La France avantagée
145 pages
Français

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Description

La France possède un formidable capital territorial : une géographie physique attrayante, mais aussi un équilibre régional remarquable dont peu de pays de taille comparable peuvent se targuer. En trente ans, la célèbre formule « Paris et le désert français » est devenue désuète : les forces centripètes qui faisaient de la capitale un ogre économique sont désormais compensées par des dynamiques centrifuges. Quels sont les facteurs qui ont permis aux territoires de l’ancien « désert » d’affirmer ainsi leur place ? En quoi ce nouvel équilibre est-il un atout majeur pour la France ? Et que faire aussi pour protéger ce capital territorial, mieux, pour qu’il devienne une ressource susceptible d’en attirer de nouvelles ? Mario Polèse est professeur en économie urbaine et régionale à l’Institut national de recherche scientifique à Montréal et titulaire de la chaire de recherche du Canada en études urbaines et régionales. Richard Shearmur est professeur de géographie à la School of Urban Planning de l’Université McGill à Montréal. Laurent Terral est chercheur à l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux, et rattaché au laboratoire « Ville, Mobilité, Transport » de l’université Paris-Est. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 février 2014
Nombre de lectures 5
EAN13 9782738172310
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Odile Jacob, février 2014 15, rue Soufflot, 75005 Paris
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7231-0
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
S OMMAIRE
Couverture
Titre
Copyright
Les Français et la géographie de la France
Première partie - La France face aux nouvelles dynamiques économiques et géographiques
Chapitre 1 - La géographie des sociétés postindustrielles
La nouvelle économie tertiaire
Et la mondialisation dans tout ça ?
L’inévitable concentration urbaine des services supérieurs
Le retour des places centrales
Les nouveaux foyers d’innovation et de haute technologie
La difficile reconversion des vieilles villes industrielles
Un schéma simple
Chapitre 2 - La croissance des régions
L’évolution des inégalités régionales
Un développement unidirectionnel ou multidirectionnel ?
Chapitre 3 - La chance de la France
Le capital territorial français
La normalisation de Paris
Le réveil du « désert »
Deuxième partie - La nouvelle croissance régionale en France
Chapitre 1 - La géographie de la croissance d’emploi en France
La redistribution des activités économiques
La crise de 2008-2009
Chapitre 2 - Les tendances et les dynamiques de croissance d’emploi sur le long terme
Qu’est-ce qu’une région économique ?
L’effet métropolitain
Le rôle de la structure
L’effet du littoral, du soleil et des autres aménités
La question de l’accessibilité aux marchés intérieurs et extérieurs
Et les attributs propres aux régions ?
L’innovation
Quels facteurs de croissance dominent ?
Une décentralisation réussie ?
Troisième partie - Les originalités de la croissance des territoires français
Chapitre 1 - Paris et la fin du désert français
Le volontarisme politique à la rescousse de la croissance régionale
Des populations pressées de quitter la métropole parisienne
Chapitre 2 - Paris et les métropoles régionales dans la nouvelle économie
Paris sans l’industrie
L’entrée des métropoles régionales dans la nouvelle économie
La convergence des profils métropolitains… et ses limites
Demain, quelles métropoles ?
Chapitre 3 - Les spécificités du rééquilibrage français - Économie résidentielle et secteurs publics
L’impact de l’activité résidentielle et présentielle
L’attractivité des territoires
La France et son capital territorial
Notes
Bibliographie
Remerciements
EN GUISE D’INTRODUCTION
Les Français et la géographie de la France

« La nature propose, l’homme dispose » ; cette formule consacrée par Vidal de La Blache, géographe français, résume dans une certaine mesure l’argument central de ce livre, à ceci près que la nature elle-même, c’est-à-dire les caractéristiques géographiques dans lesquelles se déploient les activités économiques, n’a plus grand-chose de naturel. Le devenir économique des territoires français se joue principalement dans ses villes, ses métropoles pour être encore plus précis, et le sens que prend cette formule aujourd’hui n’est évidemment plus le même qu’il y a un siècle. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille la ranger au rayon des choses du passé, car cela conduirait à faire abstraction d’une évidence pour certains, d’un caractère très singulier pour d’autres : la France n’a pas une géographie ordinaire ! Ce constat n’est d’ailleurs pas sans rappeler une anecdote que d’autres, sans doute jaloux, qui n’ont pas la chance d’habiter l’Hexagone, aiment bien raconter à propos de la France et des Français :

Dieu est à l’œuvre en train de créer l’univers. Il le fait en seulement sept jours, comme chacun le sait. Arrivé à la septième journée, Dieu désire se dépasser, histoire de clore son œuvre en beauté, et il se met alors à façonner la France. Pour que les futurs habitants puissent bien se nourrir, il dote ce pays de sols particulièrement fertiles et de climats variés. Tout y pousse : blé, oranges, olives, pommes, riz… Il y dessine des plaines et des pâturages pour l’élevage de moutons, de bœufs, de vaches, ces dernières sources des meilleurs fromages. Il pense ensuite à ce qu’on pourrait y boire. Alors Dieu crée la Bourgogne, avec ses vins souples et subtils et, insatisfait d’une seule grande région vinicole, y ajoute le Bordelais. Pour que ses futurs habitants puissent se dépayser, Dieu complète son œuvre des Alpes et, là encore, insatisfait d’un seul massif montagneux, il y ajoute les Pyrénées. Il s’attaque ensuite à ses littoraux. Dans son élan, Dieu ne se contente pas d’une seule façade maritime et dote sa création – qu’il regarde avec de plus en plus de fierté – d’une longue ouverture sur l’Atlantique avec ses plages sablonneuses et d’une autre sur la Méditerranée, avec ses paysages si caractéristiques et sa douceur de vivre sans équivalent.
Une fois terminé, Dieu regarde son œuvre avec l’énorme satisfaction d’un travail bien accompli. Quel pays magnifique ! Il possède tous les atouts. Mais d’un même souffle et soudainement envahi par le doute, Dieu s’alarme. Mais, qu’ai-je donc fait ! Aucun autre pays ne dispose d’une telle variété de paysages. Il va inévitablement faire des jaloux, il est une source potentielle de conflits. Il était trop tard – minuit de la septième journée approchait – pour défaire ce pays « parfait ». Que puis-je faire, s’exclame Dieu, pour rétablir l’équilibre entre ce pays idéal et ses voisins ? C’est alors que Dieu créa les Français.
Pour résumer cette histoire en termes familiers à Vidal de La Blache, la nature aurait donc comblé la France, et les Français pourraient en jouir. Si le message qu’elle fait passer à propos de ses résidents fait sourire (les étrangers qui la racontent), celui qu’elle envoie à propos de la géographie de la France n’est pas si éloigné de la réalité. Les Français ont sans doute de multiples motifs de se plaindre de leur pays, mais sa géographie n’en est pas un. Bien au contraire, sa géo graphie – et par là nous ne nous limitons pas à ses paysages ainsi qu’à ses caractéristiques physiques, mais nous entendons aussi parler de sa position relative en Europe et dans le monde – constitue une richesse qui met le pays dans les meilleures dispositions pour tirer profit des grandes tendances de la nouvelle économie et des changements démographiques auxquels nous sommes en train d’assister.
Tel est le message central de cet essai. Notre porte d’entrée est celle de la géographie économique de la France, autrement dit celle des localisations de l’activité, mais aussi celle des relations entre Paris et le reste du pays et celle des interactions entre régions et villes françaises. Un nouveau paysage économique est en train de naître dans l’Hexagone, moins inégal et moins polarisé par sa seule capitale 1 . Cette nouvelle configuration est le produit de la rencontre entre des tendances universelles – tertiarisation, mondialisation, changements démographiques et technologiques – et la géographie du pays – sa géographie physique, sa situation en Europe, son armature urbaine. C’est cette géographie qui pose les conditions dans lesquelles les transformations s’opèrent.
Au plan national, le sujet invite, encore de nos jours, à faire un détour par une formule, « Paris et le désert français », entrée depuis belle lurette dans le vocabulaire courant. Ce titre d’un ouvrage rédigé par le géographe français Jean-François Gravier en 1947 a figé dans les mémoires une image qui a eu la vie dure. Le message qu’il fit passer à l’époque, charges à l’appui, était celui d’une ville, Paris, qui épuisait les ressources de son arrière-pays au point de l’asphyxier. Ses recommandations étaient claires : la France devait tout faire pour contenir le développement métropolitain de son « géant ». Bien que la démonstration ait pris la forme d’un militantisme antiparisien évident, et qu’elle ait pu être inspirée de thèses manifestement urbaphobes, l’idée maîtresse qu’il fallait changer le cours des choses et en finir avec le centralisme parisien fut largement reprise au niveau politique. La deuxième moitié du XX e  siècle a ainsi vu le pays tenter d’apporter des solutions à la crise de croissance parisienne, d’un côté, et produire des efforts pour aménager le « désert français », de l’autre.
Cette formulation du problème, cette tension quasi permanente opposant le développement parisien à son hinterland pendant toute la seconde moitié du XX e  siècle, et cette façon de concevoir les relations entre territoires n’ont certainement plus leur raison d’être aujourd’hui ; c’est le deuxième leitmotiv de ce livre : un nouvel équilibre est en train de s’installer entre Paris et le reste du pays qui structure sur de nouvelles bases l’organisation du territoire national.
Dans un pays qui vient de créer un ministère de l’Égalité des territoires (et du Logement), un essai sur la géographie économique de la France n’est pas qu’une manière d’entrer dans le sujet. La classe politique française – quel que soit son camp – a toujours défendu vigoureusement des principes de justice spatiale et ce n’est certainement pas en temps de crise qu’elle va déroger à cette règle. Certains territoires sont plus exposés que d’autres, et les défaillances du système productif ressenties différemment selon les lieux (Davezies, 2012). Afficher l’égalité des territoires comme objectif est donc une manière de dire pour l’État qu’il est attentif à la situation des zones les pl

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