Monnaie et capital : la nouvelle économie patrimoniale
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Description

Notre système économique est caractérisé par une instabilité financière redoutable : les bulles se succèdent, défiant par leur durée les lois de la finance. Leur éclatement inévitable provoque des crises de plus en plus menaçantes pour la survie du capitalisme. La solution proposée par les banques centrales paraît tout aussi explosive. Par le biais d’une politique monétaire quantitative, elles alimentent les bulles, financent des relances budgétaires gigantesques et l’explosion des dettes publiques, à des taux toujours très bas, voire négatifs. Laurent Berrebi dénonce dans ce livre des politiques aussi dangereuses qu’injustes qui creusent les inégalités patrimoniales, appauvrissent la classe moyenne et fracturent toujours davantage les sociétés. Soulignant ce « paradoxe de la pauvreté dans l’abondance », il propose un nouveau modèle théorique afin d’appréhender dans sa réalité cette économie dite patrimoniale. Il explicite comment cette vision du fonctionnement patrimonial de nos économies pourra offrir des solutions concrètes de régulation à un capitalisme qui n’a plus de libéral que le nom. Fort d’une expérience d’économiste de près de trente ans dans les sphères bancaire et financière, Laurent Berrebi a été directeur des études économiques chez Groupama Asset Management avant de fonder sa propre structure de conseil en macroéconomie financière. Il est le coauteur, avec Michel Aglietta, de Désordres dans le capitalisme mondial (Odile Jacob, 2007). 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 novembre 2021
Nombre de lectures 5
EAN13 9782738157812
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , NOVEMBRE  2021 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5781-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Composition numérique réalisée par Facompo
À mon père Hector Haï, À ma mère Jacqueline Rivka.
Introduction

Un monde détonant
Le monde économique montre depuis la fin du siècle dernier des traits détonants qui ne se sont jamais démentis et qui se sont même affirmés. La crise provoquée par la pandémie n’a fait que les renforcer.
L’instabilité endémique inflationniste antérieure de nos systèmes a laissé place à une instabilité financière « non inflationniste » bien plus redoutable. Par rapport aux décennies précédentes, les bulles se succèdent de façon totalement « atypique », défiant, par leur durée de plusieurs années, les lois et la rationalité de l’économie classique et de la finance. Leur éclatement inévitable provoque des crises, qui se montrent de plus en plus menaçantes pour la survie du capitalisme.
La solution proposée par les autorités pour y faire face apparaît tout aussi surprenante et explosive. Tant qu’il n’y a pas d’inflation, les banques centrales alimentent le système de manière infinie en nouvelle monnaie. Tant qu’il n’y a pas d’inflation, on peut continuer à pratiquer cette politique monétaire quantitative : tel est le credo actuel des banques centrales. Où est donc passé le monétarisme qui guidait auparavant l’action des banques centrales et selon lequel l’abondance de monnaie était l’ennemi numéro un de nos économies ?
Par le biais d’une politique monétaire quantitative, les banques centrales peuvent dès lors financer des relances budgétaires gigantesques à des taux toujours très bas voire négatifs comme en zone euro. Portée par les banques centrales, l’explosion des dettes publiques n’est alors plus perçue comme un problème puisqu’elle est.
Pour autant, l’achat de titres de dette publique à des niveaux de taux « contraints » inférieurs au coût de l’épargne est-il réellement créateur de richesse ? Est-ce un hasard si la croissance mondiale de long terme s’est affaiblie sensiblement depuis la crise de 2007-2012 parallèlement à l’explosion de la dette publique dans les pays avancés comme dans les pays émergents ? La création de richesse par la sphère réelle n’est-elle pas inévitablement affectée par un niveau très élevé de dette publique ? Le Japon n’en est-il pas un exemple ?
Pire. Les banques centrales semblent ignorer les conséquences de leurs politiques monétaires quantitatives sur le gonflement durable des bulles sur les actifs. Comme si les bulles n’étaient pas un sujet, comme si les bulles ne généraient pas d’instabilité au sein de la communauté, comme si les bulles n’engendraient pas de désordres d’autant plus importants qu’elles sont durables, comme si les bulles allaient être régulées par notre système économique libéral qui ramènerait in fine le prix des actifs à leur « juste » niveau quand la monnaie injectée durant la crise se serait réorientée vers l’investissement et la sphère réelle. Mais, quelle théorie économique justifie cette approche ? Depuis quand les bulles sont-elles un bien pour la collectivité et annonciatrices de stabilité ? Depuis quand alimenter le système de manière infinie en monnaie est « bon » pour la création de richesse « réelle » et la stabilité de notre système économique ? Quelle théorie monétaire le justifie ? Notre réponse est franche : il n’y en a aucune et il n’y en aura aucune.
D’ailleurs, ces politiques monétaires ne font qu’aggraver le délitement de la communauté. Les injections de liquidité quantitatives, qui ne passent pas par le biais des crédits des banques, creusent les inégalités. Elles bénéficient en effet à ceux qui ont un patrimoine, et surtout aux détenteurs de hauts patrimoines. Les salariés de la classe moyenne n’en voient que des effets limités. Tous ceux qui ne possèdent toujours pas leur résidence principale sont même toujours plus pénalisés par les bulles immobilières.
Les politiques monétaires actuelles ne font qu’aggraver ce « paradoxe de la pauvreté dans l’abondance », qui a commencé à prendre une tournure exceptionnelle il y a maintenant deux décennies. À la suite de la révolution des nouvelles technologies de l’information, suite à l’ouverture du commerce mondial sur des énormes pays qui en étaient jusqu’alors exclus comme les pays d’Europe de l’Est et les grands émergents nommés BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), l’économie et le monde ne se sont jamais autant enrichis : indubitablement, la production industrielle mondiale tout comme l’activité mondiale globale ont connu une expansion extraordinaire. Néanmoins, parallèlement, cette richesse extraordinaire s’est accompagnée d’une dégradation flagrante et incessante des conditions de vie et de travail de la classe moyenne, de moins en moins supportable, particulièrement dans les pays développés. Une part grandissante des salariés vivent de plus en plus mal cette période : la comparaison de leur situation à celle de ceux qui voient leur patrimoine grossir ne fait que renforcer leur rancœur grandissante vis-à-vis d’un système de plus en plus injuste qui ne semble qu’enrichir les plus riches.
À côté des laissés-pour-compte de cette relance monétaire « patrimoniale », qui, tout en cherchant à éviter les crises, continue à détruire la cohésion au sein de la communauté, il y a tous ceux, de plus en plus nombreux, qui ne croient plus au « libéralisme tel qu’il est présenté », y compris parmi les plus instruits, appelés à mauvais escient les « élites ».
La « finance-casino », encouragée par la politique monétaire des banques centrales, ôte tout sens au modèle libéral. Quelle est la signification de valorisations aussi élevées, en totale déconnexion avec les fondamentaux ? Quelle est la justification des prix immobiliers actuels, qui écartent la classe moyenne de la primo-accession, même avec des taux aussi bas ? Quelle est la signification d’un Bitcoin à plus de 60 000 dollars ? Quelle est la justification de ratios de valorisation historiquement élevés sur les marchés actions, en particulier aux États-Unis où ils sont bien supérieurs à ceux atteints à la veille du krach de 1929 ? Il n’y en a aucune y compris dans le « grand livre du libéralisme » et encore moins dans le « grand livre de la finance », puisque la finance est fondée sur la rationalité et le retour des prix des actifs à leur « niveau fondamental ».
L’instabilité croissante de notre système économique va même bien plus loin. La monétarisation opérée directement par les injections de liquidités patrimoniales par les banques centrales est en train d’en disloquer tous les organes vitaux. Ne conduit-elle pas paradoxalement à l’atrophie des banques commerciales ? Comment en effet assurer un métier de générateur de crédits, quand les taux sont aussi bas voire négatifs en Europe, qui suit la voie empruntée par le Japon ? Les banques commerciales, indispensables au fonctionnement normal de nos systèmes économiques, ne sont-elles pas en train de disparaître à cause de la politique monétaire actuelle ? Quant aux particuliers, qui ont besoin d’épargner, ne s’appauvrissent-ils pas en étant contraints de placer leur épargne sur des titres dont les niveaux de rémunération sont inférieurs au coût de leur épargne ?
Face à un système devenu si inéquitable et perdant totalement son sens et ses valeurs, face à l’affaiblissement de la croissance, les communautés nationales voire mondiales ne pourront que s’en désolidariser. Les désordres sociaux s’accentueront et le risque de ruptures politiques s’accroîtra inévitablement. Une partie croissante des membres de ces différentes communautés vont se polariser de manière «  totalement rationnelle  » vers les « extrêmes politiques » qui remettent en cause le système économique « libéral », qui ne fonctionne plus. Le risque de la montée au pouvoir de partis antisystème ne cessera de se renforcer : des surprises électorales dans les grands pays, des « ruptures » politiques et sociales au sein de leurs populations qui ne se reconnaissent plus dans un système devenu ingrat, injuste et inéquitable à leurs yeux, deviennent de plus en plus probables, voire inéluctables à mesure que ce monde s’accentue et dure.

Une fuite en avant des autorités à la hauteur du désarroi des économistes
D’un côté, les salariés de la classe moyenne perçoivent que le système leur en demande toujours plus tout en les rémunérant toujours moins. De l’autre – les autorités –, engagés dans une véritable fuite en avant qui n’empêche pas pour autant le système de dériver et qui n’a de ce fait aucune issue heureuse perceptible, sont en train de renier leurs principes libéraux. En ne cessant de creuser leurs déficits, les États vont à l’encontre de leur doctrine libérale qui demande une maîtrise de l’endettement public. En inondant le marché de nouvelle monnaie, les banques centrales, quant à elles, renient leur philosophie monétariste, qui avait assis l’objectivité de leur politique monétaire pendant des décennies. Les libéraux sont perdus : comment contrer l’opposition croissante des peuples à un système qui ne ressemble plus au libéralisme ? Comment continuer à défendre le libéralisme quand les autorités nous offrent un ersatz de libéralisme ?
Ce tohu-bohu économique, financier, social et politique est à l’image du désarroi actuel des économistes. La théorie (né

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