Voleurs d'âmes , livre ebook

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Sur fond de secret familial, quatre générations évoluent, quatre générations de femmes, notamment.
De manière à la fois romancée et lucide, l’auteur décrit la vie dans une communauté protestante des Cévennes, rigide et repliée sur elle-même ; l'engagement humanitaire d’une famille au Congo, en un temps de guerre civile ; la soumission, puis la révolte, d’une jeune femme sous l’emprise d’un tyran pervers narcissique, « gourou » de la secte dans laquelle elle s’est engagée ; les tourments douloureux d’une jeune fille hantée par des visions…
Tous les ingrédients pour une libération, lorsque la chenille devient papillon, et que se lève le voile du secret… Un voyage dans la réalité humaine.
Il est difficile de caractériser ce quatrième ouvrage, et premier roman de Liliane Gabel. Roman, certes, mais également réflexion sur l'existence, à travers les tableaux de vie qu’elle présente, et les parcours humains dont elle expose les mécanismes, sans aucun jugement de valeur. Malgré ses côtés sombres, ce livre est un cri d’espérance, tout juste exprimé, comme si les sons manquaient soudain. Roman, certes, et plus précisément saga familiale, mais aussi livre-témoignage dans lequel l’auteur évoque, avec un réalisme non dénué de tendresse, divers aspects de son itinéraire. Peut-être pourrait-on parler d’une autographie romancée ?
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Publié par

Date de parution

18 février 2017

Nombre de lectures

8

EAN13

9782955996201

Langue

Français

Liliane Gabel
VOLEURS D’ Â MES
Éclair bleu sur le sentier de Lique Ser
TRILOGIE
TRACES
Tome I
À MA SŒURETTE
PARTIE
TROP TÔT
À MALOLA
À BERNADETTE
Prologue
Enfin !
Iona était enfin délivrée de ce mal-être dont personne n’avait jamais cerné l’origine, jusqu’à ce jour funeste et béni à la fois.
En effet, depuis son adolescence, un mal inconnu l’envahissait chaque année à l’approche de la belle saison, et la figeait alors dans une totale déconnexion au monde des vivants, au grand désespoir de sa mère.
Chaque fois que Muriel suggérait à Christian, son époux, d’emmener leur fille consulter un spécialiste, il la rassurait distraitement, Iona allait bien. Sans doute était-elle seulement exagérément réceptive aux changements d’humeur de Dame Nature.
Un jour que Muriel insistait particulièrement, sa mère avait hoché la tête, dubitative, mais pour une fois n’avait dit mot, ce qui satisfît tout le monde.
Comme son père et comme les villageois, sans doute Mamymélie comme l’appelait Iona, aurait-elle affirmé et répété à l’envi que les femmes de la famille étaient maudites, et ce, jusqu’à la disparition de la lignée ! Ce qui expliquait d’ailleurs qu’elle fut particulièrement attachée à sa petite fille, espérant sans doute que son affection la protégerait, affection qu’elle n’avait pourtant pas su apporter à sa propre enfant.
Après son remariage, grand-mère Amélie avait acquis le réflexe de se taire, consciente de l’inutilité de ses interventions qui n’attiraient que sarcasmes de la part de son deuxième époux.
Aucun médecin n’avait pu trouver d’explication à ce qui minait Iona, sinon en évoquant une forme singulière de dépression due à des chocs bien sévères pour une nature si fragile. Cette sorte de neurasthénie périodique continua son œuvre, même au seuil de l’âge adulte.
Contrainte au repos, la jeune fille alitée plongeait plusieurs jours dans une profonde léthargie peuplée de troublantes visions dont elle était toujours tirée brusquement, au moment même où leur révélation semblait imminente.
Amélie
Esquisse dans la brume
Baignée de soleil, la montagne familière de St André-de-Valborgne enrobée du voile léger de brume matinale, se recouvrait soudain d’ombre et d’herbe sèche, tandis qu’une silhouette se penchait sur la souffrante, sans doute pour lui dévoiler l’explication du phénomène.
Cette fois-ci, le rêve de Iona fut interrompu par un rire presque dément, celui de Mamymélie, dans le salon proche de la chambre où était alitée la jeune fille.
Ce rire, qui poursuivait les gendarmes prenant congé de la famille, la réveilla en sursaut, malgré le mystérieux brouillard qui envahissait son esprit. Elle ne put retenir un hurlement.
Sa mère se précipita à son chevet aussi vite que ses jambes encore tremblantes d’émotion le lui permirent. La nouvelle apportée par les hommes en uniforme était si incroyable…
Elle remonta les oreillers, puis caressa le front de sa fille. Celle-ci venait de replonger dans l’inconscience bienfaisante du sommeil, lorsque la porte d’entrée s’ouvrit brusquement. Accompagné d’une femme timide et discrète, cousin André – l’ami d’enfance d’Amélie – s’engouffra dans la maison afin de commenter la nouvelle qui lui était parvenue quelques instants plus tôt. Le deuxième époux d’Amélie s’était tué en moto dans la montagne, au-dessus de Navacelles. Après de longues recherches, son corps amputé du bras gauche, décapité et déchiqueté par les rochers, avait enfin été retrouvé en contrebas de la route.
Au son de la conversation animée, Iona gémit si fort que sa mère se précipita à nouveau dans la chambre de la malade. Celle-ci se détendit peu à peu.
Juste après l’annonce de la mort du beau-père de Muriel, les révélations qui émergèrent au cours des échanges entre les personnes présentes dans le salon, constituèrent le cheminement initiatique de Iona. Le voile ainsi levé, commença la guérison du mal étrange qui avait rongé sa vie, parasitant ses choix les plus intimes.
Souvent sont tues les malédictions qui atteignent une famille.
Soigneusement enfouis, les douloureux secrets de la sienne virent enfin le jour, et la jeune fille découvrit les malheurs qui avaient frappé ses proches, et du même coup le village. Épreuves survenues bien avant sa naissance, aux temps lointains où l’on empruntait ces chemins poussiéreux qui traversaient la garrigue pour se rendre à la ville, à l’époque des chevaux attelés aux charrettes, et des lueurs naissantes de dame électricité.
Ainsi, sur eux tous s’abattit le mauvais sort, misère et mort, à commencer par ce qui arriva à la source.
Bonheurs et soucis dans la communauté
Personne n’aurait pu imaginer qu’une deuxième guerre eut lieu, et qu’elle fut si proche.
La vie de l’Assemblée – en marge du protestantisme officiel – se déroulait plutôt sereinement. Les anciens voyaient leurs prières exaucées, car les jeunes gens se mariaient, augurant d’une nombreuse descendance qui perpétuerait la foi des fidèles. Ceux-ci, repliés sur eux-mêmes, faisaient preuve d’un sectarisme impitoyable, à l’instar d’autres communautés religieuses dissidentes. Bien entendu, seuls ses membres étaient les plus respectueux des Saintes Écritures !
En ce début de siècle, deux couples se préparaient à recevoir la bénédiction de leur mariage devant l’autel. Blanche et Gaspard sur la gauche, Germaine – la cousine de celui-ci – et Gaston, sur la droite, tous quatre rayonnants de bonheur, portés par les alléluia des fidèles de l’Assemblée qui se réjouissaient d’unir leurs enfants en présence de Dieu.
La seule fausse note au concert de louanges, et que personne ne remarqua, fut le regard étrange que coulait Fine, la sèche vieille fille, vers les jeunes gens intimidés. Raide comme un Dieu juge, elle serrait dans une main sa Bible, tandis que de l’autre elle s’agrippait au dossier du banc devant elle.
Fine était aussi austère que frustrée. Elle n’avait jamais assumé le sacrifice de sa vie de femme, condamnée durant de longues années à soigner son père, dont les blessures de la précédente guerre avaient laissé de terribles séquelles. Ce qui l’avait privée, ruminait-elle, d’une éventuelle union, et de l’enfantement auquel toute bonne chrétienne est destinée.
Après le décès de son père, puis de sa mère qui l’avait rejoint trop rapidement, Gaspard s’était installé dans la maison familiale emplie de ses souvenirs d’enfance.
À ses fiançailles, il avait commencé à aménager ce qui allait devenir un nid d’amour. Résonnaient déjà dans son cœur les rires des quatre ou cinq bambins que lui donnerait Blanche, sa future épouse, aussi douce que sa mère, aussi déterminée que son père. Au mois de septembre suivant, ces deux-là s’étaient réjouis de la venue au monde d’Amélie, rapidement suivie de celle d’André et de Lucien, les jumeaux de la famille voisine.
Avec la fougue de leur foi d’enfant intacte, les jeunes gens suivaient parents et amis aux offices de l’Assemblée, tout comme nombre de villageois.
Frustrée et jalouse, Fine se distingua peu à peu par d’étranges manières. Devenue hargneuse, elle rebutait tout le monde.
Le destin lui ouvrit une porte inespérée lors du brusque décès de sa sœur. Maladive, celle-ci n’avait pas supporté une deuxième grossesse qui lui avait été fatale, ainsi qu’à son enfant mort à peine né. Fou de douleur, le père du nourrisson avait mis fin à ses jours, laissant ainsi totalement orphelin Hubert, son fils aîné. Fine avait donc décidé d’adopter son neveu, petit garçon malingre.
C’était sa façon de faire la nique à la vie qui l’avait punie sans raison. L’agressivité et la méchanceté de cet enfant, qu’idolâtrait sa mère adoptive, n’égalait que l’aveuglement de celle-ci.
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne grandissait pas “ en sagesse et en grâce ” 1  ! Son œil sournois cherchait sans cesse matière à moquerie.
Descendante du fondateur, respectable et respectée com

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