Royauté et Politique , livre ebook

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Royauté et politique: l'histoire de ma vie est un récit autobiographique fascinant d'une vie riche en controverses, celle de meneur d'hommes, animée par le sens du devoir, le goût du résultat et la recherche de l'innovation. Né en 1925 dans une famille royale influente et de renom, celle de Mankon à Bamenda, dans les Grassfields du Cameroun, Solomon Anyeghamotü Ndefru s'attendait le moins à hériter du trône. Il est pourtant celui que le destin choisit pour succéder à son père décédé en 1959. En tant que Fo Angwafo III de Mankon, l'un des chefs traditionnels les plus instruits à l'aube des indépendances, il fit son entrée à l'Assemblée nationale tout d'abord comme candidat indépendant, puis comme candidat de l'Union nationale camerounaise (UNC). Il est depuis 1990 Premier Vice-président du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) du Président Paul Biya.

Dans cette réflexion singulière, analytique et profonde sur ses 50 années de règne, Fo Angwafo III parle de son enfance à l'époque coloniale, de sa désignation inattendue au trône, du Plébiscite de 1961 et de son initiation à la politique. Roi et homme politique, il fait face à l'hostilité de l'élite politique moderne qui conteste son engagement partisan. Il s'attarde sur l'Église, l'éducation et la politique, relate sa vie en tant qu'agriculteur et jette un regard sur la manière dont il s'investit dans la cause du royaume. Il soutient que la modernisation demeure la meilleure manière de consolider nos traditions, et que notre modernité n'a de sens que dans la mesure où elle trouve ses fondements dans nos traditions. Il estime que sa vie, à bien des égards, résume cette négociation et cette conciliation entre continuité et changement.


1 : Grandir à l'époque coloniale

2 : La grosse surprise

3 : Le plébiscite : mon initiation à la politique

4 : Fo Mankon et politicien

5 : SDF, la réincarnation du KNDP

6 : L'Eglise, l'école et la politique

7 : Construire le palais, entretenir le royaume

8 : Ma vie en images

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Publié par

Date de parution

15 juillet 2022

Nombre de lectures

28

EAN13

9789956552337

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

24 Mo

une famille royale influente et de renom, celle de Mankon à Bamenda, dans les Grassfields du Cameroun, Solomon Anyeghamotü Ndefru s’attendait le moins à hériter du trône. Il est pourtant celui que le destin choisit pour succéder à son père décédé en 1959. En tant que Fo Angwafo III de Mankon, l’un des chefs traditionnels les plus instruits à l’aube des indépendances, il fit son entrée à l’Assemblée nationale tout d’abord comme candidat indépendant, puis comme candidat de l’Union nationale camerounaise (UNC). Il est depuis 1990 Premier Vice-président du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) du Président Paul Biya.
Dans cette réflexion singulière, analytique et profonde sur ses 50 années de règne, Fo Angwafo III parle de son enfance à l’époque coloniale, de sa désignation inattendue au trône, du Plébiscite de 1961 et de son initiation à la politique. Roi et homme politique, il fait face à l’hostilité de l’élite politique moderne qui conteste
à bien des égards, résume cette négociation et cette conciliation entre continuité
FO ANGWAFO III SA.N DE MANKON fait ses études à Aggrey Memorial College Arochuku, à l’est du Nigeria, de 1945-1950, où il obtient le Senior Cambridge Secondary School Certificate. Plus tard, il s’inscrit à University College Ibadan, au Nigeria, et en sort en 1953 avec le Diplôme d’agriculture. Jusqu’à son intronisation comme vingtième roi de Mankon en 1959, il est Chef technicien d’agriculture à Wum. Fo Angwafo III S.A.N de Mankon a reçu cinq médailles du Gouvernement camerounais. En outre, sa passion pour l’éducation et la paix lui a valu deux autres médailles du Vatican décernées respectivement par les Pape Jean XXIII et Jean Paul II. En 2006, il est élu Homme de l’année par l’American Biographical Institute. Il a accompagné le Président Paul Biya à Auckland (Nouvelle-Zélande) en 1995, à l’occasion de l’admission du Cameroun au Commonwealth. En 2002 et 2007, il a entrepris deux importantes visites de travail aux
Royauté et Politique
L’histoire de ma vie
FO S.A.N ANGWAFO III DE MANKON
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Royauté et Politique L’histoire de ma vie
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Royauté et Politique: L’histoire de ma vie Fo S.A.N Angwafo III de MankonL a ng a a R esea rch & P u blishing CIG Mankon, Bamenda
Publisher:LangaaRPCIG Langaa Research & Publishing Common Initiative Group P.O. Box 902 Mankon Bamenda North West Region Cameroon Langaagrp@gmail.com www.langaa-rpcig.net Distributed in and outside N. America by African Books Collective orders@africanbookscollective.com www.africanbookscollective.com
ISBN-10: 9956-552-68-2
ISBN-13: 978-9956-552-68-9 ©Fo S.A.N Angwafo III 2022Traduit de l’anglais par: - MPECK née MBE KETE Emilienne, Traductrice principale All rights reserved. No part of this book may be reproduced or transmitted in any form or by any means, mechanical or electronic, including photocopying and recording, or be stored in any information storage or retrieval system, without written permission from the publisher
Table des Matières 1 : Grandir à l’époque coloniale............................................ 1 2 : La grosse surprise............................................................ 17 3 : Le plébiscite : mon initiation à la politique .................... 27 4 : Fo Mankon et politicien .................................................. 39 5 : SDF, la réincarnation du KNDP ..................................... 45 6 : L’Eglise, l’école et la politique ........................................ 63 7 : Construire le palais, entretenir le royaume ..................... 77 8 : Ma vie en images ............................................................. 97
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1 Grandir à l’époque coloniale Je suis étonné qu’après environ 84 années d’existence, je sois en train de raconter l’histoire de ma vie, assis à l’endroit même où j’ai vu le jour. Je n’avais jamais imaginé que je deviendrais Fo Mankon et mourrais ici au palais. Je suis né le 21 mai 1925, ici àNto’o Mankon,et on me nomma Anyeghamotü. Je suis le fils de Fo Ndefru III qui monta sur le trône en 1919, vers le début de l’administration britannique dans le Southern Cameroons, et qui mourut le 31 mars 1959. C’était deux ans environ avant la fin de la domination coloniale britannique. Ma mère, Theresa Mankah, qui devint Mafo Angwafo III (Reine mère) en 1959, fut une de ses épouses. Elle était la fille d’Akenji et de Swiri, tous deux originaires de Munki (Asongkah), un quartier de Mankon. Je suis son unique fils encore en vie ; mon frère, l’autre fils de cette dernière, mourut quand il avait à peine 12 ans. Mon père avait plus de cent femmes et je dus prendre la responsabilité de celles-ci à sa mort. Quand je lui succédai en 1959, je pris à ma charge 79 de ses femmes qui vivaient encore ici au palais. J’étais très loin de Mankon et du département de la Mezam quand je perdis mon père ce jour fatidique. J’étais le principal agent agricole délégué pour ouvrir les services d’agriculture des actuels départements de la Menchum et du Boyo. En venant pour ce triste évènement, je ne pouvais imaginer que je n’allais plus rentrer. Ma mère n’avait qu’un seul frère. Ce dernier était démuni et ne pouvait porter assistance ni à ma mère ni à moi. Figurez-vous donc que dans une famille si nombreuse, même si notre père s’intéressait à l’école, le nombre de ses femmes et de ses enfants, en plus de la famille élargie, ne pouvait que l’accabler et l’empêcher de prendre en charge notre éducation. Un de ses principes envers nous ses enfants était que nous devions compter sur nos oncles pour notre éducation. Je n’avais malheureusement pas d’oncle sur qui compter. Toutefois, mon père m’envoya à l’école (Ecole Publique de Bamenda) en 1934, juste par amour pour l’éducation, sans toutefois comprendre ce qu’était l’éducation. Il était par conséquent difficile
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d’assurer mon éducation, notamment pourvoir à mes fournitures scolaires et payer mes frais de scolarité. Alors, on m’envoya cette année-là vivre avec notre frère aîné qui avait trouvé un emploi en 1931. Avec son maigre salaire, ce dernier avait à sa charge lui-même et nous tous qui vivions chez lui. Par conséquent, il ne pouvait ni subvenir à ses propres besoins ni aller au-delà de l’aide qu’il s’évertuait à nous apporter. Aussi avais-je commencé à éprouver des difficultés pour mon éducation. Vers 1937, je quittai mon père pour aller vivre avec mes amis dans une petite case en paille que nous avions construite pour nous-mêmes à Atua-Zire. Je partis de l’École Publique de Bamenda Station pour les retrouver à l’École Catholique de Mankon qui venait d’ouvrir ses portes, car il nous fallait vivre ensemble afin d’apprendre à voler de nos propres ailes. Nous revenions de temps en temps à la maison pour nous approvisionner en denrées alimentaires, préparer notre repas et ramasser du bois de chauffage que nous vendions à Ntambag (ville) et utilisions également. Parfois, ma mère m’apportait de la nourriture à Bamenda Station. Lorsque je ne rentrais pas à la maison le vendredi, elle venait me chercher. C’était une mère gentille et affectueuse. Elle préparait du riz, du taro et d’autres types d’aliments, et me les apportait à l’école. C’était également une femme très soumise à mon père, douce et calme. L’agriculture faisait partie intégrante de sa vie. Elle pratiquait les cultures vivrières dont une partie était réservée à son foyer et l’autre écoulée sur le marché de Ntambag. Ma mère m’avait impliqué dans cette activité en m’amenant régulièrement au champ. Quant à mon père, outre ses talents de chasseur et sa passion pour l’art, il était également un ardent cultivateur, ce qui lui permit de gagner auprès de l’administration britannique, un marché d’approvisionnement de la prison de Bamenda en denrées alimentaires. C’est l’école qui m’emmena hors du palais. À l’époque, il n’était pas question d’aller louer une maison pour y habiter. Personne ne considérait la mise en location d’une maison comme un domaine des affaires, et mon père n’aimait jamais qu’un de ses enfants passe la nuit à Ntambag qui était surtout habité par des étrangers. Mon père désapprouvait le style de vie des étrangers et ne voulait voir aucun de nous adopter leurs habitudes. Si nous allions à Ntambag, c’était
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uniquement pour vendre le bois de chauffage et les denrées alimentaires. L’École Catholique fut d’abord ouverte ici à Ntambeng en 1935 avant d’être transférée en 1936 à Ntahsen. Certains de mes collègues en l’occurrence Bongam, Ntah et autres, ont fréquenté cette école. Je partis de l’École Publique de Bamenda parce que, me sentant isolé là-bas, je voulais rejoindre mes amis à l’École Catholique. J’y suis également allé parce que mon frère aîné, Joseph Fru-Asah Ndomu, était catholique. Lorsque nous étions à l’École Publique de Bamenda Station, nous descendions de temps en temps à Mankon pour le catéchisme. Ainsi, quand en 1937 je décidai d’aller à l’École Catholique, je ne savais pas que j’avais offensé mon père qui avait un penchant pour l’école publique. Mon père donnait l’impression d’être hostile à l’éducation missionnaire, mais à bien y regarder, c’était le contraire. Il avait beaucoup fait pour l’Église. Mon père avait collaboré avec les différents missionnaires en matière de développement, d’éducation et de Christianisme, en mettant à disposition des terres et en fournissant la main-d'œuvre le cas échéant, pour la construction des écoles et des églises. Les terres étaient également généreusement mises à disposition pour d’autres œuvres sociales telles que la construction de l’hôpital régional de Bamenda. Mon père désapprouvait plutôt la doctrine catholique qui préconise qu’un homme ait une seule femme. Pire encore, il avait horreur du célibat et ne prenait jamais les prêtres au sérieux du fait qu’ils n’étaient pas mariés. Il lui arrivait d’appeler un prêtre et de lui demander, « Dîtes-moi franchement mon Père, un homme de bien comme vous sans femme ? Comment vous sentez-vous ? Quand vous mourrez, qui prendra soins des biens que vous laisserez ? Qui vous succèdera ? » Le prêtre lui rétorquait qu’il avait des frères et des sœurs pour prendre soins de ses biens lorsqu’il mourra. Mon père ne pouvait prendre au sérieux toute personne qui n’accordait pas à la responsabilité sociale du mariage l‘importance qu’elle mérite. Il redoutait que le fait pour nous d’épouser une seule femme ne compromette l’institution royale. Il aimait les catholiques et soutenait leur objectif, à savoir l’influence civilisatrice de l’éducation. Mais, quant à la famille, il n’était pas d’accord sur l’accent qu’ils mettaient sur le fait que l’homme n’épouse qu’une seule femme.
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Personnellement, je ne connaissais pas le point de vue de mon père à l’égard de l’église catholique et du mariage, mais j’aimais aller en compagnie de mes amis apprendre le catéchisme et pour cela, je fus puni. Il me retira de l’école et je dus rester sans aller à l’école de 1939 à 1940. Je croyais que je n’allais plus y retourner parce qu’il n’y avait personne pour m’aider, même comme cette situation n’arrangeait pas mon père. Un jour, il me demanda: « Pourquoi as-tu quitté l’École Publique située là-haut à Station pour descendre à l’École Catholique. “En ma qualité de Fon, je construis une école et tu la refuses pour aller fréquenter une école construite par un homme ordinaire, fut-il chef de quartier ? Est-ce normal ? Comment peux-tu aller à l’École Catholique ? Pourquoi quitter l’École publique gérée par l’État pour une école ordinaire réservée au bas peuple. L’École publique est plus prestigieuse que l’École catholique», dit-il. Je lui répondis que c’était la même chose ; que les enseignements étaient les mêmes dans tous les établissements. Il dit « Non !! » Et il me posa la question suivante: « Entre l‘État et les missionnaires, qui a le plus de pouvoir? » La situation s’empira parce qu’en 1937, mon père donna une femme à mon frère aîné, Joseph Fru-Asah, qu’il refusa pour aller lui-même prendre une autre femme catholique avec qui il se maria à l’Église. C’était largement suffisant pour anéantir mon frère et sa famille aux yeux de mon père qui ne l’avait jamais accepté et ne cessa de le dire jusqu’à sa mort. Très entêté, mon frère ne chercha même pas à s’expliquer ni à demander des excuses. Alors, quand je partis de l’École Publique de Bamenda Station pour l’École Catholique de Mankon, mon père en fut irrité. Pour cette raison, je dus quitter l’école. En dehors de l’offense que mon frère et moi avions faite à notre père en fréquentant l’église catholique, 1937 fut une excellente année pour toute la famille. Nous vendions les denrées alimentaires à Ntambag, à côté de l’actuel emplacement du Commissariat Central. C’est à cet endroit que fut le premier marché. Mon père et sa famille nombreuse produisaient assez de vivres et le jour du marché, nous étions plus de 50 à transporter dans ce marché des petits paniers de macabos et différents autres types de vivres que produisait la famille. Et comme la chance nous souriait, l’administrateur britannique avait
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remarqué ce grand nombre d’enfants – garçons et filles, tous nus – qui venaient par paires vendre au marché. Alors en 1937, cet administrateur fit appel à mon père et lui fit l’offre d’approvisionner les prisonniers de Her Majesty’s Prison Bamenda en denrées alimentaires, en raison de la grande quantité de vivres qu’il apportait au marché, et mon père l’accepta. Le contrat y relatif fut signé par mon père ainsi que le responsable de la prison. Tous les produits agricoles que nous produisions et dont l’administrateur avait besoin, nous les livrions, mais ceux que nous ne produisions pas, nous les achetions pour les livrer. Tous les membres de la famille étaient impliqués dans cette activité, et l’argent que nous engrangions était réinvesti dans l’achat des produits et denrées que nous ne produisions pas. En dépit de cette activité, notre père ne nous donnait pas de l’argent pour aller à l’école ou satisfaire nos besoins. Pour notre éducation et d’autres besoins à satisfaire, mon père comptait sur les oncles de ses enfants pour lui venir en aide. Puisque je n’avais pas d’oncle sur qui compter, je m’employai à subvenir à mes besoins. Il y avait un pasteur, le regretté Ntse Castro qui était chef de quartier et avait également épousé une de mes cousines. En 1938, il m’invita à vivre avec lui et sa femme. Je quittai amis avec qui je vivais dans la case en paille que nous avions construite, pour aller vivre avec eux. Je vivais là-bas et tous les week-ends, j’allais à la plantation de mon père chercher le bois de chauffage que je vendais à Ntambag. En outre, nous pêchions à l’hameçon du poisson, en particulier les silures, et allions vendre aux fonctionnaires, aux élites, et aux nantis de la ville; l’argent que je gagnais ainsi me permettait de satisfaire mes petits besoins scolaires. Parfois, nous puisions de l’eau pour le compte des allogènes de Ntambag pour nous faire un peu d’argent afin d’acheter crayons et cahiers. C’est ainsi que nous vivions. 1938 fut l’année au cours de laquelle nous connûmes des moments très éprouvants au palais de mon père. La coutume voulait que certains dignitaires donnent au Fo une femme et que ce dernier accepte ces offres en retour. Cette année-là, mon père épousa trois femmes qui étaient toutes catholiques. Les catholiques n’étant pas contents de son régime matrimonial, demandèrent aux parents de ces femmes de porter plainte contre mon père pour motifs de viol et
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