À quoi sert le couple ?
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À quoi sert le couple ? , livre ebook

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Description

À quoi sert le couple ? La question ne relève pas de la seule provocation. À l'heure où la conjugalité traverse une crise sévère, Willy Pasini nous invite à une exploration aussi précise qu'actuelle de notre sphère intime. Le livre s'attache, dans un premier temps, à définir son champ d'investigation. Qu'est-ce qu'un couple ? Y a-t-il différents styles de couple et de quelle nature sont alors les liens qui soudent ses membres ? Comment distinguer un couple malade d'un couple sain ? Quels sont les problèmes spécifiques au jeune couple ? Et, inversement, quelles crises doivent affronter les unions plus anciennes ? Enfin, quels comportements sont à proscrire et quels sont ceux qui, dans les cas extrèmes, peuvent sauver des liens déjà vacillants ? À partir de quand consulter et qui faut-il aller voir ?Le professeur Pasini aborde par ailleurs des questions beaucoup plus aïgues : faut-il préférer le concubinage au mariage ? Comment gérer ensemble l'argent ? Peut-on résoudre la tension entre la promesse de fidélité et l'attrait de la nouveauté, question d'autant plus actuelle que les nouvelles pratiques sexuelles révolutionnent l'érotisme conjugal ? D'une approche résolument concrète et nourrie par une longue expérience clinique et théorique, À quoi sert le couple ? souhaite nous faire mieux connaître le territoire mystérieux des rapports entre les hommes et les femmes. Willy Pasini est psychiatre et sexologue. Il enseigne à Genève.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 1996
Nombre de lectures 4
EAN13 9782738160751
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR
Éloge de l’intimité , Payot, 1991.
La Qualité des sentiments , Payot, 1992.
Le Corps en psychothérapie , Payot, 1993.
La Méchanceté , Payot, 1993.
Nourriture et amour , Payot, 1995.
Ouvrage paru en Italie aux Éditions Mondadori sous le titre A che cosa serve la coppia © 1995 Alnoldo Mondadori Editore S.p.A., Milan
© O DILE J ACOB, SEPTEMBRE  1996 15, RUE SOUFFLOT , 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6075-1
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
PREMIÈRE PARTIE
Comprendre le couple
CHAPITRE PREMIER
À quoi sert le couple ?

À quoi sert le couple ? Si l’un de vous me posait cette question, je lui répondrais que le couple sert à faire durer l’amour (au reste, on n’a pas encore trouvé d’alternative valable à cette vie à deux que l’on blâme et que l’on malmène tant). Essayez donc de poser la même question autour de vous : de chacun de vos interlocuteurs vous obtiendrez une réponse différente, dans laquelle se mêleront des besoins et des attentes, des envies de romantisme et les contraintes de la vie quotidienne, les souvenirs de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir ou les rêves de ceux qui voudraient vivre, pour un jour seulement, les aventures de Bonnie and Clyde. Certains prennent même pour modèle Bill et Hillary Clinton. Pourtant aucun de ces idéaux ne parvient à rassasier l’imaginaire collectif. Cette absence de modèles forts est l’un des grands paradoxes de notre époque. D’une part, la vie de couple est plus que jamais considérée comme la principale forme de rapport amoureux qui soit socialement plausible, et de fait, les triangles et les couples ouverts font désormais partie de ces souvenirs de jeunesse que personne n’a l’intention de ressusciter. D’autre part, jamais la vie à deux n’a généré autant de malentendus qu’aujourd’hui, conduisant parfois à des séparations inévitables.
À mon avis, si on veut sortir de cette impasse, il faut transformer radicalement notre façon de penser le couple. Il y a déjà des gens qui essaient de le faire, avec des résultats incertains. Il existe même aux États-Unis un mouvement qui déve loppe une théorie de la protection du mariage et de la prévention du divorce. Celle-ci affirme que, pour rester ensemble, l’amour ne suffit pas et qu’il faut avoir la volonté de faire en sorte que le rapport fonctionne à tout prix , comme on a pu le lire en couverture du Time 1 . Et voilà que les avocats spécialistes du divorce, plutôt que de s’en tenir au principe de la neutralité, cherchent à convaincre maris et femmes de ne pas abandonner le domicile conjugal. Les thérapies de couple abondent dans ce sens 2 , confortées par les statistiques qui font état des possibles préjudices psychologiques menaçant les enfants de divorcés. En Suisse le ministre de la Santé a institué une commission qui étudie les effets du divorce parental sur la santé et les résultats scolaires des enfants. Et l’Église n’est plus la seule à offrir des cours de préparation au mariage. De nombreuses associations laïques font la même chose et agitent les spectres du SIDA et de la dépression à ceux qui doutent de leur union. Les statistiques prouvent bien que ces « efforts » de foi et de volonté ne servent pas à grand-chose : on célèbre un divorce pour deux mariages et les États-Unis enregistrent le taux de séparation le plus élevé du monde.
Même s’ils sont plus fatalistes, les Italiens ont, ces quinze dernières années, pratiquement multiplié par deux le nombre de divorces, lequel est notamment passé de quarante-six mille en 1992 à cinquante-deux mille en 1994 3 . En France, les chiffres ne sont guère plus encourageants et l’on compte désormais un divorce pour trois mariages. Du reste, le divorce vient en tête des événements les plus stressants même si, selon certains médecins 4 , la vie de couple met aussi la santé en danger et augmente les risques d’infarctus, d’ulcères ou d’alcoolisme. Il est significatif d’ailleurs de voir que les raisons qui incitent à rester ensemble sont souvent négatives : pour ne pas faire de mal aux enfants ou pour ne pas se faire de mal. Il manque à la vie de couple un paradigme positif, ce que les grands changements socioculturels de notre époque rendent de plus en plus difficile. Parmi ces changements, les phénomènes qui influencent directement le rapport à deux sont au nombre de cinq :

1.  La divergence entre vie de couple et famille procréatrice
Nos grands-parents s’aimaient, se mariaient et avaient des enfants : ces étapes étaient inéluctables. Il n’y avait pas d’alternative : on se mariait à l’Église, et on mettait au monde beaucoup d’enfants, parce que la mortalité infantile était élevée et que la demande en enfants était directement proportionnelle aux besoins en hommes, considérés alors comme de la chair à canon destinée à des guerres continuelles et extrêmement meurtrières. De plus, lorsqu’on avait des enfants, on pouvait non seulement compter sur des bras supplémentaires pour le travail de la terre mais aussi sur une évidente assurance pour la vieillesse. Aujourd’hui que, de ce point de vue, les gouvernements offrent une assistance (du moins, ils devraient le faire), les enfants deviennent plus objet de préoccupation que source d’aide. Les décès étant supérieurs aux naissances, le renouvellement des générations n’est plus assuré – ce qui prouve bien que vie commune ne signifie plus automatiquement procréation. Le centre d’intérêt s’est donc progressivement déplacé des enfants au couple, dont les exigences tendent à se différencier de celles de la famille 5 . Le choix de faire des enfants est aujourd’hui secondaire face aux exigences et à l’harmonie du couple. Et c’est sur la vie à deux que se reportent toutes les attentes qui reposaient sur les enfants.

2.  Le passage des besoins familiaux aux besoins individuels
Dans les textes de sociologie 6 apparaît souvent l’image d’une structure faite de cercles concentriques : au centre l’individu, puis le couple – donc la famille – enfin la société. Autrefois la finalité procréatrice de la vie de couple rendait évidents les rapports entre ces dimensions : comme nous l’avons vu, on se mariait pour avoir des enfants, l’individualité était donc sacrifiée au nom de la famille. Maintenant qu’on ne vit plus ensemble dans le seul but de procréer, la dialectique entre vie de couple et vie individuelle cherche elle aussi une nouvelle définition. Les besoins individuels ont été mis au premier plan par une série de facteurs concomitants, qui vont de l’émancipation de la femme à une rhétorique collective prônant la réussite individuelle, fût-ce aux dépens des besoins affectifs du partenaire 7 .

3.  La transition vers une société sécularisée et multiculturelle
Autrefois le couple était encadré par le système de références de la société chrétienne, dont les valeurs religieuses étaient les mêmes pour tous. Maintenant que les sociétés occidentales deviennent de plus en plus sécularisées et multiculturelles, les visions de la vie à deux se différencient. Pour certains le couple demeure une union indissoluble , scellée par le sacrement du mariage, qu’on ne peut dissocier de la vision religieuse de la vie ; pour d’autres il ne s’agit que d’une entité juridique générant droits et devoirs. Et puis il y a ceux qui considèrent que la vie de couple est une convenance avant tout régie par des règles psychologiques . Se référer à l’un de ces trois codes est source de malentendus ou de conflits. Thérèse affirme qu’elle serait prête à s’en aller, mais qu’elle ne peut pas le faire puisqu’elle est catholique pratiquante. Vicki n’a plus rien à dire à son mari, mais il faut finir de rembourser la maison et éviter de se retrouver à la rue avec les enfants à charge. Il vaut donc mieux remplir ses obligations juridiques, quitte à refouler rage et ennui.

4.  L’incessante collusion entre tradition et modernité
Dans notre société post-moderne, les références culturelles sont plurielles. Certains ont une vision romantique du couple, issue de la lecture des classiques. D’autres nourrissent à son égard des préjugés qui datent des années soixante et soixante-dix, aux couleurs de la révolution sexuelle et du conflit des générations. Pour d’autres encore le couple est une association qui n’existe que pour satisfaire une volonté d’affirmation sociale. Enfin il y a ceux qui ne désirent que des histoires d’une nuit et, inversement, ceux qui espèrent que l’union couronnera le rêve de leur vie. Dans le foisonnement de ces attitudes, il est devenu impossible d’identifier la direction qu’emprunte la modernité : nous avons tous raison ou tous tort, selon les circonstances. Mais, quels qu’ils soient, ces modèles ont à se confronter au cadre d’une société de consommation qui accorde de moins en moins de place au privé et à la préoccupation morale. Le couple romantique n’existe donc que dans l’imagination. Dans la réalité il est écrasé par les impératifs du quotidien.

5.  Le passage d’une société rigide à une société flexible
On a pu calculer que nos enfants changeront au moins six fois de profession au cours de leur vie. Notre mobilité s’est considérablement accrue : nous sommes reliés au monde entier par les ordinateurs, et nos instruments de travail qui tiennent dans une valise nous permettent de nous déplacer de plus en plus facilement. Il n’est pas rare de changer

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