Common Sense : Pour débloquer la société française
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Description

La société française semble bloquée par ses structures et ses mentalités. Est-ce une fatalité ? Pourquoi la France ne compte-t-elle aucun patron de grande entreprise issu de l’immigration maghrébine, aucun Noir dans l’état-major des armées et seulement un fils d’immigrés de couleur comme ministre, et cela depuis tout récemment ? Quel est le sens du débat sur l’immigration alors que nos banlieues sont des ghettos ? Pourquoi donner une prime pour l’emploi si le SMIC bloque l’embauche ? Les États-Unis ont commencé à mettre au travail les allocataires des minima sociaux. La France ne peut-elle s’en inspirer ?Un économiste à la fois français et américain propose des réponses à toutes ces questions en s’appuyant sur « des faits simples, des arguments sans façon et du bons sens », à la manière du célèbre auteur franco-américain Thomas Paine, dont l’ouvrage, paru en 1776, résonnait déjà comme un appel au franc-parler. Georges de Ménil est un ancien élève du MIT et de Harvard. Professeur à Harvard, Princeton et New York University, il est également directeur d’études à l’école des hautes études en sciences sociales de Paris. Conseiller économique des gouvernements de l’Ukraine et de la Roumanie, fondateur de la revue européenne Economic Policy, il est membre du conseil d’administration de l’école d’économie de Paris.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 février 2007
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738192196
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

GEORGES DE MÉNIL
COMMON SENSE
Pour débloquer la société française
 
© Odile Jacob, janvier 2009 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-9219-6
www.odilejacob.fr
Table

Introduction
Chapitre premier. BANLIEUES
Les ghettos : des poudrières
La réaction américaine
Le Civil Rights Act de 1964
Effets pervers ?
Drogue et désindustrialisation
Reflux de la criminalité
Et en France ?
Chapitre 2. IMMIGRATION
L’histoire et ses contrastes
Les chiffres
La politique d’immigration aux États-Unis : Simpson-Mazzoli
Retour de balancier
Le débat de 2006
La politique de l’immigration en France
Une comparaison France/États-Unis
Comment faire mieux ?
Chapitre 3. POLITIQUE SOCIALE
Comment l’Amérique a changé de méthode
Et la France ?
Le travail des femmes, un exemple probant
Que faire ?
Chapitre 4. EMPLOI ET TRAVAIL
De l’inconvénient des protections
Le SMIC, ou peut-on faire du social à bon compte ?
Protection de l’emploi : « l’exception française »
Comment la rigidité fabrique de la précarité
L’assurance chômage : encourager le retour à l’emploi
Interaction : la porte fermée
Jeunesse en péril
Chapitre 5. UNIVERSITÉS
Centralisation et fonctionnariat
Un modèle de type soviétique
Le pouvoir des syndicats
Une piteuse note au concours international
Décentraliser
Défonctionnaliser
Dépolitiser
Chapitre 6. RETRAITES ET ÉPARGNE
Capitalisation ou répartition : le vrai débat
Sortir du piège des retraites : un impératif
Retour de l’épargne ?
De nouvelles inégalités face à l’épargne ?
Comment davantage inciter à l’épargne
Chapitre 7. POUVOIR DE LA RUE
Un pays pris en otage
Genèse d’une dérive
Le mythe de la révolution
Retour au CPE
Chapitre 8. MENTALITÉSPour préparer ce chapitre, j’ai grandement bénéficié d’une conversation avec Stanley Hoffmann.
La tradition de l’utopie révolutionnaire
L’influence de 1789
La rupture communiste
Un antiéconomisme largement partagé
L’héritage moral
Que faire ?
Chapitre 9. QUE FAIRE ?
Réduire le coût du travail au SMIC
Reconnaître le rôle de l’entreprise
Pour un « contrat unique »
Les ASSEDIC et le service public de l’emploi
Remplacer l’assistance par le travail
Une obligation générale d’intégration
Un marché du travail dynamique
L’immigration
Un ensemble cohérent
Un dividende de croissance
L’exception française
Le courage d’agir
Annexe. LE SMIC, LES PROCÉDURES, LES REVENUS DE SUBSTITUTION ET L’EMPLOI
Références
Remerciements
À Loïs

  « Dans les pages qui suivent, je ne propose rien d’autre que de simples faits, des arguments sans façon et du bon sens. »

  Thomas P AINE , Common Sense , 1776.
 
Introduction
 
La France à l’heure actuelle : le taux de chômage stagne autour de 8-9 % depuis vingt ans ; les jeunes, même les plus méritants, s’inquiètent de leur avenir ; leurs aînés craignent les mutations et les délocalisations ; la rage des exclus et des assistés se traduit par des bouffées périodiques de violence. Ce qui frappe le plus, c’est la constance de ces problèmes.

  Je suis à la fois français et américain. J’ai deux passeports. Économiste de métier, formé a Harvard et au MIT, j’exerce depuis trente ans une activité professionnelle en France, comme directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, tout en enseignant aux États-Unis et en conseillant certains pays de l’Est européen soucieux d’opérer leur transition vers la modernité. En tant qu’économiste et que citoyen français, je me sens doublement touché par le malaise qui m’entoure.
Cependant, ma formation et mon expérience américaines me donnent un autre regard que celui de beaucoup de Français. L’analyse que je propose pour élucider les structures et les mentalités qui sont la cause de ce malaise est naturellement très imprégnée de ce que j’ai vécu, personnellement et professionnellement, aux États-Unis. Je ne prétends nullement, pour autant, que la France devrait adopter le « modèle américain » pour sortir des pannes du « modèle français ». À chaque pays son modèle… tant qu’il fonctionne. À chaque pays de l’inventer, ou de le réinventer au fil du temps. Un pays ne peut représenter une solution miracle pour un autre, trop de spécificités culturelles, historiques, géographiques entrant en ligne de compte. En revanche, la réflexion sur ce qui ne va pas et sur ce qu’il conviendrait de faire a, elle, besoin, sinon de modèles, du moins d’exemples. Une vision informée de l’ailleurs favorise grandement une meilleure compréhension de l’ici.
Voilà ce que je souhaite apporter dans ce livre : un diagnostic sans complaisance des raisons des blocages, un mode de réflexion sur les directions à suivre pour remettre la France en mouvement 1 . J’invoquerai des pratiques ou des mesures à l’œuvre aux États-Unis, mais aussi en Grande-Bretagne ou au Danemark, non pour les ériger en solutions miracles, en panacées, mais plutôt pour montrer que, face à des problèmes similaires – l’exclusion et la montée de la violence, les effets pervers de la politique sociale, des rigidités du marché du travail qui accroissent paradoxalement la précarité, par exemple –, on peut penser autrement.
L’enjeu n’est cependant pas seulement économique. Ce livre n’a pas pour seule ambition d’expliquer pourquoi notre pays – tout comme certains de ses voisins européens, d’ailleurs – est en panne et de proposer les voies permettant de renouer avec la croissance. La progression du PIB est pour moi un instrument indispensable et un dividende appréciable des réformes à mettre en œuvre. Mais l’ambition va au-delà : c’est de la cohésion et de la justice sociale qu’il s’agit.
Au moment où j’écrivais certaines parties de ce livre, des jeunes gens occupaient la Sorbonne, qui a dû être évacuée par les CRS. Une douzaine d’universités ont été fermées. Les manifestations ont succédé aux manifestations. Sans y participer activement, une bonne partie de la France plus âgée a vite pris fait et cause pour ce mouvement rageur déclenché par une loi – peut-être hâtive – qui avait pourtant pour but de favoriser l’emploi des moins de vingt-quatre ans, alors que notre pays détient le record européen du chômage des jeunes.
Que cette jeunesse se soit sentie flouée, menacée, presque agressée ; qu’elle ait réagi parfois avec violence ; que, bien souvent, les parents des manifestants se soient sentis en sympathie ; que le gouvernement, face à cette levée de boucliers, ait jugé nécessaire de reculer me paraît emblématique – quoi qu’on pense par ailleurs du CPE – non seulement de malentendus, mais encore du mal français. C’est d’autant plus important qu’il est question de la jeunesse, donc de la population sur laquelle notre pays devrait particulièrement compter pour continuer son chemin.
Nous ne façonnerons pas le futur avec les solutions du passé… puisqu’elles ne fonctionnent déjà plus.
Nous n’offrirons pas à nos enfants un avenir plus ouvert en cultivant le mythe des acquis… qui ne protègent déjà plus.
Pour que ces jeunes n’en restent pas à leur colère, pour que les bénéficiaires des aides sociales ne s’installent pas dans l’assistance qui les condamne à vie à l’exclusion et pour que les immigrés puissent trouver des voies d’intégration réelle, le moment est venu de penser autrement.
Et d’agir.

  Paris, décembre 2006. 

Note de l’introduction
1 . Ce sont Michel Crozier (1970) et Stanley Hoffmann (1963) qui évoquent les premiers la notion de blocage pour décrire les difficultés de la société française.
Chapitre premier
BANLIEUES
Des policiers blancs interpellent un Noir dans un quartier pauvre. Certains témoins disent qu’ils l’ont malmené. Dans la confusion qui suit, des bandes se rassemblent pour protester et commencent à brûler des voitures et à saccager des commerces. Violences et affrontements s’enchaînent pendant des jours. Les émeutes se répandent rapidement dans d’autres villes.
Nous ne sommes ni à Clichy-sous-Bois en 2005 ni dans la banlieue de Lyon dans les années 1980, mais à Watts, un quartier noir de Los Angeles. Et nous sommes en 1964.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont connu plusieurs vagues de troubles violents dans leurs grandes villes : Harlem en 1952, Detroit en 1965, South Central Los Angeles en 1967, Chicago en 1968. Ces troubles ressemblent fort aux violences urbaines que la France connaît depuis 1980. Le fait est que de telles irruptions de violence sont plutôt en réduction aux États-Unis alors qu’elles semblent davantage menacer d’éclater en France par exemple. Est-ce un hasard ? Sûrement pas. La situation économique dans les quartiers difficiles des villes américaines est-elle mirifique ? Sûrement pas non plus. La raison en est donc ailleurs, qu’il faut comprendre. Non pas pour plaquer des solutions adaptées à un pays, à une culture, à une histoire donnés dans un contexte qui est tout autre. Mais afin de s’inspirer de ce qui est fait « ailleurs » pour inventer enfin des solutions susceptibles de « marcher »… puisque celles qu’on envisage jusqu’à présent ne semblent pas réussir.

Les ghettos : des poudrières
En France, dans les quartiers concernés, Maghrébins côtoient Noirs d’Afrique ou des Antilles. Leurs enfants, nés en France, sont français. Aux États-Unis, ce sont les Noirs américains qui sont les plus touchés, par suite d’un mouvement d’immigration interne déjà ancien, en vertu duquel ils ont quitté les plantations et les petites exploitations agricoles du Sud pour travailler dans les industries du Nord et des deux côtes. Physiquement, les ghettos qu’ils habitent se ressemblent peu. Les Américains sont entassés dans les quartiers vétustes des centres-villes délaissés par la bourgeoisie qui les a précédés. Les Maghrébins et leurs enfants français, eux, sont rassemblés dans les cités et les grandes tours érigées à la périphérie par les planificateurs des années 1960. Les profils économiques et sociaux de ces « quartiers chauds » sont toutefois comparables. En France et aux Ét

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