Redécouvrir les physiocrates : Plaidoyer pour une économie intégrant l impératif écologique
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Description

La défense de l’impératif écologique passe-t-elle par la mise à bas du capitalisme ? Non, répond Jean-Marc Daniel, plaidant ici pour une troisième voie entre la destruction progressive et irrémédiable de la nature et celle, tout aussi irrémédiable, de la liberté, notamment celle d’entreprendre. Cette troisième voie, il en trouve les prémices au XVIIIe siècle, chez les physiocrates : de François Quesnay à Pierre Samuel Dupont de Nemours, ces penseurs ont mis au centre de leur réflexion les rapports de l’homme à la nature, donnant naissance à la science économique. Explorant cet héritage intellectuel, Jean-Marc Daniel en souligne la modernité : valorisation du travail contre le mercantilisme et valorisation du soleil comme source d’énergie. Et nous incite à revenir au « bon sens » qui impose de ne pas sacrifier la croissance, de faire respecter la concurrence pour obliger les entreprises à être vertueuses, de revenir à la taxe carbone, pour accélérer la transition énergétique. Dénonçant les « pagano-gauchistes » et une écologie jugée punitive, il nous propose une nouvelle écologie libérale. Jean-Marc Daniel est professeur émérite à l’ESCP Business School. Spécialiste de l’histoire de la pensée économique et des politiques économiques, il est chroniqueur aux Échos et sur la matinale de BFM. Il est l’auteur aux éditions Odile Jacob de L’État de connivence (2014), de 8 leçons d’histoire économique (2015) et de 3 controverses de la pensée économique (2016). 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 octobre 2022
Nombre de lectures 6
EAN13 9782415003159
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, OCTOBRE  2022
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-4150-0315-9
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Introduction
Pour une écologie libérale

La disparition de l’URSS au début des années 1990 a porté un coup sévère à la contestation systématique et radicale du système capitaliste d’économie libérale ; à tel point que la Chine, qui garde à sa tête un parti communiste se réclamant toujours de Marx et d’Engels et dont les congrès se déroulent sous des portraits de Lénine et de Staline, parle d’« économie socialiste de marché ».
Pourtant, cette contestation n’a pas entièrement disparu. Elle s’est simplement déplacée vers d’autres champs que la dénonciation de l’exploitation de l’homme par l’homme et de l’aliénation du travail des salariés par les capitalistes. Ainsi, dans un article publié le 15 janvier 2022, le quotidien Le Monde 1 identifiait trois domaines vers lesquels s’est portée la volonté d’abattre la société libérale contemporaine, volonté qui aurait suscité selon l’auteur de l’article l’émergence d’un renouvellement de la pensée réactionnaire. Ces trois domaines sont l’écologie, les luttes féministes et le combat qualifié de postcolonial.
Il ne nous appartient pas de nous prononcer sur la légitimité de cette révision par les ennemis du libéralisme et des arguments qu’ils mettent en avant pour clamer que notre société est à la fois socialement injuste, économiquement précaire et donc politiquement violente et conflictuelle. Nous sommes simplement obligés de constater ces « habits neufs » de l’anticapitalisme et de chercher à y répondre.
Le but de ce livre est dès lors de montrer qu’une écologie libérale est possible si bien que nous n’avons pas à choisir entre la destruction progressive et irrémédiable de notre environnement naturel et la destruction tout aussi irrémédiable de la liberté, notamment d’entreprendre. Une des forces de notre démonstration tient à ce qu’elle peut s’appuyer sur des réflexions anciennes qui ne se nourrissent pas d’effet de mode. En effet, dès l’origine de la formulation d’une pensée économique solide et scientifique, à savoir dès le XVIII e  siècle, les économistes qui s’imposèrent ont développé une pensée mettant en avant les mérites de la nature et faisant de la concurrence l’outil privilégié de l’action économique.
En outre, cette démonstration est d’autant plus nécessaire que le positionnement sur l’échiquier politique des mouvements qui se disent écologistes est sans nuances. Il est de plus en plus proche de celui des partis de la gauche traditionnelle issue des combats politiques du XX e  siècle. Les mouvements écologistes ayant pignon sur rue reprennent en général quasiment à l’identique les critiques du capitalisme et de l’économie de marché qui constituaient le fondement des idées marxistes et nourrissaient l’action des divers partis se réclamant du socialisme. C’est pourquoi, nous nous permettrons dans la suite de cet ouvrage d’utiliser pour les désigner le terme « pagano-gauchistes ».
Ce qualificatif résume leur démarche qui associe une déification plus ou moins sincère de la nature à la volonté de redonner consistance et légitimité à des propositions de suppression de la société libérale de marché. Or ces propositions viennent en droite ligne de celles qui fondaient le discours des organisations gauchistes des années 1960 et 1970. Cependant, au slogan courant du gauchisme qui affirmait « nos vies valent plus que leurs profits » s’est substitué un autre slogan, « la nature vaut mieux que leurs profits », ce nouveau slogan ignorant d’ailleurs assez bizarrement l’homme.
En pratique, les « pagano-gauchistes » soutiennent des thèses visant à culpabiliser les gouvernements et les régimes en place. Ils affirment que la survie même de l’humanité exige une rupture radicale avec les modes de vie de la population et d’organisation de la production. Le symbole le plus marquant de leur virulence et de la façon dont ils tendent à occuper le terrain pour y diffuser un message catastrophiste reste probablement la saga de l’adolescente suédoise Greta Thunberg. Elle est devenue une icône pour un certain monde médiatico-intellectuel en 2018, paradoxalement pour avoir organisé une « grève scolaire », c’est-à-dire un refus de se rendre à l’école, alors que celle-ci représente normalement pour tous les défenseurs du progrès un des moyens privilégiés d’améliorer le destin de tout un chacun. Devenue célèbre, elle a été appelée à prendre la parole lors de la COP24 2 en décembre 2018, bien qu’elle n’ait eu à l’époque que 15 ans. Elle a déclaré à cette occasion : « Notre biosphère est sacrifiée pour que les riches des pays comme le mien puissent vivre dans le luxe. Ce sont les souffrances du plus grand nombre qui paient pour le luxe du plus petit nombre. Et si les solutions au sein du système sont impossibles à trouver, nous devrions peut-être changer le système lui-même. »
Voilà un propos clair qui rend le « système », c’est-à-dire la société de marché dans laquelle l’essentiel de l’humanité évolue désormais – après avoir subi pour une part non négligeable de celle-ci les errements et les absurdités criminelles du communisme –, responsable, pour ne pas dire coupable, de la destruction de la biosphère, c’est-à-dire de la composante vivante de la nature.
Une des caractéristiques du message pagano-gauchiste est non seulement d’utiliser des discours apocalyptiques pour décrire notre société présente, mais encore de défendre comme solution aux problèmes de l’environnement l’avènement, en lieu et place du capitalisme, d’une société frugale et égalitaire reposant sur de multiples contraintes et sur la restriction des libertés et des possibilités de production.
On peut donc légitimement parler d’une « écologie punitive » qui n’est pas sans rappeler les appels à la souffrance que mettaient jadis en avant les religieux les plus extrémistes. L’ oportet pati des stoïciens de l’Antiquité a des émules pagano-gauchistes… C’est ainsi que la Canadienne Naomi Klein, qui a adopté successivement toutes les obsessions anticapitalistes, se positionne désormais comme une militante écologiste radicale. Une de ses propositions phares est de revenir au niveau de consommation et donc de revenu des années 1970. Prenons le cas de la France pour en illustrer les conséquences concrètes. Le revenu par habitant y était en 2019 de 42 000 dollars. En 1970, en dollars d’aujourd’hui, il n’était que de 21 250 dollars. Autrement dit, Naomi Klein envisage une division par deux du pouvoir d’achat. Elle complète en précisant que cette baisse serait une baisse moyenne ; pour garder une référence à son activisme d’extrême gauche de naguère, elle milite pour une réduction encore plus sensible pour les riches, sans que ceux-ci soient d’ailleurs précisément définis.
D’une façon générale, on peut considérer que la violence des propositions de l’écologisme radical conduirait si elles étaient appliquées à un désastre économique et humain, à l’instar du désastre que fut la tentative soviétique de créer une société socialiste se voulant plus juste que la société capitaliste.
Surtout, écarter par systématisme intellectuel l’idée selon laquelle des outils existent et peuvent être utilisés pour résoudre les problèmes écologiques dans le cadre d’une société restée libérale sur le plan économique et politique mène à une impasse.
Car, de même que la société capitaliste de marché a non seulement survécu à tous ses fossoyeurs autoproclamés se réclamant peu ou prou du communisme, mais a également apporté une amélioration objective des conditions de vie de l’ensemble de la population mondiale, de même il existe une réponse libérale aux problèmes que soulèvent les écologistes. De même que, en son temps, Valéry Giscard d’Estaing a pu, lors du débat pour l’élection présidentielle de 1974, rétorquer à François Mitterrand se présentant comme le porte-parole de la gauche de l’époque qu’il n’avait pas le « monopole du cœur », les partis politiques, y compris de droite, sont en droit d’affirmer que les anticapitalistes n’ont pas le monopole du respect de l’environnement.
Dans un livre consacré au capitalisme et paru dans la collection « Que sais-je 3  » en 1948, l’économiste François Perroux (1903-1987), qui fut professeur d’économie au Collège de France, écrivait : « Les déclarations politiciennes n’y peuvent rien changer : la prospérité, condition de la dignité, dépend, pour les hommes du XX e  siècle, d’un capitalisme qui “tourne bien”. »
Il en va de même pour les hommes du XXI e  siècle. Ils ont tout à gagner au maintien du capitalisme, mais d’un « capitalisme qui tourne bien ». Et un « capitalisme qui tourne bien » est un capitalisme qui intègre dans ses priorités les enjeux environnementaux.
L’affirmation de la possibilité et donc de la nécessité d’une écologie libérale peut non seulement s’appuyer sur les travaux récents de plusieurs économistes, mais également se référer aux réflexions et débats qui ont vu le jour au XVIII e  siècle autour de l’articulation entre la nature et la capacité de l’homme de la valoriser par son travail. Ces réflexions et ces débats nous fournissent encore aujourd’hui divers éléments de réponses aux problèmes de préservation de la nature, réponses qui ne passent ni par la résignation face à un avenir

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