Mon combat pour la santé mentale
152 pages
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Mon combat pour la santé mentale , livre ebook

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Description

« Aujourd’hui, des centaines de millions de personnes dans le monde souffrent de troubles mentaux pour lesquels nous disposons de traitements efficaces.« Malheureusement, le coût de ces traitements – qui inclut la formation continue du personnel, la coordination des systèmes de soins, l’approvisionnement régulier en médicaments, le développement des services de réadaptation, l’évolution de l’enseignement psychiatrique – est trop souvent considéré comme excessif en raison de la faible priorité accordée à la santé mentale par nos gouvernements.« Plus que jamais, il incombe aux États, développés et moins développés, et aux psychiatres de tout ordre d’engager les combats sociaux et politiques nécessaires à l’amélioration globale du niveau de santé mentale dans le monde. »Norman Sartorius est l’un des plus éminents et des plus influents psychiatres de sa génération. Ancien directeur de la division « santé mentale » à l’Organisation mondiale de la santé, il a aussi été président de l’Association mondiale de psychiatrie et président de l’Association des psychiatres européens.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mars 2010
Nombre de lectures 4
EAN13 9782738197665
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La traduction française du présent ouvrage a été assurée par : R. Bennegadi, M. Karas, K. Gitaï, L. Hounanian, S. Larchanche, Y. Mitic- Gutierrez, T. Pontdeme, A. Theodoracopoulou, A. Tubiana ; J.-P. Menu ; V. Sartorius ; J. Mamboury.
Titre original Fighting for Mental Health. © Cambridge University Press, 2002.
© ODILE JACOB, MARS 2010, pour la traduction française.
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9766-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À Vera, ma chère et tendre épouse, qui m’accompagne dans mes rêves et dans la réalité, merci d’être à chaque instant une source d’inspiration, d’énergie et mon rayon de soleil.
Introduction

Mes amis me taquinent parce que j’argumente souvent en trois temps et que je classe les éléments en trois groupes. Cette habitude semble être le tort de beaucoup, même les philosophes et les religieux y semblent attachés. Pythagore trouvait le chiffre trois parfait pour exprimer le commencement, le milieu et la fin – autrement dit, le symbole de la divinité. La mythologie classique avait trois Grâces, trois Fortunes, trois Furies, trois dieux principaux : Jupiter (le Ciel), Neptune (la Mer) et Pluton (l’Enfer). On accordait aux êtres humains une triple dimension : le corps, la raison et l’esprit. Même ailleurs qu’en Europe, les dieux égyptiens et hindous sont groupés par trois. Le grand dieu antique maya, Huracan, était le cœur triple de l’univers. Les tabourets à trois pieds sont plus stables que les chaises qui en ont plus. Et ainsi de suite.
De ce fait, il n’est pas étonnant que ce livre soit divisé en trois parties : la première porte sur le contexte de la santé et de la médecine, la deuxième sur les rapports entre médecine et santé mentale et la troisième sur psychiatrie et santé mentale. Cette division, cependant, ne résulte pas de mon habitude à grouper les choses par trois. Elle correspond aux trois étapes de ma compréhension de la psychiatrie et de mes responsabilités dans ce domaine.
Il y a bien des années que j’ai décidé de devenir médecin. Cela me semblait un choix logique. Depuis plusieurs générations, au moins l’un des enfants de notre famille choisissait médecine comme champ d’action. Parfois plus d’un, mais jamais aucun. Être médecin semblait permettre de mener une vie utile et globalement agréable. En outre, les circonstances, politiques ou autres, à la fin de mon adolescence me laissaient penser, ainsi qu’à ceux à qui je demandai conseil pour ma carrière, qu’il serait sage d’avoir un métier offrant du travail dans n’importe quel pays. J’avais quelques réserves sur ce choix. L’une des raisons de mon hésitation était que je voulais devenir pédiatre. Or ma mère était déjà une pédiatre brillante et renommée, elle avait fondé la pédiatrie sociale dans le pays où j’ai grandi et je savais qu’il serait très difficile d’éviter les incessantes comparaisons avec elle et qu’on me verrait comme un « fils de » plutôt que comme un individu suivant son propre chemin. Me fiant à des témoignages d’amis qui affirmaient qu’il existait bien d’autres branches attrayantes en médecine, et à quelques livres comme Martin Arrowsmith de Sinclair Lewis ou Chasseurs de microbes de Paul de Kruif, je me suis néanmoins inscrit et j’ai poursuivi mes études jusqu’à l’obtention de mon diplôme.
À l’époque où j’ai décroché mon diplôme, il n’existait que quelques passerelles menant aux domaines de la médecine qui m’intéressaient particulièrement. La psychiatrie était l’un de ceux-là. Il était possible pour les étudiants de suivre les cours de leur spécialité tout en travaillant dans un service hospitalier, du moins s’ils acceptaient d’exercer une activité clinique sans être rémunérés. C’est ce que j’ai fait, complétant l’aide financière que je recevais de ma famille par un travail de guide touristique. Cette expérience s’est révélée immensément utile par la suite, quand j’ai dû éveiller l’intérêt de personnes qui n’en avaient aucun pour ce que je leur montrais, quand j’ai dû les impliquer émotionnellement, les amener à écouter ou à apporter leur aide.
À mi-chemin de mes études postuniversitaires en psychiatrie (et en neurologie), j’ai pris conscience que je n’en savais pas assez sur la psychologie normale et la méthodologie en recherche. J’ai donc décidé d’entreprendre des études de psychologie et j’ai obtenu mon doctorat avec une thèse sur les modifications du processus de pensée dans la maladie schizophrène. Durant l’écriture de ce mémoire, j’ai beaucoup appris sur différents problèmes techniques ; la plus importante leçon que j’en ai tirée est que la psychiatrie – ou toute autre branche de la médecine – n’apporte pas la connaissance et la compréhension nécessaires à sa bonne pratique. J’ai essayé d’y remédier en épidémiologie et, plus tard, en santé publique. Ce dernier domaine s’est révélé lié de façon inextricable à l’ensemble des questions relatives au développement et aux changements socio-économiques.
Bien qu’ayant écrit les textes de ce livre tout au long de ces dernières années, ils correspondent aux trois niveaux de ma compréhension de la psychiatrie et de son rôle dans la société. Au début, je pensais que la psychiatrie était une discipline qui se suffisait à elle-même, qui traitait des fascinantes bizarreries de la pensée, qui apportait de la rationalité dans la confusion, qui réconfortait les personnes torturées par leurs émotions et leur détresse intimes. Puis, progressivement, j’ai compris que la psychiatrie est une partie de la médecine et que le psychiatre n’est qu’un des nombreux professionnels dont le métier est d’aider. J’ai commencé à voir que la psychiatrie s’occupe de maladie tout autant que de détresse, que les idées bizarres sont souvent des symptômes de dysfonctionnements qui perturbent les patients et les empêchent de s’accomplir personnellement et socialement. Encore plus tard, j’ai compris que la psychiatrie et la médecine ne sont pas isolées, qu’elles doivent être étudiées et pratiquées en tenant constamment compte du contexte social et matériel dans lequel évoluent les patients et les médecins qui essaient de les aider. La médecine, faisant partie de l’arsenal de moyens utilisés par les sociétés pour améliorer la vie de leurs membres, doit par nécessité poursuivre ces objectifs par des moyens autant politiques que scientifiques. On ne peut seulement définir la psychiatrie comme une discipline universitaire qui s’intéresse aux énigmes de la nature et scrute les arcanes de la pensée. D’ailleurs, ce n’est pas la plus souhaitable de ses définitions.
La psychiatrie, comme toute discipline médicale, doit remplir de façon synchrone trois fonctions distinctes si elle veut avoir une utilité maximale. C’est une discipline qui doit reposer solidement sur la preuve et l’expérience, qu’il s’agisse des troubles mentaux, de leur reconnaissance aux différents niveaux de soins, de leur traitement et de leur prévention. Elle doit entretenir avec la médecine une relation de soutien mutuel. Elle doit aussi progresser en phase avec le développement socio-économique, l’optimisant sur un plan humain, tandis qu’elle en retire de son côté un surplus de forces. J’étais convaincu que, dans ma vie professionnelle, ma contribution et mes fonctions devraient s’accorder avec ces trois aspects de la psychiatrie. Afin de donner le meilleur de moi-même dans mon métier, je me suis attaché à renforcer les aspects éthiques et scientifiques du métier de psychiatre. J’ai cherché comment rapprocher la psychiatrie de la médecine pour leur bénéfice réciproque ; j’ai également tenté de voir comment l’outil politique pouvait être utilisé afin d’améliorer l’éducation, la recherche et la formation dans le domaine de la santé mentale et de favoriser le développement des programmes de santé mentale.
Il est évident que beaucoup de psychiatres vont vouloir se soucier exclusivement de reconnaître et traiter les troubles mentaux. Ils vont vouloir une discipline indépendante, allégée de la nécessité de s’occuper de maladies qui ne sont pas « psychiatriques ». Ils vont être guidés par un double objectif, celui d’aider leurs patients et celui de mener une vie de qualité. Leur intérêt pour la santé publique sera négligeable, et ils ne feront aucun effort soutenu pour comprendre l’intrication entre psychiatrie et développement global. Les principes à la base de leur comportement ne seront pas fondés sur une analyse de ce genre. Ils formeront la vaste majorité des 150 000 psychiatres qui exercent dans le monde. Leur contribution au bien-être de leurs patients est forte, et ils estiment que cette contribution suffit pour justifier l’existence de leur profession.
Certains psychiatres sont constamment, et parfois douloureusement, conscients qu’ils ne peuvent s’occuper que d’une infime proportion des patients atteints de maladie mentale. Même les estimations les moins alarmistes indiquent que le nombre de personnes souffrant de troubles psychiatriques et qui ne voient jamais de psychiatre est énorme. Pour la plupart, ces personnes vont chercher de l’aide auprès des généralistes ou de praticiens qui ne sont pas psychiatres. Parfois leur maladie est identifiée, parfois non. Même dans les pays les plus développés, environ la moitié des gens qui vont consulter un médecin pour un trouble psychiatrique sont diagnostiqués pour un autr

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