Les Colombes de la Paix
153 pages
Français

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Les Colombes de la Paix , livre ebook

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Description

jean, humble employé de banque, a accumulé au cours de sa carrière une mine d’informations financières, qui lui ont permis de devenir en secret l’homme le plus riche du monde. Même ses quatre enfants l’ignorent. Retraité, il cultive son jardin, comme si de rien n’était. A son décès, ses enfants découvrent son testament, par lequel il lègue la moitié de sa succession à Ronald Dumb et Kim Gent-il, présidents respectifs des Etats-Unis et de la Corée du Nord, à condition qu’ils établissent entre eux une paix pérenne dans l’année de l’ouverture de son testament. Se méfiant d’eux, Jean désigne un exécuteur testamentaire, qui aura la charge d’établir les conditions de paix et d’en surveiller la réalisation : le Prince Roland de Belgique. S’ensuivent de nombreuses péripéties, les uns s’associant pour la paix, les autres pour la saborder. Ce roman louvoie en permanence entre réalité géopolitique et humour satirique et décalé.

Informations

Publié par
Date de parution 13 mai 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782379798818
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Colombes de la Paix


Jean-Pierre Balfroid et Guy de Marneffe

2022
ISBN:978-2-9603010-0-7
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Préambule
 

 
 
2016, novembre. Jean DHUY regarde CNN, la campagne électorale américaine est de la plus haute importance pour ses affaires, il doit se tenir au courant des moindres détails. C’est la plus grosse opération de manipulation des masses ayant jamais existé. Chaque déclaration est disséquée et la bourse joue au yoyo continuellement, des paquets d’argent change de mains toutes les secondes. Les candidats en campagne – tous milliardaires – ne sont pas dupes et savent ce qu’il faut dire pour se remplir les poches chaque soir. Il en est un que Jean suit particulièrement, parce qu’il est atypique. Il ne suit aucune des règles de convenance, il est un peu comme un cow-boy et incarne ces hors-la-loi du Far West qui à la longue sont devenus des héros mythiques auxquels s’identifie tout un peuple. Attention à ce genre de coco, pense Jean, il peut faire très mal. Il incarne une certaine idée, pour ne pas dire une idéalisation des Etats-Unis, cela pourrait marcher si les adversaires ne sont pas attentifs. Pour le peuple, mensonges et dénis de réalité n’ont pas d’importance si d’un autre côté on lui dit ce qu’il veut entendre : dehors les étrangers, du pain pour les Américains d’abord, à mort les cols blancs de la capitale et toute leur clique, à bas les institutions pléthoriques et les fouille-merdes, fini le gaspillage de notre argent dans des conflits lointains, fini les compromissions avec les pays étrangers, exit le réchauffement climatique auquel on veut nous faire croire, foin de tous ces écologistes de pacotille : America first, America great again. Hitler tenait à peu près le même langage, et cela a marché. Staline aussi. Mao Tse-toung de même. L’histoire bégaye souvent, se dit Jean, soyons attentifs !
 
 
 
 
 
 
 
Première Partie
1
 

 
L’Airbus A 320 de la Compagnie Airtulip quitte enfin l’océan.
Ça n’en finit pas toute cette eau, s’est lamentée Agnieszka, scotchée au hublot. La terre semble enfin surgir de ce désert liquide. C’est d’abord une langue de sable ocrée dentelée par la bave blanche de la mer, puis le doux renflement des dunes comme une poitrine de jeune fille et enfin la plaine, immense corps endormi.
 
L’aéroplane remonte l’unique fleuve du petit royaume de Belgique, comme un cathéter dans une artère. Les forêts, les champs cousus dans l’immense plaine en un patchwork aux tons roux et verts, défilent dans le sens inverse de l’appareil. Agnieszka pense aux forêts gigantesques qu’elle a laissées derrière elle, de l’autre côté de l’océan, dans ce Québec où elle s’est établie, voici vingt ans, avec son mari et ses deux fils.
 
Le chuintement du train d’atterrissage qui se déploie la rassure. Elle voit maintenant les maisons agglutinées, tout un troupeau. Quelques-unes sont isolées, comme égarées. Ah, voici le village de Papa, se réjouit-elle, l’aéroport n’est plus très loin. Il fait grand beau, je suis sûre qu’il travaille dans son jardin. L’ombre de l’avion se déploie sur le paysage comme une croix noire qui disparaît quand il touche le tarmac.
 
Agnieszka a effectué cent fois ce trajet. Une habitude. Mais, cette fois, il lui avait paru long, peut-être à cause des remous. Mais non, il y avait autre chose, un je-ne-sais-quoi d’indéfinissable. Contrairement à son habitude, son père avait insisté pour que les agapes réunissent toute la famille. Pas question cette fois de me faire défaut, avait-il stridulé au téléphone de sa voix flûtée. Elle allait devoir lui annoncer que son mari, au chevet de sa mère souffrante, n’avait pu l’accompagner, de même que ses deux filles, retenues par leurs études. Et puis il y avait eu, juste avant son départ, ce coup de fil de son grand frère, Georges, qui ne s’était jamais soucié d’elle. Qu’est-ce qu’il nous veut le Vieux ? avait-il glapi. Vieux ! Agnieszka en avait été choquée. Elle adorait son père et souvent elle se culpabilisait de ne pas lui rendre visite plus souvent ; il avait pris un fameux coup à la mort de sa mère. Elle avait beau se remémorer les forêts paisibles de son Québec, se réjouir de revoir la famille au complet, jouer mentalement le second concerto pour violon de Mozart, une inquiétude sourde ne la quittait pas. Et, pour lui donner le change, elle n’avait pu compter pour l’accompagner que sur Jean-Bernard, son fils de quinze ans, claquemuré dans ses jeux électroniques. Cent fois, elle s’était levée, avait ouvert le clapet du porte-bagage pour vérifier si son violon était bien en place… Après tout, il est vrai que son père se faisait vieux, Georges avait raison, il allait sur ses 90 ans.
 
Le regard rivé sur le tapis roulant, elle attend sa valise. Autour d’elle, des passagers immobiles et muets. Elle fredonne l’air de Papageno. Parfois, comme s’il avait reçu une décharge électrique, un homme ou une femme se précipite vers le tapis et plonge sur sa valise, bousculant tout le monde. Ah, voici le sac de toile rouge de Jean-Bernard mais il est éventré, ma parole. Jean-Bernard, t’as même pas été capable de faire tes bagages correctement ! Elle aperçoit enfin sa valise, elle calcule son temps d’arrivée, prend une longue inspiration, tend déjà le bras. Mais, soudainement, un large dos muni d’un long bras lui barre le passage et harponne la valise, sa valise.
 
– Et bien Sœurette, sans moi, tu l’aurais ratée, pas vrai ?
– Oh, Georges, qu’est-ce que tu fais là ?
– Il faut que je te parle avant que tu ne débarques chez le Vieux.
– Je me doutais bien d’un problème, il est malade, c’est ça.
– Non, c’est pire !
– Comment ça ? Il est mort ?
– Pire, j’te dis !
– Mais enfin, Georges !
– Voilà, tu sais que j’ai des espions partout. Eh bien, j’ai appris qu’il avait retiré mille euros de son compte en banque, d’un seul coup, lui qui vit comme un ermite.
– Et alors ?
– J’ai investigué, tiens-toi bien, il a financé l’achat d’un nouveau coq pour le clocher de l’église de Fays-lez-Villers.
– Bah, tu sais qu’il a toujours été très croyant, il veut gagner son paradis, voilà tout.
– Ouais, et du même coup, nous spolier de mille euros au profit du curé, alors qu’à mon avis, son compte en banque, c’est pas celui de Jef Bezos, avec son boulot de petit comptable à la banque.
– Tu sais, moi, je m’en fiche de ses sous.
– Toi, tu vis d’amour et d’eau fraîche, c’est pas donné à tout le monde.
– D’amour, oui, et de musique. La musique me donne tous les trésors du monde.
– Oh ça va, on la connaît ta rengaine ! Mais… tu ne sais pas tout, le vieux exige que le coq soit entièrement peint en noir, jaune et rouge.
– En noir, jaune, rouge ?
– Oui, la couleur du drapeau de la Belgique.
– Qu’est-ce qui te tracasse le plus : les milles euros ou la couleur du coq ?
– Oh, impossible d’avoir une discussion sérieuse avec toi. Autant pisser dans un violon !
 
 
2
 

 
 
Dans sa Jaguar, Georges écoute les cours de la bourse, égrenés d’une voix monotone. Agnieszka sait que dans ces moments de communion intense et extatique de son frère, elle ne doit pas le déranger. Après tout, se rassure-t-elle, pourquoi m’inquiéter de la santé de Papa, cette histoire de coq est juste comique. Et c’est la preuve qu’il trouve encore goût à la vie. Georges ne voit que par la finance, c’est un être fruste. Pierre, mon Pierre, n’est pas comme lui, Dieu merci. Elle se souvient de leur rencontre. Un big bang !
 
Lors de son audition au conservatoire, un jeune homme dans le public était tombé raide amoureux d’elle. Il n’était probablement pas le seul, elle sait qu’elle plaisait aux hommes et elle aimait ça, mais pour elle, la musique était au-dessus de tout. Il n’était donc sans doute pas le seul, mais bien le plus entreprenant. Il était d’ailleurs…entrepreneur, exploitant une entreprise minière de grande taille, en Abitimi, à six cents kilomètres au nord de Montréal. Après l’audition, il courut acheter une gerbe de roses d’un rouge aussi incandescent que ses sentiments et la lui offrit dans sa loge. Son cœur à elle ne fit qu’un bond, sans qu’elle pût le retenir. C’était bien la première fois qu’elle ne contrôlait pas ses réactions face à un homme, mais elle parvint quand même à réserver sa réponse. Elle entendait lui faire comprendre qu’elle jouissait d’une vie indépendante et belle, et qu’elle n’avait – a priori – besoin de personne, pas même d’un homme. Elle ne souhaitait pas se noyer dans le premier ruisseau venu.
Ce soir-là, elle se regardait dans le miroir. Elle avait passé sa robe noire de concert, moulante, un de ces modèles à la mode qui dévoile plus qu’il ne cache, elle ne se trouvait pas trop mal : visage ovale, lèvres fines, boucles blondes cascadant sur ses épaules dénudées. Elle ne pensait à rien, comme la Joconde qui, énigmatique, sourit – ou pas – à celui qui la regarde. Son décolleté laissait deviner sa poitrine, qu’elle savait ferme et équilibrée.
Pierre – c’était son nom – se tenait dans l’embrasure de la porte tandis qu’elle s’était volontairement replongée, l’air le plus appliqué possible, dans le miroir de sa loge. Il s’éclaircit la voix pour signaler sa présence. Lentement, elle se retourna, le supplice avait assez duré. Une énorme gerbe de roses rouges, voilà ce qu’elle vit d’abord. Il n’avait pas encore ouvert la bouche, mais déjà beaucoup de choses étaient dites. Cette vision n’appelait qu’un mot, qui pétillait dans son cerveau comme des bulles de champagne : Outche Criss”.
D’un mouvement délibérément assuré, elle se leva, le salua et lui prit délicatement les roses des mains. Il advint alors quelque chose d’aussi extraordinaire qu’imprévu. Malgré elle, comme si elle ne s’appartenait plus, elle lui décocha son plus gracieux sourire et ses mains s’avancèrent légèrement, paumes ouvertes. Aussitôt, le pauvre Pierre fut pris, mais elle aussi, de l’autre côté de la ligne. Pris et…épris, bien ferrés comme deux poissons, chacu

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