En finir avec l’économie du sacrifice
1000 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

En finir avec l’économie du sacrifice , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
1000 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« La question économique est la grande question politique de notre temps. Ce livre est le fruit d’une longue réflexion personnelle sur l’étrange relation que l’économie entretient de nos jours avec l’impuissance de la politique. C’est le livre d’un responsable politique qui cherche à comprendre le monde tel qu’il est pour pouvoir agir en accord avec sa conception morale. Sa seule ambition est d’apporter une contribution différente à un débat qui, à force de manquer de sérieux, affaiblit dangereusement la démocratie. Pour casser le cercle vicieux économique et social qui pousse une partie des Français à la révolte et l’autre au désespoir, il faut une stratégie : desserrer le carcan de l’austérité qui détruit la confiance dans l’avenir et étouffe l’audace et l’initiative, investir massivement, rendre du pouvoir d’achat au lieu d’en retirer, engager les mutations qui devront l’être à partir de quelques principes simples. Contre la politique du sacrifice qui fait des marchés, de l’Europe et de la mondialisation l’alibi de tous les renoncements et de toutes les souffrances, il y a urgence à vouloir plutôt qu’à subir, à encourager et à motiver plutôt qu’à sacrifier, à faire espérer plutôt qu’à faire expier des fautes qui sont celles des dirigeants et non celles des peuples. » H. G. Un grand livre d’économie, d’économie très politique, pour nourrir la réflexion et alimenter le débat. Henri Guaino est député des Yvelines, ancien conseiller spécial du président de la République durant tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy et ancien Commissaire général au Plan. Il a été l’un des principaux inspirateurs de la campagne contre le traité de Maastricht au côté de Philippe Séguin et de Charles Pasqua en 1992, de la campagne de Jacques Chirac sur la « fracture sociale » pour la présidentielle de 1995 et de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 août 2016
Nombre de lectures 6
EAN13 9782738159830
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , AOÛT  2016 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5983-0
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À mon fils Alexandre qui découvre l’économie
Avertissement

Ce livre est le fruit d’une longue réflexion personnelle sur l’étrange relation que l’économie entretient de nos jours avec l’impuissance de la politique. Il est motivé par un sentiment de révolte devant la manière dont la question économique est abordée dans le débat public. Dans une époque que l’on dit marquée par le déclin des idéologies, les réflexes conditionnés de l’idéologie commandent toujours les affrontements des partisans de l’offre et des adeptes de la demande. Le Prix Nobel d’économie américain, Paul Krugman, écrit qu’il existe trois façons de parler de l’économie : le mode scientifique, le mode journalistique et le mode aéronautique, celui des best-sellers que l’on trouve chez les marchands de journaux des aéroports et qui soit annoncent des catastrophes, soit témoignent d’un optimisme béat. On pourrait ajouter un quatrième, le moins sérieux : le mode politique qui, entre slogans, idées toutes faites, chiffres auxquels on fait dire n’importe quoi, dresse des listes de recettes infaillibles pour vaincre le chômage, la misère et l’injustice. Dans la politique d’aujourd’hui, gouvernée par la communication, il faut être court, percutant, provocateur et faire table rase du passé. L’homme politique dans le vent ne s’encombre ni de l’histoire économique et politique, ni de l’histoire des idées. Avant lui, il n’y a rien. Il pense que le monde d’hier n’a rien à apprendre à celui d’aujourd’hui. Mais sans le savoir, il reproduit jusqu’à la caricature bien des comportements et des pensées du passé tout en croyant incarner la nouveauté absolue.
Ce livre par son volume et son contenu exprime l’exact contraire de cette conception de la politique. Il n’est ni scientifique, ni journalistique, ni aéronautique. C’est le livre d’un responsable politique qui cherche à comprendre le monde tel qu’il est pour pouvoir y agir en accord avec sa conception morale au lieu de le subir. Sa seule ambition est d’apporter une contribution différente à un débat qui, à force de manquer de sérieux, affaiblit dangereusement la démocratie.
Introduction

La crise. Toujours la crise. Avec des hauts et des bas. Mais toujours la crise depuis 40 ans, depuis le premier choc pétrolier, depuis que tout s’est déréglé et plus encore depuis la grande peur de 2008, le grand dérèglement de la finance. Les années, les mois, les jours se ressemblent (presque) malgré quelques éclaircies.
Un jour (presque) ordinaire : la France, une fois encore, attend la reprise. Dépréciation de l’euro, taux d’intérêt faibles, chute du cours du pétrole : l’argumentaire s’étoffe, le spectre de la dépression s’éloigne de la une des journaux. Reprise ? Quelle reprise ? Depuis 40 ans, l’économie alterne descentes aux enfers et rebonds. Le nombre de chômeurs officiel oscille entre 2,5 millions quand ça va bien et 3,5 millions quand ça va mal, entre 3,5 millions et 6 millions de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues, sans doute entre 10 et 15 millions au moins de vies abîmées si l’on tient compte des conséquences sur les familles. Et chaque reflux laisse derrière lui des centaines de milliers d’exclus qui ne sont plus en état d’occuper un emploi et que dans certains pays l’on range dans une catégorie à part nommée « invalides du travail ». Alors, quand on mesure ce gâchis humain, cet immense gaspillage dont la charge leste de son poids énorme la société et l’économie, on se prend à penser que le Premier ministre, comme tant de ses prédécesseurs, est hors sujet lorsqu’il lâche, dans un soupir de soulagement : «  J’espère qu’à la fin de l’année nous serons sur un rythme de croissance de 1,5 % (…) . C’est le niveau qui permet de faire baisser le chômage.  »
Le matin même – cela aurait pu être n’importe quel matin depuis 40 ans – à la radio, l’employée d’une entreprise de transport routier en liquidation – 5 000 emplois détruits en un an – hurle son indignation et son émotion, comme tous les salariés de sa société : cri du cœur, cri de douleur et de désespoir qui fait écho à des milliers d’autres.
Comment, alors que le chômage est si haut, retrouvera-t-elle un emploi ? Elle veut travailler. Elle veut vivre, faire vivre ses enfants. À 47 ans, elle se sent trop vieille, rejetée, trahie. Un auditeur appelle pour dénoncer le dumping social, les concurrences déloyales dans le transport routier entre pays de l’Union européenne…
Le même jour, la presse rapporte les propos du P-DG de Nestlé France dénonçant la situation de concurrence anormale que la grande distribution impose aux industriels obligés d’écraser leurs prix sous la menace constante des déréférencements. Il arrive, dit-il, que les commerciaux qui négocient avec les distributeurs «  se retrouvent à 23 heures à attendre dans un box, soumis à une pression digne d’une garde à vue (…).  » Et il poursuit : «  Comment se fait-il que des directeurs commerciaux qui se battent entre eux depuis dix, vingt ou trente ans, au sein de sociétés qui s’affrontent, elles, depuis cinquante ans, sont amenés à se retrouver dans des sous-sols de restaurants pour échanger des données confidentielles et se mettre d’accord sur les prix ? La réponse, c’est que les industriels n’y arrivent plus, qu’ils sont en train de se faire laminer et que c’est la dernière solution qu’ils trouvent pour continuer à faire tourner les usines. Ce n’est pas l’appât du gain qui pousse au cartel, c’est qu’ils n’ont pas d’autres moyens pour survivre 1 … »
Cela me rappelle une conversation à l’Élysée, après la crise financière de 2008, avec Mario Monti, l’ancien commissaire européen à la Concurrence qui deviendra, un peu plus tard, président du Conseil italien. À chacune de ses phrases, il évoque l’intérêt du consommateur. Je finis par lui poser cette question : «  Monsieur Monti qu’en est-il de l’intérêt du consommateur quand celui-ci n’a plus d’emploi ?  » La question reste sans réponse. La baisse des prix, c’est du pouvoir d’achat en plus pour le consommateur. C’est très bien sauf quand elle met les fournisseurs en difficulté au point qu’ils sont contraints de comprimer les salaires et de licencier. La concurrence est parfois une bonne chose, parfois une moins bonne : l’hyperconcurrence qui fait s’effondrer les prix et les marges des entreprises ou les concurrences déloyales qui rendent vains les plus grands efforts de productivité peuvent avoir des effets destructeurs sur l’économie, la société et même la santé des salariés. N’a-t-il pas raison d’être révolté, l’éleveur de porcs breton qui déclare à un journaliste «  J’en veux à l’Europe du libéralisme. Aujourd’hui, nous sommes incapables de suivre les prix des Allemands et des Espagnols qui inondent le marché grâce à leur main-d’œuvre moins chère – venue des pays de l’Est par exemple – qui font chuter les cours  » ? Hier, l’inflation rongeait le pouvoir d’achat. Aujourd’hui, le spectre de la déflation hante une Europe étreinte par la sourde angoisse du déclassement dans une mondialisation qui redistribue les cartes de la prospérité et de la puissance. Cette mondialisation est dans les craintes et les angoisses qui minent l’économie et la société, poussent une partie de la jeunesse à s’exiler, une autre à désespérer ou à se radicaliser, attisent la révolte de l’ouvrier et du cadre de 50 ans dont les emplois ont été délocalisés, à l’autre bout de l’Europe ou du monde, dans un pays à bas salaire avec peu ou pas du tout de protection sociale, et qui savent qu’ils ne retrouveront jamais du travail. Elles nourrissent l’amertume des ruraux qui n’ont plus d’emplois, plus de gendarmerie, plus d’hôpital, plus d’école. À part la petite frange qui tire son épingle du jeu et réussit à s’extraire de toutes les solidarités, tout le monde a peur. L’étudiant a peur de ne pas trouver d’emploi faute d’expérience. L’ouvrier a peur que l’usine s’en aille. L’agriculteur a peur de la spéculation sur les marchés mondiaux qui peut faire chuter les prix au-dessous de ce qui lui est nécessaire pour survivre. Le retraité a peur qu’un jour la dépendance lui impose des dépenses qu’il ne pourra pas assumer… Tandis que l’Angleterre profite avec Londres du retour des exubérances financières et de sa liberté monétaire, que fait l’Europe pour ne pas être emportée par les révolutions économiques qui balayent la planète, pour contrecarrer les forces qui la ramènent, au terme de chaque rebond, au bord de la dépression, et semblent la vouer à un inexorable déclin après une si longue domination du monde. Pour la première fois, depuis la création de l’euro, hormis face à la crise financière de 2008, elle fait acte de volontarisme économique à travers l’activisme monétaire de la BCE imposé de haute lutte, au bord du gouffre déflationniste, par son président, Mario Draghi : trop tard ? Trop peu ? Jusqu’à quand ? L’histoire le dira.
Été : la crise grecque renvoie une fois encore l’Europe à son angoisse existentielle. La mise en scène du procès fait à la Grèce n’a pas seulement quelque chose d’indécent. C’est aussi une fissure qui peut s’élargir par la suite. La vivacité des tensions et l’accord imposé – économiquement intenable et politiquement insoutenable – dévoilent l’e

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents