Les Contes d un psychiatre ordinaire
158 pages
Français

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Les Contes d'un psychiatre ordinaire , livre ebook

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Description

Vous vous interrogez sur ces troubles qui ont pour nom dépression, anxiété, agoraphobie, boulimie, obsession, stress, autisme, schizophrénie. Vous vous demandez comment on peut les soigner. Vous voulez connaître l'impact réel des médicaments, les principes et l'efficacité des psychothérapies. Et si le meilleur moyen d'en savoir plus était de pénétrer dans le cabinet d'un psychiatre ?François Lelord est psychiatre, spécialiste de l'approche cognitivo-comportementale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 1993
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738158642
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

©  ODILE JACOB, MAI 1993 15, RUE S OUFFLOT , 75005 PARIS
ISBN : 978-2-7381-5864-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
On reproche souvent de l’humeur à ceux dont on devrait plaindre les maux.
Choderlos de Laclos
Introduction

Si nous nous rencontrions pour la première fois, cher lecteur, je serais peut-être tenté de vous dissimuler ma profession. Ne pensez pas que je considère mon métier de psychiatre comme un déshonneur, ni que je redoute une demande de consultation à l’improviste. Mais découvrir que l’on a affaire à un psychiatre suscite souvent une curiosité que je crains de décevoir. « Ah, vous êtes psychiatre. Cela doit être intéressant... », me dit-on souvent d’un air à la fois intrigué et un peu inquiet. Après un temps d’observation prudente, qui permet à mon interlocuteur de vérifier que je m’exprime normalement et qu’il peut continuer à me parler sans craindre une réaction bizarre, voici qu’arrivent les premières questions.
Quelles sortes de gens viennent consulter un psychiatre ? Comment peut-on soigner l’esprit avec des médicaments ? À quoi sert exactement une psychanalyse ? Les psychiatres arrivent-ils vraiment à guérir leurs malades ? Quelle est la différence entre l’angoisse et l’anxiété ? Les maladies psychiatriques ont-elles des causes ? Les gens déprimés ne sont-ils pas simplement plus lucides que les autres ? L’autisme infantile est-il provoqué par la mère ?
Derrière ces questions générales, je devine vite un intérêt plus personnel. Qui d’entre nous n’a un parent, un ami, un collègue, touché un jour par un de ces troubles mystérieux qui ont nom dépression, anxiété, agoraphobie, boulimie, et même schizophrénie ? Votre curiosité se rapporte sans doute à quelqu’un que vous connaissez, et dont vous ne tarderiez pas à me parler si notre conversation se prolongeait.
Malheureusement, la crainte de paraître doctoral, la difficulté de rendre simple et vivant ce qui est complexe et technique, le souci de ne pas embarrasser d’autres personnes présentes par l’évocation de maux qu’elles ont peut-être affrontés, toutes ces raisons me contraignent parfois à donner des réponses écourtées, qui laissent insatisfaite votre légitime curiosité.
Alors, pour vous répondre plus posément, il m’est venu l’idée d’écrire ce livre. Ce n’est pas un traité de psychiatrie de plus – il en est d’excellents – ni un livre de théories – elles sont si nombreuses que même un psychiatre s’y perd. Mais un livre plein d’histoires et d’images de la vie quotidienne d’un psychiatre et de ses patients, sur leurs troubles et leurs traitements, sur toutes ces situations ordinaires et extraordinaires où un humain encore en bonne santé essaie d’en aider un autre qui ne l’est plus tout à fait.
C’est dans le bureau d’un psychiatre que je vous emmène. Ce « Je » qui raconte ces histoires pourrait être un de mes collègues. Vous allez rencontrer ses patients, vous allez découvrir leur mal. Peut-être allez-vous découvrir que ce mal ne vous est pas inconnu, que l’un de vos proches, ou peut-être vous-même, en souffrez ou en avez souffert. Dans ce cas, puisse ce livre vous aider à rechercher de l’aide, avec moins de crainte, et plus d’espoir.
* *     *
Ce livre est le résultat d’innombrables rencontres avec des collègues, des patients, des amis. Je ne peux citer ici que ceux qui ont été plus directement associés à l’élaboration de ces « contes », parfois sans le savoir...
En m’accueillant comme chef de clinique dans leur service des hôpitaux Necker et Laënnec, Yves Pélicier et Quentin Debray m’ont permis de travailler dans une atmosphère stimulante de collaboration entre collègues de formations diverses. Je crois que les chapitres suivants gardent la trace de cet exercice moderne de la psychiatrie.
Robert P. Liberman et son équipe du Brentwood V.A. Medical Center et de l’université de Californie Los Angeles m’ont donné pendant un an la vivante démonstration que la rigueur scientifique peut s’allier à une approche humaine et compréhensive des patients. J’espère que les pages qui suivent portent témoignage de cette expérience californienne.
Un psychiatre ne pratique pas seul. Les conversations avec ses confrères l’aident à mieux comprendre ses patients. Parmi ces collègues-amis, je veux remercier particulièrement Christophe André, Anne-Marie Cariou-Rognant, Sophie Criquillon-Doublet, Bernard Granger, Edmond Guillibert, Frank Lamagnère, Hans Lamarre, Chantal Le Clerc, Patrick Légeron, Alain Lizotte, Christine Mirabel-Sarron, Alain Reignier, Bernard Rivière, dont l’amitié et les avis me seront toujours précieux. Une reconnaissance toute spéciale à Jacques Rognant qui fut mon premier maître en thérapie cognitivo-comportementale.
Enfin, à différentes étapes de l’écriture de ce livre, Édouard Zarifian m’a prodigué d’utiles conseils et fait bénéficier de son écoute chaleureuse et attentive.
La violoncelliste recluse

C’était une belle matinée de mai. Par la fenêtre entrouverte, on entendait le roucoulement des pigeons, très nombreux cette année-là. Toutes sortes d’oiseaux se rassemblaient dans les arbres de l’allée qui menait aux urgences chirurgicales. Un rayon de soleil s’allongeait sur le bois clair du bureau. Une grande jeune femme en robe d’été se présenta pour son premier rendez-vous. Elle était accompagnée d’une amie qui resta dans la salle d’attente. La jeune femme était mince, brune, belle. Ses mouvements avaient une grâce un peu timide, comme si elle n’avait pas encore quitté l’adolescence. Elle était professeur de violoncelle. Elle se nommait Marie-Hélène L.
– Qu’est-ce qui vous amène à consulter ?
– Une amie.
– Ah oui, mais je voulais dire, quel est le problème qui vous amène à consulter ?
– Je n’arrive plus... à sortir seule de chez moi.
– Pourquoi ?
– J’ai peur. Dès que je me retrouve seule dehors, j’ai peur d’avoir un malaise.
– Et vous avez déjà eu des malaises ?
– Oui, enfin, plus maintenant puisque j’évite de sortir seule.
Elle sourit tristement. Elle sentait ce que cette solution avait d’absurde.
– Vous voulez dire que si vous êtes accompagnée vous n’avez plus peur d’avoir un malaise ?
– Oui, accompagnée, cela va à peu près.
– Et cela fait combien de temps que ça dure ?
– Oh, six mois environ.
Tout avait commencé la semaine précédant Noël. La mère de Marie-Hélène était venue passer une journée à Paris pour y faire des achats et la jeune femme l’avait accueillie à la gare. Mère et fille avaient ensuite commencé leur expédition dans les rues de la capitale. À la fin de l’après-midi, elles étaient entrées ensemble dans un grand magasin de la rive droite où elles avaient dû se séparer : la mère voulait acheter une chemise pour son mari au rayon hommes du premier étage, tandis que la fille voulait choisir des produits de maquillage au rez-de-chaussée.
Une fois ses achats effectués, Marie-Hélène alla attendre sa mère près du grand escalier, situé au centre du magasin. Après quelques minutes, ne la voyant pas revenir, elle commença à s’inquiéter. Elle avait très chaud et ne se sentait pas très bien. Il y avait foule ce jour-là, et elle se trouvait oppressée par la vue de tous ces gens qui se répandaient dans les allées du magasin. Elle chercha du regard une sortie, mais le magasin était si grand qu’elle aperçut seulement quelques panneaux fléchés, qui lui parurent très lointains. Une bouffée de chaleur l’envahit. Elle se sentait comme prise au piège, il lui semblait qu’elle n’arriverait jamais à regagner une sortie et à atteindre la rue. Son cœur se mit à battre plus fort. Elle eut très peur d’avoir un malaise et de tomber. Elle se sentit suffoquer. Elle eut l’impression que le magasin s’étendait à l’infini autour d’elle, et qu’elle n’atteindrait jamais l’air libre, qu’elle ne parviendrait pas à franchir la foule qui l’encerclait. Tout tournait autour d’elle, son cœur battait la chamade ; elle se sentit défaillir et crut qu’elle allait mourir. À cet instant, sa mère apparut près d’elle, et Marie-Hélène s’agrippa à son bras. Inquiète de la voir aussi bouleversée, sa mère la guida jusqu’à la sortie, en lui expliquant qu’elle avait été retardée par une panne de la caisse. Dès qu’elles furent dans la rue, Marie-Hélène se sentit mieux, et elles rentrèrent à la maison.
Les jours suivants ne dissipèrent pas le souvenir de cette grande peur. Marie-Hélène redoutait qu’une nouvelle crise ne survienne dès qu’elle mettait un pas dans la rue. Tout allait bien dans les rues proches de son domicile, mais dès qu’elle s’éloignait, la peur augmentait. Trois jours après le premier malaise, elle voulut prendre le métro. Quand elle arriva sur le quai, elle eut à nouveau la sensation de la distance qui la séparait de l’air libre, et son cœur commença à s’affoler. Prise de panique, elle se rua vers l’escalier et ne se sentit mieux qu’une fois remontée à l’air libre. Elle resta plusieurs minutes accoudée à la rambarde à reprendre son souffle.
Pensant qu’elle souffrait peut-être d’un trouble cardiaque, elle consulta un cardiologue. Après quelques examens, celui-ci lui assura que son cœur était en parfaite santé. Sur les conseils d’une amie, elle consulta un autre médecin qui, après l’avoir examinée, lui demanda de faire des dosages hormonaux thyroïdiens. Les résultats furent normaux. Il dit à Marie-Hélène que ses troubles étaient d’origine nerveuse et lui prescrivit du ma

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