Les psys se confient
279 pages
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Description

Pour la première fois, des psys racontent leur parcours et leur vie intérieure. Par leurs récits sincères, par ce qu’ils livrent des difficultés rencontrées, des questionnements et des efforts déployés, ils nous touchent et nous émeuvent. Ce sont nos vies dont ils parlent à travers leur vie. Parce qu’ils ont réfléchi à leur passé, à leurs valeurs et à leurs motivations, parce qu’ils exercent un métier qui leur donne accès aux ressorts secrets de nos pensées, leurs récits nous aident à mieux nous comprendre,à changer et à mieux vivre. En nous racontant leur manière de rechercher leur unité personnelle et profonde, ils nous inspirent pour qu’à notre tour nous puissions trouver notre équilibre intérieur. Christophe André est psychiatre et psychothérapeute, auteur notamment d’Et n’oublie pas d’être heureux. Il a réuni plus de vingt médecins, psychiatres, psychologues, qui comptent parmi les meilleurs spécialistes de leur discipline : Fatma Bouvet de la Maisonneuve - Sophie Cheval - Nicolas Duchesne - Caroline Duret - Frédéric Fanget - Christian Gay - Bernard Geberowicz - Stéphanie Hahusseau - Bruno Koeltz - Yasmine Liénard - Anne Lorin - Claire Mizzi - Jean-Louis Monestès - Claude Penet – Didier Pleux - Joël Pon - Stéphane Roy - Alain Sauteraud - Marie-Christine Simon - Olivier Spinnler - Jacques Van Rillaer. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 septembre 2015
Nombre de lectures 4
EAN13 9782738165206
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Odile Jacob, octobre 2015
15, rue Soufflot, 75005 Paris
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6520-6 Conception graphique et mise en pages : Claire Rouyer
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Avant-propos

C hoisir de devenir psy se fait rarement sous l’effet du hasard. Cela suppose le plus souvent des motivations spécifiques, en général intimes et personnelles, et donc intéressantes. Mais cela suppose aussi, et surtout, des efforts permanents pour être à la hauteur de ce métier passionnant et exigeant : des humains viennent nous confier leurs souffrances, dans l’attente que nous les comprenions, les aidions, les soulagions et parfois les guérissions. Nous ne devons ni les décevoir ni les trahir.
Ces efforts pour être dignes de notre travail vont entraîner en nous des transformations personnelles souvent profondes. En nous efforçant d’être de meilleurs psys, nous nous efforçons souvent simplement d’être de meilleurs humains : plus stables, plus lucides, plus à l’écoute, plus généreux. Nous ne prétendons nullement y être arrivés ! Mais nous faisons de notre mieux pour nous en rapprocher.
Et ce travail pour se construire et progresser, nous pensons que c’est aussi celui que tout humain, finalement, va avoir à conduire dans sa propre vie.
C’est pourquoi nous avons choisi de raconter, dans cet ouvrage, notre trajectoire professionnelle à la lumière de nos motivations et de nos efforts personnels. Nous y parlons donc beaucoup de nous. Nul narcissisme ou autosatisfaction là-dedans. Vous verrez que, bien souvent, nous ne sommes pas forcément à notre avantage dans ces autoportraits. Et que, pour la plupart d’entre nous, l’exercice est inhabituel, délicat, voire difficile.
Nous nous y sommes cependant prêtés car nous sommes convaincus que cela sera utile à nos lectrices et lecteurs. Que cela pourra les inspirer quant aux efforts à conduire ou aux erreurs à éviter !
Mais c’est maintenant à vous d’en juger…
1
CHRISTOPHE ANDRÉ

J’avais hérité de bons gros gènes anxieux et dépressifs, mais pas des modes d’emploi pour les désactiver : mes parents et mes proches avaient assez à faire avec leur survie matérielle et leurs propres difficultés, ils n’allaient pas en plus s’embarrasser à être des modèles de bonheur et d’équilibre ; cela ne faisait partie ni de leurs priorités ni de leurs possibilités.
1
UN TRAMWAY NOMMÉ LA VIE

Sincèrement, il me semble que j’aurais pu, avec bonheur, être jardinier, maître d’école, moine ou marin. Mais je suis devenu psychiatre. C’est aujourd’hui comme une évidence pour moi et mon entourage, comme un scénario écrit d’avance par la vie. Pourtant, même si je ne le regrette pas, même si je suis très heureux comme ça, je reste parfois perplexe d’en être arrivé là.

Nos métiers sont comme nos prénoms : à force de porter tel ou tel d’entre eux, il nous semble évident que nous ne pourrions pas nous appeler autrement ; mais en réalité, nous nous serions sans doute habitués à de nombreux autres prénoms possibles. Et à de nombreux autres métiers, à d’autres familles, à d’autres destins.
Se demander pourquoi et comment nous sommes devenu nous-même est ainsi un exercice vertigineux, inconfortable ou amusant, selon l’humeur du jour, et qui nous contraint à relire le flot des événements, choisis ou subis, qui ont écrit notre vie. Qui nous amène à y chercher, à tort ou à raison, l’existence d’un fil conducteur…

Hasard et nécessité
La première question est celle-ci : pourquoi donc ai-je été attiré par la psy ?
Il n’y avait aucun médecin dans ma famille, encore moins de psychologue ou de psychiatre. Nous nous trouvions plutôt du côté des consommateurs de soins, comme mon arrière-grand-mère, qui avait terminé sa vie en hôpital psychiatrique. Mais on ne parlait jamais de ces choses-là, surtout devant les enfants.
Il y a donc eu une part de hasard pour que je croise ce chemin : je n’avais jamais lu la moindre page de psy chologie jusqu’en terminale où, en cours de philo, notre professeur nous fit travailler sur la psychanalyse, comme l’exigeait alors le programme officiel. Révélation ! Je dévore tous les livres de Freud que je peux trouver, et je me passionne pour ses propos. Il me semble que c’est ça, ma voie, c’est ce métier que je veux faire : cette archéologie des âmes me fascine. Je décide donc de devenir psychiatre, comme le maître Sigmund, et je m’inscris pour cela en fac de médecine. Mon entourage est un peu perplexe : comme j’étais bon élève, je faisais partie des sections scientifiques de mon lycée et, jusque-là, je rêvais plutôt, à l’image de beaucoup de garçons de ma génération, d’être ingénieur, de construire des fusées, des trains, de faire de la recherche dans l’atome ou l’électronique. Mais médecine, c’est un métier qui rassure les parents, et on me laisse faire, même si la psychiatrie les laisse dubitatifs (ils doivent se dire que ça me passera). Comme on le dit souvent dans notre discipline : « J’ai fait médecine parce qu’il faut toujours faire plaisir à ses parents ; et j’ai fait psychiatrie parce qu’on ne peut pas toujours faire plaisir à ses parents… »
Hasard donc, mais aussi nécessité : j’ai grandi dans une famille où existaient beaucoup de souffrances tout autour de moi, et donc en moi. J’avais hérité de bons gros gènes anxieux et dépressifs, mais pas des modes d’emploi pour les désactiver : mes parents et mes proches avaient assez à faire avec leur survie matérielle et leurs propres difficultés, ils n’allaient pas en plus s’embarrasser à être des modèles de bonheur et d’équilibre ; cela ne faisait partie ni de leurs priorités ni de leurs possibilités. Ils m’ont donné par ailleurs beaucoup, tout ce qu’ils maîtrisaient eux-mêmes : le goût du travail et le sens du devoir, le respect des autres et de la parole donnée, l’amour des livres et du savoir. Je leur en suis reconnaissant car, sans ce socle, je n’aurais jamais pu mener à bien mes études, puis mon travail de médecin.
Je suis donc devenu psy pour me soigner, selon la bonne vieille caricature du psy aussi perturbé que ses patients. Ça ne me dérange pas plus que ça, ces clichés : je sais que mes patients ne sont pas des fous  ; je n’ai jamais eu à soigner de fous, juste des humains perdus dans leurs souffrances. Alors bien sûr que je suis aussi perturbé que mes patients, ou que j’ai pu l’être : où est le problème, puisque nous sommes presque tous des patients, des humains en souffrance, à un moment ou à un autre de nos vies ? Et parfois toute notre vie durant.
Une petite précision : ce n’est qu’après-coup, une fois devenu psy et adulte, que je me suis clairement rendu compte que ces souffrances psychologiques (anxiété, dépression, alcoolisme et autres) existaient dans ma famille. Cependant, même si, dans mon enfance, je ne m’en rendais pas compte consciemment, je les percevais sans doute parfaitement. Et peut-être aussi ai-je cherché inconsciemment à me rendre capable de consoler et soigner ces adultes souffrants, tout en me protégeant des détresses que j’avais vues à l’œuvre chez eux. D’autant que j’étais moi aussi un inquiet mélancolique, connaissant très tôt crises d’angoisse et doutes existentiels ; j’aimais modérément me sentir glisser dans ces états, même si à l’époque je ne savais ni les nommer ni les réguler.
Voilà pourquoi, il me semble, j’ai été attiré par la psy.

Facilités et fragilités
Puis une autre question se pose : pourquoi ai-je persisté dans la psy ?
J’aurais pu me tromper : il arrive que parfois nous soyons attirés par une vocation, puis déçus par sa réalité quotidienne, ou que nous réalisions que nous ne sommes pas adaptés à sa pratique. Même si ce fut le cas pour moi (j’ai été finalement déçu par la psychanalyse et parfois en difficulté avec mon métier), j’ai persisté. Sans doute parce que j’avais tout de même quelques facilités. Et toujours des fragilités à soigner…
Du côté des facilités, j’étais un petit garçon introverti et solitaire, j’aimais bien me taire et observer les autres ; j’étais donc déjà prédisposé à ne pas devenir commercial ou homme politique ; et plutôt calibré pour des métiers d’écoute. J’étais aussi un sensible empathique, et donc prédisposé pour les métiers de soins. J’ai le sentiment d’être né ainsi, biologiquement câblé, sans aucun effort ni donc aucun mérite.
Du côté des fragilités, elles étaient toujours là, bien sûr.Mais je savais les nommer, comprendre leurs mécanismes, j’apprenais à les soigner en soignant mes patients. J’ai choisi assez vite de me surspécialiser dans les troubles émotionnels (anxiété et dépression), c’est-à-dire ce dont je souffrais. Être psy m’a de ce fait évidemment aidé, et peut-être même sauvé.
Heureusement que je ne suis pas devenu ingénieur ! Je réalise aujourd’hui à quel point ce fut pour moi (et mes proches) une bénédiction que d’exercer mon métier de thérapeute : j’ai pu me soigner sans cesse ! Peut-être aurais-je été un bon ingénieur, mais je serais resté en friches mentales : quel boulot j’avais à faire sur moi ! Surmonter ma timidité, vaincre mes idées noires et mon pessimisme, apaiser mes émotions, apprendre à dire non et à me protéger, mais apprendre aussi à donner davantage, apprendre la générosité : mon introversion ne faisait pas de moi quelqu’un d’égoïste, mais de réservé. Je ne donnais que si on me demandait : mon avis, mon aide…
Soigner mes patients m’a d

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