Petite Histoire du Comté de Nice
195 pages
Français

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Description

Bien que le sort du comté de Nice paraisse lié depuis plusieurs siècles à celui de la Savoie, ce serait une erreur de penser que leurs histoires se confondent. Le comté de Nice a eu depuis ses origines une vie particulière, mouvementée et, même lorsque les hasards politiques l’ont rapproché de la Savoie, il a poursuivi son évolution propre, sa destinée déterminée par des raisons géographiques et ethniques. L’originalité du comté de Nice résulte de sa complexité. Une suite de vagues humaines sont venues se briser sur ses côtes... La géographie est en partie responsable de cette complexité. Ce pays serait en effet un des plus tourmentés, des plus inextricables et des moins accessibles qui soient s’il n’avait sa côte aux fines articulations et aux baies admirablement abritées. Cette côte a tenté successivement des peuples commerçants désireux de fonder des comptoirs, des pirates cherchant des ports d’attache pour en faire le point de départ de razzias, les comtes de Provence qui revendiquaient le pays de Nice comme leur appartenance la maison de Savoie soucieuse d’assurer à ses états continentaux un débouché sur la mer, enfin la France qui voit à juste titre dans la Rivière de ponent le complément de son littoral méditerranéen et qui a su l’adapter aux exigences raffinées d’une époque de bien-être... (extrait de la Préface, édition originale de 1932).


Robert Latouche, né au Mans (1881-1973), historien, archiviste, professeur d’université à qui l’on doit de nombreux ouvrages historiques dont une Histoire du Comté du Maine (Xe-XIe siècle) ; Mélanges d’histoire de Cornouaille ; La vie en Bas-Quercy du XIVe au XVIIIe siècle, etc. Archiviste du département des Alpes-Maritimes de 1920 à 1928, il publie en 1932 cette Histoire du Comté de Nice qui reste un classique du genre.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 13
EAN13 9782824056067
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ISBN

Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2019/2021
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.0900.1 (papier)
ISBN 978.2.8240.5606.7 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.

Plan de Nice en 1625.


AUTEUR

ROBERT LATOUCHE




TITRE

PETITE HISTOIRE DU COMTÉ DE NICE




INTRODUCTION
B ien que le sort du comté de Nice paraisse lié depuis plusieurs siècles à celui de la Savoie, ce serait une erreur de penser que leurs histoires se confondent. Le comté de Nice a eu depuis ses origines une vie particulière, mouvementée et, même lorsque les hasards politiques l’ont rapproché de la Savoie, il a poursuivi son évolution propre, sa destinée déterminée par des raisons géographiques et ethniques.
L’originalité du comté de Nice résulte de sa complexité. Une suite de vagues humaines sont venues se briser sur ses côtes : négroïdes mystérieux du type de Grimaldi, race de Cro-Magnon, Ligures, Grecs de Marseille, Romains, Lombards peut-être et peut-être Sarrasins, Provençaux, puis Français, pour arriver — car les historiens de l’avenir auront à compter avec elle — à la masse cosmopolite d’Anglo-Saxons, d’Américains du Sud, de Slaves et de Germains qui, séduits par la beauté du climat, viennent de nos jours hiverner et souvent se fixer sur la côte et aux nombreux ouvriers italiens qui donnent au pays une main-d’œuvre utile et forment aujourd’hui presque le tiers de la population.
La géographie est en partie responsable de cette complexité. Ce pays serait en effet un des plus tourmentés, des plus inextricables et des moins accessibles qui soient s’il n’avait sa côte aux fines articulations et aux baies admirablement abritées. Cette côte a tenté successivement des peuples commerçants désireux de fonder des comptoirs, des pirates cherchant des ports d’attache pour en faire le point de départ de razzias, les comtes de Provence qui revendiquaient le pays de Nice comme leur appartenance la maison de Savoie soucieuse d’assurer à ses états continentaux un débouché sur la mer, enfin la France qui voit à juste titre dans la Rivière de ponent le complément de son littoral méditerranéen et qui a su l’adapter aux exigences raffinées d’une époque de bien-être.
Les conditions géographiques ont assigné au comté de Nice une autre fonction, peut-être plus importante dans le passé. Cette côte admirable, universellement connue sous le nom de Côte d’Azur, forme la bordure étroite d’un pays montagneux, âpre et souvent désolé où des torrents ne se sont frayés qu’avec difficulté une route à travers des vallées escarpées. Les communications assurées jusqu’au XIX e siècle par des chemins muletiers y ont été longtemps malaisées. Entre la Provence d’un côté, la Ligurie et le Piémont de l’autre, la nature a élevé une large barrière qui est restée verrouillée pendant des siècles ; c’est le comté de Nice.
Il correspond aux arrondissements de Nice et de Puget-Théniers, qui en 1860 ont formé avec celui de Grasse, détaché du Var, le nouveau département des Alpes-Maritimes, mais à peu près seulement car l’annexion l’a amputé de deux importantes communes, celles de Briga et de Tende, qui sont restées italiennes, bien que situées sur le versant français des Alpes. Par contre, on a rattaché à l’arrondissement de Nice les communes de Menton et de Roquebrune, anciennes dépendances de Monaco qui depuis leur révolte en 1848 étaient devenues deux villes libres placées sous la suzeraineté des rois de Sardaigne. Quant à la principauté de Monaco elle a continué de former un état indépendant englobé dans le territoire français alors que sous l’ancien régime elle était limitée d’un côté par les états sardes et de l’autre par la république de Gênes.
La province de Nice — c’est ainsi qu’on désignait sous le régime sarde le comté de Nice — ne représente elle-même qu’infidèlement la cité gallo-romaine et l’évêché médiéval dont elle est la continuation. Dans cette sorte de marche, où les vicissitudes politiques ont été nombreuses, les frontières se sont souvent déplacées. Et cependant ce pays de consistance mobile qui sur une aire restreinte offre des variétés étranges d’aspect, de climat et de cultures, a une puissante individualité qui résulte du caractère tourmenté de sa tectonique. A l’est du Var qui forme la limite entre l’ancienne Provence et le comté de Nice, les plissements alpins pincés entre le dôme de Barrot, dont les roches rougeâtres donnent une tonalité sombre aux sinistres gorges du Cians, et le massif cristallin du Mercantour s’infléchissent vers le sud dans un mouvement désordonné dont le passage de la Mescla est le témoin saisissant, pour rebrousser ensuite chemin vers l’est après s’être rompu aux indentations du littoral. Ce chaos apparent dont les géographes fournissent une explication ingénieuse donne à la montagne niçoise sa physionomie toute particulière. Les eaux elles-mêmes n’y ont trouvé qu’imparfaitement un passage ; les vallées du Var, de la Vésubie et de la Tinée témoignent d’un effort douloureux et encore insuffisant ; des éboulements fréquents et parfois meurtriers rendent précaire la circulation sur les routes qui longent ses torrents. On ne se risquait que rarement dans ces vallées jusqu’au siècle dernier. Les chemins muletiers serpentaient à travers la montagne, établissant des communications pénibles entre des villages qui, la plupart fortifiés et ramassés sur des sommets comme Venanson, Thiéry, Sainte-Agnès, semblaient plus effrayés de contacts avec l’extérieur que désirent de les solliciter. La vie était chétive et dure dans l’ancien comté de Nice, Nice même est restée jusqu’au milieu du XIX e siècle une petite ville ne dépassant pas 25.000 habitants, qui devait sa modeste prospérité à la fertilité relative de la vallée du Paillon, à son port et à sa situation qui la plaçait à l’extrémité de la médiocre route du Piémont.
Le pays a été transformé et sa fortune a été faite du jour où le site de Nice a été mis en valeur. On a assisté à une exploitation de toute la côte qui a abouti à sa rapide et complète métamorphose. En moins d’un siècle la population du chef-lieu a presque décuplé. Cette transformation s’est faite aux dépens de la montagne qui se vide, tantôt timidement au profil de la vallée immédiate, le plus souvent brutalement par l’expatriation de ses habitants. La même où ils restent, les conditions économiques se modifient progressivement ; tout l’hinterland de l’ancien comté tend à devenir une vaste banlieue dont le rôle principal est le ravitaillement du littoral. Les systèmes traditionnels d’élevage disparaissent pour céder la place à l’industrie laitière ; la vallée inférieure du Var, autrefois un vaste marécage, est maintenant grâce au Colmatage, un potager qui alimente Nice en légumes et en fruits. Les collines marno-calcaires qui abritent Nice, Villefranche et Menton se dépouillent peu à peu de leurs oliviers et ne sont plus guère qu’un immense champ de culture florale où l’œillet prédomine et si cette nouvelle industrie de luxe est une forme de ce qu’un savant géographe a appelé l’utilisation des qualités du climat, elle est aussi une conséquence du charme exercé par la côte sur l’étranger qui rentré chez lui en garde le goût nostalgique.
Pour compléter ce tableau du comté métamorphosé, il convient de ne pas négliger les modifications résultant des curiosités du touriste moderne. Grâce à l’automobile, le voyageur peut et veut connaître le pays. Aussi la montagne niçoise, qui jusqu’à nos jours se défendait par sa pauvreté même contre les forestieri , est visitée journellement par des étrangers ; des routes coûteuses d’entretien difficile se construisent tous les ans pour satisfaire aux exigences combinées de ces étrangers et des indigènes. Les villages tout en conservant leur allure fière s’humanisent petit à petit et trop souvent une vieille maison, bla

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