Face à la souffrance
100 pages
Français

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Description

« La société française, d’origine très diverse, est par voie de conséquence multiconfessionnelle. Il nous faut reconnaître et accepter nos différences sur le plan culturel et religieux. Si l’on franchit cette première étape, la rencontre peut être riche et très profonde. L’idéal est que nous ayons une connaissance même superficielle des religions auxquelles adhèrent les personnes que nous sommes appelés à rencontrer. Cette démarche fait partie du respect que nous devons manifester à leur égard. Ce livret rend compte de l’expérience vécue chaque semaine au chevet des malades depuis de nombreuses années. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 décembre 2012
Nombre de lectures 4
EAN13 9782748397093
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Face à la souffrance
Chantal Massart Billoud
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Face à la souffrance
 
 
 
« J’étais… malade, et vous m’avez visité »
Évangile selon Saint-Mathieu
Chapitre 25, verset 36
 
 
 
 
Avant propos
 
 
 
La société française, d’origine très diverse, est par voie de conséquence multiconfessionnelle. Il nous faut reconnaître et accepter nos différences sur le plan culturel et religieux. Si l’on franchit cette première étape, la rencontre peut être riche et très profonde.
L’idéal est que nous ayons une connaissance même superficielle des religions auxquelles adhèrent les personnes que nous sommes appelés à rencontrer. Cette démarche fait partie du respect que nous devons manifester à leur égard.
Ce livret rend compte de l’expérience vécue chaque semaine au chevet des malades depuis de nombreuses années.
Lorsqu’un membre de l’équipe d’aumônerie rencontre un patient, il serait souhaitable qu’il prenne des notes sur la rencontre avec le malade. Cela est très utile notamment lorsque l’on voit le patient pendant plusieurs semaines afin de voir l’évolution des rencontres. Cela s’avère indispensable lorsque le malade souhaite rencontrer le prêtre ou désire recevoir la communion. afin que l’aumônier ait le nom du patient ainsi que le service où il doit se rendre.
De même, lorsqu’un patient catholique que l’équipe a beaucoup suivi quitte l’hôpital, il serait important de lui demander, avant son départ, s’il souhaite que quelqu’un du service évangélique des malades (SEM) lui rende visite et lui porte la communion. à son domicile. Il faut alors qu’il donne son adresse et son numéro de Tél. Lorsqu’il y a un transfert dans un autre hôpital, il serait bon de demander au personnel soignant, avec qui nous devons avoir d’excellents rapports, où sera transféré le malade afin que le bénévole prenne contact avec l’aumônerie de cet hôpital pour demander que quelqu’un visite ce patient. Cela est extrêmement important et fait partie du suivi que nous devons accorder au malade.
 
 
 
À l’écoute du malade 1

 
 
La prise de contact
Après avoir frappé à la porte du patient il est indispensable de se présenter en tant que visiteur catholique. Il est important de jeter un regard sur ce qui entoure le malade. Par exemple le ou la patiente ayant une photo d’enfants sur sa table de nuit peut être parent de ces enfants et en parler peut faciliter l’entrée en conversation. Une personne esseulée avec la photo d’un chat se montrera heureuse si le visiteur lui demande des nouvelles de cet animal. Un autre patient portant un intérêt pour des revues d’art sera également flatté si le bénévole peut s’entretenir de ce sujet avec lui.
Ce ne sont que des exemples qui nous incitent à prêter attention à l’environnement du malade. et qui aide à l’entrée en contact.
 
La prise de contact est déterminante pour la suite de l’entretien. L’expression du visage du visiteur est importante car le malade est attentif au regard posé sur lui. Elle ne devra refléter ni la peur, par exemple dans le cas d’une amputation, ni, à l’inverse, une gaîté forcée. Le patient doit sentir, à travers notre attitude, le respect qui lui est accordé. Un « savoir-faire », beaucoup de tact, sont nécessaires. Une attitude qui se voudrait trop protectrice est à proscrire car cela contribuerait à renforcer le climat surprotégé dans lequel évolue le malade en milieu hospitalier. Un équilibre, se situant entre une réserve dénuée de froideur et une attitude amicale est à trouver. Ce climat de mise en confiance sera plus ou moins difficile à établir selon la personnalité du malade.
Au moment où les deux parties ont établi un climat favorable à la communication, la conversation peut s’engager. Les personnes en présence peuvent donner plus d’importance à ce qu’elles disent en utilisant une gestuelle appropriée : regard, attitudes dénotant la fatigue ou un mieux-être. Le destinataire du message doit savoir décoder tout ce non-dit qui influence le cours de l’entretien : faut-il interrompre ou au contraire relancer la conversation lorsque le silence s’installe ? Le malade s’engage, en se livrant à une tierce personne. Sa personnalité est mise à nu et il peut avoir envie de se rétracter. Un simple regard du visiteur, une attitude dénotant toute absence de jugement et de parti pris mais ouverte à la compréhension suffiront à redonner confiance au patient.
Ce climat d’équilibre doit être maintenu en permanence. Rien n’est acquis surtout avec des malades inquiets sur l’évolution de la maladie. Il est à noter que les malades pensent qu’ils sont laissés dans l’ignorance à ce sujet. L’attente des résultats des examens est source d’angoisse. La bénévole se doit d’exercer un contrôle constant sur le plan de l’attention et de la considération portées envers le patient. Elle doit s’efforcer de répondre à son attente. Pour l’un ce sera une présence discrète, pour l’autre une discussion sur un centre d’intérêt personnel comme la musique, ou bien, pour un africain, l’évocation de son pays. Il ne s’agit pas de flatter le malade mais d’essayer de le sortir de son isolement. La rencontre se révèle fructueuse si le patient pense qu’elle est importante pour lui. La bénévole représente avant tout une personne se mettant à la disposition du malade. Il est là pour l’écouter, pour entendre sa voix, c’est-à-dire pour faire silence à l’intérieur de lui-même pour mieux entendre cette parole venue d’ailleurs. La présence de l’autre nous imprègne : le son, la modulation de la voix, tout doucement, frappent notre tympan. Ce corps, allongé dans le lit, s’anime ; par la magie de la prise de parole, il s’adresse au plus profond de soi.
La voix permet d’identifier quelqu’un et tout l’être réagit d’une manière unique et spécifique à l’écoute d’une voix connue. Elle nous permet de déceler instantanément l’humeur du malade car tout comme une musique, la voix est un révélateur de divers sentiments : joie, tristesse, angoisse, peur, qui, même non exprimées verbalement se décèlent par le ton employé par le patient. Souvent, la voix trahit ce que le narrateur veut dissimuler : un tremblement, une élocution saccadée, rapide, révéleront un grand trouble. La voix est le miroir de l’âme.
La compréhension de l’autre nécessite de la part du destinataire du message une écoute et une attention très fortes afin de ne pas risquer d’emprisonner le narrateur dans son discours. A travers le discours, la voix exprime la pensée, la vie intérieure du sujet. Par l’intermédiaire de la voix, la vie silencieuse est entendue par un autre et simultanément, en se disant, cette vie se recueille en elle-même.
Le langage
Le langage est le moyen le plus évident de communication entre les hommes : s’exprimer signifie que l’on veut faire passer un message. Cependant la personne à l’écoute du malade devra se montrer réceptive, attentive non seulement à ce qui se dit mais à la façon dont le malade s’exprime. Toute une gamme de sentiments, allant de l’angoisse à l’espoir ou même à l’exaltation pourront être décelés. Le langage ne se limite pas seulement à la parole mais se traduit également par des gestes, des attitudes : une poignée de mains franche, nette, une tape amicale sur l’épaule, un silence prolongé : tout est porteur de sens si le visiteur prend le temps d’observer, d’écouter le patient.
La tolérance : une vertu de l’écoute
La richesse de l’humanité est aussi dans la diversité. Pour cela, la tolérance, l’écoute de l’autre, le refus des vérités définitives doivent être sans cesse rappelées.
Écouter demande beaucoup de souplesse car on est amené à rencontrer, au sein de l’hôpital, des gens atteints de la même pathologie mais différents par la culture, l’origine sociale, l’âge. De plus, les systèmes de valeurs du malade et du bénévole venu à son chevet sont parfois divergents. Il faut donc faire preuve de tolérance afin que le malade sente une solidarité vraie entre lui et le bénévole.
Écouter la souffrance de l’autre, c’est laisser un espace de parole où le malade, pris dans le tourbillon des examens, mais aussi dans la monotonie de la vie hospitalière, peut « se dire ». Cela implique que le bénévole fasse silence en lui-même. Il peut y avoir un environnement bruyant, notamment au moment où les agents hospitaliers reprennent les plateaux repas, mais si on ne se laisse pas envahir par ses propres idées, réactivées par le discours du malade, on est en position d’écoute de l’homme souffrant. Il est parfois difficile de garder une distance avec soi-même ; cela demande de la discipline. La compréhension intellectuelle, la logique ne font pas toujours partie de l’écoute. Ce qui est important, c’est que le malade se sente rejoint dans ce qu’il dit afin qu’il y ait un partage total de ce qui a été vécu, de ce qui se vit et ce qui se vivra dans le déroulement de la maladie. C’est la première demande du malade. Cela exige une forte maîtrise de soi afin de ne pas se laisser à exprimer ses sentiments, de même qu’il serait néfaste de trop rationaliser.
Écouter un malade, c’est entrer dans son jardin secret. Le fait de se livrer à autrui engage une part de cette intimité. Parler, c’est offrir un peu de soi-même et le malade, par cette prise de parole, va donner un sens à tous les actes dont il va parler et qui constituent le livre de sa vie d’homme souffrant. Les actes de langage sont autant de ponts où la trajectoire d’un être humain entrecroise celle de ses semblables. Les actes de langage forment donc la trame du tissu

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