La Loire Historique (Tome 5 : le Cher)
284 pages
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Description

Quel ouvrage — sinon la Loire Historique — pourrait por- ter le titre enviable de monument du Régionalisme ? Paru en cinq tomes, en 1851, cet ouvrage embrasse tout le bassin de la Loire, de sa source à son embouchure, et entreprend d’en conter l’histoire et les événements historiques et anecdotiques, au fil des départements traversés, en plus de 3500 pages de textes et d’illustrations ! Une superbe défense et illustration de la Province dans la France centralisatrice du XIXe siècle ! La présente réédition, entièrement recomposée, se fera en 11 tomes correspondant à l’intégralité du travail titanesque de G. Touchard-Lafosse.


Le présent volume traite plus particulièrement du département du Cher (originellement, l’auteur a regroupé le Cher et la Nièvre dans un même et seul tome), et accessoirement de celui de la Nièvre (dans l’introduction historique générale), au travers des divers cantons des deux départements, faisant de cet ouvrage une véritable encyclopédie historique locale, départementale et régionale.

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Informations

Publié par
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EAN13 9782824055862
Langue Français
Poids de l'ouvrage 29 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Ȏ V E M O TOME V ȍ R E H CHER
GEORGESTOUCHARD-LAFOSSE
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É D I T I O N S D E S R É G I O N A L I S M E S
Dans la même collection :
Tous droits de traduction de reproduction et dadaptation réservés pour tous les pays. Conception, mise en page et maquette : © Éric Chaplain Pour la présente édition : © EDR/ÉDITIONS DES RÉGIONALISMES ™ — 2012/2015/2021 EDR sarl : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 CRESSÉ
ISBN 978.2.8240.0465.5 Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous lais-sions passer coquilles ou fautes — linformatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... Nhésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra daméliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.
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G. TOUCHARD-LAFOSSE
LA LOIRE HISTORIQUE PITTORESQUE&BIOGRAPHIQUE (Cher) TOME V
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er CHAPITRE I
LESBERRUYERSETLESÉDUENS,ANCIENSPEUPLESDUBERRYETDUNIVERNAIS.ÁCOLONIES GAULOISES, BELLOVÉSO, SIGOVÈSE, BRENNUS. Á SIÈGE D’AVARICUM. —DOMINATION ROMAINE. Á MŒURS DES GAULOIS. Á LES FRANKS. Á CONQUÊTE DE L’AQUITAINE PAR PÉPIN-LE-BREF. Á LES COMTES DE BOURGES ET LES COMTES DE NEVERS. Á LES DUCS DE BERRY ET LES DUCS DE NIVERNAIS. Á RÉUNION DES DEUX PROVINCES À LA COURONNE.
es Berruyers (CubiBitur iges ) et les L Éduens (0eduipuissants, bel-), peuples liqueux, souvent rivaux, se disputaient la prééminence dans l’association celtique, vers le temps de la conquête romaine ; pré-éminence dont les Ar vernes (Ar verni) ne laissaient pourtant ni l’une ni l’autre de ces nations se prévaloir. Or, la nature semblait, en mère prudente, avoir étendu entre elles une barrière infranchissable : la Loire qui sépare aujourd’hui le Nivernais du Berry, le départe-ment de la Nièvre de celui du Cher. C’est le pays occupé par les descendants de ces Berruyers et de ces Éduens que nous avons maintenant àsi, plus explorer. Mais ambitieux de recherches, nous voulons remonter à l’origine des habitants primitifs de la Gaule, qu’on appelaitAborigènes,il faudra nous résigner à les voir surgir des ténèbres anté-historiques, sous l’escorte d’une multitude d’hypothèses, et accepter candidement mille rêveries plus ou moins ingénieuses, rem-plaçant les vérités qui n’ont pu sortir de cette nuit profonde. Cependant les Grecs et les Romains considéraient nos premiers pères comme des
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peuples anciens : Diodore de Sicile a dit « Partout où pénétrèrent les Phéniciens et les Nomades, ils rencontrèrent des Celtes ou Gaulois  (1) déjà établis » . Silius Italicus, poète historien qui se laissa mourir de faim sous Néron, après avoir porté la pourpre consulaire, confirme ainsi l’assertion de l’historien grec : « Il n’y a presque aucune province où les Celtes n’aient laissé des monuments de leur séjour, à en juger par  (2) les noms des villes, des rivières, des lacs, des montagnes » . On sait d’ailleurs que les Romains, en parlant des Gaulois, les appelaientGalli  (3) veteres.La haute antiquité des Celtes paraît donc à peu près établie par les écrivains de Rome et de la Grèce, qui pouvaient avoir encore saisi quelques traces de leur existence primitive, entièrement effacées depuis. Mais ces traditions lointaines et altérées peut-être par ceux qui nous les ont transmises, n’apprennent rien de certain, sur les mœurs, ni sur le gouvernement, ni même sur la religion des vieux Gaulois. Les chants nationaux qui, dit-on, contenaient toute leur histoire, qu’un pré-cepte religieux défendait d’écrire, sont Morts avecla mémoire de leurs bardes. Quant aux monuments, masses colossales sans caractère, ils sont muets pour la science, et ne révèlent à l’imagination que la force abrupte de ceux qui les érigèrent. Laissons donc les fabricants d’origines déraisonner à leur aise sur l’antiquité celtique, et saisissons la première lueur historique qu’elle présente. Ce sont les Berruyers qui se distinguent d’abord dans ce chaos : les Berruyers dont nous abordons le pays, en y pénétrant par l’extrémité nord du département de l’Allier. Six cents ans avant l’ère chrétienne, et tandis que Tarquin-l’Ancien régnait àRome, lesBituriges,dont la principale cité était selon les meil- (4) leures traditions,Oppidum Avaricum(Bourges), avaient choisi pour chef Ambigat, citoyen illustre parmi eux. Appelé ainsi à gouverner l’association celtique, que dominaient alors lesBituriges,et qui formait presque le  (5) tiers de la Gaule , Ambigat se fit vénérer des nations composant cette fédération : il exerça sur leurs chefs la plus noble suzeraineté, celle de la sagesse. Mais le souverain le plus sage ne peut pas toujours maîtriser les destins : la Celtique offrait ce luxe de population au sein duquel les prospérités individuelles s’étouffent, comme les plantes trop pressées dans un champ : surabondance de vitalité sociale qui ne laisse de recours que dans les migrations ; à moins que la guerre n’élague les générations avec sa terrible faux ; ainsi que cela se vit tant de fois. Ambigat, contraint de reconnaître la nécessité d’appliquer un de ces expédients extrêmes, convoqua une assemblée de druides et de vieillards, et deux expéditions lointaines furent résolues. Bellovèse et Sigovèse, neveux du prince, avaient
1. Diodore de Sicile,Lib.6. 2. Silius Italicus,Lib. 3. 3. Selon Diodore de Sicile, lorsqueHercule-le-Lybienparut chez les Aborigènes, il épousaGalatha,et de cemariage naquitCelta,prince qui se t tellement chérir des peuples de la Gaule, qu’ils prirent son nom. Ce qu’il y a de certain, c’est que les noms deGalateschez les Grecs et deGauloischez les Romains, étaient les synonymes deCeltes. 4. Ce nom venait d’Avara, qui était celui de la rivièred’Auron,sur laquelle Bourges est située. 5. On lit dans la première décade de Tite-Live (livre cinquième) :Tarquinio primo Romoe regnante Celtarum quæ pars Gallioe est tertia, suma imperiipenes Bituriges fuit,iiregem celtico datant, Ambigatus is fuit, etc.
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atteint cet âge où les suaves illusions de l’amour ne suffisent plus à l’homme fort pour alimenter la flamme de son âme ardente ; la chasse même, cette passion qui trompe un instant les inclinations martiales, était désormais pour eux un plaisir vidé d’émotions ; il leur fallait d’autres ennemis à combattre que les loups et les sangliers ; d’autres dépouilles à posséder que la peau de ces farouches animaux, attachée sur l’épaule de leurs vainqueurs avec une agrafe d’or. Ce furent ces deux jeunes Gaulois qui se chargèrent de guider leurs compatriotes vers la conquête d’une fortune aventureuse : les phalanges Nomades qu’ils enlevèrent du territoire de la vieille patrie se composaient principalement de Bituriges,  (1) d’Éduens, d’Arvernes et de Carnutes . Sigovèse se dirigea sur la Ger-manie, passa le Rhin et s’enfonça dans ces âpres contrées où les brumes du Nord couronnaient de vastes forets, semées par la nature. Bellovèse, poussé par un instinct mystérieux vers ces chaudes régions où reposa le berceau du monde, marcha droit aux Alpes, et s’arrête surpris devant leur barrière neigeuse, pour accuser un climat décevant. Mais le général berruyer allait apprendre à conduire son armée par des défilés inconnus, dans cette tiède Italie, dont il ne faisait que soupçonner l’existence, ainsi que vingt siècles plus tard, Colomb soupçonna l’Amérique, qu’il devait bientôtretrouver.Bellovèse rencontra aux bords de la Méditerranée une coloniePhocéennevenus de l’Ionie, avaient jetée surque des vaisseaux, les terres desSaliens; maistrop faible pour s’y établir, elle obtint le secours de l’aventurier gaulois, et bâtitMassilia,Marseille. La jeunesse est imprévoyante : le neveu d’Ambigat, en cherchant une issue pour sortir de son pays, ne vit pas qu’il venait d’ouvrir une porte aux conquérants de l’Asie ou du midi de l’Europe. C’était en effet sur ce territoire que les Romains, sous la conduite du Grand Marius, devaient un jour préluder à la conquête des Gaules... Il se trouvait parmi les barbares un réfugié Étrusque nommé Aruns : Lucumon, son souverain, lui avait enlevé sa femme, et coupable d’avoir voulu opposer son droit conjugal à la corruption despotique du tyran, cet homme avait dû sauver sa vie menacée, en fuyant. Le cœur ulcéré et bouillant de vengeance, Aruns offrit à Bellovèse de le guider vers un pays au doux climat, à l’aspect souriant, au sol généreux. À l’appui de cette offre séduisante, ce transfuge versa aux chefs Gaulois, le vin de sa patrie ; d’amples amphores remplies de cette liqueur, circulèrent dans les rangs des soldats, qui ne l’avaient jamais goûtée. Ils connurent cette demi-ivresse que les épicuriens classent parmi les voluptés : fascination aimable qui agrandit le monde des espérances, et fait évanouir, pour un temps, celui des Calamités... l’Italie !Alpes furent franchies.et les crièrent alors les Gaulois... l’Italie ! Descendue dans les plaines qu’arrosent le Po et l’Adda, les Gaulois trouvaient partout de douces températures, des terres fécondes ; mais il fallait que la raison de sûreté se joignit à l’attrait des situations : les émigrants d’outremonts cherchèrent des lieux où la facilité des commu-
1.Carnutæ :peuples qui habitaient le Beauce, le Blaisois, le Vendômois, l’Orléanais, et une partie de la Sologne.
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nications et les moyens de défense, favorisassent leur établissement. Ils se fixèrent en Insubrie, et fondèrent une citésous le nom celtique de (1) Mey-Landdepuis Milan... (Médiolanum), appelée sans doute il parvintAh ! aux Gaulois qui n’avaient pas quitté leurs lares, de séduisantes nouvelles de la colonie milanaise, dans les deux siècles qui suivirent cette première expédition ; car l’an 364 de Rome, et lorsque la république, encore mal affermie, luttait à la fois contre ses ennemis extérieurs et contre les factions intestines, une seconde armée Gauloise passa les Alpes, pénétra jusqu’à la grande cité, et fit répéter aux échos du Capitole, le bruit de l’épée de Brennus, tombant dans la balance où l’on pesait la rançon des libertés romaines. Mais vous le savez, le faroucheVæ victisdu vainqueur avait été entendu de Camille : exilé, mais toujours ami de sa patrie, il revint, et extermina les Gaulois sur les débris fumants de leur conquête. Sigovèse, à qui nous revenons, en faisant un retour sur les temps, après avoir traversé les incommensurables forêts de l’Hercynie et les contrées montueuses de l’Illyrie, s’était arrêté dans la Pannonie (Hongrie), non sans avoir semé de nombreuses colonies dans les pays qu’il avait par- (2) courus. Celles-ci, en s’unissant formèrent la confédérationScordisque, qui devint bientôt assez redoutable pour diriger des phalanges contre les états les plus puissants de la Grèce. Rois et républiques, effrayés à l’approche de ces ennemis de haute stature, que la terreur grandissait encore, envoyaient au-devant d’eux des ambassadeurs chargés d’acheter chèrement la paix. Il n’en fut point ainsi de Ptolomée surnommé laFoudre,assis alors sur le trône d’Alexandre, et encore entouré des guerriers qui avaient conquis l’Asie sous ce grand homme. Ce souverain osa faire ordonner aux Gaulois de poser les armes : il oubliait que ces barbares avaient dit au vainqueur de Darius qu’ils ne redoutaient rien, que la chuteduciel;:aussi sa proposition fit-elle rire les conquérants Ridère Galli... Ptolomée,vittué dans le combat qui suivit son orgueilleuse démarche, avant d’expirer, fuir ces Macédoniens, naguère vainqueurs du monde. Cent ans plus tard, un second Brennus pénétra en Grèce, à travers ces fameuses Thermopyles, où trois cents Spartiates avaient arrêté un cataclysme de Perses, il n’y avait plus là de Léonidas ; les Gaulois allaient piller le templen’ont besoindisait leur général, Les dieux, : « de Delphes de rien, et, quand ils sont riches, ils doivent aider les mortels ». Mais les divinités de l’Orient eurent des foudres contre les profanateurs. : une tempête et un tremblement de terresauvèrent le temple. Brennus, désespéré, se perça de son épée. Telles furent les destinées des migrations guerrières offertes en exemple par ces Berruyers et ces Éduens, dont nous allons parcourir le territoire, etsiècles avant qu’une réaction belliqueuse eût réduit lacela, plusieurs Gaule en province romaine. Or, il fallait que le commerce des Gaulois avec les populations de l’Orient, eût appris à ces peuples si primitifs la
1. Il ya dans le département du Cher deux localités très anciennement nomméesMeillant et Château-Meillant.Ne serait-ce pas en mémoire de ces noms, appartenant àsa patrie-mère, que Bellovèse les aurait appliqués. 2. Appelée ainsi du nom deScordus,montagne très èlevée qui se trouvait au milieu des diverses colonies.
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vie élégante et fastueuse : lorsque, l’an 600 de Rome, Bituitus, général des Arvernes, s’avança à la tête de cent cinquante mille soldats, contre le romain Domitius Ænobarbus, qui n’en avait que trente mille, au confluent du Rhône etde la Sorgue, il parcourut les rangs revêtu d’une armure étincelante de pierres précieuses, et monté sur un char d’argent ciselé. Cette magnificence ne fit qu’exciter la cupidité des légions romaines :  (1) Bituitus fut vaincu, et cent mille des siens périrent dans le fleuve . La défaite du superbe Arverne apprit aux Romains que les Gaulois, dont la taille colossale les avait souvent intimidés, pouvaient être vaincus chez eux comme ailleurs ; et la colonne triomphale que les consuls élevèrent sur le lieu de leur victoire fut la première borne millaire plantée dans les Gaules par les maures du monde méridional. César, quelques lustres plus tard, ne fit que suivre audacieusement la route que ses prédécesseurs lui avaient ouverte, et dans laquelle les Gaulois eux-mêmes semblèrent prendre à tâche de le guider, en invoquant sa dangereuse protection. Après la conquête des Gaules, Jules César, laissant le commandement des légions romaines à ses lieutenants, était retourné en Italie, où l’appe-laient les soins de son ambition. Mais pendant son absence, nos premiers pères, persuadés enfin qu’ils avaient payé trop cher le beau titre d’alliés du peuple-roi, en subissant sa domination, se soulevèrent pour ressaisir leur indépendance. De mystérieuses assemblées se tenaient loin des camps romains, dans les profondes cavernes creusées pour les rites secrets du druidisme ; les ministres des dieux Gaulois, menacés de voir leur puissance détruite par le paganisme oriental, fomentaient la rébellion, en racontant les exactions criantes des déprédations journalières des dominateurs. Puis ces instigateurs sacrés, certains d’avoir excité au plus haut point la haine et l’esprit de vengeance, faisaient luire dans les espérances des conjurés l’aurore d’une renaissante indépendance, qu’une courageuse persévérance pouvait reconquérir ; quelquefois même ils leur peignaient cette glorieuse conquête comme la conséquence facile et prompte d’un mouvement assez rapide pour être imprévu. « Les légions romaines, disaient-ils, ren-fermées dans leurs camps fortifiés, n’oseront en sortir avant le retour de César, et l’on peut fermer le chemin à ce général avant que le bruit de l’insurrection arrive jusqu’à lui ». Ces discours découlant des bouches révérées qui faisaient entendre la parole sainte, persuadèrent sans peine des peuples honteux déjà de leur soumission : une confédération plus vaste qu’aucune des anciennes associations celtiques, se forma dans des antres de granit ou sous la voûte des chênes au gui sacré ; de terribles imprécations furent proférées contre les Romains ; un serment redou-
1.Ces armées nombreuses n’étaient pas entièrement composées de combattants : dans leurs marches, soit pour conquérir, soit pour se défendre, les Gaulois étaient accompagnés de leurs femmes, qui, durant le combat, encourageaient les guerriers, et pansaient leurs blessures lorsqu’ils étaient frappés. Il y avait aussi à la suite de ces armées, des chœurs de Bardes qui chantaient certains hymnes héroïques propres à relever encore le courage des soldats, par le récit des exploits de leurs ancêtres. Enn, ces masses armées étaient grossies d’une multitude de valets, attachés aux principaux chefs. Horus rapporte qui Bituitus, prince des Arvernes, menait à la guerre une meute aboyante de chiens de chasse: sans doute il regardait comme essentiellement constitutive la présence de ces singuliers auxiliaires ; car en voyant les 30.000 Romains que Domitius Ænobarbus opposait, aux bords du Rhône, à ses 150.000 Gaulois, il dit avec dédain:Ils ne résisteraient pas même aux chiens de mon armée.
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table, prononcé sur les étendards,militaribus signis,engagea les conjurés. Les Druides promirent la victoire au nomd’Esus, etl’on accepta l’offre qu’avaient faite les Carnutes (peuples du pays Chartrain) de commen-cer les hostilités. Elles éclatèrent par le massacre de quelques Romains venus àGenabum(Orléans), pour : C. Fusius affaires de négoce Cotta, qui avait le titre de chevalier, était du nombre. On nommait Cotuatus et Conetodunus les premiers chefs Gaulois engagés dans cette insurrection, qui gagna de proche en proche avec la rapidité d’un incendie poussé par les vents. Le mouvement avait éclaté à Orléans au lever du soleil, et à neuf heures du soir on le connaissait en Auvergne : tant la vindicte Gauloise, télégraphe passionné, avait volé rapidement des bords de la Loire moyenne, au pied du Puy-de-Dôme. Ce fut au milieu des Arvernes et dansGergoviaqu’un homme de cœur et de génie se présenta pour diriger la réaction patriotique qui se préparait : cet homme jeune, hardi, éloquent, capable d’une grande persévérance, était Vercingétorix. Son père avait péri en cherchant à tailler un sceptre dans les attributs de la magistrature populaire ; à la voix du nouveau tribun, appelant ses compa-triotes aux armes, on crut qu’il songeait aussi à la souveraine puissance ; et lorsqu’il se fut expliqué, la témérité de son entreprise fit trembler les chefs de la cité, qui parvinrent à le chasser deGergovia.Maisses clients étaient nombreux : il réveilla en eux le sentiment de la liberté, endormi depuis la conquête romaine dans le cœur des Arvernes. Bientôt la foule s’épaissit autour de lui : peu à peu toutes les classes s’y réunirent ; enfin, il entraîna la presque totalité de la nation. Devenu fort, Vercingétorix chassa à son tour ceux qui l’avaient expulsé, et se fit proclamer roi, aux acclamations d’un peuple confiant dans sa valeur et sa résolution. Dès que Vercingétorix eût ceint le diadème, il envoya des députations auprès de toutes les nations engagées dans l’insurrection, qui d’une com-mune voix, le nommèrent généralissime. Cependant les chefs des légions romaines avaient entendu ce chant de réveil du coq Goulois : ils s’étaient ébranlés à regret derrière le triple rang de pieux et le double fossé de leurs camps d’hivercastra stativa.Chaudement étendus le long des feux de leurs prétoires, ou voluptueusement assis à des tables splendides, près de leurs courtisanes couronnées de fleurs, il leur en avait coûté de secouer les pavôts de cette douce oisiveté ; mais nul d’entre eux ne se trouva inhabile à ressaisir l’épée en brisant la coupe des festins. Le fer homicide commença à résonner de nouveau parmi ces guerriers aux habitudes patriciennes ; le casque étincelant couvrit encore leur chevelure parfumée. Des passages s’ouvrirent pour la cohorte entre les robustes palissades, et le rugissement du lion réveillé répondit au chant du coq. Le cri martial de la révolte Gauloise était parvenu aux oreilles de César, alors occupé d’abattre à Rome le parti de Pompée ; celui-ci laissa glisser un sourire sur sa figure songeuse, à la nouvelle de cet incident, qui pou-vait lui donner l’empire du monde. Son rival, forcé de lui abandonner au moins la chance du moment, repasse les Alpes en toute hâte, franchit le
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