L éducation thérapeutique au risque de la réflexion philosophique
322 pages
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L'éducation thérapeutique au risque de la réflexion philosophique , livre ebook

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Description

Face à la progression des maladies chroniques et leur dimension éco-bio-psycho-sociale, l'éducation thérapeutique se développe. Mais quel est l'intérêt de l'éducation pour réduire les difficultés du malade chronique à passer d'un écosystème hostile à un écho-système bienveillant ? L'éducation du patient aide-t-elle le patient à mieux vivre avec sa maladie chronique, ou n'est-elle qu'un moyen d'emprise sur le malade ? Que nous révèle cette pratique de soins sur la médecine dont le développement scientifique a permis de formidables progrès thérapeutiques ? Quelle est la place de la pédagogie dans la démarche éducative du patient ? Quelles réflexions éthiques permettent-elles à l'éducation du patient d'être thérapeutique ? La réflexion philosophique en abordant nos rapports avec les normes permet à tous les professionnels de santé et à tous les patients qui ont vocation à être leurs partenaires d'éclairer ce nouveau monde pathologique que les malades chroniques découvrent et partagent lors de ce troisième type de naissance que représente la découverte d'une maladie chronique. Entre normalisation et normativité, l'éducation thérapeutique doit-elle choisir ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 juillet 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342162233
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'éducation thérapeutique au risque de la réflexion philosophique
Philippe Walker
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'éducation thérapeutique au risque de la réflexion philosophique
 
Ce livre est inspiré de ma thèse de philosophie pratique : L’éducation du patient adulte entre normalisation et normativité. Soutenue à l’université Paris-Est en 2016, dirigée par Éric Fiat et codirigée par Dominique Folscheid.
 
Remerciements
À mes maîtres, à mes collègues, à ma famille, et tout particulièrement à Éric Fiat, Dominique Folscheid, et à l’École Éthique de La Pitié-Salpêtrière, qui m’ont permis de fonder une réflexion enrichie par leurs regards, à Joseline, Vincent, Nicolas et Olivier, à mes parents qui m’ont soutenu, et à mes patients qui « ont payé  1  » pour m’éduquer, à mes collègues de travail hospitalier qui ont contribué à la poursuite de ma formation Jean-Claude, Yves, Éric, Marc, Laurence, Monique, Sylvie, Ziad… À tous et à Martine, merci de m’avoir permis de réaliser ce livre de partage.
Préface
Dédié à ceux, parents et patients, qui ont payé pour l’instruire et l’éduquer, L’Education thérapeutique au risque de la réflexion philosophique se veut un livre de partage. Philippe Walker qui emprunte sa dédicace aux écrits de Winnicott invite par là chacun d’entre nous non seulement à cheminer avec lui en l’accompagnant dans sa réflexion, mais aussi à vivre l’expérience transitionnelle de partage que devrait être toute lecture pour ne pas sombrer dans l’oubli de la lettre morte. Je répondrai donc à son invitation en commençant par dire mon plaisir de partager avec lui l’aboutissement d’années de travail et de réflexion, menées avec constance et persévérance en dépit des obstacles rencontrés.
Je souhaiterais, tout d’abord, rendre hommage au courage et à la volonté remarquables dont il a su faire preuve pour déployer son questionnement et le mener à l’existence malgré un emploi du temps surchargé, en raison notamment d’une activité de médecin hospitalier temps plein, de responsabilités de chef de pôle, et d’un engagement associatif tant auprès des malades avec l’association Caramel que de ses compagnons de route, en œuvrant au développement de ce qui est aujourd’hui l’Association des étudiants et diplômés de l’école éthique de la Salpêtrière, dont il fut le premier président. C’est dire que si le souci du bien d’autrui est au principe de sa réflexion sur l’éducation thérapeutique, il s’incarne d’abord au quotidien et se manifeste par l’action. C’est cette éthique vécue et agie, et la manière dont l’évolution des pratiques dans son champ professionnel semble l’affecter, qu’il s’est assigné pour mission de passer au crible critique de la raison.
Aussi, l’écriture de son ouvrage rend-t-elle compte du cheminement qui l’a mené, lui aussi, à une troisième naissance, « lui aussi », car considérant la naissance biologique comme une première naissance, Philippe Walker qualifie de « deuxième naissance » la phase d’accession à l’être social et, dans cet esprit, propose de nommer « troisième naissance » le surgissement de la maladie chronique. Les trois parties de l’ouvrage rendent ainsi compte de trois dimensions de sa pratique professionnelle, qui correspondent chacune à une naissance et aussi, pour les deux premières, à un travail de deuil. Ce dernier ayant pour visée de retrouver à l’intérieur de soi ce qu’on a perdu dans le monde extérieur, caractérise non pas leur disparition au profit de la dimension suivante mais leur appropriation et, par voie de conséquence, la possibilité de leur dialectisation.
Trois dimensions donc de sa pratique professionnelle qu’en bon maïeuticien, Philippe Walker va interroger successivement. La première pourrait ainsi être qualifiée de « question scientifique ». Elle décrit la première naissance de l’auteur comme médecin praticien. Interrogeant la manière dont l’expérience du diabète partagée avec le patient l’a conduit à l’éducation thérapeutique, elle annonce le deuil nécessaire du discours médical scientifique, qui était pourtant le socle fondateur de sa pratique et, partant, de toute réflexion possible pour lui.
À l’interrogation scientifique succède la « question pédagogique » et sa culture de réduction des risques. Elle décrit la deuxième naissance de Philippe Walker comme praticien devant survivre à l’échec du modèle biomédical dans la maladie chronique, et cherchant dans les sciences de l’éducation et le modèle psychosocial de l’éducation thérapeutique un modèle pédagogique pertinent pour le patient adulte. Car peut-on éduquer un adulte patient ? Le lecteur réalisera vite que cette question annonce le deuil nécessaire de tous les discours pédagogiques à prétention scientifique qui proposent de répondre en termes techniques à des questions pourtant soulevées par l’échec des techniques thérapeutiques usuelles comme si ces échecs ne soulevaient pas, précisément, la question de ce qui dans l’action thérapeutique échappe à la technique et qui, dans le jargon médical, pourrait être de l’ordre de l’idiosyncrasie. Autrement dit, le facteur humain. Or celui-ci, parce qu’il fait une place à la singularité de chacun, convoque non pas les sciences médico-sociales mais l’éthique. Non pas l’éthique médicale supposée réguler les excès des pratiques mais l’éthique comme cœur vibrant de la pratique, l’éthique comme ce qui dit la médicalité de la médecine, son essence.
C’est donc sans surprise que la troisième partie est intitulée : « Approche éthique ». Elle vient interroger le devoir moral qui, à l’issue de la révolution ayant fait de Philippe Walker non plus seulement un médecin qui soigne des maladies, mais aussi un adulte soignant qui met ses connaissances, son savoir-faire et son temps au service d’autres adultes souffrant de maladie chronique, pourrait s’imposer à l’étudiant en philosophie qu’il est devenu.
Tout l’ouvrage apparaît ainsi résumé dans son titre : L’Education thérapeutique au risque de la philosophie . En acheminant son auteur vers l’éthique, le questionnement philosophique le conduit à poser les jalons d’une réflexion inscrite délibérément dans l’entre-deux de la dialectisation de la normalisation , qui est la visée technoscientifique, et de la normativité , voie ouverte par et à la philosophie dans la thèse de Georges Canguilhem sur Le Normal et le pathologique. Thèse dont Philippe Walker montre comment elle peut être reprise avec force et appropriée du point de vue de l’adulte patient lorsque l’engagement actif du médecin comme de l’ensemble des soignants dans la relation de soin permet d’en mobiliser la puissance thérapeutique. A contrario , c’est pour s’être heurté dès le début aux difficultés et aux impasses d’une adhésion non critique aux pratiques développées et promues par l’OMS avant d’être inscrites dans la loi HPST, que l’auteur doit d’avoir pu découvrir la potentialité thérapeutique de la relation de soin. Et c’est parce qu’elle s’est d’abord donnée à lui comme une expérience de vie professionnelle qu’il a voulu en tenter la conceptualisation.
En proposant de redéfinir l’éducation du patient adulte comme le moyen à disposition des soignants préoccupés de normalisation et des patients préoccupés de normativité pour améliorer la visée de l’action thérapeutique, c’est-à-dire augmenter son efficacité, Philippe Walker permet d’expliciter la définition de la thérapeutique proposée par Georges Canguilhem dans Le Normal et le pathologique comme « technique d’instauration et de restauration du normal non entièrement et simplement réductible à la seule connaissance ».
Le philosophe a souligné ailleurs la dette de la médecine à l’égard de la psychanalyse pour ce qui est de l’effort de penser ce « non entièrement et simplement réductible à la seule connaissance ». Mais la discrétion des références analytiques dans la réflexion de Philippe Walker n’est pas ici un défaut. Tenant plutôt à la modestie de l’auteur et à son scrupule de se prévaloir de lectures ne relevant pas strictement de son domaine de compétences, elle renforce peut-être encore sa démonstration et prouve la nécessité, littéralement vitale, de penser la relation de soin comme un travail d’actualisation de sa puissance thérapeutique engageant conjointement et inséparablement le soignant et le patient.
Ainsi, si le lecteur pourrait être tenté de regretter que la réflexion philosophique soit parfois un peu éclipsée par les aspects descriptifs et techniques, il convient de noter que ceux-ci témoignent in praesentia , dans l’actualité même du temps de l’énonciation, de la dimension de troisième naissance que prend dans le parcours professionnel de Philippe Walker la transcription de son cheminement intellectuel. Elle fait apparaître, au sens phénoménologique de l’expression, avec une grande honnêteté et humilité, le chemin pierreux qu’il lui a fallu parcourir et la révolution intérieure qu’il lui a fallu accomplir pour se défaire de l’illusion référentielle promue par le discours technoscientifique, pour comprendre que la notion de « juste mesure » avant que d’être une notion quantitative normative appréciable par les statistiques est d’abord une notion qualitative faisant appel à une vertu : la «  phronesis  », la prudence aristotélicienne, dont le livre dévoile pourtant à tout lecteur qu’il la possède au plus haut degré. C’est à elle, sans nul doute, que l’auteur doit d’avancer à petits pas mesurés, lentement et sûrement jusqu’à l’étape suivante. Signant la troisième naissance du méde

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