Mère et Fils
140 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Mère et Fils , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
140 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Une mère n’aime jamais trop son fils. Mais pour qu’il soit bien dans sa peau et capable d’aimer, faut-il qu’elle soit chaleureuse et présente ou bien plus discrète et qu’elle réprime un peu sa force d’aimer ? Aujourd’hui encore, beaucoup de mères se sentent coupables de montrer à leurs garçons la tendresse qu’elles éprouvent. Elles craignent de favoriser un œdipe trop puissant. Or, loin d’être un obstacle ou un fardeau, l’amour d’une mère pour son fils est non seulement une nécessité, un besoin fondamental, mais une condition de son bon équilibre et de sa réussite d’homme. Parce que les mères aimantes et fortes permettent à leurs garçons de devenir à la fois forts et sensibles. » (A. B.)Médecin, psychologue, psychanalyste, Alain Braconnier enseigne à l’université Paris-V et dirige le Centre psychothérapeutique Philippe-Paumelle dans le XIIIe arrondissement de Paris. Il a notamment publié Le Sexe des émotions, Le Guide de l’adolescent et Petit ou Grand Anxieux ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 janvier 2005
Nombre de lectures 5
EAN13 9782738188458
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR   CHEZ ODILE JACOB
Tout est dans la tête , avec Éric Albert, 1992, « Poches Odile Jacob », 2001.
Le Sexe des émotions , 1996, « Poches Odile Jacob », 2000.
L’Adolescence aux mille visages , avec D. Marcelli, 1998.
Le Guide de l’adolescent. De 10 ans à 25 ans , 1999, 2001, 2007.
Petit ou grand anxieux ? , 2002, « Poches Odile Jacob », 2004.
Les Filles et leurs pères , 2007.
© O DILE J ACOB , 2005, FÉVRIER  2007
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-8845-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À toutes les mamans du monde.
« Il y a une femme à l’origine de toutes les grandes choses. »
L AMARTINE
Introduction

Les mères aimeraient-elles trop leur fils ? Aujourd’hui, les mères que je rencontre me posent souvent cette question : quelle distance dois-je mettre entre mon fils et moi pour qu’il soit bien dans sa peau et qu’il puisse devenir un homme à l’aise avec les femmes ? En d’autres termes, quelle mère d’aujourd’hui pour quel fils de demain ? Élever un fils prêt à faire face aux enjeux du monde moderne exige-t-il une mère présente, aimante et chaleureuse ou bien une mère discrète, en retrait, réprimant un lien naturel d’amour ? Ma réponse va clairement à la première proposition.
Pour ma part, et contrairement à certaines idées reçues, je défends l’idée que l’amour d’une mère est source de bienfaits pour son fils. Certes, certaines peuvent étouffer leur garçon, mais cela m’apparaît beaucoup plus rare qu’on ne l’a dit… et, parfois, écrit. Mon expérience de thérapeute m’a amené à rencontrer beaucoup plus de mamans qui avaient peur de trop aimer leur fils que de mères étouffantes et fusionnelles.
Dans l’imaginaire collectif, les relations qui unissent les fils à leur mère ont de tout temps suscité des représentations symboliques ou imaginaires contrastées : d’un côté, la mère nourricière, protectrice, porteuse de vie et de force ; de l’autre, la mère dévorante, castratrice, image de danger et même de mort. Chez les spécialistes de la psyché humaine, c’est autre chose : on a beaucoup critiqué les mères, apparemment trop protectrices avec leur fils, mais très peu ont étudié cette relation en détail, à la différence de la relation mère-fille 1 ou la relation père-fils 2 . Plus étrangement encore, la psychanalyse, dont l’objet principal repose sur l’étude des relations parents-enfants, s’est très peu penchée sur les relations que Freud ou Lacan eux-mêmes avaient avec leur mère respective.
En trente ans, le point de vue sur le rôle maternel a connu une histoire à rebondissements. On est passé d’une culpabilisation systématique au moindre problème présenté par l’enfant à la « découverte » suivante, toute récente : l’amour d’une mère serait semblable à une potion magique ; il doperait les enfants pour la vie ; il aurait même, dès la naissance, un effet positif sur d’éventuelles vulnérabilités génétiques. Cela peut bouleverser le message trop souvent entendu : « Mesdames, ne soyez pas mères poules, vous étouffez vos fils ! », message repris par nos psychanalystes préférés : « Attention aux mères castratrices ! »
Julien m’a permis un jour de comprendre ce que peut représenter une mère pour son fils. Âgé de 7 ans, ce petit garçon, incontestablement précoce mais turbulent, me dit : « Ma mère, c’est comme une veilleuse, elle est tout le temps là et, quand je suis triste, elle peut tout de suite s’allumer pour réchauffer mon cœur. » Peut-on trouver meilleure image pour une mère que celle de « veilleuse » ? Julien me donna alors l’occasion de réfléchir, à propos de sa mère, aux différents sens contenus dans cette image : prendre soin, surveiller, songer, être en alerte, donner de la lumière là où il pourrait faire trop sombre…
 
Nous savons tous que, dans la vie d’un homme, l’expérience d’une mère est décisive. Albert Cohen l’a magnifiquement écrit : « Eh bien, moi, je t’envoie les yeux ennoblis par toi, je t’envoie à travers les espaces et les silences ce même acte de foi, et je te dis gravement : ma Maman 3 . » Une mère, on n’en a qu’une ; quand elle disparaît, on se sent orphelin ; c’est le premier grand amour. « On ne guérit jamais du mal de mère ; on le protège secrètement ou on l’exorcise », me confia un jour un mari dont la femme se plaignait des liens trop étroits qu’il continuait d’entretenir avec sa mère. Si, dans certains couples, cette plainte est parfaitement justifiée, les résultats des études sur les liens mère-fils 4 vont globalement dans un autre sens : « L’amour d’une mère rend fort ; il n’empêche pas, bien au contraire, et sauf dans les cas d’attachement extrême, un garçon de devenir un homme. »
Carole, mère d’un garçon de 9 ans, m’interroge sur ses angoisses concernant son fils Aymeric. Elle le trouve trop timide, et il a du mal à se faire des amis à l’école. La maîtresse a renforcé ses craintes en lui disant qu’elle le trouvait un peu isolé en classe. Carole s’inquiète du fait qu’Aymeric est de petite taille, alors que son frère aîné est grand pour son âge, « comme son père ». Ferait-il des complexes ? se demande-t-elle. Elle a consulté son médecin pour voir s’il n’y avait rien d’anormal et a dû insister pour que ce dernier prescrive des examens sanguins et radiologiques en vue d’éliminer toute anomalie physique chez son « petit garçon », comme elle aime l’appeler. En fait, son fils est physiquement petit pour son âge mais, les examens médicaux l’ont montré, dans des limites normales. En s’inquiétant et en consultant comme elle le fait, cette mère aime-t-elle trop son fils ou se comporte-t-elle simplement comme une « bonne mère » ?
 
Aujourd’hui donc, beaucoup de mères se sentent coupables de montrer les signes de tendresse qu’elles ressentent au plus profond d’elles-mêmes. Elles craignent de favoriser un « œdipe » trop fort. Une maman m’amenant son adolescent en consultation pour des difficultés à l’école me donna d’emblée l’explication qu’elle pensait être à l’origine de ces problèmes : « Déjà, quand Antoine était tout petit, le médecin m’a dit : “Votre fils fait un œdipe trop fort !” Depuis, j’ai toujours eu peur de trop l’aimer. » Certaines questions reviennent en boucle : « Si je passe trop de temps avec lui, est-ce que je ne vais pas l’étouffer ? », « Je l’aime trop ! Est-ce qu’il ne risque pas de devenir homosexuel ? », « Si nos liens sont trop forts, est-ce qu’il ne va pas chercher plus tard une femme qui me ressemble ? » Certes, l’œdipe existe, mais au nom de quoi devrait-il engendrer une peur d’aimer ? Trop de femmes craignent les stéréotypes sociaux ou, plus directement, les reproches de leurs amies, de leur mari, de leur belle-mère, du « psy ».
En les écoutant parler de leur fils, spontanément ou de façon plus réfléchie, en les voyant agir, je ne peux m’empêcher de penser que l’amour maternel incarne un idéal de l’amour. Quand elles évoquent la relation qui les unit à leur garçon, les mères expriment souvent le sentiment d’un lien unique, d’un amour immuable et intouchable. À la question : « Existe-t-il un “homme” qui peut mener une femme là où elle ne voudrait pas aller ? », la réponse semble bien être : « Oui, son fils. » Et cet amour sans condition, constant tout au long de la vie, même dans les situations les plus difficiles, est souvent réciproque. Un homme se souviendra à jamais de sa mère, d’une robe qu’elle portait, d’une coiffure qu’elle avait, d’un parfum qu’il sentait, des baisers quand il la quittait : tous ses sens sont touchés. Réciproquement, une mère se souviendra toujours des regards de son fils, de son odeur bébé, de sa tendresse, de ses colères, de ses boutons d’acné…
On comprend que les mères ne soient pas toujours très à l’aise avec l’amour qu’elles éprouvent au fond de leur cœur. Une maman, engagée naguère dans un féminisme militant, me confia un jour : « Je n’osais même pas à l’époque m’avouer que je souhaitais un garçon ! » Serait-ce donc politiquement incorrect d’aimer son fils ? À la retenue qui, de tout temps, interdit des attitudes trop sexualisées avec son enfant et qui vaut pour la relation mère-fils comme pour la relation père-fille, semble s’ajouter ici une sorte d’interdit sentimental. Or, à mes yeux, c’est exactement le point de vue inverse qui doit prévaloir : les mères sont et restent fondamentales pour le développement heureux des garçons. Mamans de tous les pays, faites-vous donc confiance quand vous ressentez des sentiments attendris, passionnés et même subrepticement amoureux à l’égard de vos fils !
I
On n’aime jamais  trop son fils
Chapitre I
Les mères ont le droit  d’aimer leur fils…

« Vous êtes trop fusionnelle… » Pendant plusieurs décennies, quoi qu’elles fassent, les mères étaient d’avance coupables. Les difficultés et les défauts de nos chères têtes blondes avaient naturellement une origine et une seule : les liens trop étroits qui unissaient les mères à leurs enfants et, en particulier, à leurs fils. Il y a les problèmes de sommeil ou d’appétit dans l’enfance ; plus tard, la peur d’aller à l’école, les comportements turbulents ou, au contraire, une excessive timidité ; enfin, à l’adolescence, l’incapacité à se prendre en charge ou les provocations habituelles à cet âge. Ce point de vue rapide a amené et continue d’amener beaucoup de mères à s’interroger sur le type d’amour qu’elles ont le droit de ressentir ou d’expr

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents