L Étudiante
212 pages
Français

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Description

S'arracher à une enfance peu ou mal vécue, une adolescence quasi inexistante, et pourtant devoir vivre en adulte – oser percevoir le monde dans toute sa complexité – tel est le nouveau défi auquel est confronté le personnage principal, une jeune fille de 18 ans presque sans liens familiaux, sans soutien.

Une ville, sans doute Lille. Construit autour de l'idée d'une « fable d'existence », ce roman relate les sept premiers jours de sa nouvelle vie d'étudiante qui la feront passer, d'une « épreuve » à l'autre, de l'ombre à la lumière. Écrit à la première personne, il offre une plongée dans les interrogations du personnage, ses émotions. Le ton se veut celui d'une certaine autodérision, l'écriture, d'une authenticité qui émeuve.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 avril 2015
Nombre de lectures 23
EAN13 9782332924216
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-92419-3

© Edilivre, 2015
Citation


« Le roman n’examine pas la réalité mais l’existence. (…) Les romanciers dessinent la carte de l’existence en découvrant telle ou telle possibilité humaine. 1 »
1. L’art du roman (par Milan KUNDERA, Gallimard, 1986, p. 61)
Ma mère me tut son histoire (que j’essayais en partie de transcrire dans Les silences de ma mère ). Mon père oublia la sienne (ce qui me poussa à en retrouver quelques bribes dans Histoires du côté de mon père ).
Longtemps, je me pensai donc sans histoire, pas même celle que j’étais en train de vivre.
Ce qui en moi, à jamais, enracina ma passion pour les livres d’une façon quasi… existentielle.
Il y eut donc pour moi un avant et un après.
Avant, mon père était souvent absent et ma mère ne me berçait pas d’histoires.
Après, j’appris à lire.
Long processus d’éveil et de re-création commencé dans A 17 ans en pension et que je poursuis dans L’Etudiante.
« Une phase de ma vie s’achevait ce soir-là, une nouvelle phase commençait le lendemain ; impossible de sommeiller dans l’intervalle ; il me fallait veiller fiévreusement tandis que le changement allait s’accomplir. 2 »
I Le premier jour
Septembre 1971
J’avais dix-huit ans et, deux mois plus tôt, je venais de sortir d’un pensionnat dans le centre du département, à un peu plus d’une heure en train de là où habitait ma mère. J’y avais passé trois ans. Mais la vie, cette prochaine rentrée, allait de nouveau m’entraîner dans une toute autre direction : d’élève-maîtresse les années antérieures, j’allais devenir élève-professeur, statut auquel était accroché celui, inévitable, d’« étudiante ».
Ce dernier mot, dans l’agitation de cette fin de vacances, m’était apparu de plus en plus effrayant, me renvoyant, quand j’y pensais, brutalement et seulement à moi-même.
Et pourtant, tout s’était bien organisé, enchaîné, même si ma mère, comme à son habitude, n’avait pas voulu m’accompagner dans cette nouvelle ville où j’allais étudier, à un peu plus d’une centaine de kilomètres, dans un autre département.
Au début de la semaine, j’avais donc demandé à cette camarade au rare prénom de Chloé (« Non, m’avait-elle dit la première fois que nous nous étions rencontrées, non, je n’ai pas de nénuphar qui me pousse dans le poumon 3 ! ») qui allait faire les mêmes études, si je pouvais profiter de leur voiture, sa mère à elle tenant absolument à aider sa fille dans la recherche d’un logement, surtout, aurait renchéri la mère, dans une ville au moins cinq fois plus grande que celle de notre ancienne pension !
– Mais tu comprends, m’avait précisé Chloé, ma mère s’inquiète pour tout. Alors, m’accompagner, c’est aussi, pour elle, une façon de se rassurer.
Oui, bien sûr, pensai-je, mais…
Et Chloé de me lancer, en guise d’au revoir :
– Alors à samedi, 7 heures. On viendra te chercher au bas de ta rue.
– Merci !
Une aubaine, car ma rue débouchait exactement sur la route qu’il fallait prendre pour sortir de la ville dans la bonne direction.
A l’heure dite, le cœur lourd – j’avais du mal à me porter, moi dont la constitution était plutôt légère – je faisais le piquet à côté de mes deux valises, qui contenaient presque tout ce qui m’appartenait, à l’exception peut-être de quelques livres.
– Tu reviens quand ? m’avait vaguement questionnée ma mère, sur le pas de la porte, avant mon départ, l’air absent comme toujours.
– Je ne sais pas. Je t’enverrai ma nouvelle adresse dès que je serai installée.
– Bon.
Et la porte de l’appartement s’était refermée sur moi et mes deux valises.
Au bas de la rue, dans le froid, je commençai à me laisser pétrifier. Au loin, un groupe de mouettes criaillait dans des rafales de vent. La mer était là, tout près. La mer, dont depuis deux mois je respirais les embruns.
Après de longues minutes, on me fit signe. Une voiture bleu nuit s’arrêta près du trottoir. J’étais incapable d’en reconnaître la marque. « Une anglaise, me dira plus tard Chloé. Mon père les adore ! ». La portière s’ouvrit.
– Monte !
– Bonjour…
Du coup, sur la banquette arrière de cette voiture, l’inconnu, en compagnie, ne m’était plus totalement effrayant.
– Tu ne crains pas les femmes au volant, j’espère ? me lança la mère de Chloé, en se retournant.
– Non.
Elle me parut plus jeune que ma mère.
– A ce propos, Chloé, si tu essayais de passer ton permis de conduire ?
Mais sa fille, emmitouflée dans un cache-nez, lui répondait à peine.
Moi, serrant entre les mains mon livre Jane Eyre , avec tout ce qu’il contenait de leçons de courage, d’opiniâtreté, je me mis à regarder par la portière, découvrant bientôt de nouveaux bouts de routes. Nous rentrions dans les terres, des terres flamandes, non pas à moulins comme sur certaines cartes postales, mais, vers le terme de notre voyage, à l’urbanisation dense, sans fin, surprenante.
Neuf heures. Nous étions enfin arrivées. Madame R. – la mère de Chloé – gara la voiture près d’une grande place, qu’ensuite on traversa à pieds. La ville m’apparut immense, sans limites. Mais ce n’était pas l’heure de s’attarder sur ses premières impressions. Par où commencer ?
– Voyons, les filles, si nous vérifions cette liste d’adresses par quartier ? J’ai ici un plan de la ville.
Madame R. avait pensé à tout. Chloé, quant à elle, continuait d’afficher cette mine boudeuse, presque agacée, que je ne lui connaissais pas.
On se mit donc à parcourir le centre de la ville à pied, dans toutes les directions, montant escalier après escalier, le plus souvent étroits, incommodes. Rien ne semblait bon. Tout était trop cher, ou vraiment trop décrépit.
En fin de matinée, à bout de ressources, nous poussâmes la porte du syndicat d’initiatives.
– Réceptionnez-vous des annonces pour des chambres ?
– Oui, bien sûr. Et il y a quelques heures, on est même venu en déposer une. D’ailleurs, nous dit la jeune fille, c’est plutôt… deux.
Un vague espoir nous remit en route.
L’adresse et le plan de la ville en mains, nous bifurquâmes, d’un pas désormais un peu plus las, à droite, à gauche, à droite… pour soudain se retrouver en face d’une impressionnante construction type XVIII ème ou XIX ème .
Mais après rapide vérification du numéro griffonné sur le bout de papier, il s’agissait plutôt, pour l’annonce, d’un des immeubles situé de l’autre côté de la rue, ancien, défraîchi, comme resserré, étouffé entre deux bâtiments aux élégantes ornementations.
Bon, à manier le chaud et froid, le hasard m’avait mis le cœur en berne.
– Allons-y ! s’exclama au contraire la mère de Chloé, toute revigorée. Le quartier en vaut la peine et vous y seriez à deux pas de l’université !
Nous traversâmes la rue, appuyâmes sur la sonnette.
Oui, il y avait bien deux chambres encore libres, nous répondit une femme entre deux âges, mais c’était à des étages différents. Sans salle de bains bien sûr. Les toilettes étaient sur le palier. Au premier, la chambre était sur cour et au troisième, sur rue.
– Très bien. Pourrions-nous les visiter ?
La femme au style indistinct nous toisa du regard, Chloé et moi. Puis ajouta, à l’adresse de madame R., sur un ton d’autorité :
– C’est une maison sérieuse. D’ailleurs, nous ne louons qu’à des filles. Et nous exigeons de très fortes garanties. Vous vous portez caution pour les deux ?
– Non, pas vraiment. Mais ma fille et sa camarade disposeront de salaires fixes.
Elle ouvrit de grands yeux.
– Si vous cherchez un foyer pour jeunes travailleuses, ce n’est pas la bonne adresse.
Cette fin de non-recevoir me fit brutalement réfléchir. A ce niveau, se pratiquait-il déjà une telle discrimination ?
– Non, je veux dire… elles seront élèves-professeurs.
– Ah, mais bien évidemment, cela change tout !
Nous étions, sans même y avoir songé un seul instant, les reines du marché. Fiables à 100 %.
Nous entrâmes dans un sombre couloir que je regardai à peine. Puis les marches de l’escalier poussèrent sous nos pas de longs gémissements. Au premier, la femme, énorme trousseau en main, ferrailla dans une serrure, côté cour.
– D’ailleurs c’est plutôt côté jardin, commenta-t-elle d’un air théâtral qui sonna faux, car vous avez ici en contrebas un potager dont l’accès bien sûr n’est pas autorisé.
Nous aperçûmes par la fenêtre quelques plants de salades blottis contre un mur. Mais la pièce, de dimensions moyennes, était propre. Chloé s’assit sur le lit :
– Au moins, il ne fait pas la cuvette.
Explorant, jaugeant, nous fîmes lentement le tour de la pièce, puis sortîmes, la porte se refermant aussitôt derrière nous à double tour, pour continuer, dans l’expectative, notre ascension vers le troisième.
– Qu’en penses-tu ? me chuchota Chloé dans l’oreille.
Que lui répondre ?
La femme entre deux âges, qui sûrement prenait son rôle – de geôlière ? – très au sérieux, ouvrait la marche. Madame R. suivait d’un pas léger. Le bois de l’escalier, comme par enchantement, s’était tu.
– Voici celle côté rue.
Un flot de lumière nous accueillit. Mais la chambre était plus bruyante. Et le lit grinça.
– Vous remarquerez que le mobilier est le même qu’au premier, sauf la table, nettement plus grande.
– Mais c’est parfait ! répliqua madame R. à la gardienne, sur un ton chantonnant.
Je regardai Chloé. Il y avait du pour et du contre. Tout bien pesé, nous pourrions loger dans le même immeuble et, comparés aux chambres déjà visitées, celles-ci étaient… habitables, avec des prix un peu au-dessous du marché.
– Eh bien, il me semble que l’affaire est tout à fait envisageable ! reprit tout haut madame R., dans un autre élan d’enthousiasme.
La logeuse, prenant cette dernière déclaration pour argent comptant, ne parut pas hésiter un seul instant. Nous redescendîm

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