220
pages
Français
Ebooks
2019
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Ebook
2019
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Publié par
Date de parution
11 septembre 2019
Nombre de lectures
51
EAN13
9782414368617
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Écartelée entre une classe sociale majoritairement analphabète, une intelligentsia digitale éphémère, des faiblesses économiques patentes, un pouvoir d’achat très faible pour ne pas dire incapacitant, des priorités nationales qui sont tous situées à la base de la pyramide de Maslow, des tares historiques, sociologiques et anthropologiques qui font émerger un sentiment d’afrophobie du tout numérique, un cadre juridique pas très bien établi, un commerce électronique encore balbutiant, des déserts énergétiques et numériques presqu’universels, un cyberespace sous fortes menaces, des problèmes liés à la rustique infrastructure télécom et une babélisation rampante de la donnée qu’elle soit publique ou privée, l’Afrique peut-elle faire face aux enjeux mondiaux contemporains du numérique ?
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Date de parution
11 septembre 2019
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51
EAN13
9782414368617
Langue
Français
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Cet ouvrage a été composé par Edilivre
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Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
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Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
ISBN numérique : 978-2-414-36862-4
© Edilivre, 2019
Introduction
L’apparition de l’internet dans les années 70, suivi de sa démocratisation au début des années 90, a engendré de profondes mutations dans la société. Tous les secteurs d’activités économiques, sociaux, culturels, politiques pour ne citer que ceux-ci sont fondamentalement bouleversés par ce nouvel outil de communication. Les transactions qui se faisaient auparavant par échange de données informatisées (EDI) à vase clos dans des réseaux privés fermés B2B et B2C, se sont littéralement effondrées avec l’apparition du réseau ouvert et libre offert par l’internet. Il s’agit de nos jours d’une véritable révolution sociétale tout aussi importante que la révolution industrielle à laquelle l’on assiste et qui emmène de nombreux pays à revisiter le droit en la matière. Cette révolution numérique n’impacte pas que l’humain seul, elle modifie son interaction avec les objets et les interactions entre objets eux-mêmes. De l’internet des objets (Internet Of Things – IOT) au transhumanisme et passant par l’industrie 4.0, le Big Data et l’intelligence artificielle, tout porte à croire que nous allons léguer à nos enfants une nouvelle organisation sociale et politique en complète rupture avec l’histoire et sans aucune commune mesure. La société contemporaine est celle du tout numérique, du tout connecté et du tout partagé. Cette révolution numérique modifie profondément la manière même d’être de l’humain, car ses repères spatiaux temporels en sont littéralement reformatés et bouleversés. Dans cette nouvelle société du « real time », l’information va à une vitesse aussi vertigineuse qu’elle ne connait pas d’obstacle lié ni au temps, ni à l’espace géographique, ni aux frontières. A la mort d’Abraham LINCOLN le 15 avril 1865 à Washington, D.C., il a fallu 12 jours pour que la nouvelle de son assassinat parvienne à Londres, mais de nos jours, la mort de l’ancien président américain Georges H. W. BUSH le vendredi 30 novembre 2018 a été annoncée quelques instants seulement après son décès. Les journaux et surtout les réseaux sociaux ont immédiatement relayé l’information sur internet à travers le monde. Il est même apparu après son décès que plusieurs médias américains avaient déjà préparé sa nécrologie des mois voire même des années à l’avance, à cause de cette course effrénée à l’information temps réelle que nous offrent les nouvelles technologies de l’information et de la communication. On voit bien que d’Abraham LINCOLN à Georges H. W. Bush l’humanité a résolument pris un tournant décisif quant à la manière de gérer l’information. L’on ne peut plus parler dans ces conditions de « real time », car l’information est elle-même tellement devancée par les principaux acteurs qu’il conviendrait de parler plus de « before time information » en lieu et place du « real time information ». Devancer les évènements tel est aussi l’objectif de l’analyse prédictive utilisée dans plusieurs secteurs d’activités tels que la banque, l’assurance, la justice, la police, les télécommunications, le commerce de détail, l’industrie pharmaceutique, la santé, le tourisme, l’actuariat, etc. Désormais, toute information qui se veut universelle et efficiente doit passer par le moule du digital. Nombreuses sont aux Etats-Unis, en Europe et en Asie ces entreprises « Pure Players 1 » qui font 100 % de leurs chiffres d’affaires sur la toile. Maintenant, pratiquement toutes les organisations privées ou publiques ont « pignon sur web » et elles échangent et interagissent avec leurs clients, prospects et partenaires par le biais de l’internet dans le cadre du web 2.0. Elles utilisent également d’autres technologies, telles que les téléphones mobiles (SMS, MMS), smartphone (les « Apps » par exemple), les cartes à puces avec et sans contact. On constate, en outre, de nouveaux modèles de commercialisation qui apparaissent avec l’utilisation des réseaux sociaux 2 . C’est à tout un nouveau type de société que nous emmènent à flots de vagues ces nouveaux types de dématérialisation des échanges et des contacts. Dans la nouvelle société du numérique contemporaine, la dématérialisation des données, des documents et des échanges tient la haut du pavé. La dématérialisation touche dans les pays développés tous les domaines de la société, que ce soit dans les marchés publics, les élections, les contrats commerciaux et de consommation, dans les services fiscaux, douaniers, sociaux. C’est tout le modèle même de l’entreprise qui est repensé à l’aune du numérique. Le numérique touche toutes les dimensions de l’entreprise, au point que l’on assiste à l’avènement de l’entreprise numérique 3 . Cette tyrannie du zéro papier est depuis le début des années 2000 fortement ancrée dans la société occidentale et tend depuis peu à s’étendre au continent africain. Ce qui pousse à se poser la question pertinente des enjeux de cette dématérialisation sur ce continent.
Si à première vue la problématique de la dématérialisation sur le continent africain peut paraître très enchanteur vu que le terrain est sans aucun doute à l’étape de défrichage numérique, elle pourrait très bien se transformer en cauchemar dans le cas où les aventuriers du digital ne prennent pas garde de tous les contours qui entrent en jeux dans tout projet de dématérialisation. Ecartelée entre une classe sociale majoritairement analphabète et illettrée, une intelligentsia digitale éphémère, des faiblesses économiques patentes, un pouvoir d’achat très faible pour ne pas dire incapacitant, des priorités nationales qui sont tous situées à la base de la pyramide de Maslow, des tares historiques, sociologiques et anthropologiques qui font émerger un sentiment d’« afrophobie » du tout numérique, un cadre juridique pas très bien établi, un commerce électronique encore balbutiant, des déserts énergétiques et numériques presqu’universels, un cyberespace sous fortes menaces, des problèmes liés à la rustique infrastructure réseaux et télécom, une babélisation rampante de la donnée qu’elle soit publique ou privée, l’Afrique peut-elle faire face aux grands enjeux mondiaux contemporains du numérique ? La dématérialisation en Afrique, oui pourquoi pas mais pour quels consommateurs ? Dans ce contexte peut-on vraiment oser parler de projet de dématérialisation dans cette « junk IT » africaine, qui comme pour la « junk Food » est capable de créer du désordre et du déséquilibre chez ses consommateurs ? Où peut nous mener ce modèle ? Et quels défis attendent les nouveaux « Tintin au Congo » du numérique ? Ce livre tente de répondre à toutes ces questions à travers les cinq (05) piliers de la dématérialisation : juridique, technique, opérationnel, organisationnel et écologique.
1 . Désigne une entreprise qui exerce ses activités exclusivement sur l’Internet.
2 . Eric A. CAPRIOLI, Signature électronique et dématérialisation , 2014, p. 2.
3 . B. Ménard , L’entreprise numérique, Quelles stratégies pour 2015 ?, 2010.
1 Environnement socio-économique et historique
Depuis le siècle passé, le continent africain a été marqué par de nombreux bouleversements politiques et socio-économiques qui ont suivi les périodes de son indépendance. A peine a-t-elle eu le temps de s’adapter à ces changements exogènes que de nouveaux défis liés à l’assimilation des nouvelles technologies de l’information et de la communication se présentent à elle. L’Afrique a été pendant des siècles dépourvue d’écriture largement rependue. Sa civilisation considérée pendant longtemps comme celle des barbares est de nos jours envahie par les outils des technologies de l’information et de la communication. Parmi ces nouveaux horizons qui s’offrent à l’Afrique, celui de la dématérialisation est l’un des plus emblématiques. Les questions que peut se poser alors tout esprit bien averti sont celles-ci : L’Afrique est-elle préparée à adopter ces nouvelles technologies dont la dématérialisation des processus est l’un des plus grands emblèmes ? A quoi peut bien ressembler la dématérialisation chez les « barbares » ? Verront-ils le mal dans cette nouvelle civilisation du digital qui s’impose à eux de nos jours et dans les décennies à venir ? Cet ennemi appelé dématérialisation ne leur veut-il pas que du bien ?
1.1. L’arrière-plan de la tradition orale
La mémoire africaine a depuis l’antiquité été basée sur un ensemble de données essentielles codifiées principalement sous la forme orale. Cette tradition orale qui se diffusait aux générations présentes et futures a toujours été de tout temps au cœur du dispositif social, économique, administratif et politique des pays africains. La gestion de l’information et l’acquisition des connaissances, leur conservation, leur diffusion et leur partage se sont toujours réalisés par le biais de la tradition orale tant dans l’Afrique coloniale que dans l’Afrique précoloniale et postcoloniale. Malgré les changements de la culture écrite introduits par la colonisation, la culture orale tient encore le haut du pavé dans les gènes du citoyen africain. Il est encore fréquent de rencontrer de nos jours des hommes d’affaires et commerçants africains illettrés brassant des dizaines voire des centaines de millions prêtant de l’argent ou des marchandises à de nombreuses personnes, faisant des traites et des opérations avec les banques en gardant en tête la comptabilité précise des tous ces flux financiers et mouvements de marchandises, sans la moindre note écrite. L’oralité est le socle même de l’histoire africaine ; Amadou Hampâté Bâ disait à ce propos que : « La tradition orale est au cœur de l’histoire de l’Afrique, de l’héritag