La lecture à portée de main
62
pages
Français
Ebooks
2017
Écrit par
Marion Bastoul
Publié par
Connaissances & Savoirs
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Publié par
Date de parution
31 mars 2017
Nombre de lectures
3
EAN13
9782342152012
Langue
Français
Les troubles de la déglutition, également appelés dysphagies, sont des déficits fréquemment rencontrés chez les patients. Ils sont surtout retrouvés chez les personnes âgées et les patients admis en réanimation, en particulier quand ils sont porteurs de sondes d'intubation. En effet, l'incidence des troubles de la déglutition, chez les patients en réanimation intubés à l'aide d'une sonde oro-trachéale, varie de 44 à 87 % selon les études. En tant que masseur-kinésithérapeute, il me paraît important de se pencher sur les différentes techniques existantes permettant d'agir sur les dysphagies. Dans cet ouvrage, je vais détailler plusieurs techniques de thérapies manuelles portant sur la région laryngée, dans le but d'améliorer le réflexe de déglutition, en post-extubation. Ce réflexe correspond à l'élévation et à la fermeture du larynx lors de la phase pharyngée de la déglutition. Je vais également m'interroger sur les compétences spécifiques et communes des masseurs-kinésithérapeutes et des orthophonistes concernant les bilans et la rééducation des dysphagies. En effet, les aptitudes de ces deux professions sont souvent mal définies ou mal connues et varient en fonction des différentes structures hospitalières. Dans l'objectif de l'optimisation de la prise en charge de la patiente présentée dans cet ouvrage, je vais m'attarder sur les bilans quantitatifs des dysphagies et par conséquent sur les examens complémentaires de ces troubles. Enfin, je détaillerai les avantages et inconvénients de quatre techniques permettant d'agir sur le retard de déglutition. J'ai réalisé cet ouvrage pour essayer de faire connaître une partie peu exploitée du métier de masseur-kinésithérapeute. Bien évidemment, ma prise en charge ne concerne qu'une patiente et des études supplémentaires sont nécessaires pour arriver à une quelconque conclusion.
Publié par
Date de parution
31 mars 2017
Nombre de lectures
3
EAN13
9782342152012
Langue
Français
Les Troubles du réflexe de déglutition et les mobilisations thérapeutiques de la région laryngée
Marion Bastoul
Connaissances & Savoirs
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Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Les Troubles du réflexe de déglutition et les mobilisations thérapeutiques de la région laryngée
Introduction
Lors de mon stage en réanimation, j’ai rencontré de nombreux patients étant intubés . En effet, l’objectif principal du service de réanimation est la prévention et la suppléance de diverses défaillances viscérales. Pour compenser les déficiences respiratoires et pour maintenir une alimentation suffisante les patients sont porteurs de sondes d’intubation oro-trachéales et de sondes naso-gastriques. Or, j’ai remarqué que la plupart des patients présentent des troubles de la déglutition , ou dysphagie, après leur extubation. En effet, lors de l’intubation et de l’extubation, il peut y avoir des complications touchant le larynx, comme un traumatisme laryngé, un laryngospasme ou une adhérence du tube, mais aussi des lésions du plan glottique, tel qu’une inflammation de l’articulation cricoaryténoïdienne. Même sans complication, lors de l’intubation, la sonde est placée au niveau des zones induisant le réflexe de déglutition et peut donc induire des troubles de ce réflexe (Bleeckx, 2013, pp. 4-5). Plus l’intubation est longue, plus il y aura un retard du réflexe de déglutition. La sonde nasogastrique peut également entraîner des lésions locales, comme des œdèmes arythénoïdiens, ce qui retarde le réflexe de déglutition. Ce retard entraîne un ralentissement de fermeture du larynx . Ces déficits sont fréquents car l’incidence des troubles de la déglutition chez les patients intubés, à l’aide d’une sonde oro-trachéale, est de 44 à 87 % selon les études (Medeiros, 2014, p. 8). De plus, la disparition des fausses routes est obtenue au minimum, chez les sujets jeunes, à partir du 15ème jour (Robert, 2004, p. 422). Ces troubles entraînent un allongement de la durée de séjour (40 %) et des côuts supplémentaires d’hospitalisation (Bleeckx, 2012, p. 3). La technique la plus utilisée lors d’un retard de déclanchement du rèflexe de déglutition est la technique de Logemann , qui consiste à stimuler les pilliers antérieurs du voile du palais. Mais, du fait de la sécheresse buccale et du mauvais état bucco-dentaire de la patiente, cette technique est peu réalisable. J’ai donc recherché un moyen pour stimuler le réflexe de déglutition et je me suis interessée aux mobilisations thérapeutiques de la région laryngée. Je me suis donc demandée comment les techniques manuelles thérapeutiques concernant la région laryngée, en post extubation, permettraient une réduction du délai d’obtention d’un réflexe de déglutition efficace ?
1. Rappel succin de l’anatomie et des phases de la déglutition
1.1. Anatomie de la trachée et du larynx
Au niveau cartilagineux le larynx est constitué de plusieurs cartilages notament les cartilages thyroïde, cricoïde et arythénoïdes (Annexe 1). Ces cartilages sont la charpente du larynx, qui est la partie haute de la trachée. La trachée proprement dite, est elle constituée d’un empilement d’anneaux cartillagineux incomplets (fer à cheval) réunis entre eux par le ligament annulaire. Au niveau musculaire, le groupe sur lequel je vais travailler est celui des extrinsèques, c’est à dire les muscles sus-hyoïdiens et sous hyoïdiens (Annexe 2). Les muscles sus-hyoïdiens attirent l’os hyoîde en haut et en avant, entrainant avec lui le larynx. Les muscles sous-hyoïdiens amarrent le larynx vers le bas. Cette musculature extrinsèque permet les déplacements antéropostérieurs et verticaux du larynx. Elle complète également la fermeture laryngée réalisée par la musculature intrinsèque du larynx (Woisard-Bassols, 2011, p. 31). L’os hyoïde est étroitement lié au larynx (Annexe 3). En effet, son bord inférieur limite la partie supérieure du larynx et il est distant de 0.8 à 1cm du cartillage thyroïdien (Sorin, 2007, p. 29). Il participe activement à la déglutition.
1.2. Les phases de la déglutition
La déglutition est consituée de 3 phases successives , la phase orale, la phase pharyngée et la phase oesophagienne (Annexe 4). La phase orale est divisée en deux parties , le temps de préparation du bol alimentaire et la phase buccale. Le temps de préparation consiste en la préhension puis l’introduction des aliments, ou liquides, dans la cavité buccale et la contention de ce bolus dans cette cavité. La phase buccale concerne le transport des aliments grâce à la pousée antéropostérieure et supérieure de la langue. Cette phase se termine lorsque le bolus franchit l’isthme du gosier (piliers antérieurs de la loge palatine). La phase pharyngée correspond au passage du bolus alimentaire au niveau du carrefour aéro-digestif. Lors de cette phase, il se produit une fermeture du plan glottique et vélo-pharyngé, permettant la fermeture laryngée et empêchant le reflux nasal. Une élévation du larynx se fait, entrainant l’ouverture du sphincter supérieur de l’œsophage. Cette phase dure moins d’une seconde. La phase oesophagienne correspondant au passage du bolus alimentaire dans l’œsophage. Elle dure entre 8 et 20 secondes selon la consistance alimentaire (Senez, 2015, pp. 32-36).
1.3. Le contrôle neurologique de la déglutition
Le contrôle nerveux de la déglutition se fait au travers de quatre niveaux d’intégrations (Annexe 5). Concernant le cortex moteur , c’est « l’opercule rolandique », situé en avant du cortex précentral, qui initie la déglutition volontaire. Les structures corticales modulent la commande du tronc cérébral. Le tronc cérébral accueille les noyaux des nerfs crâniens participant à la déglutition. Ces nerfs sont le trijumeau (V), le facial (VII), le glosso-pharyngien (IX), le vague (X), l’accessoire (XI) et l’hypoglosse (XII). La région dorsale du pont appartient à la formation réticulée, appelée centre de la déglutition. Cette région reçoit les afférences des récepteurs sensitifs du pharynx et les transmet au thalamus. Les centres de la déglutition et de la respiration sont proches, ce qui permet une régulation entre ces deux systèmes. La région ventrale du pont fait partie des voies descendantes motrices. Le tronc cérébral assure la mise au point de séquences de déglutition correctes et les transmets aux muscles. Les centres bulbaires contiennent les noyaux gris centraux. Le noyau du tractus solitaire et le noyau ambigu reçoivent des afférences sensitives du pharynx par le biais du nerf laryngé supérieur, et des projections descendantes provenant des régions du cortex cérébral. Ces noyaux permettent une bonne synchronisation de la déglutition et un recrutement musculaire équilibré entre les agonistes et les antagonistes. Enfin, le cervelet assure une coordination parfaite entre la respiration et la déglutition. Il permet d’exécuter les synergies fines (Bleeckx, 2012, pp. 2-3).
2. Le réflexe de déglutition et intubation
Le réflexe de déglutition correspond à l’élévation antérieure du larynx. Il est sous le contrôle nerveux du IXème nerf crânien (glosso-pharyngien). Ce nerf innerve le pharynx et le 1/3 postérieur de la langue (Lardy, 2011, p. 37). Ce réflexe permet la protection des voies aériennes supérieures lors du passage du bolus alimentaire. Il fait partie de la phase pharyngée qui est réflexe et involontaire . Cependant un contrôle volontaire existe par l’intermédiaire du cortex fronto-orbitaire. Ce cortex reçoit les afférences en provenance de la région bucco-pharyngée et laryngée (Robert, 2004, p. 420). C’est une boucle longue qui permet d’assurer la régulation de la déglutition en fonction des informations périphériques.
2.1. Coordination de la déglutition et de la respiration
Les centres régulateurs de la respiration et la déglutition sont proches. Il existe une coordination étroite entre la respiration et la déglutition (Logemann, 1984, p. 40). En effet, 80 % des déglutitions se font lors de la phase expiratoire du cycle respiratoire. Ceci permet une expulsion des résidus alimentaires contenus dans les sinus pyriformes du pharynx. Lors du passage du bolus alimentaire dans le carrefour aéro-digestif se produit une apnée de 0.75 seconde , sa durée augmente si les aliments sont solides, assurée par une inhibition respiratoire centrale (Robert, 2004, pp. 418-419). Cette apnée permet la protection des voies aériennes supérieures. Lors de l’intubation, le patient doit s’adapter à la privation de l’aide ventilatoire.
2.2. Effets de la sonde d’intubation sur le réflexe de déglutition
Lors de l’intubation, la sonde est placée au contact des zones déclenchant le réflexe de déglutition. Si ce contact est prolongé, il entraîne une altération des mécanorécepteurs et des chémorécepteurs de la muqueuse laryngée dès la 8 ème heure d’intubation (Bourges, 2012, p. 19). Cette dernière augmente son seuil de perception à tout corps étranger et le réflexe de déglutition se déclenche donc moins vite. C’est la désafférentation du larynx (Robert, 2004, p. 424). Les troubles de la déglutition après une intubation prolongée sont donc dus à des troubles de la proprioception de la muqueuse pharyngée mais aussi à une atrophie musculaire, le réflexe de la déglutition étant très peu sollicité pendant la période d’intubation.
2.3. Conséquences de la dysphagie
La dysphagie doit être décelée rapidement car ses conséquences cliniques peuvent être désastreuses (Bleeckx, 2012, p. 3). Tout d’abord, elle peut avoir un retentissement sur la fonction ...