La Peur  économique des Français
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Description

La France va économiquement mieux, mieux que l’Allemagne ou l’Italie, mais moins bien que les États-Unis. Elle a eu peur de rater cette reprise, elle s’inquiète qu’elle s’achève bientôt, elle craint qu’elle ne soit trop faible. Notre pays se met en position pour changer, mais à regret et avec peine, qu’il s’agisse de retraite, de santé, de recherche ou de secteur public. Le pays de la Révolution n’aime pas la réforme. C’est tout ou rien. Va donc pour rien ! Et si, au lieu de dire que rien ne peut changer, que tout va de mal en pis, nous regardions ce qui se passe vraiment chez nous ? Et qui n’est pas si mal, grâce à nos jeunes, nos entreprises, nos cadres, nos chercheurs, nos patrons, nos ouvriers et tous les autres. Et si nous regardions nos succès, que nous rendons plus durs à obtenir, et nos capacités qui piaffent ? Et si nous allions de l’avant ? Car, nous le savons, il y a des solutions, rapidement bénéfiques pour tous. Et si nous avancions, pour faire reculer la peur ?Professeur à l’université Paris-I-Panthéon-Assas, Jean-Paul Betbèze est le conseiller du président et du directeur général d’une grande banque française et internationale. Membre du Conseil d’analyse économique auprès du Premier ministre, il collabore à plusieurs revues et journaux dont Le Monde de l’économie. Il a notamment publié Les Dix Commandements de la finance.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2004
Nombre de lectures 3
EAN13 9782738173287
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JEAN-PAUL BETBÈZE
LA PEUR ÉCONOMIQUE DES FRANÇAIS
Soigner la France écophobe
© O DILE J ACOB, SEPTEMBRE 2004
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
ISBN : 978-2-7381-7328-7
www.odilejacob.fr
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2° et 3° a, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
« Notre peuple mérite qu’on se fie à lui et qu’on le mette dans la confidence. »
Marc B LOCH .
Introduction
Serions-nous donc malades ?

Quelque part en France, début 2004
culture française en déroute (un collectif d’intermittents du spectacle) – stop – guerre contre l’intelligence déclarée (un collectif pour la recherche) – stop – liberté en danger (un collectif contre la loi Perben sur les associations de malfaiteurs) – stop – État français démembré (un collectif contre la régionalisation) – stop – salariés du public toujours plus pessimistes (un collectif pour la défense du service public français) – stop – France en déclin (un collectif contre la dérive européenne) – stop – France à vendre (un collectif contre la marchandisation) – stop – France…
[La fin du texte ne nous est pas parvenue.]
 
 
Combien de messages de ce genre recevons-nous chaque jour ! Au point que rester debout, et en vie, devient en France un vrai miracle. Plus rien ne va. Plus rien ne marche. Tout s’enfonce sous nos pas. Le monde entier nous en veut. Nos valeurs n’en sont plus. Nos anciens et fidèles repaires nous égarent. Qui croire ? Que croire ? Restons chez nous. Défendons-nous, en vendant chèrement nos avantages acquis, nos lois face à Bruxelles, nos usines face aux autres, nos règles et organisations qui n’ont guère que cinquante ans. Battons en retraite, en attendant la nôtre.
Voilà les symptômes de notre écophobie, de notre idée, de notre rêve (auquel nous croyons de moins en moins) que l’on peut faire l’économie de l’économie pour se sortir d’affaire. Ne pas vouloir savoir ce qui se passe dans les échanges ou dans les concurrences intellectuelles et réelles, dans les stratégies privées et publiques, pour ne pas avoir à changer. Pour la France, c’est croire qu’il suffit qu’elle évoque et invoque ce qu’elle a fait et apporté au monde, dans le passé, pour que les fils et petits-fils de ce même monde lui permettent, aujourd’hui et demain, de persister dans son être ! En preuve de reconnaissance. Mais c’est également, car on ne sait jamais, chercher à affaiblir ceux qui, chez elle, veulent changer dans les domaines économique et politique, toujours pour jouer les prolongations.
Bien plus, la France a peur de l’économie en général, de la sienne en particulier. Elle vient de vivre l’euphorie qui lui venait des États-Unis et de la « nouvelle économie », sans avoir su en profiter. Elle découvre aujourd’hui sa population qui vieillit, et qui n’entend pas revoir des modes de travail et de salaire qui viennent d’un autre temps. Elle se trouve dans une Europe qui, certes, la protège de chocs extérieurs, notamment de change, mais qui la force aussi à faire des efforts de modernisation et de réorganisation, en fonction de règles précises et publiques, toutes choses qu’elle aime peu, mais qu’elle a pourtant signées. Coincée, elle ne sait pas bien comment agir et réagir.
Mais elle devrait savoir que son cas n’est pas isolé. Partout, les pouvoirs uniques ou les hiérarchies simples ont disparu. Les projets internationaux mobilisent de plus en plus d’acteurs, des 5 du G5 à des dizaines pour le commerce international ou les problèmes d’environnement. Tout est devenu pluriel, complexe, mêlé, interdépendant. Le fameux axe franco-allemand a perdu de son tonus, et l’argument historique des « pères fondateurs » de l’Europe, de son autorité. Ceci ne veut pas dire que l’un et l’autre ont disparu, mais que l’histoire a avancé, notamment grâce aux succès de cet axe, et de cet argument même ! Dans ce contexte, le poids de chacun joue encore. Évidemment, la question : « Combien de PIB ? » a toujours un sens, mais aussi, et de plus en plus, celle des alliances que l’on peut nouer, pour peser dans les grands débats. Chaque pays se définit toujours par ce qu’il fait, comment et avec qui, par ses réalisations, ses projets, succès et insuccès, mais au moins autant par les réseaux qu’il crée, par les positionnements qu’il occupe, par les stratégies qu’il développe. Il faut être fort, bien sûr, et bien placé, au moins autant.
Dans ce nouveau contexte, le jeu privilégié des Français, la politique des alliances locales et des « petites phrases » nationales, celui des « microvisions », est peut-être en train de perdre de sa saveur, en tout cas commence à devenir dangereux. Et la France le sent. Son second jeu favori, l’affaiblissement des responsables qui veulent la changer, dès lors qu’ils ont été élus, à la période de grâce près, est en train de prendre un goût amer. Car s’amuser à chercher les limites et les effets pervers, les bénéficiaires et les perdants de toute mesure, comme si une mesure ne devait avoir que des gagnants, en tout cas immédiats, c’est faire l’apologie du conservatisme, c’est-à-dire renforcer les gagnants actuels. Or tout le monde se rend bien compte du fait que ces gagnants actuels eux-mêmes ne peuvent plus l’être sans changer, s’ils entendent continuer à gagner, tant la structure économique actuelle s’essouffle. Et tout le monde se met à reconnaître, aussi, que nombre de ces mêmes gagnants ne tiennent pas leurs avantages de leur goût du risque ou de leurs efforts, mais bien souvent de positions qu’ils ont su prendre, créer, ou conserver, dans les méandres d’organisations publiques ou parapubliques. Les Français savent que les entreprises ne sont pas parfaites, ni les marchés sans défaut : dès l’enseignement secondaire, le message passe ! Mais ils ne savent pas assez que les systèmes hors marché peuvent, eux aussi, abriter des effets pervers, des lacunes, et donner naissance à des rentes de situation et d’information. L’entreprise est imparfaite, l’État n’est pas sans défaut.
Ce changement de situation et de perception est très important pour la France. Un pays qui se définit beaucoup par ce qu’il a fait, par ses apports à l’histoire du monde, plus philosophiques et artistiques que matériels d’ailleurs, du moins à ses yeux, et qui voit avec inquiétude son poids relatif diminuer. Certes, le français est concurrencé, certes, les idées des Français le sont aussi, en mathématiques, philosophie, littérature, comme pour les automobiles ou pour le vin… Mais on ne peut imaginer l’inverse, du fait même de la diffusion du savoir, de la croissance des populations, de l’extension des richesses, et du succès des idées démocratiques. Réussir, c’est se préparer à partager ! Cet étrange existentialisme français (« mon existence passée détermine mon essence ») doit donc être relativisé. La France doit se rendre compte de ce qu’elle est et peut faire, elle-même et avec les autres. Elle doit entrer en examen de conscience, estimer ses forces et ses faiblesses, se mettre à changer pour se prolonger, pour se renforcer, avec les autres. Nous entrons, en réalité, dans une grande période de changement. Ce n’est plus celle où se battent des théories achevées, des systèmes. C’est celle où se fabriquent de nouvelles visions. Le paradoxal, c’est que le jeu actuel étant devenu autrement plus complexe devrait intéresser les Français qui se disent tant épris d’abstraction et de calcul. Mais rien ne vient encore… Nous sommes au creux d’un entre-deux-guerres des idées, nous comprenons que les visions anciennes ne marchent plus, mais nous nous inquiétons de notre capacité à fabriquer les futures.
Voilà pourquoi notre confiance dans le futur décline tant. 35 % des Français pensent que « nous évoluons vers une société plus humaine » contre 58 % qui disent : « Le monde va à la catastrophe, il y aura des bouleversements majeurs dans les dix ou vingt prochaines années. » Ce chiffre de 35 % est le plus bas depuis que cette enquête est faite par l’observatoire 3SC de Sociovision Cofremca.
Voilà peut-être pourquoi nos chers compatriotes orientent tant leurs efforts vers le rêve ? Aimant moins le monde tel qu’il devient, ils le pensent tel qu’il devrait être… selon eux. Inquiétés par la progression de ce jardin toujours plus anglais, incertain et changeant, où la nature (capitaliste) a toujours plus ses droits, ils s’épuisent à en dessiner d’autres, à la française bien sûr, emplis de règles et de normes, avec les structures correspondantes. Mais ce combat est perdu. Surtout, cette vision des deux jardins est aussi fausse (les différences ne sont pas telles, le « jardin anglais » change) qu’épuisante : ne peut-on rien prendre, adopter, greffer ? D’où notre présente rancœur, qui admet à demi la réforme des retraites, ou sympathise avec les intermittents du spectacle. Et qui s’apprête à défendre, pied à pied, ce qu’elle nomme « la santé », « le secteur public », « l’école », tels qu’ils sont… dans notre imaginaire, en nous disant qu’il serait bon, tout de même, de rendre ceci plus efficace, avec plus de concurrence et baisse d’impôts à la clef ! Qui donc a dit que le bon sens était la chose du monde la mieux partagée ?
Nous entrons à regret dans le changement, en exploitant d’abord, comme on dit, « tous les moyens de droit », sinon pour l’empêcher, au moins pour penser le gérer. Un peu comme une intervention de chirurgie qui se discuterait avec le docteur, ou des soins intensifs

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