Le Fell ou la nuit coloniale
424 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Fell ou la nuit coloniale , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
424 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Les ouvrages sur la guerre d’Algérie sont nombreux ; rédigés par des étrangers au conflit, loin des ressentis du colonisé. Ici, c’est l’histoire vécue de Belkacem, résistant à l’occupation de son pays. Elle est relatée sur la base de résultats issus d’une enquête de cinq années avec le souci d’être au plus près du terrain, autant se peut de l’objectivité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juillet 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312125428
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Fell ou la nuit coloniale

Dr. A. Bacir Benzair
Le Fell ou la nuit coloniale
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2023
ISBN : 978-2-312-12542-8
Introduction
La grande majorité des peuples européens, Français métropolitains surtout, ignore le sens réel de la colonisation d’un peuple par un autre, les abus, les méfaits, les crimes du colonisateur sur les colonisés. Elle n’avait pas la moindre idée des méthodes utilisées par le Colon pour soumettre, chaque jour plus, le dominé allant de la simple maltraitance à la décapitation, l’expropriation, l’extermination, voire le génocide.
La communication entre les nations n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui avec l’internet, les réseaux sociaux. Elle restait locale, confinée, séquestrée entre les mains coloniales. De ce fait, la population colonisée était à la merci de l’instinct animalier du Colon, le colonisé étant un exutoire, à plein poumons, des frustrations des éléments coloniaux, de manière incontrôlée et encouragée par une philosophie de prédation sans limite. Souvent ses crimes sont sous tendus par la conviction religieuse de prêcher la bonne parole de sa civilisation supérieure à celles des autres, de son unique Dieu aux dominés, des sauvages, pourtant d’une culture plusieurs fois millénaire et dont le colonialiste piétine les valeurs. Cas des peuples précolombiens, (Incas, Maya, Aztèque) ; Indiens d’Amérique du Nord et du Canada. Peuples Africains (empires du Mali, du Congo, etc), civilisation arabo-musulmane de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient, peuples du continent asiatique.
Le colonialiste, justifie et inculque, à cette majorité, les faux bienfaits qu’il apporte aux sauvages des contrées lointaines, exotiques, colorées de harems et de richesses disponibles à merci. Les bienfaits de nouveaux villages et villes parsemés d’églises, et de missions chrétiennes, accompagnés d’une douce et belle christianisation de ce monde de barbares qui mangent à la main et habite des huttes au torchis. Pour preuve, on organise des expositions où sont exhibés ces animaux qui n’ont rien d’humain en Métropole, ce qui excite les populations qui investissent dans la colonisation et l’exploitation des richesses des terres occupées. Aux crimes qui les accompagnent. Cette majorité ignore le revers de ces simulacres développés par ces bienfaiteurs de l’humanité. Ainsi, par exemple, le Français, ne découvre les atrocités commises par les siens en Algérie, qu’un siècle après que ce pays ait été envahie. Ces abus ne sont pas portés seulement par le feu des révoltes locales ou dans l’intervalle de deux soulèvements, mais par le quotidien, à vivre, survivre, dans l’infériorisation de sa personnalité, dans l’atteinte à sa dignité, à sa fierté, à son identité même d’être musulman, arabo-berbère, algérien.
C’est cette survie du quotidien d’un couple, Belkacem et Badra, refusant le fait accompli de la conquête de leur patrie par la horde des armées françaises, résistant à l’occupation de leur pays qui est rapportée, avec modération et auto-censure, ici.
La consolidation des racines
Septembre, 1957, fin du mois, l’été freinait toujours l’entrée de l’automne avec son soleil méditerranéen, plein et fort. Les plagistes remplissaient toujours les bords de mer de la côte ouest d’Oran, d’Ain El Turc, de Paradis plage et bien d’autres belles plages, au sable fin et chaud, offrant une insouciance trompeuse, sous un été indien. Les plages étaient envahies surtout par les Pieds Noirs fuyant les torpeurs de la ville ; le peu d’autochtones qui y étaient restaient, des marchands à la sauvette, de rafraîchissants, de gâteaux, de beignets.
Des écriteaux plantés à l’entrée de certaines plages (paradis plage sur la côte d’Oran) indiquaient sans vergogne l’interdiction d’accès à certaines plages ou parties de plages, aux Indigènes. Une discrimination bien nette. 1957, voilà trois années que la résistance armée a été déclenchée, contre l’occupation, c’était le 1 er novembre 1954, Benjamin Stora (1). Ce jour correspond à la Toussaint, une fête chrétienne célébrée qui honore tous les Saints connus ou non. La célébration liturgique (un culte public et officiel institué par l’Église) commence aux vêpres (prière solennelle) le soir du 31 octobre et se termine à la fin du 1 er novembre. Les cloches répandaient le souvenir des saints, le soir dans toutes les villes d’Algérie, vers minuit. Les clochers résonnaient partout en terre musulmane, tandis que certaines mosquées étaient interdites de muezzin, appelant à la première prière, celle du « Fajre ». Une atteinte à la foi des autres. L’année 1957 va être, par le chaos qu’entraînera la répression Coloniale, une année charnière d’une guerre qui va durer près de huit ans, l’une des plus meurtrières jusqu’alors contre la résistance algérienne par l’Empire Colonial français. Elle sera le paroxysme de l’effroi dont l’une des marques terribles fut la bataille d’Alger avec ses tortures, innommables, ses exécutions sommaires, extrajudiciaires, ses quatre milles Arabes disparus (chiffre officiel de la préfecture d’Alger), voire en réalité, plus du double, Paul Delouvrier (5). Les assassinats du chef historique que fut Ben M’Hidi, par les services spéciaux du général tortionnaire Aussaresses (59), sous ordre du gouvernement Colonial et celui de Abane Ramdane, par les félons de la Révolution, Yves Courrière (T1), marquera aussi un grand tournant, terrible, de cette guerre dont l’occupant masquait jusqu’au nom, déniant le mot de guerre, Michel Cornaton (95). Mais, est-ce une guerre qui, par définition, oppose deux armées de deux pays à l’équipement et au nombre de militaires et à l’expérience des combats, quasi égaux, équivalents ? Certes, non.
Des résistants peu ou pas entraînés, non aguerris aux combats, aux affrontements, équipés souvent de vieux fusils de chasse ou d’armes de la Grande Guerre, mal fagotés, parfois chaussés d’espadrilles confectionnées de lianes d’alfa, devant parcourir des dizaines de kilomètres dans les maquis aux chemins caillouteux, aller au devant du grand froid des montagnes ou de la chaleur terrible des plaines sub-sahariennes, des combattants ignorants les notions de stratégie et de tactiques militaires tenaient, par la foi et les convictions patriotiques, face à l’armée Coloniale, depuis plus de trois ans, une confrontation inégale, des affrontement disproportionnés dans toutes ses composantes, nombre de soldats, équipements, logistique, etc. Mais, l’ennemi n’avait ni la conviction dans cette guerre, ni la connaissance du terrain.
Ces trois années d’un conflit déséquilibré, au rapport de force nettement en faveur du Colonialisme, étaient pour Belkacem plus un succès qu’un échec. Il s’était tracé trois ans de lutte continue pour lui apporter l’assurance définitive que la guerre ira à son terme, qu’elle tiendra dans le temps et l’espace, finira par atteindre ses objectifs fondamentaux, la libération du pays. Aucune des nombreuses révoltes n’avait tenu plus d’un an depuis l’Émir Abdelkader. Sa première crainte était que le soulèvement du 1 er novembre ne soit vaincu comme tous ceux qui avaient parsemé la Colonisation dans le temps et l’espace. Une bonne quinzaine réprimée dans le sang et les massacres des Arabes.
Ces trois années lui avaient apporté l’assurance que la résistance contre l’occupation Coloniale menée aujourd’hui sera la dernière, celle du recouvrement de la dignité d’un peuple humilié depuis plus d’un siècle. Le patriotisme a, durant ces trois années meurtrières, exacerbé le nationalisme, l’a véhiculé à son enracinement profond et stable pour le conduire à sa consolidation définitive et irrémédiable.
Dans le cas de l’Algérie, cela s’apparentait plutôt à une occupation quasi génocidaire pour les indépendantistes. Grand nombre d’entre eux laissèrent leur vie, irriguèrent la terre de leurs ancêtres de leur sang chaud. Le bilan sera lourd à la fin de la guerre, un soldat Colonial pour dix moudjahidine (résistants). La liberté sera à ce prix, mais sera la lumière pour leur descendance, la fierté des présents. Le sera-t-elle pour les générations suivantes ?
1957, une année des affres pour les résistants algériens, les maquis réduits au minimum par les barrages électrifiés, les plans Challes, Yves Courrière (T2), la Bleuïte de Paul Alain léger (89), les paras héliportés de Bigeard (55), les bombardements destructeurs de l’aviation-le napalm était de mise, les camps de regroupements concentrationnaires, les tortures, les exécutions silencieuses, extrajudiciaires, etc.
La nuit du 29 septembre était chaude et moite, à Oran, mitigée dans sa luminosité ; la lune qui se pointait dans le ciel, apportait sa faible lumière, face à un soleil qui lui résistait, à un paysage, ordinaire le jour, mystérieux en cet instant nocturne concurrencé par les deux astres ; le climat, plongé dans un calme trompeur, ignorait les évènements meurtriers qui se déroulaient à peine à quelques kilomètres de là et qui pouvait exploser d’un moment à l’autre.
Belkacem regardait ce paysage déjà depuis plus d’une heure, par l’unique et étroite fenêtre de la chambre, un carré à peine d’un demi-mètre de côté, une ouverture assimilable à une lucarne, le soleil déclinait sur la Grande Bleue, face à la lune, lui cédant, à regret, son royaume.
La mer offrait à Belkacem un tableau du crépuscule bord de mer qu’il aurait aimé l’avoir en décoration peinture, une sorte de toile photo accrochée quelque part chez lui. Mais , il n’avait pas un chez lui. Néanmoins le tableau crépusculaire procurait au spectateur, apaisement et émerveillement. Attachement au lieu aussi. Surtout . Rêve et évasion, imagination et espérance pour le futur. Il s’était mis devant l’étroite fenêtre dans l’espoir de dissiper, dans la brise fraîche qui balayait les sommets des immeubles, une insomnie, générée par des inquiétudes exagérées par la chaleur et la moiteur, qui ne le lâchait pas. Elle lui collait au corps, l’agrippait à la tête la nuit venue, déjà

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents