Le Tartuffe
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Le Tartuffe , livre ebook

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Description

Le Tartuffe

Molière

Texte intégral. Cet ouvrage a fait l'objet d'un véritable travail en vue d'une édition numérique. Un travail typographique le rend facile et agréable à lire.
Le Tartuffe ou l’Imposteur est une comédie en cinq actes et en vers (1 962 alexandrins) de Molière représentée pour la première fois au château de Versailles le 12 mai 1664.

Louis XIV, qui avait applaudi la pièce à Versailles, dut se résoudre à interdire à Molière d'en donner des représentations publiques, à la demande de l'archevêque de Paris, Hardouin de Péréfixe, son ancien précepteur : l'Église et les dévots accusaient Molière d'impiété et lui reprochaient de donner une mauvaise image de la dévotion et des croyants... Malgré les plaidoiries de Molière, ce n'est qu'en 1669, au lendemain de la signature de la « Paix de l'Église » qui, apaisant les tensions religieuses, redonnait les coudées franches à Louis XIV, que la pièce – désormais appelée Tartuffe ou l'Imposteur – fut autorisée et connut un immense succès. Source Wikipédia.
Retrouvez l'ensemble de nos collections sur http://www.culturecommune.com/

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 150
EAN13 9782363074768
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tartuffe ou L’imposteur Molière 1664 *** Note de l’éditeur: Cette pièce est en alexandrins. Certains alexandrins se partagent entre plusieurs locuteurs et sont indiqués par un décalage du texte. Exemple : Mariane Quoi ? Valère  Que vous épousez Tartuffe. Mariane  Il est certain Que mon père s’est mis en tête ce dessein. Ces lignes forment deux alexandrins sur deux locuteurs. *** Personnages Mme Pernelle, mère d’Orgon Orgon, mari d’Elmire Elmire, femme d’Orgon Damis, fils d’Orgon Mariane, fille d’Orgon et amante de Valère Valère, amant de Mariane Cléante, beau-frère d’Orgon Tartuffe, faux dévot Dorine, suivante de Mariane M. Loyal, sergent
Un Exempt. Flipote, servante de madame Pernelle. La scène est à Paris dans la maison d’Orgon.
Acte 1
Scène 1
Madame Pernelle, Elmire, Cléante, Damis, Dorine, Flipote
Madame Pernelle
Allons, Flipote, allons ; que d’eux je me délivre.
Elmire
Vous marchez d’un tel pas, qu’on a peine à vous suivre.
Madame Pernelle
Laissez, ma bru, laissez ; ne venez pas plus loin ;
Ce sont toutes façons dont je n’ai pas besoin.
Elmire
De ce que l’on vous doit envers vous on s’acquitte.
Mais, ma mère, d’où vient que vous sortez si vite ?
Madame Pernelle
C’est que je ne puis voir tout ce ménage-ci,
Et que de me complaire on ne prend nul souci.
Oui, je sors de chez vous fort mal édifiée :
Dans toutes mes leçons j’y suis contrariée ;
On n’y respecte rien, chacun y parle haut,
Et c’est tout justement la cour du roi Pétaud.
Dorine
Si…
Madame Pernelle
 Vous êtes, ma mie, une fille suivante,
Un peu trop forte en gueule, et fort impertinente ;
Vous vous mêlez sur tout de dire votre avis.
Damis
Mais…
Madame Pernelle
 Vous êtes un sot en trois lettres, mon fils ;
C’est moi qui vous le dis, qui suis votre grand’mère ;
Et j’ai prédit cent fois à mon fils, votre père,
Que vous preniez tout l’air d’un méchant garnement,
Et ne lui donneriez jamais que du tourment.
Mariane
Je crois…
Madame Pernelle
 Mon Dieu ! sa sœur, vous faites la discrète,
Et vous n’y touchez pas, tant vous semblez doucette ;
Mais il n’est, comme on dit, pire eau que l’eau qui dort,
Et vous menez sous chape un train que je hais fort.
Elmire
Mais, ma mère…
Madame Pernelle
 Ma bru, qu’il ne vous en déplaise,
Votre conduite, en tout, est tout à fait mauvaise ;
Vous devriez leur mettre un bon exemple aux yeux ;
Et leur défunte mère en usait beaucoup mieux.
Vous êtes dépensière ; et cet état me blesse,
Que vous alliez vêtue ainsi qu’une princesse.
Quiconque à son mari veut plaire seulement,
Ma bru, n’a pas besoin de tant d’ajustement.
Cléante
Mais, madame, après tout…
Madame Pernelle
 Pour vous, monsieur son frère,
Je vous estime fort, vous aime, et vous révère ;
Mais enfin si j’étais de mon fils son époux,
Je vous prierais bien fort de n’entrer point chez nous.
Sans cesse vous prêchez des maximes de vivre
Qui par d’honnêtes gens ne se doivent point suivre.
Je vous parle un peu franc ; mais c’est là mon humeur,
Et je ne mâche point ce que j’ai sur le cœur.
Damis
Votre Monsieur Tartuffe est bien heureux, sans doute…
Madame Pernelle
C’est un homme de bien qu’il faut que l’on écoute ;
Et je ne puis souffrir sans me mettre en courroux,
De le voir querellé par un fou comme vous.
Damis
Quoi ! je souffrirai, moi, qu’un cagot de critique
Vienne usurper céans un pouvoir tyrannique ;
Et que nous ne puissions à rien nous divertir,
Si ce beau monsieur-là n’y daigne consentir ?
Dorine
S’il le faut écouter, et croire à ses maximes,
On ne peut faire rien, qu’on ne fasse des crimes ;
Car il contrôle tout, ce critique zélé.
Madame Pernelle
Et tout ce qu’il contrôle est fort bien contrôlé.
C’est au chemin du ciel qu’il prétend vous conduire :
Et mon fils à l’aimer vous devrait tous induire.
Damis
Non, voyez-vous, ma mère, il n’est père ni rien,
Qui me puisse obliger à lui vouloir du bien :
Je trahirais mon cœur de parler d’autre sorte.
Sur ses façons de faire à tous coups je m’emporte :
J’en prévois une suite, et qu’avec ce pied-plat
Il faudra que j’en vienne à quelque grand éclat.
Dorine
Certes, c’est une chose aussi qui scandalise
De voir qu’un inconnu céans s’impatronise ;
Qu’un gueux, qui, quand il vint, n’avait pas de souliers,
Et dont l’habit entier valait bien six deniers,
En vienne jusque-là que de se méconnaître,
De contrarier tout, et de faire le maître.
Madame Pernelle
Eh ! merci de ma vie, il en irait bien mieux
Si tout se gouvernait par ses ordres pieux.
Dorine
Il passe pour un saint dans votre fantaisie :
Tout son fait, croyez-moi, n’est rien qu’hypocrisie.
Madame Pernelle
Voyez la langue !
Dorine
 À lui, non plus qu’à son Laurent,
Je ne me fierais, moi, que sur un bon garant.
Madame Pernelle
J’ignore ce qu’au fond le serviteur peut être ;
Mais pour homme de bien je garantis le maître.
Vous ne lui voulez mal et ne le rebutez
Qu’à cause qu’il vous dit à tous vos vérités.
C’est contre le péché que son cœur se courrouce
Et l’intérêt du ciel est tout ce qui le pousse.
Dorine
Oui ; mais pourquoi, surtout depuis un certain temps,
Ne saurait-il souffrir qu’aucun hante céans ?
En quoi blesse le ciel une visite honnête,
Pour en faire un vacarme à nous rompre la tête ?
Veut-on que là-dessus je m’explique entre nous ?…
Montrant Elmire.
Je crois que de madame il est, ma foi, jaloux.
Madame Pernelle
Taisez-vous, et songez aux choses que vous dites.
Ce n’est pas lui tout seul qui blâme ces visites :
Tout ce tracas qui suit les gens que vous hantez,
Ces carrosses sans cesse à la porte plantés,
Et de tant de laquais le bruyant assemblage,
Font un éclat fâcheux dans tout le voisinage.
Je veux croire qu’au fond il ne se passe rien ;
Mais enfin on en parle, et cela n’est pas bien.
Cléante
Hé ! voulez-vous, madame, empêcher qu’on ne cause ?
Ce serait dans la vie une fâcheuse chose,
Si, pour les sots discours où l’on peut être mis,
Il fallait renoncer à ses meilleurs amis.
Et quand même on pourrait se résoudre à le faire,
Croiriez-vous obliger tout le monde à se taire ?
Contre la médisance il n’est point de rempart.
À tous les sots caquets n’ayons donc nul égard ;
Efforçons-nous de vivre avec toute innocence,
Et laissons aux causeurs une pleine licence.
Dorine
Daphné, notre voisine, et son petit époux,
Ne seraient-ils point ceux qui parlent mal de nous ?
Ceux de qui la conduite offre le plus à rire
Sont toujours sur autrui les premiers à médire :
Ils ne manquent jamais de saisir promptement
L’apparente lueur du moindre attachement,
D’en semer la nouvelle avec beaucoup de joie,
Et d’y donner le tour qu’ils veulent qu’on y croie ;
Des actions d’autrui, teintes de leurs couleurs,
Ils pensent dans le monde autoriser les leurs,
Et, sous le faux espoir de quelque ressemblance,
Aux intrigues qu’ils ont donner de l’innocence,
Ou faire ailleurs tomber quelques traits partagés
De ce blâme public dont ils sont trop chargés.
Madame Pernelle
Tous ces raisonnements ne font rien à l’affaire.
On sait qu’Orante mène une vie exemplaire ;
Tous ses soins vont au ciel ; et j’ai su, par des gens,
Qu’elle condamne fort le train qui vient céans.
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