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Description
Sujets
Informations
Publié par | Presses Electroniques de France |
Nombre de lectures | 13 |
EAN13 | 9791022101349 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Eugène Labiche
L'Affaire de la rue Lourcine
Comédie en un acte, mêlée de couplets
© Presses Électroniques de France, 2014
Personnages
Lenglumé, rentier
Mistingue
Potard, cousin de Lenglumé
Justin, domestique de Lenglumé
Norine, femme de Lenglumé
Le théâtre représente la chambre à coucher de Lenglumé. Au fond, lit fermé par des rideaux ; lavabo, avec ses ustensiles. Cheminée, à gauche, deuxième plan ; porte au fond, à la droite du lit ; porte à la gauche du lit. Portes au premier et au deuxième plan de droite ; chaises, fauteuils, etc.
Scène I
Justin, puis Norine
Au lever du rideau, le lit est fermé par les rideaux.
Justin , entrant à pas de loup
Monsieur dort encore... ne le réveillons pas.
(Regardant la pendule)
Neuf heures ! ... Il est flâneur, Monsieur...
(Il éternue)
Cré rhume ! ... ça me tient dans le cerveau !
Norine , entrant sur la pointe des pieds. Elle tient un pot de tabac et deux bouteilles
Eh bien, est-il réveillé ?
Justin
Pas encore... Il est si flâneur, Monsieur !
Norine
Hein ? ... Je vous prie de parler avec plus de respect...
Justin
Oh ! Pardon ! ... Faut-il le prévenir que Madame est là ?
Norine
Gardez-vous-en bien ! ... C’est aujourd’hui sa fête, à ce pauvre ami... et je veux lui faire une surprise... un pot de tabac, garni de maryland.
Elle le pose sur la cheminée.
Justin , à part
Mâtin ! ... Du maryland ! ... Je m’en offrirai une pipe.
Norine
Plus ces deux bouteilles de genièvre... sa liqueur favorite.
Justin , à part
Je m’en offrirai aussi une pipe.
(Haut, s’oubliant)
C’est bien... posez ça là !
Norine
Comment ! Posez ça là ?
Justin
Oh ! Pardon !
Norine
Je veux, au contraire, les porter dans le petit salon... De cette façon, il aura une surprise... en partie double, ce cher ange !
Justin , à part
Que cette femme est romanesque pour son embonpoint.
Norine , prête à sortir
Ah ! Justin, on a collé hier du papier dans le cabinet de Monsieur... Vous y allumerez un réchaud pour le faire sécher.
Justin
Oui, Madame.
Norine
Vous chercherez aussi le parapluie que j’ai emprunté au cousin Potard... un parapluie vert... Avec une tête de singe... Sa bonne est là qui l’attend.
Justin
Madame, faut que je brosse les habits.
Norine
Plus tard.
Justin
Cependant...
Norine
Vous raisonnez toujours ! ... Je vous intime l’ordre de chercher ce parapluie... c’est clair !
Elle entre à gauche avec ses deux bouteilles.
Justin , seul, s’adressant à la porte
Zut ! ... zut ! ... zut ! ... Elle m’embête avec son parapluie ! Prenons toujours les hardes de Monsieur pour les brosser ! ...
(Prenant des vêtements sur une chaise)
Voilà son habit, son gilet, ses bottes... Tiens ! Elles sont crottées ! ... C’est curieux, ça ! ... Monsieur qui n’est pas sorti hier... Il est allé se coucher à cinq heures, en se plaignant d’un fort mal de tête... Mais je ne vois pas son pantalon ! ... Où est donc le pantalon ? ...
(Il trébuche contre une seconde paire de bottes)
Hein ! ... Encore des bottes ! ... Crottées ! ... Ah ! C’est curieux, ça !
(Apercevant d’autres vêtements sur une chaise)
Et un second habit... et un regilet ! ... Et pas le moindre pantalon ! ... Est-ce que, les jours de migraine, Monsieur Lenglumé s’habillerait en Écossais ? ... Il y a quelque chose...
(Il éternue)
Cré rhume ! ... J’ai oublié mon mouchoir ! ... Que je suis bête ! ...
Il prend un mouchoir dans une des redingotes qu’il porte, et se mouche très fort à plusieurs reprises.
Lenglumé , qui se réveille, dans l’alcôve
Qui est-ce qui sonne du cor ? ...
Justin
Oh ! J’ai réveillé Monsieur !
Il se sauve vivement par la droite, troisième plan.
Scène II
Lenglumé, puis Norine
Lenglumé , seul, passant sa tête entre les rideaux
Personne ! ... Tiens, il fait grand jour ! ...
(Il se glisse en bas de son lit. Les rideaux se referment derrière lui. Il a son pantalon)
Où est donc mon pantalon ? ...
(Le regardant)
Tiens ! Je suis dedans ! ... Voilà qui est particulier ! ... Je me suis couché avec... Ah ! Je me rappelle ! ...
(Avec mystère)
Chut ! Madame Lenglumé n’est pas là... Hier, j’ai fait mes farces... Sapristi, que j’ai soif !
(Il prend une carafe d’eau sur la cheminée, et boit à même)
Je suis allé au banquet annuel de l’institution Labadens, dont je fus un des élèves les plus... médiocres..