Voix de femme
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Voix de femme , livre ebook

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Description

Voix de femme, première voix que l’on entend, elle va stimuler notre esprit, notre pensée, notre propre voix. La voix, alchimie entre la raison et l’émotion, traverse les joies, les brises et les tempêtes de notre espace-temps. La voix de la femme s’inscrit dans un présent qui prépare l’avenir à l’ombre du passé. Sa musicalité, ses harmoniques, ses silences ont bercé notre vie fœtale. Elle a imprimé, stimulé et façonné notre évolution, notre éveil, notre inconscient. Le docteur Jean Abitbol, ORL, expert international dans le domaine de la voix et de la laryngologie, nous transporte dans ce monde passionnant de la voix de la femme, de Maria Callas à Céline Dion, de l’actrice à l’avocate, de l’enseignante à la mère de famille. Enrichi d’anecdotes fascinantes, ce voyage est plein de surprises. On découvre, non sans embûches, le parcours de la voix de la femme, son évolution, son impact sur les autres, sur notre propre enfance, sur elle-même. Voix de femme, voix de castrat, voix de transgenre, quel est le lien ? Comment préserver notre voix qui est la marque authentique de notre santé ? Le docteur Jean Abitbol nous guide dans cet univers de la voix de la femme, entre charme et séduction. Le docteur Jean Abitbol est médecin ORL, phoniatre et chirurgien cervico-facial. Depuis plus de trente ans, il consacre sa carrière à la voix humaine sur le plan scientifique et chirurgical. Il a développé des techniques de diagnostic et thérapeutiques novatrices. Passionné par le mystère de la voix humaine, il a su lier l’art et la science.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 février 2019
Nombre de lectures 4
EAN13 9782738146762
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’auteur remercie Lucie Marignac qui l’a éclairé de façon très pertinente dans la synthèse de cet ouvrage, avec beaucoup d’indulgence et de discernement.
© O DILE J ACOB , FÉVRIER  2019 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-4676-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À ces voix de femmes qui nous font tant rêver.
AVANT-PROPOS
Pourquoi la voix de la femme ?

Pourquoi cette passion pour la voix et la voix féminine ? Nombre de femmes la considèrent comme une entité indépendante, une individualité autonome, la partie vibrante d’elles-mêmes. Ce qui est rare chez les hommes, sauf chez les artistes et les avocats. Très fréquemment, la femme parle de sa voix à la troisième personne, elle la juge, elle l’insulte ou elle l’adore : « Ma voix est bien aujourd’hui », « Elle m’a trahie », « Je dois la ménager »… « Depuis le décès de ma mère, m’a dit une patiente, ma voix vient d’outre-tombe. » Émouvante entre toutes, la voix féminine est aussi éminemment émotionnelle.
Ce livre est un voyage dans le cycle de la vie, depuis la voix maternelle, qui nous berce bien avant notre naissance et peut conditionner toute notre existence, jusqu’à l’émotion que suscitent en nous les grandes divas. De l’enfance à la vieillesse, la voix de la femme se modifie et évolue beaucoup plus que celle de l’homme. Entre douceur et force, c’est une arme de séduction ou d’attaque. Or la voix, parole et musique de l’âme, immanente et transcendante, est unique. La photographie d’un être aimé et perdu nous rend triste, tandis que le son de sa voix nous fait pleurer.
Introduction

Tout a vraiment commencé pour moi en 1992, face au désarroi d’une jeune enseignante en école maternelle dont la voix se cassait régulièrement depuis dix ans. Dans son métier, elle ne pouvait pas s’abstenir de parler ni de chanter. Prescrire un traitement était simple mais insuffisant. Il fallait trouver la cause de cette pathologie. Cela faisait près de sept ans que je soignais des avocates, des enseignantes et des chanteuses présentant tous les mois des problèmes de voix. J’avais compris depuis longtemps, en accompagnant mon épouse gynécologue à des congrès internationaux, que l’hormonologie conditionne leur vie, je devrais dire notre vie. Comme oto-rhino-laryngologiste et phoniatre, j’ai entrepris une étude sur ce phénomène cyclique que j’ai appelé le syndrome vocal prémenstruel. L’impact des hormones œstro-progestatives était hautement vraisemblable dans les difficultés vocales récurrentes de ces femmes. Pendant sept ans, j’ai suivi 100 patientes âgées de 21 à 37 ans en intégrant les paramètres hormonaux, les données d’observation anatomiques des cordes vocales et les analyses acoustiques sur la fréquence et la puissance de la voix.
J’ai ainsi pu montrer que l’horloge hormonale de la femme a une influence majeure sur sa voix, bien au-delà de la seule puberté. Là est la spécificité de la voix féminine. En phase avec le cycle lunaire, elle concentre en elle-même l’essence de la vie humaine.

La fêlure des divas : Callas et Tebaldi
La voix féminine est la quintessence de la séduction et de la fragilité, comme le montre l’histoire de deux des plus grandes divas du siècle dernier. Leur « affrontement » – commencé en 1950 quand la Callas remplace au pied levé la Tebaldi dans Aïda  – a marqué de façon impressionnante la scène de l’opéra.
Née le 1 er  février 1922 dans les Marches, Renata Tebaldi est élevée par sa mère passionnée de musique et de chant, qui l’encourage à rejoindre la chorale de l’église de Langhirano. Après avoir étudié à Mantoue et à Milan, elle est remarquée dans le rôle d’Elsa ( Lohengrin ) par Arturo Toscanini, qui l’engage pour chanter lors de la réouverture de la Scala le 11 mai 1946. La « voix d’ange » va resplendir sur cette scène mythique jusqu’en 1960, tout en chantant dans les plus grandes salles du monde.
En 1950, une rivale apparaît, Maria Callas. Gréco-américaine, d’un an plus jeune qu’elle, c’est une femme écorchée vive, fragile mais déterminée. Elle ne s’aime pas. Elle se trouve laide. Ses relations avec sa mère ont toujours été difficiles. Élevée dans une famille désunie, elle commence le chant à New York à l’âge de 8 ans. Elle entraîne sa voix d’enfant sur des airs de Carmen , mais sa technique vocale est encore assez approximative quand elle entre en 1937 au conservatoire national d’Athènes. D’abord donnée comme contralto, ses possibilités de soprano lyrique sont rapidement découvertes par son professeur Elvira Hidalgo. Il lui faut dompter sa voix, instrument capricieux et vulnérable. Travailleuse inépuisable, elle connaît ses rôles à la perfection.
Entre les divas, « la colombe contre la féline », comme l’écrivaient les journaux de l’époque, la soprano lyrique et la soprano dramatique, deux hologrammes émotionnels s’affrontent : la voix au service du chant, la voix au service de l’interprétation. Leur prétendue rivalité prend fin en 1968, après une représentation d’ Adriana Lecouvreur au Metropolitan Opera de New York. L’accolade des deux divas fait la une des médias.
Elles ont eu l’une et l’autre une carrière riche en rebondissements. Très proche de sa mère, qui la soutenait et assistait à tous ses concerts, la Tebaldi survit mal à la disparition de celle-ci en 1959, quelques années après avoir fait ses débuts américains en Desdémone aux côtés du ténor Mario Del Monaco. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même, l’ombre de sa voix. À partir de 1963, alors qu’elle n’a que 41 ans, sa voix s’altère. Elle doit revoir sa technique vocale et l’ensemble de son répertoire. Son registre dans les graves s’est élargi et ses aigus deviennent métalliques. Son timbre a perdu de son moelleux, de son velours. Ce choc émotionnel a-t-il provoqué une ménopause précoce ? Les symptômes de son altération vocale m’ont fait me poser la question. Elle n’en enchaîne pas moins les triomphes dans La Gioconda et La Fanciulla del West , toujours adulée du public américain. Elle ne chante plus en Europe. En 1976, elle chante là où elle avait fait ses débuts, à la Scala de Milan, pour son dernier récital. Elle fait ses adieux à ce public qu’elle adorait et qui l’adulait. Il l’avait surnommée « la cantatrice à guichets fermés » Elle meurt chez elle, à Saint-Marin, à l’âge de 82 ans. Dans l’une de ses dernières interviews, elle déclarait ne pas regretter sa vie de célibataire. « J’ai été amoureuse plusieurs fois. C’est très bien pour une femme. Comment aurais-je pu être une femme, une mère et une chanteuse ? Qui prendrait soin du piccolino quand tu fais le tour du monde ? » La Tebaldi a incarné pendant près de trente ans la splendeur vocale.
Le charisme scénique, l’aura tragique, c’était Maria Callas. Mais leurs destins furent-ils si différents ? Callas, sa voix emporte les foules, le rationnel n’existe pas, c’est la voix déchirante d’émotion, vulnérable, à la limite de la brisure. Aujourd’hui encore, elle reste la référence pour Tosca, Violetta, Lucia ou Norma. Sa vie tumultueuse a fait d’elle une tragédienne, une interprète qui a bouleversé l’art lyrique du XX e  siècle en privilégiant le jeu de l’acteur. Elle chantait avec son corps, avec sa souffrance, avec son histoire. La voix de la Callas prenait possession de sa personne. C’était la voix de la femme combattante, agressive et si pleine de charme, féline et envoûtante. Quand elle chantait, certains attendaient la faute : « Je ne suis pas une cantatrice, mais une comédienne qui chante », disait-elle.

Maria Callas (1923-1977) s’impose avec sa voix expressive au vaste registre et au timbre très particulier, entre le trouble et la tempête. Renata Tebaldi (1922-2004) s’inscrit dans le classicisme de la pure soprano au timbre de velours. La Traviata  : si Callas est Violetta, fragile, à la limite de la rupture, Tebaldi joue magnifiquement sans froisser sa robe vocale.
Mais la voix qu’elle avait domptée l’a aussi trahie. De 1949 à 1953, elle excelle dans les opéras de Bellini et les prouesses vocales qu’ils requièrent ; elle joue avec les aigus et se délecte dans les graves. Il devient difficile de chanter un rôle après elle. Mais elle ne s’aime toujours pas. Elle a beaucoup grossi. Quand elle chante La Traviata en 1953, elle pèse près de 100 kilos. Alors qu’elle veut ressembler à Audrey Hepburn, associer un physique qu’elle désire à la voix qu’elle possède déjà… Et en deux ans à peine, elle perd 35 kilos. Ce qui fragilise sa voix. Ses repères ne sont plus les mêmes : les caisses de résonance de son larynx, sa puissance pulmonaire, l’appui anatomique de son bas-ventre, assise de la chanteuse. Elle doit adapter sa technique à son nouvel instrument vocal, comme un poids lourd qui deviendrait un poids léger. En outre, un tel amaigrissement, nous le savons aujourd’hui, entraîne des troubles hormonaux. Les cordes vocales s’assèchent, la voix prend de la stridence. Écoutez les deux versions du même air avant et après cette période, la comparaison est éloquente.
Une telle métamorphose n’est pas sans risque. Visconti va la guider, et souvent la soutenir, dans ce chemin plein d’embûches. Pendant ce temps-là, sa personnalité s’affirme. Elle perd ses complexes. Les caprices de diva se succèdent. Elle annule des spectacles. Ou pire, la capitulation pendant le spectacle qui marquera sa carrière au fer rouge : à l’âge de 36 an

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