Maudites hormones , livre ebook

Prisma - Sarah Rodrigue

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75 pages

Français

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A propos
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Extrait

Description

Sujets

Médecine

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Publié par	Prisma
Date de parution	23 septembre 2021
Nombre de lectures	6
EAN13	9782810436248
Langue	Français
Poids de l'ouvrage	3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À mes parents, pour votre amour inconditionnel.
À mon amoureux, pour le chemin que tu traces pour nous.
À ma fille, pour absolument tout.
Note à Emma Lily, pour quand tu seras assez grande

Ma loulou,
J’ai longtemps hésité à écrire ce livre. J’avais peur qu’il te heurte. Peur que tu t’imagines qu’il résume ma vie, notre vie.
Sache qu’il en décrit seulement une partie. La partie de la maladie. La partie la plus difficile. Si ce récit contenait la totalité de ma vie, il serait empli de moments de joie, de rire, de danse, de nos voyages à trois, de nos moments en famille et entre amis, et surtout du bonheur d’être ta maman.
Et si jamais tu décides un jour de lire ces pages – pas avant d’avoir 40 ans ! – sache que ni toi, ni moi, ni personne n’y sommes pour rien. Seule la maladie est responsable de mes difficultés pendant ma grossesse. Tu es le plus beau cadeau qui m’ait été donné. Point final.
Et c’est justement parce que j’ai eu le privilège d’être entourée de toi, de papa, de notre famille et de nos amis que je suis maintenant en mesure d’apporter un peu de réconfort à celles qui en ressentent le besoin. C’est pour cela qu’il fallait écrire ce livre. Pour témoigner de notre force face à l’adversité et, surtout, pour donner de l’espoir. J’espère qu’il saura te rendre fière.
Tellement je t’aime, il n’y a pas de mots.
Maman.

Que ce récit témoigne de la force de la vie et de mon immense gratitude envers tous ceux et celles qui, telle une source de lumière au bout du tunnel, m’ont rappelé que le plus sombre précède toujours l’aube.
INTRODUCTION

L’Homme planifie, et Dieu rit.
– Proverbe yiddish

Jeune fille, je rêvais de devenir la prochaine Oprah. Ou la première secrétaire générale des Nations unies. C’est selon. Je n’avais donc pas spécialement prévu, dans ce plan de carrière, que j’allais, à l’âge de 42 ans, publier un livre sur des sujets aussi (peu) glorieux que mes hormones, mes règles et tous les aspects connexes à ma vie intime.
Spontanément, comme ça, je vous dirais que je ne portais pas en moi une envie irrésistible de dévoiler en détail cette partie de ma vie. Je me souviens encore du tremblement dans ma voix quand j’ai exposé, pour la première fois, mon projet d’écriture à mon éditeur. Réussir, dans le cadre d’un pitch professionnel, à placer d’un même souffle les mots règles, crampes, sang, grossesse, IVG, santé mentale, psychiatrie, fatigue, deuils et « je suis la personne parfaite pour publier chez vous » n’a pas été facile. Bien que j’aie réussi à le convaincre !
C’est au moment où il a fallu me « vendre » auprès de mon éditeur que j’ai compris que je devrais à partir de maintenant accepter de délaisser une partie de mon ego. Que ni mes compétences professionnelles, ni mon expérience de travail, ni cette image plus « soignée » de moi-même n’allaient m’être utiles. C’est une autre partie de moi, la plus vulnérable, qu’il me fallait dévoiler.
Si je veux sensibiliser les gens au trouble hormonal qui m’a affectée, si je veux rejoindre celles qui vivent les mêmes souffrances, si je veux changer les choses, je devrai dorénavant accepter de parler en toute transparence de mon utérus et d’autres coquetteries relevant de ma sphère intime.
Témoigner en détail d’expériences aussi personnelles au risque de faire sourciller certains ou certaines ou, pire encore, d’apparaître sur la liste des fameux auteurs de « développement personnel », honnis par la gang de l’émission que j’aime tant Plus on est de fous, plus on lit ! (1) , me demandera du courage et une certaine autodérision. Bref, je dois accepter de présenter de moi l’image la moins glamour, la « moins Pinterest que ça, tu meurs ».
Ma motivation pour écrire ce livre me semble cependant beaucoup plus importante que toute considération relative à mon ego. Par le biais de ce livre – en plus de l’appât du gain financier en droits d’auteur, évidemment ! –, je cherche à rejoindre, soutenir, éclairer, en leur partageant mon expérience, des femmes qui vivent, elles aussi, une relation difficile, voire souffrante avec leurs hormones féminines. Et qui dit biologie féminine dit aussi, mais pas exclusivement bien sûr, cycles menstruels, acné juvénile, syndrome prémenstruel (SPM), procréation (ou non), fausse couche, maternité, acné d’adulte – sérieux ? ! –, dépression prénatale ou post-partum, préménopause, prise de poids, perte de cheveux et apparition de pilosité sur le menton, et j’en passe.

Le Larousse définit une hormone comme une « substance sécrétée par une glande endocrine, libérée dans la circulation sanguine et destinée à agir de manière spécifique sur un ou plusieurs organes cibles afin d’en modifier le fonctionnement. » Le nom vient du mot grec hormân , qui signifie exciter .
Pour ma part, confrontée à une maladie hormonale extrême, nommée trouble dysphorique prémenstruel (TDPM), j’ai eu le grand privilège d’en baver dans tous ces domaines. En gros, j’ai souffert toute ma vie d’un syndrome prémenstruel (SPM) extrême boosté aux stéroïdes. Cette maladie, méconnue du grand public mais beaucoup plus fréquente que l’on pense, m’a fait vivre à peu près tous les défis possibles et imaginables liés aux fluctuations hormonales féminines : symptômes prémenstruels qui ont littéralement pris ma vie en otage 10 à 15 jours par mois ; grossesses qui, en raison des variations hormonales intenses, m’ont déjà plongée dans des états pré-psychotiques et ont causé des interruptions volontaires – mais non voulues – de deux de ces grossesses ; conséquences sur ma santé mentale ; perte de jouissance de vie ; stigmatisation qui accompagne les douleurs chroniques, etc.
Au cours des dernières décennies, j’ai découvert un monde parallèle. Un monde de femmes qui souffraient, comme moi, dans un état de complète confusion et d’incompréhension. Car, malgré une vie palpitante et un profil Facebook débordant d’activités, nous sommes nombreuses à vivre au quotidien des moments de rage inexpliquée, des périodes de tristesse insoupçonnée, des deuils cachés en raison de fausses couches ou d’enfants non nés, des envies de sucre à tuer, des bouffées de chaleur soudaines, une perte de libido – généralement unilatérale –, des crampes débilitantes ou des hémorragies menstruelles incontrôlables.
Que vous soyez grande, brunette, mère, végétarienne, policière, gothique, jeune rouquine, monoparentale, adolescente, hétéro, comptable, célibataire, petite, âgée, votant à droite, sportive, fluide, carnivore, punk – ou tout cela à la fois ! –, si vous souffrez d’un cycle menstruel ou de tout autre malaise hormonal à un tel point que votre vie en est altérée, ce livre s’adresse à vous. Parce qu’au-delà de toutes nos différences, il me semble avant tout essentiel de partager nos expériences communes. Pour en retirer de la force, pour en rire ou en pleurer et pour nous offrir le droit d’en parler de façon décomplexée.

Les hormones sexuelles féminines sont de deux types : les œstrogènes et la progestérone. Les ovaires les sécrètent selon un cycle, dit menstruel, dont les règles sont la manifestation. De la puberté à la ménopause, une femme connaît environ cinq cents cycles, interrompus par les grossesses. Durant le cycle, l’activité des ovaires est contrôlée par deux hormones produites par le cerveau : l’hormone folliculostimulante (FSH) et l’hormone lutéinisante (LH).
Et, puisque je crois fondamentalement que « savoir, c’est pouvoir », vous trouverez aussi dans ce livre des informations et des éclaircissements sur de nombreuses questions entourant les hormones féminines. Si j’ai appris quelque chose dans les dernières années, c’est qu’il faut s’armer de connaissances en ce qui concerne sa propre santé. Car si vous êtes, vous aussi, confrontées à ce que j’ai perçu comme un certain désintérêt du monde médical envers la santé hormonale des femmes, il est possible que vous ayez à faire vos propres recherches, à identifier vos symptômes, à trouver le ou la bonne spécialiste qui saura vous accompagner, à insister auprès de votre médecin pour obtenir des consultations, à identifier les thérapies alternatives possibles et, surtout, à apprendre à exprimer clairement vos besoins, sans complexes.
Grâce à la contribution de la D re Sophie Desindes, gynécologue et directrice du département d’obstétrique et de gynécologie du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, ce livre vous apportera, sous la forme d’encadrés, des informations plus scientifiques que les miennes, destinées à vous éclairer davantage sur vos hormones et sur le trouble hormonal dont j’ai souffert.
Ce livre vous offre aussi, en annexe, quelques réflexions de la part de mon amoureux, qui a traversé avec moi le lot de difficultés, de deuils et de défis que nous a apportés ma condition. Nous pensons qu’il est aussi important d’offrir le point de vue du conjoint ou de la conjointe, qui doit apprendre à composer avec ces tempêtes mensuelles et qui est généralement la première personne à en subir les foudres.
Toujours en annexe, vous trouverez enfin, grâce à la collaboration de la D re Desindes, un ensemble de pratiques et de traitements qui m’ont été suggérés et que j’ai testés au cours des deux dernières décennies. J’espère vivement que ces informations vous permettront de mieux comprendre votre état et de prendre des décisions éclairées.
Lorsque j’ai rencontré pour la première fois la D re Desindes, j’étais enragée – et le mot est faible – contre l’univers médical. J’avais vu depuis 20 ans une quantité phénoménale de médecins, d’obstétriciennes, de psychiatres et de gynécologues. Le moins que l’on puisse dire, c’est que je gardais un goût amer de la plupart de ces rencontres. On avait banalisé mes symptômes, on m’avait renvoyée à la maison en me disant « tout est beau », en brandissant mes résultats sanguins normaux comme preuve que je n’avais rien. On m’avait dit que « c’était dans ma tête », on m’avait écoutée mais rien proposé, juste prescrit des médicaments qui n’avaient, au mieux, rien changé à mon é