Démocratie, marché, gouvernance : quels avenirs ?
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Description

Que deviendra demain la démocratie, en France, en Europe, dans le monde ? Impossible d’aborder cette question sans prendre en compte l’institution qui règle notre vie économique : le marché. Impossible également d’ignorer les relations entre les États, c’est-à-dire la gouvernance. Hors de tout dogmatisme, loin de tout prophétisme, sans s’enfermer dans des frontières, Jacques Lesourne construit et introduit une à une les briques qui aideront à penser le futur. Et chacun pourra s’approprier cet essai stimulant pour organiser ses propres conjectures. Polytechnicien, économiste, prospectiviste, ancien directeur du journal Le Monde et président de Futuribles International, Jacques Lesourne a notamment publié Les Mille Sentiers de l’avenir, Vérités et Mensonges sur le chômage, Le Modèle français : grandeur et décadence.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 septembre 2004
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738183828
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Odile Jacob, août 2004
15, rue Soufflot, 75005 Paris
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-8382-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À Renaud
Prologue

Impossible de présenter ce livre sans retracer sa genèse.
Initialement, je voulais m’interroger sur les systèmes politiques nationaux et en premier lieu sur les perspectives de la démocratie que certains envisageaient de voir régner un jour sur l’ensemble de la Planète. La question me paraissait d’importance à un moment où les États-Unis tentaient d’instaurer des démocraties en Afghanistan et en Irak et où le fonctionnement des démocraties d’Europe occidentale s’éloignait du modèle traditionnel de la démocratie parlementaire.
La diffusion universelle de la démocratie était-elle l’hypothèse la plus plausible ?
La leçon de l’Histoire n’était pas décisive comme le montrait un survol rapide des trois derniers millénaires de l’Occident. La démocratie athénienne – dont tout serait parti, dit-on – aurait à nos yeux bien des faiblesses et elle ne put empêcher le déclin de la ville. La République romaine, plus qu’une démocratie, fut le résultat d’un équilibre entre le Sénat et le Tribunat. L’Empire des Césars fut à son apogée très autoritaire au sommet et très décentralisé à la base. Lorsqu’il n’eut plus les moyens d’assurer la protection de l’ensemble, il accepta de se diviser, puis d’enraciner la sécurité dans le local, ce qui donna naissance à la féodalité, cette pyramide de niveaux de dominations terriennes reliés par des serments d’allégeance. Nées du commerce, les villes luttèrent pour s’affranchir de ce système et créer des confédérations souples de républiques patriciennes ayant pour objectif principal la garantie de la liberté et de la sûreté du commerce. L’apparition des États nationaux répondit aux besoins d’un monde où la féodalité ne pouvait plus conjurer les menaces extérieures ni assurer le développement sur de larges espaces. Mais les plus « absolues » des monarchies n’eurent jamais ce caractère, le pouvoir central s’étant généralement engagé à respecter de nombreuses « libertés provinciales » et étant enserré dans de multiples règles. C’est l’inégalité de ces règles et les rigidités qui en résultaient qui conduisirent les corps intermédiaires, à travers des révolutions plus ou moins violentes, à établir des démo-craties, censitaires d’abord, plus ouvertes ensuite par l’émergence du suffrage universel. Pourtant, entre les deux guerres mondiales, les démocraties se retrouvèrent en lutte avec les États totalitaires ou autoritaires tandis que leurs colonies ignoraient la liberté politique. Nombreux étaient ceux qui, du national-socialisme au communisme, doutaient de leur avenir. Le triomphe aujourd’hui est encore très relatif.
On ne peut donc récuser la question du futur de la démocratie, cette démocratie à laquelle nous sommes si passionnément attachés.
Mais cette esquisse de l’Histoire rappelle aussi qu’une réflexion sur les systèmes politiques nationaux ne peut faire l’impasse sur l’analyse du devenir des systèmes économiques, tant les deux domaines sont liés.
Dès lors, l’objet de ce livre s’élargissait. En plus de la démocratie, il fallait parler du marché, que d’aucuns conçoivent comme le système de référence pour tous les pays du monde.
 
Le marché non plus n’a pas une histoire simple. Né du don et du troc, il n’a perdu que lentement ses aspects religieux et sociaux pour se réduire à une institution économique. On oublie souvent qu’il s’est développé, avec des modalités différentes, aux trois étages décrits par Braudel : celui des échanges locaux mettant en jeu les produits de l’agriculture, de l’élevage et de l’artisanat, celui des transactions régionales concernant les textiles, les bois et les métaux transportés sur les rivières, les fleuves ou les mers proches, celui du grand commerce international : à travers la Méditerranée au temps des Césars et de Venise, à travers les steppes de l’Asie centrale et à l’intérieur de l’Europe au Moyen Âge, des Caraïbes à l’Insulinde après l’essor maritime du Portugal et de l’Espagne, dans le monde entier depuis la prédominance anglaise.
Au cours des siècles, le marché n’a cessé d’interférer avec les systèmes politiques nationaux, soit à l’intérieur de leurs frontières, soit dans leurs relations internationales. À l’intérieur, protection et contestation ont presque toujours coexisté. La première imposait des règles pour que les marchés fonctionnent correctement. Que l’on se rappelle par exemple la description qu’a faite Jacques Soustelle des dispositions aztèques pour l’organisation du marché de Tenochtitlan ou l’histoire de la réglementation des Bourses de valeur depuis la création du Stock Exchange de Londres. La seconde interdisait au marché de s’intéresser à certains biens ou services que le pouvoir politique se réservait, soit pour se procurer des ressources, soit pour redistribuer la production entre les agents économiques avec souvent l’aide des Églises pour les activités de charité. Les tickets de rationnement ont accompagné les guerres, les services publics essentiels ont été assurés par les gouvernements, et, dans le monde communiste, le pouvoir s’est octroyé le monopole de la régulation de l’économie au point que, pendant des décennies, les statistiques de l’ONU distinguaient les économies de marché et les économies centralement planifiées.
Les relations ont été aussi contradictoires à l’échelle internationale. En fonction de ce qu’ils croyaient être leurs intérêts, les pouvoirs politiques interdisaient les importations ou les taxaient, ou, en ayant recours à la force, contraignaient d’autres États à accepter des accords de libre-échange. Ce n’est guère qu’au XIX e siècle que des économistes ont montré, sous certaines conditions, que le commerce international pouvait être mutuellement profitable. Et inutile de rappeler les longues et difficiles négociations à l’issue de la Seconde Guerre, de l’accord du GATT (non ratifié par le Congrès des États-Unis) jusqu’à la création de l’OMC.
Enfin, peut-on qualifier d’économies de marché des économies où l’État prélève de 25 à 50 % du produit intérieur brut, comme l’économie française où le taux de prélèvement est proche de ce maximum ?
Pas plus que pour la démocratie, l’avenir du marché ne se réduit à l’annonce de son triomphe.
 
Certains vont objecter que la victoire de la démocratie et du marché est assurée par l’aide mutuelle qu’ils se portent : d’un côté, la liberté du vote, un électeur une voix ; de l’autre, la liberté de l’échange, un euro ayant toujours le même pouvoir d’achat. L’analogie n’est pas sans valeur, mais elle est trop simple : la Russie de Nicolas II, la Chine de Deng Xiaoping, l’Espagne de Franco, le Chili de Pinochet ont vu le marché fleurir dans des régimes autoritaires, et l’on commence à envisager la stagnation économique possible de démocraties croulant sous le poids de leur législation. D’où la nécessité d’approfondir les relations entre la démocratie et le marché.
 
Restreint à ces termes, le sujet est encore trop étroitement défini. À notre époque de mondialisation, peut-on encore traiter l’international comme on l’eût fait il y a un siècle ? À l’évidence, non. Aucun livre ne peut plus être écrit du seul point de vue des systèmes politiques et économiques nationaux. Comment pourrait-on s’interroger sur le devenir d’une économie comme la française en oubliant que notre pays fait partie de l’Union européenne, dispose d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU, a signé de multiples accords internationaux, régit des citoyens immergés dans l’économie mondiale et l’univers des médias et peut enfin être soumis à un terrorisme qui ne connaît pas les frontières ? Comment pourrait-on aborder le devenir du Marché commun sans tenir compte de la libre circulation des capitaux entre l’Europe et les États-Unis, de la distribution de par le monde des ressources pétrolières, des conflits quant à la réglementation des marchés des produits agricoles ?
Il est trivial aussi de constater qu’entrant depuis quelques siècles, sous l’effet des progrès des technologies des transports et des communications, dans une ère de mondialisation l’humanité se heurte à un nouveau défi, celui de la régulation d’un système complexe où interfèrent les États et de multiples acteurs qui relèvent de toutes les branches de la sociologie et de l’économie. Ce défi, c’est celui de la gouvernance . Un vieux mot français rapatrié de l’anglais car il a le mérite d’être moins strict que le terme de gouvernement.
Mon interrogation initiale sur la démocratie devenait ainsi une interrogation sur une triade , la démocratie, le marché et la gouvernance.
Dès lors, l’objectif de ce livre se définissait en une seule phrase : quels étaient les avenirs possibles de cette triade de la démocratie, du marché et de la gouvernance  ? Le lecteur comprendra immédiatement que la difficulté de la tentative provient d’une double interférence, celle entre le national et le mondial, celle entre l’économique et le politique. Il serait absurde de s’interroger sur l’évolution de la V e République en oubliant le Marché commun et l’Union européenne, d’examiner le régime intérieur chinois en négligeant les effets de l’entrée du pays à l’OMC, de s’intéresser à l’évolution économique des pays arabes en occultant le terrorisme. L

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