Redonner sens au mot «?droit?»
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Description

Nous vivons dans l'inversion et la confusion. Ce qui est en bas a pris la place du haut et ce qui a de la valeur est méprisé. Dans cette confusion des valeurs, le droit n'est pas épargné. Plus personne ne sait à quoi il correspond. Ce mot est désormais employé en toutes occasions, soit pour culpabiliser le plus faible, soit pour justifier des pratiques purement bureaucratiques mais vides de sens, soit pour signifier un ensemble formel de normes creuses, soit pour glorifier celui qui souhaite ainsi légitimer sa violence sur autrui, soit tout simplement pour signifier l'égarement de celui qui exprime un sentiment d'injustice qui n'est pas toujours justifié. Une telle situation de confusion est dangereuse car une société sans un droit digne de ce nom est une société qui s'égare et qui finit tôt ou tard par sombrer. Dans ce texte, il s'agit donc de se saisir ce problème en distinguant deux types de droit : le droit au sens propre et le droit dénaturé. Seul un droit digne, propre, qui élève l'individu et qui lui redonne foi en l'existence peut être qualifié de véritable droit. Cependant un tel concept ne peut exister par de simples promesses ou de belles paroles. Il suppose, pour être crédible et légitime, une application concrète au quotidien qui n'est possible que si une élite de magistrats formés à une éthique rigoureuse – mais non pas susceptible de conduire au sacrifice de leur être ou de leur personne – existe et est sélectionnée non en fonction de critères formels ou de culture dite « générale » ou technique, mais d'une part en fonction de leur engagement pour le bien commun et singulier de chacun et d'autre part en raison de leur valeur personnelle et humaine. Pour redonner sens au droit il faut donc le repenser dans son essence mais aussi et surtout le mettre ensuite en œuvre en mettant au-dessus ce qui est digne de l'être et en confiant sa mise en œuvre à une élite digne de ce nom : une élite au sens propre du terme.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 février 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342151039
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Redonner sens au mot «?droit?»
Jean-Jacques Sarfati
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
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Bâtiment A, 1er étage
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Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Redonner sens au mot «?droit?»
 
Introduction
Nous avons partagé notre monde en deux entités qui ne communiquent plus l’une avec l’autre. D’un côté, il y a un univers hyper formaté, hyper normativé, hyper hierarchisé. Ce monde de la conformité et de la normalisation fait peur aux individus et fonctionne sur une logique quasi-militaire. Il est présent tout aussi bien dans le monde de l’entreprise, que celui des administrations, dans celui de la santé et de l’éducation.
 
De l’autre existe son exact pendant : l’univers de la récréation, du divertissement creux, de la consommation vide et du relâchement pris sous tous ses angles à la fois moral et physique.
Chacun de ces univers vit grâce aux faiblesses de l’autre et il s’en nourrit continuellement et pourtant au cœur de chacun d’eux loge la terreur et la crainte.
 
Le libéralisme avait voulu – dans son idéal fou – vaincre cette peur et faire de l’État le serviteur de la liberté. Il a, semble-t-il, à demi réussi son projet. En son cœur il a construit deux logiques qui se contredisent : celle de la peur et de la surveillance et celle de la liberté devenue bien souvent licence pour palier la présence toujours prégnante de la première.
 
Pour aller un peu vite, notre monde politique et juridique s’est construit autour de deux modèles philosophiques : le projet de Hobbes qui tenait l’homme pour un malfaisant qu’il fallait contrôler et celui de Spinoza qui voulait le libérer et soutenait que l’homme pouvait être un dieu pour l’homme.
 
Il serait temps de les réunir l’un et l’autre et qu’au lieu de s’opposer ils se complètent, se parlent et s’écoutent. Il serait temps de les modérer l’un et l’autre. Pour cela il faut redonner sens au mot droit.
 
L’homme est par nature faible et il a besoin d’être guidé mais une part divine sommeille en lui et celle-ci a plus que tout besoin d’être honorée.
 
Le droit en son essence première – celle que nous recherchons et qui seule peut redonner l’énergie nécessaire à l’action juste – répond conjointement à ces deux besoins : il libère et il guide en même temps. Il est regardant sans être surveillant. Il écoute pour comprendre non pour espionner ou contrôler.
 
Cependant il y a droit et droit : il y a le droit qui opprime et le droit qui libère, le droit qui réveille et le droit qui endort.
 
Un droit qui a perdu son sens finit par fabriquer des juristes qui ne croient plus en ce qu’ils font. Il fut un temps où les hommes ont considéré que l’État devait servir à libérer les hommes de la tutelle de la peur, de l’ennui, de la domination et de la violence. Or depuis quelques années, celui-ci n’apparaît plus, pour beaucoup, que comme un gestionnaire qui ne cherche plus à élever les hommes ni à les aider se libérer des contraintes de l’existence.
 
Il faudrait donc lui redonner sens, non plus seulement en théorie mais aussi en pratique. Il faudrait former des juristes et des fonctionnaires qui lui permettraient de vivre au quotidien. En pratique, les sélections devraient s’opérer sur la valeur éthique des hauts magistrats. Aujourd’hui, dans beaucoup de pays ce sont essentiellement les relations ou les concours fondés sur le savoir qui permettent le recrutement. Pourtant c’est la richesse de cœur, l’ouverture d’esprit et le souci de l’autre qui devraient être les premiers critères de selection.
 
Jamais un droit digne de ce nom n’a pu convaincre le peuple de sa légitimité sans que sa création soit accompagnée d’un corps de magistrat intègres, soucieux du bien commun et véritablement efficaces sur le terrain. Ces magistrats ne doivent pas être seulement la bouche par laquelle la loi parle. Ils doivent accomplir le droit au quotidien et au besoin parfois savoir faire exception – de manière adéquate – lorsque cela est nécessaire pour accomplir le juste.
 
Or un tel accomplissement est impossible sans une éthique de qualité forte et sans sagesse.
 
Mais quelle est la sagesse dont doivent savoir faire preuve les magistrats chargés d’écrire, de penser et de réaliser le droit au quotidien soit pour l’État, soit pour les groupes soit pour les individus privés ?
 
En théorie il est aisé d’en parler mais en pratique ?
 
L’objectif de ce recueil est donc de trouver des moyens pour mettre en œuvre ce nouveau droit, un droit qui aurait retrouvé l’énergie première qui le portait et qui aiderait les hommes à se guider sans pour autant vivre dans la peur inconsidérée.
 
Le droit est le premier outil des gouvernants.
 
Il a pris une importance considérable dans nos sociétés mais il n’est entrevu que sous un seul angle désormais en Europe et en occident : celui du droit positif ou plus exactement de ce que les non-juristes appellent le droit juridique… Ce droit que l’on enseigne aujourd’hui dans nos facultés de droit.
 
Or le droit a un autre sens, plus ouvert. Ce sens est ignoré et il importe d’ouvrir ce qui a été curieusement clos et fermé. Il importe de rappeler ce qui est essentiel et de revenir à l’essence première de celui-ci.
 
En redonnant sens à cet outil de gouvernance, nous aideront ainsi tous ceux qui croient au droit à le pratiquer. Donner sens c’est conserver l’idéal qui est le nôtre tout en l’adaptant à la conjoncture. Partir du réel sans perdre de vue le cap que nous nous sommes fixés.
 
Cette question est importante car, dans un pays massifié, où les rapports entre les êtres sont souvent difficiles à nouer de manière inter-subjective, le droit demeure l’outil premier du gouvernant.
Lorsque l’on souhaite créer un lien de paix (voire mieux) de respect et encore mieux de confiance et mieux encore d’estime réciproque et de fraternité avec un autre être, rien ne vaut l’échange sincère et profond avec lui. Cependant il est impossible lorsque le nombre est trop grand.
 
Il convient donc de normaliser les rapports et tel est l’objectif du droit. Celui-ci occupe une place centrale dans nos sociétés gouvernées par de puissantes machines administratives et composées de millions d’individus. Cependant, malgré l’importance qui est la sienne, jamais il n’y a eu aussi peu de débats sur celui-ci. Jamais celui-ci n’a jamais été autant réduit à sa définition formelle : celle de n’être qu’un ensemble de normes.
 
Notre projet est de sortir du formalisme réducteur pour retrouver la véritable nature du droit.
 
Celle-ci est comme enfouie sous une masse d’erreurs qui en recouvrent le sens et dont nous devons nous défaire. Retrouver ce sens perdu afin de renouer avec les énergies premières qui pourraient animer une action allant dans le bon sens, celui du bien, celui du bonheur pour nos concitoyens, celui de la liberté retrouvée et non pas celui de la licence, celui du souci de soi et non l’enfermement égotique dans l’ignorance de l’autre et la glorification narcissique du moi.
 
Les réflexions sur le droit ne sont pas nouvelles.
 
Il nous a donc semblé judicieux de les reprendre et de les alimenter pour proposer notre propre éclairage sur la question. Ces recherches ont toujours été orientées, selon nous, autour de trois interrogations :
- En premier lieu, certains se sont demandés si le droit était un leurre, une illusion ou s’il était une réalité. Nous soutiendrons qu’il existe deux natures de droit : l’une qui trompe et qui défait l’homme, l‘autre qui le fait. Pour redonner sens au droit, il faut à tous prix voir les logiques perverses du droit qui défait pour tenter de donner vie à celui qui aide et qui fait.
 
Il en existe également deux formes de droit : l’une qui est l’essence du droit propre et qui est mouvement, l’autre qui est son propre mais qui n’est qu’un pis aller du premier en ce qu’il est figé.
 
Le droit propre seul peut donner sens à un droit positif de qualité. En effet, si les êtres de mauvaise nature sont souvent dominés par la haine et l’ignorance de l’autre et si cette haine les aide à avancer, tôt ou tard leur action finit par les détruire et avec eux leurs sinistres entreprises.
 
En revanche – et ce n’est pas être idéaliste que de penser cela – lorsque notre action est dominée par le souci de ce qui est le propre du droit (à savoir notamment élever l’homme et l’aider à sortir de la confusion et du chaos), peu à peu ceux qui ont été elévés finissent par se rendre compte de ce qui leur a été apporté. Cependant, il leur faut du temps. Il leur faut beaucoup de temps même parfois pour saisir ce qui est propre et lumineux, surtout lorsqu’ils se sont habitués à l’obscurité, à la bêtise et à la méchanceté.
 
Celui qui vit dans la souffrance finit par s’y habituer. Celui qui vit dans la violence finit par ne plus la voir. Celui qui vit dans la détresse pense qu’elle doit être le lot de tous les mortels… Montrez lui une autre voie et il ne la verra pas. Montrez lui un autre chemin et au lieu de croire en vous, il vous jalousera bien souvent, vous cherchera querelle jusqu’à temps qu’un jour il comprenne ce que vous vouliez lui dire.
 
Un jour ou l’autre l’esclave sort de sa caverne mais il faut du temps pour cela…
- En deuxième lieu, les penseurs se sont toujours demandés ce qu’était la réelle nature du droit. Est-il fin ou moyen ? Est-il au service de lui-même ou d’autre chose ? Pour nous le droit est double : moyen au service d’une fin qui le dépasse et accomplissement, aboutissement ; pratique et résultat. Cependant, il demeure le droit tant qu’il n’ignore et ne perd jamais

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