Mamina et Jean, une vie d'épreuves , livre ebook

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Jean, très jeune militaire engagé dans l'armée, rencontre Thi-Lang lors de sa campagne d'Indochine. Immédiatement, c'est le coup de foudre, mais il est militaire français et elle vietnamienne, leur idylle s'expose à des représailles, surtout lorsque Thi-Lang tombe enceinte alors qu'elle n'a que quinze ans, et Jean vingt-quatre. Malgré les risques et la guerre qui fait rage, il lui obtient de faux papiers qui la vieillissent de dix années, mais il demeure encore le problème de l'enfant : les parents confieront Jeanot-Jean à une amie, le temps de quitter la région sinistrée et y revenir une fois mariés et le conflit lénifié. De retour un an plus tard, ils ne retrouveront plus l'enfant ni l'amie et vivront dans une tourmente effroyable... Des années 50 à nos jours, entre l'Indochine et la France, via le Congo et l'Allemagne, l'auteur évoque la vie de ses parents, avoue ses erreurs et dérives, ses trahisons et sa descente en enfer... À mi-chemin entre l'hommage et la confession, cette saga d'une famille inextricablement liée à la grande Histoire ne peut laisser indifférent. La réalité côtoie la fresque romanesque, l'émotion y est palpable, la sincérité désarmante.

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Date de parution

04 mars 2016

Nombre de lectures

1

EAN13

9782342048698

Langue

Français

Mamina et Jean, une vie d'épreuves
Patrick Baffico
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Mamina et Jean, une vie d'épreuves
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Brigitte Baffico        Bruno Baffico
Épouse Dhillon
 
 
 
Remerciements
 
 
 
Merci à tous deux pour l’aide que vous m’avez apportée (photos, documents et vidéos). Elle m’a permis de rédiger au mieux cet ouvrage.
Merci à toi Brigitte pour ces trente années de dévouement envers Mamina, pour tes sacrifices et pour ta bienveillance, je t’exprime toute ma reconnaissance, car tu le mérites plus que tout.
Merci à toi Bruno d’avoir toujours été auprès de Mamina et de l’avoir tant aimée. Ta seule présence à ses côtés a suffi, de tout temps, à lui procurer le plus grand bien.
Des neuf enfants que nos parents ont eus, vous êtes ceux qui méritent amplement vos titres de fille et de fils, tant l’amour que vous leur avez toujours témoigné fut admirable.
 
 
 
Délivrance
 
 
 
Si le voyage dans le temps était possible, je choisirai la date du 9 mars 1951. En ce jour précis, Jean (mon père) irradiait d’allégresse. Du haut de ses 18 ans et un jour, cet empereur pour toujours s’apprêtait à prendre possession d’un nouveau monde. Affranchi de l’autorité parentale, il se délestait des liens qui l’avaient empêché de planer vers cette liberté qui l’aguichait de ses formes plantureuses. Sa décision, il l’avait mûrement réfléchie avant de s’ancrer dans ce port, point de départ de sa grande aventure. Assujetti à la décision unanime de ses parents qui décidèrent de se quitter pour mener une vie indépendante, il se retrouva bien malgré lui aux côtés de son père, alors que son frère délaissait l’île avec leur mère au profit de la Côte Azuréenne. De 1949 à ce 9 mars 1951, il demeura ce serf soumis à l’autorité d’un père impitoyable. Être le fils d’un boulanger-pâtissier demande énormément d’abnégation, et plus encore lorsque l’on a que 16 ans. Travailler pendant que tous les autres dorment, pioncer alors que la vie s’impatiente de galvaniser sa jeunesse était insupportable. De cette existence à l’envers et atone, il n’en voulait plus. Malgré l’ambition paternelle, il n’était pas taillé pour embrasser cette profession. Conscient de l’enjeu de l’entreprise qu’il maronnait depuis bien longtemps, majeur, il était bien déterminé à prendre la décision la plus importante de sa vie. En ce matin du 9 mars 1951, muni d’une petite valise renfermant quelques affaires, escamotant la caisse du magasin, il rejoint le port et se cache à bord d’un bateau qui appareille une heure plus tard. Lorsqu’il fait escale à Nice, sa galère commence : durant plusieurs jours, il se rend compte combien il est difficile de gagner sa vie. Il ne mange pas à sa faim et n’a plus le sou pour se payer un lit et dormir. Impatient de mûrir et de s’assumer, il lui faut au plus vite trouver un travail qui lui assurera le gîte et la table. C’est alors qu’il entreprend de se présenter sous les drapeaux la tête haute, le sourire au coin des lèvres, libre et avide de découvertes. À quelques jours de la résurrection du printemps, il était bien décidé à offrir à sa vie ces belles couleurs qu’elle ne cessait de lui réclamer, depuis que cette puberté l’avait pénétré. Au sein de cette armée qu’il apprend à aimer, de satisfactions il se laisse envahir, de vérités il se laisse submerger. De cette nouvelle existence qui ne lui apporte que des révélations, il se laisse aspirer par cette munificence. Lors de la fête nationale, il explore Paris et s’assombrit à l’idée que cette découverte ne soit qu’éphémère. Il est fier de porter cet uniforme qui l’ennoblit, de parader sur la plus belle avenue du monde, d’affrioler des milliers de personnes, de paraître quelqu’un tout simplement. Au terme de ses dix-huit mois de service actif, il s’enrôle pour perpétuer cet émerveillement.
30 janvier 1952. Il s’engage pour cinq ans pour servir la France en Indochine. Sa décision résulte d’un long processus de maturation. Il désire plus que tout voyager et s’oxygéner. Durant des années, il se disait prisonnier voire séquestré sur cette île où il naquit presque dix-neuf ans plus tôt. Las de subir les rigueurs de sa terre natale, il s’engagea dans l’armée et, à l’instar de Bonaparte un siècle et demi auparavant, s’exila, à dessein d’embrasser une destinée exceptionnelle. Affecté à la troisième division d’infanterie coloniale, plus connue à l’époque comme la troisième DIC, il est heureux, surtout lorsqu’il apprend que cette unité regroupe essentiellement des troupes coloniales, dont la principale mission est d’assurer la défense des ports et des colonies. À cette période, Jean ne se doute pas un seul instant du danger qui se propage au Viêt Nam, un infâme virus qui infecte les plus chétifs. Si jeune et radicalement polarisé par cette Indochine qui l’assujettit et le métamorphose, comme tant d’autres jeunes engagés volontaires à cette époque, il néglige l’actualité politique du moment qui procède au changement de gouvernement de son pays, la France. À sa tête se hisse un certain Edgar Faure , le plus jeune avocat du pays. À seulement 21 ans, il fait la une de tous les journaux, alors que Jean, au seuil de ses 19 ans, délimite ses horizons. Lui, le jeune et vaillant militaire engagé pour l’Indochine, lui, qui côtoiera la mort et badinera avec la peur, lui, qui jamais ne paraîtra sur le journal, lui, qui demeurera inconnu à la radio, il resterait Jean-Pierre Baffico, né à Bastia le 8 mars 1933, et c’est tout ! Ceux qui ne le fréquentaient pas le nommaient Jean-Pierre , ses proches et sa famille l’appelaient Jean , mais ses véritables amis le surnommaient Jeannot , en ce qui me concerne je le nommais Pa  ! Mais bien longtemps je me languissais de l’appeler Jeannot  ! Ses 19 ans, il les fête à la caserne. C’est la première fois qu’il connaît l’allégresse et il s’en réjouit, si bien qu’il n’a plus qu’un seul désir : partir et découvrir cette Indochine. Ces deux derniers mois lui ont paru courts, cette formation qui le prépare au conflit vietnamien l’ébranle et quelque part le révolte. C’est qu’au début de cette première semaine de mai 1952, il fait partie de ces infortunés qui n’assistent pas à la finale de la Coupe de France de football. Pis encore, lorsque les finalistes de l’époque sont les Niçois et les Bordelais ; plus mauvais encore, lorsqu’il apprend que Nice a battu son adversaire cinq buts à trois, et alors que toute la Côte Azuréenne s’apprête à faire la fête, lui, Jean , debout dans une guérite, guette ce Viêt-minh imaginaire qui ne surgira pas…
Le premier mois des vacances estivales cogne le printemps de sa pesante chaleur et reprend sa place sur le trône juste tiédi par cette demi-saison tristement racornie. À la caserne, on ne parle que du Viêt Nam, les troupes françaises engagées tentent de bloquer l’avancée du Viêt-minh, le contingent de Jean est le plus fébrile, quoi de plus normal à moins de deux mois d’un départ au front ? Mon père commence à prendre conscience que la guerre l’attend là-bas. Plus que la peur, c’est la nervosité qui le gagne et l’effarouche à l’approche de cet envol. Sous un soleil de plomb, toute sa division s’entraîne au combat jour et nuit ; ce mois d’août est un précieux assistant pour leur préparation. Dans un peu moins de deux semaines, ils analyseront la différence entre la théorie et la pratique. Pendant ce temps-là, dans les Basses-Alpes, une affaire criminelle requiert toute l’attention des Français, l’affaire Dominici  : trois Anglais, un couple et leur fille de 10 ans, sont assassinés. Jean , qui a un entichement certain pour ces tragédies, se rend compte malheureusement que son pays et la majorité de ceux qui le peuplent s’inquiètent bien plus de ce triple crime que de ces jeunes militaires engagés qui vont bientôt livrer combat et risquer leur vie. Là prédomine la triste réalité, ici règne la franchise dans la plus impure de ses formes, mais elle ne mystifie pas et dans sa déclaration elle resplendit…
Avant son départ vers l’Asie, il bénéficie d’une permission d’une semaine. Comme il l’a toujours désiré, il s’aventure dans le Grand Paris, endimanché dans sa belle tenue de militaire. Il était taillé pour porter l’uniforme. Sur l’une des photos que je découvrirai des années plus tard, je l’admirerai dans cette tenue de fantassin, dans ce pantalon de coton écru dont les larges pattes d’éléphant dissimulaient ses souliers. Quant à sa casquette, elle marquait le début d’une longue amitié. Âgé seulement de 19 ans et quelques mois, il avait fière allure mon Jean , une contenance qu’il ennoblira d’année en année durant toute sa carrière militaire et civile. Sur le cliché que j’ai longuement autopsié, je disséquai un jeune homme plutôt timide et réservé. Tous les étrangers, à son approche, le jugèrent comme un individu austère et drastique, mais en vérité il était bon et sensible. Seulement, le port de cet uniforme qu’il endossa durant les trois quarts de son existence l’obligea à paraître ainsi. Ces autres gens qui l’approchèrent dans son intimité, dans sa vie privée de tous les jours, se défendaient, tout comme moi son fils, de lui causer du tort tellement son attitude ne méritait nullement d’être décriée. J’ai eu la chance inouïe d’avoir bénéficié de sa présence à mes côtés durant de longues année

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