Bangkok, éclats
140 pages
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Bangkok, éclats , livre ebook

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Description

À travers de courts textes, l’auteur nous fait voyager en Thaïlande. Avec ses mots, il éveille les sens si vivement sollicités dans ce pays plein de contrastes.
Il convie ainsi le lecteur à un complet dépaysement en partant à la découverte du sourire accueillant et de la beauté des Thaïlandais, de la chaleur physique et humaine de cette partie du monde, des marchés animés, des plats traditionnels.
Mais à côté de cette vie colorée et animée, dans cette ville immense qu’est Bangkok, envahie de touristes en quête de plaisirs égoïstes, la misère et les dangers se dissimulent à chaque coin de rue.
Ces textes sont une invitation à découvrir une ville hétéroclite, mélange de traditions et de modernité, où les cultures d’Orient et d’Occidents se côtoient.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 août 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414101870
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-10185-6

© Edilivre, 2017
Dédicace
Jeudi 11 août 2016. Hua Hin, Thaïlande, vers le soir.
Extraits d’articles de presse.
« Bombes en série, cadavres en pleine rue… La paisible station balnéaire touristique de Hua Hin a découvert la terreur à sa porte, pour la première fois ».
« Une marchande ambulante thaïlandaise tuée dans la première des deux explosions de Hua Hin. »
Voyez la marchande de rue.
Nous ne savons pas, nous imaginons.
Comme chaque matin, elle s’est levée tôt. Son mari dort encore. Il ne prend qu’à neuf heures. Il conduit des bus.
Comme chaque matin, elle a jeté un œil par la porte entrebâillée de l’autre chambre où dort son fils. Il a quinze ans, il est en pleine santé, elle le trouve beau.
Comme chaque matin, elle a fait à pied le trajet jusqu’au marché. Elle a acheté des fruits, de la glace en vrac, a tout chargé sur le charriot à deux roues qu’elle a poussé, saluant les uns et les autres, sur les trottoirs déjà encombrés, jusqu’à l’angle des deux rues où elle se tient tous les jours.
Elle a étalé la glace dans les deux bacs, elle a tiré la planche sur laquelle elle travaille, ouvert le parasol bleu.
Sa voisine, qui vend des saucisses et des boulettes, lui a fait un signe. Souvent, quand il y a des creux dans la vente, elle bavarde avec elle. On parle des enfants. Peu après, le coiffeur qui tient boutique à quelques pas de là est passé devant elle et lui a dit tu es bien belle ce matin. Quel flatteur. Elle est quand même fière de sa tenue, pantalon ample bleu nuit, chemisier rose et tablier pourpre. Elle a joliment tiré ses cheveux. C’est qu’il faut être avenant dans le commerce. Et puis, elle fait ça pour ses deux amours, à la maison.
Allons, pressons. Elle se met au travail. Debout, elle pèle les fruits, les coupe, les taille, les emballe dans des sachets de plastique transparents. Toutes sortes de fruits, plein de vie et de couleurs, des papayes, des ananas, des pastèques, des jaques, des fruits du dragon. Elle est habile, jamais elle ne se coupe malgré le fil si vif du couteau.
Elle juge que c’est assez pour l’instant, s’assoit sur un pliant blanc et regarde les passants, les touristes surtout, comme ils sont bizarrement vêtus ; ça la fait rire parfois mais elle ne se moque jamais ; elle aime les gens. Ils le lui rendent bien d’ailleurs. Beaucoup remarquent cette petite femme gaie aux pommettes hautes couleur de mangue, aux cheveux noirs, si experte à préparer ses fruits qu’ils sont nombreux à venir lui en acheter.
La journée passe, les affaires marchent bien, elle est contente de voir le stock diminuer à mesure que se remplit la boite en fer de précieux billets verts, bleus et rouges. Pour ses amours, à la maison.
La glace a fondu presque entièrement, les deux seaux sous le charriot sont pleins. C’est un moment qu’elle aime parce qu’elle peut aller arroser les fleurs que la municipalité a planté dans des bacs décoratifs sur le trottoir, à quelques pas de son étal, de bien belles fleurs jaunes et rouges qu’elle contemple souvent, qu’elle soigne en ôtant les feuilles sèches où les herbes parasites.
Encore quelques fruits à vendre et elle pourra replier le matériel ; ses amours l’attendent. Le soir est doux. Elle sent l’odeur de la mer.
Voyez la marchande de rue.
Nous ne savons pas, nous imaginons.
L’engin, caché dans la vasque fleurie, explose.
Les pétales jaillissent, s’envolent, retombent lentement sur son corps disloqué.
Le chariot a culbuté, des fruits roulent sur la chaussée.
La détonation lui a crevé les tympans, le souffle lui a brûlé les yeux, un éclat de pierre s’est fiché dans sa gorge.
On dira à son fils, ta maman n’a pas souffert, la bombe était tout près d’elle, elle n’a pas souffert, on te le dit.
Juste avant de mourir, nous ne savons pas, nous imaginons, elle a vu deux visages aimés dans un beau halo jaune qui se sont fondus dans la grande figure du Sage aux yeux mi-clos. Il tendait la main vers elle.
Ne pleurez pas.
Elle ne renaîtra plus.
Nous le savons.
* * *
Porte bleue
De gros insectes attirés par les feux de l’aéroport.
Les avions.
Puis, quand ils sont garés, des volatiles à pattes grêles, le bec tourné vers la mangeoire.
Devant eux, le large tube couché de l’aérogare dont les parois dessinent des pétales de lotus.
Suvarnabhumi.
Un bien joli nom. Tout de sons espiègles, voyelles joueuses, on dirait une comptine, à l’oreille française. D’ailleurs, on ne prononce pas le « i » final : poum !
Interminable queue pour passer les contrôles. Pas très avenants les policiers encagés dans leur boîte de verre et de bois qui vérifient les passeports ; voire un peu renfrognés, pour certains. Mais drôles quand même avec leur uniforme kaki décoré de breloques, le visage rond sous la brosse de cheveux noirs. Et lents à la besogne, certes bien peu grisante, comme s’ils voulaient donner une leçon inaugurale de patience bouddhiste aux touristes docilement contenus dans le labyrinthe qui mène à eux.
Passeport tamponné, sèchement restitué, un imperceptible hochement de tête du préposé signale au visiteur qu’il peut passer. La salle des bagages est juste derrière.
Les voyageurs baillent, s’impatientent, oubliant la leçon policière, massés au plus près du tapis roulant sur lequel défilent, jetés à la diable, les gisants bagages. Un visage s’éclaire, un bras se tend, agrippe, tire, hisse ; celui-là peut partir. Les autres sont un peu jaloux de cette chance. C’est dire jusqu’où elle va se nicher… la chance, ou la jalousie.
Enfin, chacun, tôt ou tard, chargé du précieux fardeau, passera sous le panneau EXIT pour achever le banal parcours du débarquement, le même à peu de chose près dans tous les grands aéroports, arpenter de longs couloirs, le nez en l’air, l’œil sautant d’un panneau à l’autre pour trouver sa route et pénétrer dans la salle des arrivées.
Une double haie humaine accueille les nouveaux venus. Des employés d’hôtel, d’agence de voyage, des chauffeurs, brandissent des écriteaux sur lesquels figure le nom des personnes attendues. Des familles aussi, avec des grappes d’enfants, se sont assemblées là pour recevoir le voyageur espéré. On rit, on parle haut, on se tombe dans les bras, les mioches piaillent, s’agitent, galopent au milieu d’un gai vacarme plein de sonorités aiguës. L’air frémit de senteurs nouvelles.
Mais celui que personne n’attend passe le joyeux attroupement, puis s’arrête, désorienté. Le plus simple est de gagner le hall principal où il pourra repérer la station de taxi et prendre le pouls du pays ; après tout, un grand aéroport international, c’est la première vitrine à lécher de la capitale. Un escalier mécanique le conduit à un entresol occupé par des bars, des restaurants d’où s’échappent des fumets épicés. Plus haut, c’est le grand hall, de plain-pied, vaste, bruissant, traversé par des rangées de comptoirs où clignotent sur des écrans le nom des compagnies aériennes. De part et d’autres de larges allées, sont disposés des bancs sans dossier, des fauteuils et, dressés ici où là, des panneaux gris de climatisation qui propulsent un air si froid qu’on frisonne en passant devant.
Le voyageur s’arrête. Quelque chose le surprend… Il ne sait pas quoi… Peut-être l’étrange lumière…
A sa gauche, il voit au-delà des hautes baies vitrées, le défilé des taxis. Mais il n’est pas pressé, un peu las même d’avoir piétiné. Il peut décider de s’asseoir, de regarder.
Non loin de lui trotte une jeune employée en tenue bleu marine. Elle est menue, si jolie avec sa frange noire, ses pommettes hautes, ses joues caramel. Malgré le rude tissu de l’uniforme, il devine la minceur tonique de son corps, la douceur de sa peau. Il la suit des yeux, la voit s’arrêter près d’un massif de fleurs jaunes au milieu duquel trône une divinité dorée à quatre bras. De surprenants objets entourent le dieu jaune, des sortes de flammes, des vases pointus, des statuettes mystérieuses. Il a de grands yeux clos, le visage luisant ; ses quatre mains ouvertes sont comme suspendues dans un geste de bénédiction. La jeune femme s’incline et joint les paumes, salue encore, puis s’en va de son petit pas de lutin. C’est quand il la perd des yeux dans la foule qu’il les voit.
Les géants, debout, jambes écartées, dressant sous le haut toit, leurs silhouettes massives et colorées. Chacun d’eux, vêtu d’une armure à collerette piquetée de motifs multicolores, s’appuie des deux mains sur un solide bâton ouvragé. Ils montrent une face effrayante, aux yeux écarquillés, aux longues oreilles en forme de flamme ou d’aile de papillon, à la bouche large et grimaçante dont la lèvre supérieure découvre deux énormes crocs. Ce sont les gardiens des temples, sortis de leur enceinte sacrée, qui veillent ici de leur formidable présence aux portes du royaume.
Puisqu’il a levé les yeux pour scruter le visage des colosses, il comprend soudain pourquoi tout-à l’heure la lumière lui a paru surprenante. Au plafond de l’aérogare, des néons nichés entre les poutrelles métalliques diffusent une lueur bleue, un bleu étonnant, un peu épais, un bleu roi à nuances violettes, une couleur vibrante qui coule en lueurs molles et teinte les objets, les gens, d’un très léger voile indigo.
Alors il sait qu’il est entré dans l’autre monde, le monde peuplé de dieux et de géants où courent de jeunes femmes graciles sous le ciel bleu.
Suvarnabhumi, la terre de l’or.
Chauffeur
Un homme d’une cinquantaine d’années, le cheveu gris et le ventre formé, défripe sa chemise à carreaux, rajuste sa ceinture, sort du terminal de Suvarnabumi, s’éponge le front, lève la tête, attiré par les portraits du roi plaqués sur la façade ; il hèle un taxi vert et jaune, s’

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