Précieuse solitude
61 pages
Français

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Description



Notre culture ne valorise pas la solitude.



Parce qu'elle s'oppose à l'illusion de partage entretenue par les réseaux sociaux, elle renvoie pour beaucoup à la tristesse, aux épreuves de l'existence, et semble révéler chez celui ou celle qui l'aurait choisie un déficit de vie, une inaptitude à aimer, à ressentir et à agir.



Pourtant, bien des héros, des artistes ou des créatifs ont puisé en elle la force et les ressources nécessaires pour se dépasser et accomplir de grands projets. Lorsque la solitude est choisie et s'inscrit dans notre existence comme une étape dotée de sens, elle permet de se découvrir des capacités ignorées et une liberté nouvelle. Goûter le moment présent affranchis du regard de l'autre, nouer des relations authentiques tout en restant nous-mêmes, recréer une vie plus adaptée à notre désir sont autant de facettes de cette reconquête de soi.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 octobre 2019
Nombre de lectures 4
EAN13 9782212731873
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

N otre culture ne valorise pas la solitude. Parce qu’elle s’oppose à l’illusion de partage entretenue par les réseaux sociaux, elle renvoie pour beaucoup à la tristesse, aux épreuves de l’existence, et semble révéler chez celui ou celle qui l’aurait choisie un déficit de vie, une inaptitude à aimer, à ressentir et à agir.
Pourtant, bien des héros, des artistes ou des créatifs ont puisé en elle la force et les ressources nécessaires pour se dépasser et accomplir de grands projets. Lorsque la solitude est choisie et s’inscrit dans notre existence comme une étape dotée de sens, elle permet de se découvrir des capacités ignorées et une liberté nouvelle. Goûter le moment présent affranchis du regard de l’autre, nouer des relations authentiques tout en restant nous-mêmes, recréer une vie plus adaptée à notre désir sont autant de facettes de cette reconquête de soi.

Monique Castelain-Foret est psychologue clinicienne et psychothérapeute.
M ONIQUE C ASTELAIN -F ORET
Précieuse
solitude
Éditions Eyrolles 61, bd Saint-Germain 75240 Paris Cedex 05
www.editions-eyrolles.com
Avec la collaboration d’Anne Jouve
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
© Éditions Eyrolles, 2019 ISBN : 978-2-212-57213-1
Sommaire
Introduction
1. Les représentations de la solitude
L’illusion de la complétude, ou le sentiment d’abandon
Robinson Crusoé : la solitude au risque de la déshumanisation
Into the Wild : se suffire à soi-même est un leurre
La figure du cow-boy : seul contre tous ?
Seul sur Mars : savoir utiliser ses ressources
2. Sommes-nous moins seuls dans l’univers numérique ?
Création de liens ou satisfaction narcissique ?
Entre le virtuel et le réel, une semi-présence et de semi-échanges
Un moyen de communication mais aussi de contrôle
Pas de parole libre sans confiance en l’autre
Du bon usage du numérique, entre le pire… et le meilleur
3. Subir une rupture ou un deuil
Réagir à l’incompréhension
La peur et le rejet d’un quotidien sans partage
Quand l’image de soi est atteinte
« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé »
Entre hier et aujourd’hui, un vécu différent du veuvage
Le rôle de l’entourage
4. Divorce, célibat et autres formes d’isolement choisis
Le sentiment de ne pas avoir de place
Quels échanges nouer ?
Le célibat, un statut à revaloriser
À chacun ses solutions pour ne pas rester face à soi-même
5. L’écart à la norme : une position inconfortable
Une vie sociale semée d’obstacles
Trouver ou retrouver sa place
La puissance de la norme familiale
Derrière la peur de la solitude, d’autres peurs
Quand la différence est trop lourde à compenser
6. L’indispensable regard de l’autre pour nous construire
Notre reflet d’humanité
Seuls face au regard de l’autre
Du regard qui dévalorise à celui qui répare
Donner plus d’importance à son propre regard
S’affranchir du regard de l’autre pour être soi
7. La solitude, alliée indispensable de notre imagination et de notre création
Une impérieuse nécessité
La survalorisation du travail en groupe
La spécificité des personnalités introverties
Quand l’introversion se double d’hypersensibilité
« Non je ne suis jamais seul avec ma solitude »
8. Découvrir tous les bénéfices de la solitude
Le plaisir de ne penser qu’à soi
Déceler nos compétences insoupçonnées
Être seul(e) responsable de ses choix
Mieux se connaître et oser se redécouvrir
Être en relation tout en restant soi-même : savourer ses émotions
Conclusion
Introduction
« Depuis quelque temps, je commence à me sentir moins seule quand je suis seule. » Au premier abord, cette affirmation pourrait être entendue comme un paradoxe. Pourtant, elle témoigne d’un réel progrès pour cette jeune femme venue me consulter entre autres raisons parce qu’elle ne parvenait pas à quitter le domicile de ses parents. Propriétaire d’un appartement acquis plusieurs mois auparavant, alors qu’elle était en instance de divorce, elle commençait seulement à l’occuper par intermittence. Pour cette jeune patiente, qui s’épanouissait la journée dans sa vie professionnelle, il s’agissait simplement d’arriver à assumer ce temps de vie personnelle où elle se trouvait seule dans son appartement, ce qui la ramenait aux circonstances d’un divorce douloureux. En se décidant à franchir le pas et à expérimenter cette situation nouvelle, elle venait de comprendre la différence entre l’état de solitude et la manière de le ressentir.
Cette différence, Roland Jourdain, navigateur solitaire sur plusieurs Vendée Globe et autres Route du rhum, l’exprime clairement dans son livre Au sud, la mer est blanche… Tout au début d’un chapitre, précisément intitulé « Solitaire mais pas seul », c’est avec beaucoup de subtilité qu’il pointe la nuance entre sa situation physique et son ressenti :
“ Si être seul, c’est ne compter pour personne, le défi solitaire est d’abord celui d’une foule embarquée. Des milliers d’heures de travail en conception, réalisation, essais en tout genre sont embarquées avec moi. Chaque centimètre du bateau me ramène à des visages 1 . ”
Ce qu’il souligne, c’est que cette solitude en mer, qui peut sembler inhumaine aux terriens que sont la plupart d’entre nous, ne correspond pas tout à fait à la réalité de l’expérience des navigateurs solitaires. Aussi éloignés qu’ils soient, parfois à des milliers de kilomètres de toute terre habitée, donc de tout secours potentiel, la mer représente pour eux un espace plein de vie et de repères. À travers le bateau lui-même et tout ce qui a pu être chargé à bord, offert par leurs proches, y compris leurs cadeaux de Noël, la présence symbolique des autres les accompagne en permanence. Même seuls à tenir la barre, confrontés à des vagues de plusieurs mètres de hauteur, ils savent aussi pouvoir compter sur leur bateau, avec lequel ils sont en communication constante. Ayant eu le privilège de rencontrer certains d’entre eux, je m’appuierai tout particulièrement dans cet ouvrage sur leur témoignage, qui apporte un éclairage différent sur les aspects positifs de ne plus dépendre que de soi.
À travers ces deux approches qui émanent de deux personnes plongées dans des univers très différents, nous pouvons commencer à saisir à quel point cette notion de solitude implique de multiples résonances. Psychologue clinicienne, je rencontre depuis des décennies des femmes et des hommes confrontés à une situation de couple insatisfaisante voire douloureuse au quotidien. Des êtres en profonde souffrance dans la relation à leur conjoint(e) qui s’interrogent sur un avenir qui semble figé dans le malheur, et qui prononcent les mêmes mots à l’évocation d’une séparation : je ne suis pas capable de vivre seul(e). La plupart du temps, cette croyance bien ancrée en eux ne repose sur aucune expérience. Pour beaucoup, la vie de couple s’est substituée sans intermédiaire au cercle familial qui les a vus grandir ou à des vies d’étudiants en colocation. La solitude n’a d’existence pour eux qu’en termes de représentation, de fantasme, d’idée reçue. Elle est associée à la perte, à l’échec, et ne peut selon eux qu’entraîner un appauvrissement de vie personnelle, qu’un déficit de vie sociale. Dans l’imaginaire collectif, la capacité à supporter la solitude est ainsi attachée aux héros, elle est synonyme d’exploits qui ne peuvent concerner qu’une très petite minorité d’individus.
Quand je demande à mes patient(e)s quelles sont ces difficultés qui leur semblent insurmontables, je n’obtiens souvent que des réponses floues. La perte du confort matériel, les difficultés financières, la crainte d’un nouvel échec sont alors mises en avant comme un frein impossible à desserrer pour partir vers un autre mode de vie. L’inconnu fait souvent peur. La notion de solitude se détache sur un fond de tristesse et d’épreuves à venir qui semblent encore plus lourdes à porter que l’insatisfaction, voire la souffrance quotidienne. La crainte, plus ou moins consciente, de ne plus être dans la norme peut également venir s’associer à cette image négative, malgré l’augmentation du nombre de familles monoparentales et de personnes vivant seules.
Cette peur d’affronter son quotidien en solo trouve aussi des racines dans l’amalgame qui est fait entre deux notions

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