La lecture à portée de main
159
pages
Français
Ebooks
2017
Écrit par
Régent Lacoursière
Publié par
Marcel Broquet
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Ebook
2017
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Publié par
Date de parution
28 février 2017
Nombre de lectures
6
EAN13
9782897262792
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
8 Mo
Publié par
Date de parution
28 février 2017
Nombre de lectures
6
EAN13
9782897262792
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
8 Mo
PRÉFACE
C ’est avec grand plaisir que j’ai accepté d’écrire ces quelques lignes en guise de préface de l’autobiographie de Régent Lacoursière.
Je ne vous cacherai pas que j’ai dû consulter ma mère pour me « rafraîchir la mémoire » puisque je n’étais âgé que de quelques semaines lors de ma première rencontre avec monsieur Lacoursière !
Ma mère m’a raconté que mon père et elle avaient entendu parler du phénomène Régent Lacoursière au début des années 80 et qu’ils se souvenaient que sa méthode d’introduction à la natation, avec les tout jeunes bébés, était unique, audacieuse, absolument sûre, mais controversée !
Sa méthode consistait à laisser flotter les bébés sur le dos et à les submerger à l’expiration. En revenant à la surface, pointer le nez vers le ciel devenait un moyen de sauver sa vie pendant quelques minutes.
Vous comprendrez aisément que certains parents étaient d’abord indignés de voir leurs bébés être submergés sous l’eau, mais rapidement stupéfaits de constater qu’ils pouvaient instinctivement flotter seuls pendant quelques minutes.
Mes parents, qui ont toujours été avant-gardistes, curieux et sportifs, ont trouvé le principe génial et le moment opportun puisque la construction d’une piscine était dans les plans de notre future maison.
Ma sœur Anouk est née en avril 1983 et, au mois de juin, mes parents commençaient, avec elle, l’expérience Régent Lacoursière.
Fidèle et rigoureuse, ma mère se rendait chaque semaine à la piscine avec Anouk, alors âgée de deux mois, et elle constatait que ma petite sœur semblait très heureuse dans cette eau qui était à la même température que le ventre de sa mère.
Puis ce fut mon tour ! Je suis venu au monde le 8 juin 1985 et à peine trois semaines plus tard, je commençais à apprivoiser l’eau entre les mains de Régent. Ma mère m’a raconté qu’à l’âge d’un mois, pendant les séances, je dormais dans l’eau et je flottais seul comme un nénuphar pendant plusieurs minutes... Avouez que c’est assez incroyable !
On m’a souvent répété, tout au long de ma carrière, que j’étais « comme un poisson dans l’eau ». Je suis convaincu que la méthode Lacoursière a été cruciale dans cette relation d’amour et de bien-être que j’ai avec l’eau. Je m’y sens dans mon élément; je m’y sens bien et en sécurité.
Plus tard, j’ai suivi des cours de natation à l’école de Régent pendant deux ans, puis, à l’âge de cinq ans, j’ai commencé des cours de plongeon – ce qui allait me mener à une carrière incroyable en route vers l’aventure olympique. Vous connaissez la suite...
Je tiens à profiter de l’occasion qui m’est offerte dans ces pages pour remercier ma mère Christiane pour sa confiance, son audace et sa patience.
Merci à Régent Lacoursière d’avoir fait de l’eau un élément doux, agréable, apaisant, et en même temps extrêmement stimulant, un élément qui m’a permis de définir ma vie et faire de moi l’homme que je suis devenu.
~ Alexandre Despatie
AVANT-PROPOS
R égent est un homme simple, t roisième de six enfants. I l est i ssu d’une famille typiquement canadienne-française, une famille qui a connu les difficiles années de la Grande Dépression. Né un Vendredi saint, le 19 avril 1935, il a été élevé selon les règles et les principes établis par ses parents et par l’Église catholique. Sa famille était pauvre et la vie était difficile !
Mais les six enfants ont joué et chanté, se sont querellés, ont ri et ont vécu dans l’amour. Son père, Pierre Lacoursière, est né à Lowell, Massachusetts, de parents canadiens-français exilés aux États-Unis pour trouver du travail dans les manufactures. La famille Lacoursière est revenue au Québec quand Pierre était en bas âge. Pour sa part, la mère de Régent, Laurette Dulude, provenait d’une famille de dix enfants.
Régent a grandi dans le même environnement que la plupart de ses cousins, qui appartenaient tous à des familles nombreuses. Durant son enfance, Régent ne réalisait pas que sa famille était pauvre. Pour lui, cela ne faisait a ucune différence. Voyant le monde à travers les yeux d’un enfant, il croyait que tout le monde vivait de la même façon.
Régent et moi espérons que vous aurez autant de plaisir à lire cette autobiographie que nous en avons eu à regrouper toutes les pièces de cette vie.
~ Mary Lacoursière
CHAPITRE UN
LE GOÛT DE L’EAU
J e suis originaire du quartier Hochelaga de Montréal, un quartier populaire où on pouvait retrouver des familles canadiennes-françaises, anglaises, polonaises et de bien d’autres origines. Nous étions au cœur de la Grande Dépression : le chômage atteignait les 35 %. L’usine Angus, du Canadien Pacifique, offrait la plupart des emplois dans le quartier.
Mon père Pierre était un habile charpentier. Il a travaillé le plus fort qu’il a pu pour conserver son emploi, mais ses revenus étaient à peine suffisants pour nous permettre de survivre. Nous déménagions souvent, parfois à la recherche de plus d’espace pour notre famille de huit, parfois à la recherche d’un loyer moins coûteux.
Mon premier anniversaire
J e me souviens qu’un mois de janvier, le propriétaire était venu frapper à notre porte pour réclamer l’argent du loyer. Mon père l’invita à entrer. Nous n’avions pas de bois de chauffage pour chauffer le logement et nous étions tous enrhumés, misérables, vêtus de nos manteaux et de nos bottes d’hiver.
Mon père a supplié le propriétaire de lui donner la permission de retirer l’une des portes et de la couper pour s’en servir comme bois de chauffage. À la fin de l’hiver, il ne restait plus aucune porte dans le logement.
Je me souviens de tous ces longs mois d’hiver où nous gelions au logement. Mon premier souvenir d’hiver est celui de mes parents transportant des seaux de neige pour les faire fondre sur le poêle et remplir la grande cuve placée sur le sol au milieu de la cuisine. Nous n’avions pas les moyens d’avoir de baignoire, encore moins de douche, ni même d’eau chaude !
L’heure du bain arrivait au moins une fois par semaine. Mes trois sœurs étaient les premières à y passer, suivies de mes deux frères et puis de moi, en dernier. J’é tais dans mon élément. Il m’importait peu que l’eau ne soit plus très propre. J’arrivais quand même à voir, à travers les cheveux, le savon et la saleté tandis que je plongeais la tête sous l’eau, retenant mon souffle le plus longtemps possible et gardant les yeux grands ouverts.
Ma mère, Laurette, était l’une des plus ferventes admiratrices de Johnny Weissmuller (nageur olympique et acteur jouant le rôle de Tarzan au cinéma). Elle me donna le surnom de « Johnny », qui m’a suivi jusqu’à aujourd’hui.
N’ayant pas encore commencé l’école, je ne possédais pas mon propre habit de neige et je me rappelle que j’attendais impatiemment le retour de l’école de mes sœurs pour pouvoir enfiler leurs pantalons de neige et leurs bottes d’hiver pour aller jouer dehors jusqu’au souper.
Je jouais au hockey sur le trottoir, utilisant un bout de charbon comme rondelle et un vieux balai comme bâton.
Les étés, en revanche, étaient merveilleux ! Je me souviens que les jours étaient longs et chauds et j’espérais que les mois d’été ne se terminent jamais. Parfois, quand il faisait vraiment trop chaud, nous priions pour qu’il pleuve et quand l’averse se mettait enfin à tomber, tous les enfants du quartier se précipitaient dehors en sous-vêtements pour se rafraîchir.
Mes parents étaient des gens heureux. Il y avait toujours des rires à la maison. Nous riions et chantions autour de la table en partageant un chaudron de soupe et du pain frais fait maison. Le soir, mes sœurs chantaient et dansaient, et nous priions et chantions des hymnes tous ensemble.
Je suis dans la première rangée avec mes sœurs, mes frères et ma mère.
Un jour, mon père arriva à la maison avec un grand sourire aux lèvres. Il avait trouvé un emploi de charpentier à temps plein à Ottawa ! J’avais six ans et la pensée de quitter mon quartier était effrayante.