Maigrir, c est fou !
139 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
139 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Pourquoi les régimes à la mode ont-ils autant de succès ? Pourquoi l’industrie alimentaire s’obstine-t-elle à concocter des aliments les moins nourrissants possibles ? Pourquoi, bien que d’innombrables spécialistes se penchent doctement sur nos kilos dans les congrès internationaux, le nombre des obèses ne cesse-t-il d’augmenter ? Et pourquoi tout le monde veut-il maigrir, même les minces ? Pour comprendre ces paradoxes, Gérard Apfeldorfer analyse l’histoire de cette quête frénétique de la minceur, depuis Hippocrate jusqu’à nos jours. Il passe en revue l’incroyable diversité de ce qui est devenu un marché de la minceur, depuis les produits pharmaceutiques et cosmétiques jusqu’aux thérapies du corps et de l’esprit, en passant par les multiples méthodes alimentaires et par les divers appareils amaigrissants. Il pose les bonnes questions pour comprendre ce qui se passe vraiment, pour apprendre à vivre autrement, et parvenir à mincir durablement. Médecin, psychiatre et psychothérapeute, Gérard Apfeldorfer est président du Groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids, et membre de l’Association française de thérapie comportementale et cognitive.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2000
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738179043
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR   CHEZ ODILE JACOB
Maigrir, c’est dans la tête, 1997.
Folie @ trois , 1999.
Les Relations durables , 2004.
© O DILE J ACOB , 2000, AVRIL 2006
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-7904-3
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Remerciements

Merci à mes patients, qui me racontent leurs aventures amincissantes. Merci à Sophie Suberbère pour son précieux travail de documentation ainsi qu’à Jany Cornuejols et Serge Brault, qui m’ont fourni quelques pièces manquantes du puzzle. Merci au docteur Jean-Philippe Zermati qui a bien voulu apporter ses commentaires et ses critiques au manuscrit. Merci à Catherine Meyer qui a aidé à l’accouchement.
Introduction

Maigrir. Les trois quarts de la population en rêvent. Les gros, bien sûr, mais aussi les moins gros, les justes enveloppés, ceux qui en sont venus à penser qu’on n’est jamais ni assez riche, ni assez mince.
La motivation ? Ils l’ont, chevillée au corps. Bon nombre de gros échangeraient volontiers leur obésité contre une maladie, n’importe laquelle, même grave, même mortelle. En fait, une enquête a même montré que neuf obèses sur dix aimeraient mieux être amputés d’une jambe plutôt que de rester gros, et trouvent préférable d’être muet ou même aveugle plutôt qu’obèse. Si on leur donne à choisir entre avoir enfin un poids normal, ou bien rester obèse et être multimillionnaire, tous les sujets de l’enquête choisissent d’être pauvres, mais minces 1 …
Comment en est-on arrivé là ? Nous verrons que la passion de maigrir est une longue histoire, plongeant ses racines dans la plus haute Antiquité. Hippocrate et Galien avaient leur opinion, de même qu’Avicenne ou les médecins de la Renaissance. Mais durant longtemps, seules les obésités majeures étaient considérées comme posant problème. Puis, peu à peu, de façon irrégulière, l’exigence de minceur et l’intolérance à l’obésité s’accroissent. Au XX e  siècle, la frénésie amaigrissante vire à la rage. Et plus la pression en faveur de la minceur augmente, plus le pourcentage d’obèses augmente dans la population… Mais quel est l’effet, quelle est la cause ?
Depuis le début de ce siècle, nos sociétés marchandes ont érigé la course à la minceur en business. Nous passerons en revue cette incroyable diversité de produits pharmaceutiques et cosmétiques, d’appareillages amaigrissants, de méthodes alimentaires multiples et variées, de thérapies du corps ou de l’esprit. L’industrie agro-alimentaire et ses produits de plus en plus diététiques, le monde de la pub, de la presse et de l’édition qui vendent des images et du papier grâce à l’appétit de minceur ambiant font eux aussi partie intégrante de ce fat business (mot à mot « marché de la graisse »). Nous verrons que même la morale, la culpabilisation et les pratiques de repentance peuvent être récupérées et devenir sources de revenus. Une étude de 1994 estimait le fat business à 30 milliards de dollars par an, rien que pour les États-Unis 2 . Ce livre, d’ailleurs, participe lui aussi du fat business . Merci de l’acheter.
Le marché de l’obésité soulève plusieurs questions. La première est celle de son efficacité. L’affaire, aujourd’hui, est entendue : les méthodes amaigrissantes actuelles, prises dans leur ensemble, ont des résultats médiocres. Le taux d’échec est en effet de l’ordre de 75 à 95 % sur une période de cinq ans. En d’autres termes, si vous êtes gros et si vous tentez de perdre du poids au moyen d’une machine à maigrir, ou en consommant des produits diététiques, ou en suivant un régime amaigrissant, ou en prenant des médicaments vendus en pharmacie et prescrits par un médecin, ou par toute autre méthode, vous avez environ neuf chances sur dix, cinq ans plus tard, de peser (au moins) le même poids qu’aujourd’hui.
Dans ces conditions, comment se fait-il que les gros et les moins gros continuent à consommer méthode amaigrissante sur méthode amaigrissante, et surtout, comment se fait-il que des médecins soi-disant sérieux persistent à recommander des régimes et des produits amaigrissants à leurs patients ? Intrigantes questions, auxquelles nous tenterons de répondre.
Mais, direz-vous, il existe des raisons objectives de vouloir mincir. Des raisons de santé, par exemple : en France, l’obésité engendrerait ainsi chaque année 9 milliards de francs de surcoût médical 3 . Certes, et il ne me viendrait pas à l’esprit de le nier. Mais quand le désir de maigrir confine à la rage, quand les journaux font leurs gros titres sur l’art de mincir, non plus uniquement en début de printemps, comme c’était la tradition, mais tout au long de l’année, quand l’industrie pharmaceutique investit massivement dans la recherche de molécules amaigrissantes, quand les industries de l’agroalimentaire cherchent à nous concocter des aliments de moins en moins nourrissants, quand des congrès internationaux sur le thème de l’obésité réunissent des milliers de spécialistes médicaux qui se penchent doctement sur nos kilos, quand l’art de manger et la nécessité impérieuse de maigrir ou de ne pas grossir s’apprennent dans les écoles primaires, quand perdre du poids devient une affaire d’État, quand même les minces veulent maigrir, on ne peut s’empêcher de penser que nous sommes devant un phénomène irrationnel d’une ampleur sans précédent. Se demander quel est le sens de tout cela ne serait peut-être pas tout à fait inutile.
Nous commencerons par faire le tour du propriétaire, par détailler les méthodes amaigrissantes de tous ordres qui caractérisent la rage de maigrir. Le loufoque y cotoie la pseudoscience, le charlatanisme et l’escroquerie voisinent avec le moralisme et les bonnes intentions. Mais, comme chacun sait, l’enfer en est pavé, de bonnes intentions…
Première partie
Histoire  de la mincitude
Maigrir de l’Antiquité à nos jours

La rage de maigrir ne procède pas de la génération spontanée. Bien au contraire, c’est une vieille histoire. Mais, dans le monde antique, seules les obésités massives, qui gênaient la mobilité et avaient un retentissement évident sur la santé, étaient considérées comme problématiques. Les surpoids modérés, alliés à un solide appétit, étaient au contraire vus comme un signe de bonne santé : mieux valait disposer de quelques réserves que d’être souffreteux et cachectique…

L’Antiquité
Hippocrate, qui vivait au V e  siècle avant notre ère, le siècle de Périclès et Sophocle, et qui est considéré comme le père de la médecine telle que nous l’entendons — le jeune médecin prête encore aujourd’hui le serment d’Hippocrate — considérait la bonne santé comme un équilibre entre les quatre humeurs corporelles. Un corps bien proportionné — c’est-à-dire point trop gros — témoigne de l’harmonie entre les quatre éléments (la terre, l’air, le feu et l’eau) et les quatre humeurs (la bile noire, la bile jaune, le sang et la lymphe). Pour perdre sa graisse dysharmonieuse, Hippocrate recommande le retour à un mode de vie spartiate : on doit vivre à la dure, ne pas s’attarder dans des bains émollients, préjudiciables aux personnes de constitution « chaude et humide », ne pas trop se vêtir et même rester nu autant que possible, ne manger qu’après s’être beaucoup dépensé, une seule fois par jour et un petit volume d’aliments, de préférence bien gras, afin qu’on soit vite rassasié.

CONSEILS AUX OBÈSES  DE TEMPÉRAMENT SANGUIN
H IPPOCRATE ( V e  SIÈCLE AV. J.-C.)

Conseils d’hygiène
• Rester nu aussi souvent que possible.
• Ne pas prendre de bain.
• Dormir sur un lit dur.
• Faire de l’exercice ou des travaux de force avant de manger. Ne manger que lorsqu’on halète de fatigue.

Conseils diététiques
• Consommer des plats riches en graisses et avec des assaisonnements gras, de telle sorte qu’on soit rassasié avec peu de nourriture.
• Ne pas boire avant les repas, sauf un peu de vin, dilué et pas trop froid.
• Les personnes ayant un tempérament sanguin, une apparence rougeaude et des muscles lâches devront, en raison de leur constitution humide, absorber des aliments secs une grande partie de l’année.

Répartition
• Ne manger qu’une seule fois par jour.
L’obésité peut être la cause de mort soudaine, plus fréquente selon Hippocrate chez le gros que chez le maigre, ou encore être responsable de stérilité chez la femme, non seulement parce que la graisse peut obstruer les voies féminines et empêcher la fécondation, mais aussi en raison du frein qu’elle représente au bon déroulement du rapport sexuel.
La distinction hippocratique entre deux types d’obésité, celle des personnalités sanguines, caractérisées par l’association du chaud et de l’humide, et celle des personnalités flegmatiques, froides et humides, s’est perpétuée au travers des siècles. La première est à prépondérance masculine : les sanguins grossissent surtout en avançant en âge, ils sont bons vivants, joyeux, dynamiques. Les personnes flegmatiques sont quant à elles le plus souvent des femmes, qui ont une graisse maladive, souffrent de troubles circulatoires et ont une tendance à la dépression. Mais comme rien n’est simple, la médecine moderne a renversé les critères de gravité : ce sont les obésités des sanguins (souvent celles des hommes, avec un ventre proéminent et un corps en forme de pomme) qui ont un retentissement néfaste sur le cœur et les vaisseaux ; les obésités en poire, concernant les fesses et les

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents