La Force de l amour
123 pages
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La Force de l'amour , livre ebook

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Description

« Dire ce que je suis, ce que je crois, ce que je fais, là où j'exerce mes responsabilités, dans ma famille, dans la cité, dans les entreprises dont j'ai la charge, et tirer de cette expérience un message d'espoir pour l'avenir, une morale pour l'individu, une conception de la société : tel est le but de cet essai ». Michel Baroin, président-directeur général de la GMF et de la FNAC, ancien Grand Maître du Grand-Orient de France, devait trouver la mort dans la nuit du mercredi 4 au jeudi 5 février 1987 dans un accident d'avion au Cameroun.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 1987
Nombre de lectures 3
EAN13 9782738158789
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AVERTISSEMENT
C’est quelques jours seulement avant sa mort que Michel Baroin, PDG de la GMF et de la FNAC, avait remis le manuscrit de ce livre à l’Éditeur.
© O DILE J ACOB, MARS 1987 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5878-9
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Avant-propos

« Le JE est haïssable » : combien de fois m’est-il arrivé de biffer d’une plume un peu agacée cette première personne du singulier, dont mes collaborateurs ne sont pas avares lorsqu’ils préparent la trame de mes discours. Pourtant, en écrivant ainsi les prémisses de ce livre, une certitude m’habite : le moment est venu pour moi de transgresser cet interdit, de parler de moi, de ma vie, de ce que j’ai entrepris, des convictions qui m’animent. Ce qui m’a jusqu’ici retenu appartient désormais au passé. Il a fallu pour cela que le drame fasse irruption dans mon existence, drame soudain, tragique, irréparable. En ce 28 avril, à 7 h 30 du matin, Véronique était là, devant moi, pour la dernière fois, étendue, souriante, sans vie. Nous étions seuls, ultime tête-à-tête, déchirant monologue intérieur, et cette envie d’écrire, de t’écrire, Véro, ma chérie, cette lettre que tu ne recevras pas, que tu ne liras pas, mais qu’il me faut quand même coucher sur le papier : « Tu étais pour nous tous, ta mère, ton frère, ta famille, tes mamies, tes amis, le soleil de la vie. Tu étais la vie et tu distribuais sans jamais compter le bonheur autour de toi. Tu avais, mon amour, le savoir des aimants. Tu étais dépositaire de la lumière. Tu étais l’âme pure par excellence.
Ton peu de temps passé sur cette terre, tu as voulu le consacrer à faire comprendre à nous tous que la vie c’est la gaieté, la joie, le sourire, le rire, ton rire clair, pur comme le cristal, contagieux, apaisant. La vie pour toi, chérie, c’est la tendresse, la générosité, la discrétion sur les autres, la délicatesse, l’action, le mouvement, la motivation, la volonté, l’affirmation de soi en prodiguant aux autres l’intelligence du cœur des êtres et des choses, l’amour et la culture enfin.
Tu avais tout cela, tu le vivais et tu le faisais vivre et tu n’oubliais à aucun moment que la vie c’est aussi l’amitié et que, pour l’entretenir et la magnifier, il faut être présent. Et tu étais partout, apportant dans ton tourbillon de joie un mot pour chacune et chacun, le mot qu’il fallait, juste et fort. Alors, ma chérie, nous t’aimions, tout le monde t’aimait. Comment ne pas comprendre ton message, le dernier : être un trait d’union.
La vie est si courte, n’est-il pas vrai, qu’il faut de toutes ses forces tendre à rassembler ce qui est épars et va vers sa brisure définitive, si l’on ne fait pas ce qu’il faut en temps voulu. Nous en avons parlé… souvent. Pas assez à mon gré, car je sais aujourd’hui que tu savais plus de choses que nous. Pourquoi fallait-il donc que tu meures pour que se resserrent des morceaux écartés et que la vérité s’impose ? Fallait-il que tu paies ce prix-là pour faire comprendre à tous que c’est l’amour qui compte si l’on veut que l’harmonie règne et que l’humanité progresse vers la paix ?
Quelle haine tu as dû susciter de la part de la mort pour qu’elle te fauche ainsi ! Tant d’amour devait lui être insupportable. Tu avais entre tes mains d’enfant, si petites et si fines, le fil directeur. Je t’adore, ma fille, mon amie sûre.
Dans une dernière poignée de main, celle que nous nous donnions, dans nos accords complices et le sourire aux lèvres, nous regardant droit dans les yeux, j’ai décidé de relever le défi, en ton nom et pour toi.
Avec mon dernier baiser de paix. »
Quelques mois ont passé, et ce défi, je le relève aujourd’hui. Je le fais avec d’autant plus de volonté que rien ne m’y contraint, si ce n’est la force de ton souvenir et l’envie qu’il me donne de témoigner, face au désordre du monde, aux grandes catastrophes qui nous menacent, alors que s’achève ce deuxième millénaire si riche de promesses pour l’avenir mais dont le dernier siècle a déjà été marqué par tant de déchirements, d’hécatombes, d’atteintes à la dignité de la personne et aux droits les plus élémentaires de l’homme.
Parce que tu étais l’amour, c’est de sa force que je veux parler, et je sais qu’en lisant ce livre, beaucoup de gens vont découvrir qu’ils pensent comme moi, qu’ils attendent, comme moi, le fil directeur sans lequel les hommes de demain ne peuvent conjurer les périls qui pèsent de toutes parts sur la démocratie et la paix. L’avenir est incertain, et nos concitoyens, emportés par le flot des mauvaises nouvelles, pris dans une sarabande d’événements inintelligibles, agressés par le chaos qui fait irruption jusque chez eux, chaque jour, par les « étranges lucarnes », ne savent comment échapper à leur angoisse. Alors, comme souvent, la peur est mauvaise conseillère : repli sur soi, égoïsme, intolérance, rejet des autres sont les maladies contagieuses d’aujourd’hui. Elles génèrent des courants collectifs d’indifférence et d’atomisation, qui gangrènent lentement nos démocraties, sous le regard sarcastique des totalitarismes de tous poils et de tous bords, prêts à bondir sur cette proie facile qui se délite peu à peu.
Alors que s’ouvrent les horizons du troisième millénaire, comme à tous les moments cruciaux de sa désormais longue histoire, l’homme s’interroge sur son rôle, sa place, son devenir et sa vie. Pour avoir tant de fois remonté un rocher au sommet de la montagne, tant de fois cru qu’il était enfin arrivé au bout de ses peines — et lequel d’entre nous n’a pas eu la conviction que les « trente glorieuses » seraient éternelles, que s’opérait enfin la convergence du socialisme et du capitalisme, que le tiers monde allait enfin sortir des engrenages fatals de la faim et de la guerre —, le citoyen d’aujourd’hui, englué dans une crise qui n’en finit pas, atterré par le spectacle du monde, doute de lui-même, cherche à se protéger, à s’isoler des autres, quand il ne se confie pas à des docteurs miracles dont les prétendues potions magiques ne sont que cautères sur une jambe de bois.
Pourtant, il est une autre voie que de s’abandonner ainsi à nos pires démons. Cette voie, si je la crois possible, c’est que je l’ai empruntée, au fil du temps, d’abord sans trop le savoir, puis à tâtons, en trébuchant parfois sur les obstacles qui se dressaient sous mes pas. Aujourd’hui, j’en parcours fermement les chemins, d’une démarche assurée et, s’il n’est pas dans ma nature d’affirmer péremptoirement ce que je crois juste, il me reste à convaincre, à démontrer, pour que chacun comprenne que, à notre époque, une révolution s’impose si l’on veut préserver la paix, la démocratie, les droits de l’homme.
Je crois que cette révolution est possible à condition que chaque citoyenne, chaque citoyen le veuille. Pour cela, un fil directeur existe ; il nous est offert par la conjugaison des connaissances acquises par l’historien, le biologiste et le philosophe. Il est une aide autant qu’une exigence. Il a pour nom « amour », cette synergie d’énergies qui permet à l’être humain de se valoriser en prenant ses responsabilités, sans ignorer qu’il est solidaire des autres et que, de cette façon, il assure l’équilibre entre les deux impératifs de notre temps, en apparence contradictoires, la sécurité et la liberté, sans jamais précisément sacrifier l’une à l’autre.
Tel est le but de cet essai : dire ce que je suis, ce que je crois, ce que je fais, là où j’exerce mes responsabilités, dans ma famille, dans la cité, dans les entreprises dont j’ai la charge, et tirer de cette expérience un message d’espoir pour l’avenir, une morale pour l’individu, une conception de la vie en société. Comme il m’est arrivé de le faire, lorsque je fus désigné grand maître du Grand Orient de France en 1979, pour convaincre mes amis de réfléchir aux grandes questions qui déterminent le devenir de l’homme, je reprends mon bâton de pèlerin. Ce que je fis alors — 398 réunions en deux ans à travers tout ce pays que je connais si bien pour l’avoir tant de fois parcouru, dont je me sens si profondément partie —, je vais le faire à nouveau, mais cette fois d’une autre manière, par la plume qui court ainsi sur le papier, guidé par l’espérance de convaincre que le progrès est possible, pour tous et pour chacun, si l’on veut bien se donner la peine de le définir et les moyens de le maîtriser.
I
Les racines d’un homme simple
Un coin de France pour un enfant.
L’adulte que je suis, déjà blanchi sous le harnais, bien sûr, à un âge où nos ancêtres, il n’y a pas si longtemps, étaient harassés par le poids des ans, lorsqu’il regarde en arrière, ce que je fais souvent, pense d’abord à ses parents, au milieu dans lequel il est né, à l’éducation qu’il a reçue, à cette longue chaîne dont il n’est qu’un maillon mais dont il est tributaire, pour le meilleur et pour le pire.
Je suis né d’une alliance féconde, celle d’un pays calcaire, dont ma mère était originaire, et d’un pays granitique où vivait mon père, le Morvan, terre rude, où il ne faut attendre de la nature aucun cadeau. De l’une, je tiens ma capacité à supporter, à absorber, cette porosité propre à une roche qui cache sous son relief les eaux souterraines les plus tumultueuses ; de l’autre, j’ai hérité la résistance, la stabilité, le calme qui permettent de traverser les épreuves et de suivre son chemin a

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