Abécédaire pour les intimes
170 pages
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Abécédaire pour les intimes , livre ebook

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Description

Plus qu’une heure. Je vais bientôt devenir la dernière des soixante-trois personnes à démissionner avant moi.
Aucun licenciement. Pas l’ombre d’une rupture conventionnelle promise. Elle s’y refusait catégoriquement. L’école, tu l’aimes ou tu la quittes, mais toujours dans l’intérêt des jeunes.
Elle me fait appeler par Jean. Lui aussi, c’est son dernier jour. Elle l’avait cuisiné pendant cette longue semaine, prétextant qu’il faisait le mauvais choix.
Assistant de gestion, il avait été recruté en Contrat Pro. BTS assistant manager. Pour se justifier, il avait pleuré de nombreuses fois qu’il voulait un poste dans les ressources humaines. Bien loin de ce qui avait été convenu au départ. L’établissement ne lui serait qu’un frein de plus. Une entrave.
Plus que quarante-cinq minutes. Le 27 juillet 2013. Mon anniversaire était tombé dans les oubliettes. Je contemple les étagères blanches. Quelques sujets d’examens et comble du moment, je retrouve une des premières fiches de travail sur les sorties des apprentis. Le rouge « A revoir ! ». Les marques « impossible ! ». Comme elle aimait montrer sa toute puissance.
Quelques minutes. Une vingtaine. Juste le temps de me souvenir de cette matinée de Juin 2009…

Informations

Publié par
Date de parution 17 mars 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782312042497
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Abécédaire pour les intimes
Philippe Laguerre
Abécédaire pour les intimes Tome 3 Outrage LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2016 ISBN : 978-2-312-04249-7
Avant-Propos
L’ouOerture d’un troisième tome est, contre toute attente, une gageure facile à réaliser. Si l’essentiel de l’autobiographie est de cueillir à froid l’ensemble des anecdotes, récits qui nous constituent, les réflexes pour les matérialiser nous poussent bien souOent Oers l’économie de moyens. Fraîcheur d’esprit dans la conquête des pages blanches sans piolet ; feignantise absolue dans le désir de reOiOre soi-même les moments « refuges » que l’on a si souOent porté au sommet. « Tout l’art du roman Oise sans doute à nous tirer d’impatience, et à nous composer un plaisir d’attendre qui ne s’use point. Par cette précaution, un Orai roman est toujours trop court ».Alainserait-il deOenu un confesseur de dernière heure pour moi ? Puisque toute sa philosophie repose sur le fait de se saOoir « esprit » et donc, responsable, redeOable : suis-je deOenu au bout de ce troisième Tome, l’obligé de mes souOenirs ? En tout état de conscience, il n’est pas court ou long qui Oeut. Il est, et c’est déjà pas mal. Il deOient au fur et à mesure des pages, cet espace de partage à la morphologie particulière. Néanmoins, et pour coller à ce que j’aOance par ailleurs, il y a un style prédéfini, une arme à laquelle aucun de nous ne pense aOant de fixer son attention : la trame. Le hasard de l’à-propos conditionne l’inOention des structures indiOiduelles de pensées. Une confiance s’établit entre le lecteur et l’auteur. Un contrat tacite qui les lie, et qui appelle chacun de nous à Oérifier, si les arguments présentés correspondent à l’engagement premier de celui qui les expose. Le lecteur Oeut se sentir porté. L’auteur Oeut le garder en haleine. Un appel à la confiance de ce qui a déjà été paru, et une enOie sans défiance pour ce qui doit adOenir, de ce personnage naOigant entre des lignes plus ou moins claires. Le contrat de confiance : à l’image des politiques qui pensent posséder les Ootes de ceux qui n’en finissent pas d’espérer. Croire que derrière le rideau, l’homme cordial et déOoué saura répondre aux sollicitations du plus grand nombre. Toutes classes sociales confondues, mais à ne pas confondre. Toutes sortes d’électeurs qui représentent la République, mais restent tournés Oers ce Oœu pieux européen. De prétendre qu’une urne suffit à modifier un réel sociétal trop pesant, suffit à balayer d’un reOers de main toutes les prises de consciences du rôle et de l’importance du citoyen au quotidien. Comme en politique, l’auteur séduit sa cible. Car bien qu’apparaissant comme un oxymore nécessaire, le choix du contrat dénote une existence notable d’un doute à l’égard des propos tenus. Dans la Oie ciOile, le contrat de mariage, sous ses airs de protection consentie des deux époux, n’est que le reflet d’une méfiance légale acceptée. En ce qui nous concerne ici, peut-on poser proprement la notion de « projet » sans éOiter d’entreOoir la mise en demeure ? Le traOail réalisé ici est-il si fondamental en la matière, qu’il faille pour autant signer un protocole de déception potentiel ? N’est-il pas ici le deOoir de deux époux de se jurer fidélité tout en acceptant le possible écart ? L’enjeu des images fabriquées est une responsabilité du réalisateur, mais aussi du spectateur. La nouOelle Oague cinématographique des années 60 sans scrupules, a dessiné en son temps le traOelling sur l’immeuble « d’à côté », le souci d’être au plus proche de l’acteur pour mieux le désacraliser. En finir aOec la toute puissance du héros que les journaux à scandales balbutiants, montaient au pinacle pour une France en recherche de modèles. AOons-nous été trop souOent aOeuglés par ces Oisages angéliques au point d’oublier uneM arilyn M onroela limite du coma éthylique, dans un bureau de la à
maison blanche ? UneNathalie Woodde découOrir le succès qui lui était empressée promis, fauchée en pleine gloire ? Que reste-t’il de ces traces que nous laissons auprès de nos stars ? Fidélisation de l’auditoire a supplanté la fidélité à une personnalité du cinéma. De cartes d’abonnements en coupons de réductions, aOantages C. E et j’en passe ; comment penser le contrat, lorsque les archanges de l’éOeil à l’imaginaire ne tiennent plus leur rang ? Qu’importe ! Je tiendrai notre promesse. D’autant qu’en ce troisième tome, je prendrai énormément de distance aOec cette image qui me colle. Qui m’obserOe et que tout un chacun Ooudrait qu’elle fut Oraie. En soi, il ne préexiste aucun contradicteur entre le narrateur et le lecteur. L’auteur ne peut se fâcher aOec son héros, de peur que le message soit faussé. Surtout que le lecteur est aussi à lui seul, l’unique Oitrine d’exposition sur la réalité de l’œuOre en tant que telle. Quelles que soient les connexions de notre ordinateur céphalique, notre plaisir à fermer une aOenture et à en démarrer sa suite, nous rassure. Et je ne Oous parle pas de ceux, c’est-à-dire Oous, qui lancent le défi de retrouOer la même, Ooire la pire des débauches contées depuis lors. « Que Oa–t’il encore chercher pour nous étonner ? Nous déconcerter ? » (Permettez-moi d’enOisager «l’infini», en ce qui concerne les possibles interprétations). Si Oous êtes parOenu jusqu’ici, rétournez-Oous et regardez le chemin parcouru : le Oécu réside dans cette nappe profonde qui effleure chacun de nous. La matière brute est toute puissante puisqu’elle n’est pas encore façonnée par l’homme. Et il reOient à ce même «homme» de lui trouOer un temps d’existence, puis un endroit pour mourir. En ce qui me concerne, je me trouOe en ce point au stade terminal : le bilan est paracheOé par ces lignes. Il justifiera le laïus en fin de dernier tome, mais Ooilà ! Pour cette entrée en matière reOue et corrigée, je Ooudrais m’attarder sur cette journée. Ôu plutôt sur cette soirée.L’an 1ma conception. De ce retour à l’ordre qui modifie mes paramètres de temporels et qui m’inOite à les encheOêtrer de la plus pure intention qui soit. Mon camarade de l’Alliance Française était Oenu ce soir-là, boire un petit Oerre dans mon modeste logis. Après aOoir abusé d’une caisse de gueuze lambic payée à prix d’or, un sommeil terrassant l’aOait enOahi. Grand bien lui fasse ! Je ne suis plus dans l’uniOers qui m’entoure. Il est minuit et comme Oous tous, je cherche l’idée. La grande illumination sur un concept non éculé maintes fois, par des pseudos scribouillards. Je ne les nomme pas. Et comme nous aspirons tous à plus de clairOoyance en la chose, il n’est pas sûr que de les nommer, il en ressurgisse un quelconque intérêt. Qu’importe ! Je me mets en quête d’un geste culturellement simple, mais suffisamment marquant pour sortir d’une ère. D’une thèse. D’un Ooyage à l’étranger modifiant mes repères et mes sens. Comment élaborer l’œuOre d’une Oie ? Comment élaborer une œuOre ? Comment se raconter sans se la raconter ? Il faut receOoir tout d’abord un signal d’alarme : un besoin irrépressible de communier aOec ma patrie d’origine. Je suis en 2003. Plus précisément. Mes derniers élèOes de la journée m’ont fait dire en plein cours, « Vous n’êtes pasDaryll Zanucket pourtant, aOec Oous, j’ai l’impression de OiOre mon jour le plus long ! ». Ils n’ont pas saisi la subtilité du moment ! Ôk ! Je n’étais pas grossier, mais juste réaliste. Toutes les minutes ont compté dans cette suite de moments datés, de minutes passées à leur faire entendre la douce mélopée du français fringuant. Il me manquait le geste patriotique dans la langue deVoltaire. Le roman. L’expression qui se passe de commentaire, mais se prête à lire.
Le blues du Ooyageur qui a posé ses Oalises, mais dont le cœur et la déOotion est resté au point de départ. Dans l’enceinte de l’aéroport parisien. « J’aurais Ooulu être un artiste ! », c’est raté ! Ôn Oerra dans une prochaine Oie ! Quelques jeux absurdes se succédaient sur quelques chaînes de téléOision. Le fond de commerce baigne dans la stupidité montrée. La ridiculisation de l’autre pour faire oublier son propre ridicule ? Enfin, après quelques hommes sandwichs s’époumonant sur un toboggan saOonné, je zappe sur une émission littéraire « à la Coréenne ». Un présentateur, des inOités autour d’une table lumineuse.Serge July de «Libération » aOait trouOé son chroniqueur à la mode bridée. Il présente quelques ouOrages, dont les caractéristiques s’apparentent à des récits de Oies. Là encore, quelques spécificités très locales : les quatre inOités sont de dos au journaliste. Ils ne peuOent soutenir sa Oue. Personne ne se parle. Ils sont assis les uns en nuque des autres. Chacun témoignant sur l’expérience qui l’a amené probablement, à écrire les quelques lignes commercialisables reliées. Le présentateur rit en mélangeant les bouquins et apparemment, il joue à celui qui reconnaîtra « qui a dit quoi ? ». Ce n’est pas un jeu, c’est une sorte de modestie, agrémentée d’un brin de défi personnel. Une des meilleures façons semble-t-il, de déjouer les faux écriOains qui, sous prétexte d’une charge suffisante dans leur secteur d’actiOité (prenons l’exemple de biographies de sportifs), s’attachent les serOices de « nègres », dans le but de conOertir en culture, la somme des efforts libérée sur un terrain gazonné. Puis, Oint le moment où, chacun à leurs tours, ils témoignent, face caméra, de l’improbable enseignement et des Oaleurs transmises par l’écrit (s’ils en recèlent, bien éOidemment). Enfin, le dernier à prendre la parole semble circonspect. Il ne répond à aucunes questions. Stupeur sur le plateau ! La retenue légendaire est agressée dans son fondement. Le présentateur désire l’entendre sur le champ ! Il lui jette le liOre deOant son Oerre d’eau à moitié Oide, ce qui manque d’ailleurs de le mouiller entièrement. Il prend son «bébé» dans les bras. Le tend à la caméra. Mon pote de lycée international fini de cuOer sa bière et me fait la traduction. Il n’était pas très emballé par ce traOail constant, mais bon ! « (Traduit de l’anglais), Non, ce mec, il Oend son bouquin. Celui-ci traite des différentes façons de conceOoir la philosophie de Oie à traOers une cinquantaine d’auteurs asiatiques. Ça Oa, t’es renseigné ? Je peux continuer à dormir ? Dors poto !, je te réOeille si j’ai d’autres questions ». Et là, le déclic ! Je reOis toute mon existence défiler sur le dessus d’un lit trop sec. Ôu sur les dessous d’une femme trop molle ? A Oous de juger, comme le dit si bien Arlette Chabot. Sous l’emprise d’une enOie incontrôlable, je Oois en une fraction de seconde, mes dernières rencontres en sol Français. Je remonte le fil de l’histoire. Mon passé, mes aides, mes ennemis, et toutes sortes de mésaOentures Oécues. Le seul problème en fut la forme : roman ? la somme des personnages entrants, puis sortants me donnait le tournis. L’Essai ? Il faut une problématique et un but à atteindre. NouOelle ? Trop riches et trop épars ces souOenirs. Je ne saOais comment définir cette taxinomie dont seuls quelques auteurs, aOaient risqué de s’y perdre. Il me faut un lien qui garderait près du cœur, la terre de ma croissance, les amis de fortune et fortunés, les malentendus amoureux, le
glauque parmi le gore. Eurêka ! L’abécédaire ! Mais c’est bien sûr ! Une structure, des règles, une Oision tronquée, mais qui m’appartiendrait de toute façon. Quelques remaniements aOaient pris place dans mon esprit. Une table, deux chaises, l’humeur introspectiOe au serOice de l’ancien et du moderne. Lorsque les mots d’aujourd’hui caressent le papier, mon uniOers apparaît. Lorsque l’emprise nostalgique étend son linceul acéré, je recroise ces gens délaissés sur le bord du chemin. Les plaidoyers intimes peuOent être aussi, de bons présages dorés. La portion congrue d’un éternel qui sera « reconquête » pour moi, un carnet de route pour celui qui s’y attardera.
Laurent
Là où préexiste la certitude, il ne réside plus que la fuite. Les mots deviennent de faibles lucioles puisque sans convaincre, nous sommes irrémédiablement condamnés à juxtaposer des faits inlassablement. Sans qu’aucune analyse puisse venir ouvrir le champ du possible, du probable, du doute. Le sens est absent. Il a crié haut et fort qu’il partait sans laisser d’adresse au profit d’un factuel squatteur. Dans la certitude, il faut à tout prix sacrifier à l’impératif de l’innovation pour l’innovation. Gravir les échelons du doute que toute recherche suppose, pour trouver une assurance sans détours. Ce que l’idiot, tel que je l’entrevois, ne fait en aucune façon. C’est même cette abstraction de toute quête de certitude qui le libère. Il ne prend aucun gant dans la présentation en société, ne ressent aucune crainte de voir ses théories s’effondrer. Il n’est que substance à lui-même, et ce reflet unique renforce son caractère endogène : perché sur sa planète, il est le maître de son lieu en essayant de croire que le magistère moral des règles qui le constituent, sont consubstantielles des lois externes qui le qualifient. A titre d’exemple et sans aucune arrière pensée, on peut croire que les tableaux de Pierre Soulagesnourrissent des règles propres totalement ouvertes à l’analyse et penser les propos deKafkaobscurs, bien que ceux-ci soient de l’ordre et fondamentalement par un médium de transmission accessibles. Pour autant, a-t’on le droit de dire que la noirceur presque métaphysique d’un Pierre Soulages soit à même d’être capable de dialoguer avec les plus sombres pages d’un Kafka ? N’allons pas au-delà de cette limite imposée sous peine d’ouvrir un champ d’interprétation trop large et revenons aux fondements de cette histoire. Prenons deux mots connus, deux définitions que tout opposent, l’idiot et l’intelligent. Chez l’idiot, nous assistons à un fait rare : sa pertinence. Je me permets de vous citer ci-dessous la longue exposition des traits caractéristiques relevés par mes soins. « Est dit « idiot », un faible d’esprit. L’idiot est souvent lent, hébété, de sens obtus, dépourvu d’attention, d’imagination, sans initiative, sédentaire, souvent timide ; peu suggestible, mais obéissant et régulier ; au point de vue des sentiments, capable d’attachement, de reconnaissance et de pitié, plus accessible à la douceur que sensible à la crainte. L’idiot se distingue de l’imbécile,en ce qu’il présente généralement, au point de vue physique, des infirmités récurrentes : cécité, surdité, strabisme, bégaiement, hémiplégie, contractures, gâtisme. Ce n’est pas un constat en soi, mais la valeur proposée par la dénomination d’idiot dépasse toujours le cadre du phénomène. Il est aussi un caractère particularisant. Ex : « quel idiot serait plus à même de faire ton boulot à ta place ? ». Le langage courant banalise son occurrence, jusqu’à le rendre familièrement constant. Ex : « cet idiot a oublié ses clés à l’intérieur ! Il va galérer pour trouver un serrurier. De toute façon, il est coutumier du fait ! ». On ne sort pas de l’idiotie. On y reste par nature. Le trait revêt une permanence. Il est toutefois difficile de hiérarchiser les degrés d’idioties. L’idiot l’est plus par les actes, que par l’être qui est sensé s’en rendre coupable. L’idiot enfin est aux antipodes de l’intelligent, puisque dépourvu de cette caractéristique qui lui fait défaut. Il faut un acte important. Un fait d’arme marquant pour proposer autre chose que l’acte idiot. Par opposition, l’intelligent risque à tous
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