Entre deux Falaises
410 pages
Français

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Entre deux Falaises , livre ebook

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Description

« Mon parcours personnel m’a conduit à titres divers, en différents lieux du monde.
- Dans le Grand Nord au milieu d’un univers enveloppé de lumière, où la terre est encore belle.
- En Inde auprès d’enfants de parents lépreux, recueillant au jour le jour et à chaque pas, les surprises de ce peuple si accueillant.
- En France, dans la Vanoise ou sur les chemins de randonnée, au Mont-Saint-Michel, dans le Marais poitevin, dans la région minière d’où je suis originaire.
Le voyage, c’est aussi celui qui part de l’enfance, qui retourne aux sources familiales et s’aventure sur les chemins divers des différents métiers exercés, notamment auprès de personnes adultes handicapées, ainsi que des engagements sociaux, au gré des failles comme aussi des étoiles.
Ecrire, c’est créer ouvrir un chemin et le partager. C’est aussi offrir à chaque lecteur ou lectrice quelque chose de mon espace intérieur ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 février 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332655660
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0142€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-65564-6

© Edilivre, 2014
Dédicaces


à celles et ceux
avec lesquels j’ai fait un bout de chemin,
brièvement ou depuis bien des années,
partagé peines et joies,
en famille, entre amis, au travail,
sur la place du village, dans le quartier,
autour d’un repas,
en randonnée,
en montagne, à la mer,
en voyage au bout du monde…
et qui ont été présents au long de ces lignes.
Photo de couverture : le « cran aux œufs » entre 2 falaises, sur la côte d’Opale dans le Pas de Calais, au sud du cap Gris-Nez.
Salles d’attente
Dans l’herbe
Allongé dans l’herbe en face de la maison familiale je regarde vers le ciel. J’entends mes frères et autres gamins courir autour de la maison et dans la ruelle qui longe celle-ci et notre jardin. Il fait beau. En ce printemps tôt venu, le soleil traverse doucement les peupliers du parc : oh ! ce n’est pas un parc public : c’est simplement un espace qui est notre pâture. C’est là notre terrain de jeu au cœur du village.
Ce matin là, couché sur l’herbe, je me repose et rêve. J’apprécie cet arrêt du temps, scrutant ce qu’il y a au plus haut, par delà la cime bien haute des peupliers. Mes yeux s’élèvent, traversant l’espace et son immensité. Je revois le grand ciel bleu : il est beau, parfait et je me laisse réchauffer par les premiers rayons du soleil.
Soudain je suis pris de vertige. Je me sens transporté et soulevé de terre ! C’est la panique : c’est trop vaste, je vais tomber dans le haut ! Mais au-delà des arbres il n’y a plus rien pour me raccrocher et sentir le sol sous moi. J’ai le tournis ! C’est trop vaste, trop silencieux, sans visage, sans parole. Je me perds !
Heureusement je suis rattrapé par les voix familiales à deux pas de là et dans lesquelles je me réfugie en me relevant. Ouf ! J’ai échappé au vide. Première expérience existentielle ?
Les mots ne me viennent pas alors et je me relie bien vite au réel en rejoignant la bande de mes 4 frères. Alors je n’en parle pas : et qui pourrait entendre et même comprendre ce trouble ?
Ce jour là il n’y avait personne au bout de l’espace mais sur le côté l’insouciance des jeux d’enfants et leurs cris joyeux.
Dans la grande cour
Cinquante ans plus tard… Je l’aperçois sortir de sa classe de CE2, son cahier ouvert encore à la main. Elle m’aperçoit à l’opposé au fond de la grande diagonale qui traverse la cour où se déploient 1100 élèves pendant les temps libres. Le regard droit, presque altier, ne se laissant aucune distraction, elle s’avance sans me quitter des yeux, d’un pas déterminé, les bras en toute liberté le long du corps.
J’ai le temps d’attendre encore l’instant où elle se postera devant moi. Je sais que le moment va être succulent comme d’habitude. J’apprécie son allure libre, sans entrave, sans peur et d’une simplicité désarmante, cet instant où sans les mots, la conversation est déjà commencée.
Nous sommes dans le Nord de l’Inde près de Varanasi.
– « Namaste » Sarasawati. (bonjour, en hindi dans le Nord de l’Inde).
– Hello « baïa » (frère en hindi), how are you?, avec un petit signe de la main. C’est ainsi que nous nous saluons tous là-bas. Nous pouvons aussi joindre les mains et saluer d’une petite inclinaison de la tête.
Nous nous asseyons sur la large margelle qui entoure le seul vieux manguier encore debout dans cet espace. Les enfants, lorsqu’il fait trop chaud, viennent s’y mettre à l’ombre. Ils chantent, se racontent des histoires et lorsqu’il m’arrive de passer par-là, m’interpellent.
Elle me tend son livre de géographie.
– Tu aimes la géographie ? me demande-t-elle.
– Oui.
– Où habites-tu ?
– Là, tu vois, en France.
– Qu’est-ce que c’est loin et petit.
– C’est vrai. Mais en avion il suffit de 8h pour venir en Inde. Notre pays est petit par rapport au tien qui est 7 fois plus grand.
– Fred, tu sais, aujourd’hui c’est mon anniversaire. Tiens, c’est pour toi.
Elle m’offre un bonbon. A chaque anniversaire, l’enfant offre à sa maîtresse et ses amis une friandise.
– « Danniwar » (merci) et bon anniversaire à toi. Je vois que tu as mis ton habit de fête aujourd’hui.
– Oui. Parce qu’aujourd’hui j’ai le droit de m’habiller en jour de fête et je ne mets pas l’uniforme de l’école. Je dois maintenant aller préparer le repas du soir avec mes amies. Tu viendras manger avec nous ?
– Je viendrai.
– See you later, brother.
Chaque fois que je le peux, je me laisse inviter par les enfants, qui nous disposent une petite table et le couvert. Eux, comme d’habitude mangeront à même le sol, directement avec la main droite qui est considérée comme la main propre. La main gauche est réservée pour tout ce qui relève du nettoyage.
Pas un seul grain de riz ne restera dans l’assiette.
Que de chemins entre ces deux moments si proches l’un de l’autre pourtant, par leur force interne à moi-même : un visage, un silence, quelques mots, un nouveau silence, une respiration, un peu d’air qui entre et un peu d’air qui sort, un temps harmonieux et rythmé, un mystère, un océan, un regard, une conversation, une présence.
Dans le marais poitevin
Je les ai emmenés en barque dans le Marais Poitevin pour une semaine de navigation douce.
Ils sont 4 jeunes adultes, handicapés moteur, naviguant avec nous cette année là sur les nombreuses conches qui le traversent : c’est un vrai labyrinthe pour qui n’a pas de carte de navigation.
Le Marais sec que nous traversons a été organisé au 11 e siècle par des moines hollandais pour ouvrir des espaces aux pâturages et même aux cultures. Plus loin vers la côte s’étend toujours le marais mouillé.
Dans 4 kayaks de mer, par sécurité, insubmersibles, nous voilà partis pour une semaine en autonomie totale. Nous avons laissé en ville les fauteuils roulants. Nous dormons sous tente. Notre ergothérapeute a préparé des sièges rembourrés pour maintenir droits les résidents, que ce soit dans le kayak ou sur l’herbe le soir.
Nous allons au petit bonheur sans que nous rencontrions qui que ce soit pendant cette semaine. Il n’y a que les vaches pour nous regarder passer.
J’ai emmené avec moi comme accompagnatrices 2 auxiliaires de vie. Elles connaissent bien les gestes appropriés à accomplir dans le quotidien des personnes handicapées : apporter toute l’aide nécessaire pour les gestes qu’ils ne peuvent pas faire par eux-mêmes : le reste appartient aux personnes handicapées et c’est là le respect comme la nécessité de leur autonomie.
Et puis, nous sommes loin de l’institution, de son stress journalier, des pressions diverses… embarqués tous pour une expérience neuve à vivre ensemble.
La préparation fut longue : habillements divers – nourriture – eau – médicaments – toilettes – réserve d’eau. L’adaptation des 4 canoës et le matériel de campement nous sont loués par un organisme de voyage. Un guide nous accompagne et assure la partie spécifique de la navigation.
Bien sûr ce n’est pas une grande expédition mais le quotidien à vivre est d’assurer le bien-vivre des uns et des autres et rien n’est en fait laissé au hasard. Chaque geste compte et ils sont multiples et variés et adaptés aux besoins spécifiques des uns et des autres.
Nous avons installé un Résident handicapé à l’avant de chaque kayak et un accompagnateur à l’arrière, rame en mains et safran aux pieds pour la conduite.
Nous avançons lentement au rythme des coups de rames données de gauche à droite. C’est un moment inédit aussi fort qu’agréable que de se laisser glisser ainsi toute la journée.
Les arrêts sont fréquents : quelquefois une embarcation s’en va embrasser la rive, ce qui provoque le fou-rire à tous les coups.
Tout va bien : sous le ciel bleu de ce mois de mai le soleil traverse les hêtres. Mon coéquipier est un garçon de 25 ans, toujours à l’affut des projets en cours. Il a été partie prenante de la préparation concernant les essayages du siège. Souvent au centre avec les uns et les autres nous allons de projets en projets : la vie est intense.
Ici c’est autre chose… : il y a un bon moment que nous sommes embarqués depuis ce matin et il ne dit rien alors que souvent il nous interpelle jusqu’à nous tanner. Là soudain…
« Fred, tu sais, c’est la première fois que j’entends le silence. »
Le mot est lâché, inattendu mais tellement vrai à ce moment là.
Formidable ! Profites-en bien, tu es en train de vivre une expérience unique !
Me voici introduit à nouveau au Silence. Le sillage dans ces eaux calmes du marais nous y introduit.
Chut ! le CH avec Ancia
Alors comment expliquer notre CH à Ancia qui ne sait pas un mot de notre langue ? Je la reçois en cours d’apprentissage de langue française. Elle a 28 ans : je ne connais rien de son histoire et ne lui demande rien d’ailleurs, comme à toutes les autres personnes que nous recevons chaque semaine au centre social.
Elle est là le visage abîmé de tristesse mais elle a la volonté d’apprendre.
Alors je lui dis Ch……… et j’écris Chut – chat – chameau – cheval – chignon – chanter.
Je lui ai acheté un dictionnaire Français/Arabe : je découvre que les langues arabes sont différentes les unes des autres.
Lorsque je lui présente le livret d’apprentissage à la lecture, elle prononce le mot en lançant devant elle sa main ouverte pour s’aider à bien prononcer. C’est beau ! C’est comme une offrande, celle de sa parole nouvelle que sa main vient présenter. Quel exercice de concentration. C’est aussi une première tentative vers un regard où pointe de la fierté. Je sais maintenant que la semaine suivante elle se souviendra du nom de chaque objet montré et prononcera à merveille leur nom, et toujours avec ce même petit geste d’avancer la main. C’est une chorégraphie de l’humble geste associé au verbe.
Leçons de vie et p

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