Rééducation fonctionnelle et philosophie : une quête commune
110 pages
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Rééducation fonctionnelle et philosophie : une quête commune , livre ebook

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Description

Dans le second tome de sa trilogie consacrée à l'apport de la philosophie en rééducation, l'auteur développe la quête que les deux univers ont en commun d'une « vie bonne » et d'une rééducation permettant à la personne, au patient, de continuer son chemin dans le monde qui l'entoure avec et malgré un handicap. Dans une première partie, elle évoque les liens conceptuels entre éducation, rééducation fonctionnelle et philosophie. Puis elle illustre cet abord théorique par des exemples très concrets de sa pratique rééducative. Autour du thème de la norme et du handicap, elle propose des pistes de rééducation inhabituelles et nouvelles, comme par exemple la recherche et la prise en compte systématiques de ce qu'elle appelle la plasticité normative de chacun, capacité individuelle intrinsèque à tout homme de créer ses propres normes. Ce souci de l'autre dans sa singularité absolue participe d'une démarche philosophique de tout mettre en œuvre pour qu'un « Je pense donc je suis » se déploie en un « Je peux donc je suis ».De ce fait, ce livre nous concerne tous.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mars 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342049336
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rééducation fonctionnelle et philosophie : une quête commune
Martine Samé
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Rééducation fonctionnelle et philosophie : une quête commune
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://martine-same.connaissances-savoirs.com
 
 
 
À Oncle Jean
 
 
 
Introduction
 
 
 
Second tome d’une trilogie consacrée à l’apport de la philosophie en rééducation 1 , cet ouvrage est destiné à explorer la rencontre entre les deux domaines. Ils ont en effet un champ d’application commun : la quête de la vie bonne de l’homme, vie suspendue dans le cas présent à un accident, traumatisme, handicap, et pour laquelle re-trouver des clés d’existence s’avère essentiel.
S’inspirer et se nourrir de grands philosophes du passé et du présent pour questionner nos actes rééducatifs, dans une démarche délibérative aristotélicienne sans cesse renouvelée, est le cheminement que je vous propose d’effectuer. Puisse cet itinéraire philosophique éclairer quelques difficultés liées à la différence, dont celles de la norme et du handicap en rééducation, et faciliter l’émergence d’initiatives porteuses d’espérance d’un vivre mieux ensemble une autonomie fonctionnelle expression de notre humanité même.
Les rééducateurs ne trouveront pas dans ce livre de solutions magiques, et encore moins toutes faites, mais « des ponts et des mots qui, les uns comme les autres, organisent le paysage humain en enjambant les frontières, naturelles ou artificielles » 2 . Ces ponts précurseurs, je l’espère, d’une philosophie de la rééducation en devenir, « en cherchant à rompre les frontières de l’espace et du cœur » 3 , traduiront nos efforts d’hommes « à conjurer ce qui sépare et divise » 4 dans une remise en question du pouvoir et de la puissance de forces trop souvent « éthiquement maladroitement » normées afin de permettre à l’autre d’être là où il a envie d’être, comme il le veut et quand il le veut.
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
De l’éducation à la rééducation fonctionnelle : définitions
Autant d’auteurs, autant de définitions ! C’est pourquoi, afin de parler un même langage au cours de notre réflexion, accordons nous sur quelques définitions précises de l’éducation et de la rééducation (dans la mesure du possible), définitions qui feront toutes écho non seulement à une dimension ré-éducative, mais aussi et surtout à une dimension philosophique.
L’éducation
« Les mots ont leur histoire » écrit G. Mialaret 5 , tout comme les personnes sont marquées par l’empreinte de leurs origines. Le mot éducation, du latin educare et educere, suscite d’emblée un questionnement de par sa double étymologie, d’ailleurs contestée par certains.
Educere, selon le dictionnaire Gaffiot 6 , signifie faire sortir, mettre dehors, tirer hors, amener quelqu’un d’un point à un autre, tirer du sein de la mère, pondre, faire éclore, élever un enfant, boire, avaler. Ce terme est à rapprocher directement du verbe duco, duxi, ductum, ere, tirer, conduire, et a probablement donné la conception de l’éducation comme route, cheminement, avec l’accompagnement d’un guide, tel un berger « au temps où Rome était champêtre, le latin une langue de berger, et où le mot educere signifiait tout simplement marcher en tête de son troupeau pour le mener dehors » 7 . Berger – éducateur maintenant, dont la mission serait de nous guider et nous aider à grandir.
Educare, d’après le même dictionnaire, renvoie à l’idée d’élever, nourrir, avoir soin de, faire croître et a donné le mot educatio, onis, action d’élever, éducation, instruction, formation de l’esprit.
Remarquons que les deux verbes se préoccupent d’apporter à un enfant des nourritures terrestres et cognitives afin qu’il puisse s’élever en tirant tous les profits d’une telle éducation. Nourrir et élever, deux actions n’en faisant qu’une en fait… Nourrir étant le moyen, élever l’objectif, les deux dimensions étant de l’ordre du prendre soin. Nous pouvons en déduire une représentation de l’être humain comme corps et esprit réunis, idée développée entre autres philosophes par Spinoza « l’âme et le corps étant une seule et même chose, qui est conçue tantôt sous l’attribut de la pensée, tantôt sous celui de l’étendue ». 8 Cette unité corps-esprit semblait être à l’époque, et reste de nos jours, un axiome central dans le domaine éducatif et rééducatif, et nous y reviendrons longuement.
D’autre part, si nous envisageons d’après cette étymologie latine que l’éducation commence dès la naissance (sein de la maman) et requiert des individus (professionnels ?) bien précis, parler d’éducation fait alors émerger la notion de système bien organisé. Système éducatif, familial, culturel, professionnel, institutionnel etc., avec ses structures, ses règles de fonctionnement, sa déontologie, ses contextes spécifiques.
Un tel ensemble a sa dynamique propre, ce qui nous permet d’entrevoir un élément fondamental de l’éducation : son pouvoir agissant, organisateur et organisé, ses normes, sur lesquelles nous reviendrons également car un processus éducatif ne peut se fonder que sur une idée de ce qu’est l’individu, l’être humain, sur des valeurs à privilégier et rechercher, dans un questionnement philosophique sans cesse renouvelé, processus devant être concrétisé par et dans un contenu structuré et donc structurant, pour ne pas rester lettre morte. L’ensemble des connaissances à acquérir, regroupées dans des programmes, des projets, des plans d’action, est aussi dépendant de l’environnement, de l’âge etc. et une déontologie éducative demande donc une réflexion sur ces contenus, sur leurs adaptations, leur pertinence à l’individu auquel ils s’adressent, leur cohérence dans le développement de cette personne, leur sens dans son cheminement individuel et collectif.
 
Avant de donner « ma » définition de l’éducation à partir de toutes ces pistes complémentaires, et pour nous rapprocher encore plus du thème ré-éducatif qui nous intéresse, arrêtons-nous un instant sur une autre facette de ce processus éducatif : l’éducation à – pour – la santé.
Cette dernière, mise en œuvre par de nombreux éducateurs, enseignants, professionnels de santé ou non, se définit comme « une composante de l’éducation générale et considère l’être humain dans son unité, ne pouvant dissocier les dimensions biologiques, physiologiques, sociales et culturelles de la santé. Elle doit permettre au citoyen d’acquérir tout au long de sa vie les compétences et les moyens qui lui permettront de protéger, voire d’améliorer sa santé et celle de la collectivité. » 9 Cette définition de la promotion de la santé par l’éducation se réfère à la Charte d’Ottawa de 1986, émanation de l’Organisation mondiale de la santé. Cette charte capitale, reprise dans le monde entier, définit et lutte pour la promotion de la santé, « processus qui confère aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d’améliorer celle-ci ». Notons que cette démarche de promotion de la santé, tout en n’étant pas un texte de loi, confère à celle-ci une valeur d’obligation morale, d’impératif catégorique fondamental tel que défini par Kant, lorsqu’il ne s’agit plus de savoir ce que tu veux, mais ce qui doit être, impératif apodictique ayant une évidence de droit et non seulement ordonnant de faire quelque chose non pas en vue d’autre chose, mais simplement parce qu’il le faut, de fait. « Si l’action est représentée comme bonne en soi, par suite comme étant nécessairement dans une volonté qui est en soi conforme à la raison, le principe qui la détermine est alors l’impératif catégorique » 10 écrit-il.
Il me semble que cette charte, et son application, ne sont pas que des moyens « bons pour quelqu’autre chose », la santé, mais font appel à l’essence même d’une nécessité pratique en éducation et rééducation.
Cet impératif d’éducation à la santé peut se concevoir en effet comme une norme éducative à part entière car la santé n’est pas que l’absence de maladie ou de handicap. La Charte d’Ottawa la définit comme « la mesure dans laquelle un groupe ou un individu peut, d’une part, réaliser ses ambitions et satisfaire ses besoins et, d’autre part, évoluer dans le milieu ou s’adapter à celui-ci. La santé est donc perçue comme une ressource de la vie quotidienne, et non comme un but de la vie ; il s’agit d’un concept positif mettant en valeur les ressources sociales et individuelles, ainsi que les capacités physiques ». Tout est dit… l’éducation à la santé ne relève pas que du secteur médical ou para médical. Elle « dépasse les modes de vie sains pour viser le bien-être ». 11 Elle est intrinsèquement éducation.
Quelle définition de l’éducation dans ce livre ?
Après mure réflexion, je choisis de définir l’éducation comme l’apprentissage de la vie. Apprentissage humain, dont le critère de réussite, à mes yeux, serait, comme pour O. Reboul : « elle est réussie si elle est inachevée, si elle donne au sujet les moyens et le désir de la poursuivre, d’en faire une auto-éducation. Car on arrive peut-être un jour à être ingénieur, ou médecin, ou bon citoyen. On n’en finit jamais de devenir un homme. » 12
 
Cette définition nécessite à son tour de définir l’apprentissage. Là aussi, de nombreuses études sur l’apprentissage lui donnent des significations plus ou moins différentes, et je choisis de privilégier la relation de l’homme à l’environnement et la dynamique centrée sur le sujet lui-même, en prenant en compte ses réactions et s

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