J ai rendez-vous avec vous
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Description

« Que dire de Jacques Édouard, trente ans, qui vient de mourir ? Qu'il aimait Gainsbourg, le reggae, la peinture et nous. Qu'il ne faut pas s'attarder sur la souffrance, la maladie, la chimiothérapie qui nourrit tant d'espoir mais à laquelle on ne croit plus. Qu'il faut surtout parler de vie : de A à Z, de Paris à Buenos Aires, de New York à Vichy, de l'amour et des longs instants de bonheur qu'il faut savoir partager. Car Jacques nous dit : “Foncez ! 30 ans, c'est peu, mais c'est beaucoup pour ceux qui savent en profiter.“ Jacques nous dit : “Continuez ! Tant de choses encore à faire, qu'il faudra me raconter.“ Jacques nous dit : “Rendez-vous ailleurs, un jour.“ Jacques nous dit : “Vivez ! Tout simplement.“ »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 juin 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342007206
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

J'ai rendez-vous avec vous
Geneviève de Boissy
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
J'ai rendez-vous avec vous
 
 
 
« Il n’est pas de pire douleur que le souvenir du bonheur au temps de l’infortune. »
Dante
 
 
 
 
À Marc
À Jeanne,
À Pauline.
 
 
 
 
 
 
 
Et si tout avait commencé par un oui ? Cette interrogation, je l’ai formulée en introduction d’un petit message écrit et lu lors de la cérémonie du mariage de notre fils le 13 juin 2009 à La Couarde-sur-Mer en Ré.
Quelle merveilleuse chaude journée remplie d’amour ! Bien sûr, amour entre les deux époux.
Mais aussi amour des convives pour ces deux êtres et en particulier pour notre fils dont l’existence fut peuplée de grandes joies, mais aussi d’immenses angoisses et souffrances.
Notre fils s’appelle Jacques-Édouard. Quel prénom prétentieux ! D’autant qu’il est suivi d’un nom à particule. Pourquoi Jacques-Édouard ?
Je dois remonter aux années 1975-1980 quand j’étais une étudiante insouciante dont la seule préoccupation résidait dans le fait de valider ses années de faculté de chirurgie dentaire.
Chirurgien-dentiste est la profession que j’ai exercée pendant trente ans, mais que je n’avais pas choisie au départ. J’aurais aimé que l’art constitue la base de ma profession, confortée dans cette idée par une note de 20/20 à l’épreuve de dessin du baccalauréat. C’était sans compter sur mes parents, maman surtout, qui estimait que l’art n’était qu’un passe-temps et qu’il ne pouvait me mener à une situation bien établie.
Afin de satisfaire mes dépenses de ciné, resto ou boîte, je surveillais une cantine scolaire et, à l’époque, je suis tombée sous le charme d’un petit garçon prénommé Jacques-Édouard.
Voilà donc l’explication de ton prénom, Jacques-Édouard.
La rencontre avec ton père, Marc, se situe lors de ma première quatrième année de fac : en effet, grâce à lui j’ai redoublé cette quatrième année ; à l’époque je n’en avais pas conscience mais j’avais rencontré l’âme sœur.
Très vite j’ai désiré un enfant de l’amour et tu es arrivé le 28 juillet 1981.
Très vite aussi, malgré un gynécologue négligeant, bien que grand professeur – une interne avait noté à l’échographie que ton abdomen semblait gros et le gynécologue avait rabaissé la jeune interne en disant que tout allait bien et qu’elle ne devait pas m’inquiéter –, et un premier pédiatre totalement incompétent, nous avons appris que tu souffrais d’une malformation congénitale nommée « valves de l’urètre postérieur » ; ce qui signifie un rétrécissement au niveau de l’urètre, qui contrarie le bon écoulement de l’urine, entraînant un reflux et la lésion des reins.
Les cinq premières années de ta vie, Jacques-Édouard, ont représenté un cauchemar que je ne peux et ne veux plus évoquer même si actuellement ces années me reviennent en pensées comme de mauvais flashs. Cette souffrance était si grande que j’en arrivais à éprouver des sentiments de jalousie par rapport aux enfants bien portants.
Je ne sais comment tu as vécu ta petite enfance, mais tu étais malgré tout un enfant très gai, tu souriais constamment et je crois que, plus tard, tu as fait en sorte d’occulter ces années. Heureusement pour notre famille, une merveilleuse petite fille, Jeanne-Marie, est arrivée deux ans et demi après ta naissance. Jeanne nous a redonné beaucoup de bonheur au cours de ces années marquées par des dizaines d’hospitalisations et des centaines de jours d’angoisse.
Le 30 avril 1987, j’ai pu te faire don d’un rein et, malgré deux mois très angoissants de par différents problèmes consécutifs à l’acte chirurgical et aux traitements antirejet puissants, la joie de vivre a retrouvé sa place dans notre petite famille très unie.
La vie s’est déroulée normalement jusqu’à tes dix-huit ans, ponctuée par les problèmes classiques liés à la scolarité et à l’adolescence, mais nous profitions pleinement les uns des autres. Nous avons transmis à nos enfants l’envie de rencontrer des gens et, pour ce faire, de parcourir le monde grâce à différents voyages sur tous les continents.
Il fallait, bien sûr, s’inquiéter chaque fois que tu te rendais à Paris à l’hôpital Necker pour le contrôle de ta fonction rénale, mais si l’insouciance ne faisait pas partie de notre vie, le bonheur y était présent, d’autant que Marc possède une capacité à s’emparer du dérisoire pour s’élever au-dessus des contrariétés.
Tu savais t’attirer la sympathie de beaucoup de tes camarades mais aussi de la majorité des adultes qui te côtoyaient grâce à un perpétuel sourire charmeur, une soif insatiable de connaissances, un intérêt aux autres et une curiosité de la vie jamais assouvie. Tu avais aussi des lubies qui t’amenaient à pousser des « grands coups de gueule » contre les politiques en particulier ; je crois que c’était un jeu, car tu aimais provoquer, dépasser les limites par des propos auxquels tu croyais plus ou moins, tout cela afin de nous faire réagir, provoquer des discussions et nous montrer que tu étais fier d’être à contre-courant, et enfin de nous amuser.
En 2000, bac en poche avec tout juste 10 de moyenne et un 18/20 en dessin, toi qui ne représentais pas un élément très intéressant pour l’Éducation nationale, tu souhaites t’inscrire dans une école d’art renommée à Paris, que tu parviens à intégrer sur dossier ; ce fut alors un clin d’œil du destin pour moi qui avais rêvé de m’engager dans cette voie.
Ce furent donc la séparation d’avec notre fils et les inquiétudes qui allaient avec : allais-tu suivre sérieusement ton traitement antirejet ? Allais-tu avoir une hygiène de vie suffisante et nécessaire à ton corps soumis aux traitements diminuant l’immunité ? Nous t’avions tant protégé !
Parfois, quand tu venais le week-end, je t’aidais dans tes travaux de dessin, ce qui créait une tendre complicité.
Les grandes écoles s’autorisent à « casser » les jeunes qui les fréquentent ; les travaux rendus représentent toujours de la « merde » aux yeux des professeurs ; peut-être cela forge-t-il le caractère de nos jeunes si cela ne les détruit pas. À cause de cela, après la deuxième année tu as opté pour une école moins réputée mais plus humaine ; à l’époque, nous, tes parents, n’étions pas très satisfaits de ce choix. Je pense maintenant que tu as eu raison. Est-ce que le combat pour être le plus brillant est juste et est-ce pour cela que l’homme doit se battre ? Je crois préférable le combat pour la vie, qu’elle soit sienne ou celle des autres.
En 2001, Jeanne, ta sœur, est venue te rejoindre à Paris et a intégré une prépa « sciences po ». Il semblerait que la sœur et le frère, déjà si complices, aient passé une année très agréable bien que peu studieuse, d’autant que Pauline est entrée dans ta vie. Nous n’avons appris que bien plus tard que les trois fréquentaient plus les bistrots de la place de la Convention que les amphithéâtres. Ils ont malgré tout obtenu leur diplôme. En 2006, presque vingt ans après la greffe, ton état de santé s’est détérioré, le rein souffrait, les angoisses sont revenues. Toi qui étais toujours suivi à Necker par ta néphrologue pédiatre amie, tu as dû intégrer la consultation adulte ; nous avons eu à le regretter plus tard, vu le laxisme de ton suivi médical.
Marc, ton papa, Jeanne, ta sœur, et Pauline, ton âme sœur, désiraient tous te redonner la vie par un nouveau don de rein. Quel être peut susciter autant d’amour ?
Après différents examens de compatibilité, Marc a pu faire don d’un rein le 27 mars 2007. Que d’angoisses pour une épouse et une mère, dans l’attente que le chirurgien ait prélevé le rein de son mari, puis qu’un autre chirurgien greffe ce même rein dans l’abdomen de son fils !
Immédiatement le rein de Marc s’est mis à fonctionner dans ton corps qui, dorénavant, conservait les reins de ses deux parents réunis en lui. Cette image est magnifique ; nous avons vécu avec Jeanne et Pauline auprès de nos deux hospitalisés des moments d’angoisse et de joie si intenses que l’on peut se sentir privilégiées de les avoir connus.
Après la deuxième greffe, tu as travaillé dans le graphisme en free lance , tout en te plongeant dans la peinture ; tes toiles expriment ta révolte ou ta joie de vivre. Tu as introduit dans tes tableaux tes indignations, tes coups de gueule, mais aussi ton immense culture favorisée par une curiosité sans limite.
Été 2008, au retour de l’île de Ré où nous passions tous les mois de juillet, toi et Pauline êtes partis quelques jours à Rome où tu as demandé à Pauline de t’épouser.
Le 13 juin 2009, nous avons célébré cette merveilleuse union, sous un chaud soleil. Ce matin-là, j’ai su qu’il fallait savourer chaque seconde ; cette journée nous a comblés de bonheur.
 
Pauline et Jacques-Édouard se sont connus en 2000, justement sur cette île que nous aimons tant. Jacques et Jeanne y ont passé tous les mois de juillet depuis leur tendre enfance.
C’est un peu de terre posée sur l’océan, lequel est toujours en mouvement, et dont la couleur varie au gré du vent, des nuages et de la marée – tantôt couleur d’huître, tantôt bleu azur, tantôt gris mais jamais identique. Océan symbole de vie qui entoure une île peuplée de terriens plus que de marins.
Quand Jacques-Édouard et Jeanne étaient enfants, les journées en Ré étaient rythmées par les cours de voile puis, en fonction des marées, soit pêche à pied, soit vélo afin d’explorer chaque recoin de cette île si tortueuse. À l’adolescence, les soirées permettaient aux jeunes de se retrouver sur la plage, la tête dans les étoiles, à refaire le monde, probablem

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