès lors, n’étant plus rongé par la peur du trépas, de vivre en quelque sorte pour de vrai. On s’engage, on accepte le risque, on ose. Il ne s’agit plus de durer, il s’agit de vivre.
Sortir de la thanatophobie permet aussi de se préoccuper de la façon dont on mourra. On voudra assurément que sa fin, la fin de ses proches se passent au mieux, dans la sérénité, sans souffrance. Ce n’est malheureusement pas ainsi que l’on meurt, aujourd’hui, en Occident, le plus souvent. Il y a là des choses à changer.
Voilà mon ambition : vous aider à prendre vos aises avec la mort, à vivre votre vie sans réserve, puis, le moment venu, mourir sereinement. C’est ça, mon boulot.
Gérard A PFELDORFER , novembre 2020.
PARTIE I
La mort, état des lieux
Margot Fontaine s’était décidée à me consulter lorsque son employeur lui avait proposé une promotion qui allait l’obliger à travailler dans un bureau situé au douzième étage d’une tour, à une bonne demi-heure de son domicile par les transports en commun. Rien de bien méchant, direz-vous. Sauf quand on est agoraphobe et acrophobe, qu’on ne supporte ni les métros, ni les hauteurs, qu’on craint de faire des malaises, de manquer d’air, de mourir étouffée, seule dans la foule, sans que personne se préoccupe de votre sort.
Les thérapies cognitivo-comportementales permettent de surmonter les peurs phobiques la plupart du temps dans un délai raisonnable. Et, effectivement, Margot commença, après quelques mois de thérapie, à se déplacer plus aisément, à sortir de plus en plus de son périmètre de sécurité. Elle n’avait plus guère d’excuses pour refuser sa promotion.
Mais elle n’allait pas mieux pour autant. Elle faisait toujours des cauchemars qui la réveillaient en sursaut, dans lesquels elle était morte et enterrée vivante. Elle s’angoissait pour Nolwenn, sa fille de 24 ans, surtout quand celle-ci sortait le soir. N’était-ce pas normal ? Il y avait les violeurs, les terroristes, les tueurs de toutes sortes… « Si j’imagine un scénario horrible et si je suis folle d’inquiétude, alors cela empêche le scénario d’arriver. Mais si au contraire je n’ai rien imaginé, ou si je ne me suis pas suffisamment angoissée, alors la catastrophe se produira et ce sera de ma faute », finit par me dire Margot. En somme, Margot pensait que son destin était de souffrir et que, si elle prenait les devants, souffrait à propos de scénarios imaginaires, cela la dispenserait d’avoir à affronter des souffrances plus réelles. En quelque sorte, le bonheur portait malheur. Un système superstitieux pas si rare que ça…
Tout cela faisait beaucoup de choses tournant autour de la mort. Aussi posai-je à Margot des questions plus directes : comment la voyait-elle, cette mort ? Ah, la mort, non, elle n’y pensait pas. Surtout pas. Parce que y penser, ce serait comme l’inviter à venir vous visiter. Mais j’insistai : ne s’inquiétait-elle pas pour la vie de Nolwenn ? N’imaginait-elle pas des stratégies mentales compliquées afin qu’il ne lui arrive rien ?
Peu à peu, Margot accepta d’aborder le sujet. Elle était athée, ou bien agnostique, ça dépendait des jours. Elle avait lu quelque part que la con

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents