La lecture à portée de main
286
pages
Français
Ebooks
2021
Écrit par
Nathy Lyall
Publié par
Rebelle Editions
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2021
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Publié par
Date de parution
27 septembre 2021
Nombre de lectures
2
EAN13
9782365389488
Langue
Français
Publié par
Date de parution
27 septembre 2021
Nombre de lectures
2
EAN13
9782365389488
Langue
Français
SANG D’OMBRE
Nathy LYALL
www.rebelleeditions.com
Avant Propos
Le monde des Ichoriens était organisé autour du prince Edern, un Néos, un vampire-né dont même la souche n’était pas humaine. La peuplade et la civilisation dont il était issu étaient humanoïdes, leurs origines se perdaient dans la nuit des temps. De temps à autre, ressurgissaient les mythes de l’Atlantide ou des Hyperboréens, mais tous avaient oublié que les habitants n’avaient jamais été humains, que c’était là qu’avaient surgi les premiers vampires-nés : les Néos.
Jadis, avant que l’île dont ils étaient issus ne disparaisse suite à un cataclysme volcanique sans précédent, leur peuple était dirigé par une famille royale. L’aîné de la fratrie et le prince régnant n’était autre qu’Edern. Le souverain avait deux frères, Ashtart le cadet, un vampire hermaphrodite aux mœurs dissolues et un benjamin en la personne de Swann, un être tiraillé entre ses deux aînés pour qui l’immortalité représentait davantage une plaie qu’une bénédiction.
Après la disparition de Nyrée et de ses vassaux, les rescapés, pour la plupart des Ichoriens, s’organisèrent sur le continent européen. Au cours des siècles, bon nombre d’humains vinrent grossir le nombre des vampires. La communauté se structura tout d’abord aux us et vu de tous, puis secrètement, quand les civilisations humaines se développèrent à leur tour et virent dans les immortels des démons sanguinaires.
Ashtart fut banni avant la grande catastrophe. Swann demeura auprès de son frère aîné. Le monarque adopta deux jumeaux : Arawn et Cyn, et tous quatre dirigèrent la communauté des Ichoriens, rejoints tout d’abord par Dominique qui devint le président du Conseil, puis Cathal qui prit la tête des armées ichoriennes. Des amitiés virent aussi le jour. C’est ainsi que Morgan et Dante intégrèrent le petit cercle des proches de la famille princière.
Prologue
Angelyne regardait le paysage défiler, le front appuyé sur la vitre du TGV l’emmenant vers sa nouvelle vie. Elle laissait derrière elle ses souvenirs, les pires comme les meilleurs, surtout les plus sombres. Du moins l’espérait-elle. La jeune fille appréhendait de se retrouver au sein d’un des clans les plus imposants, parmi des étrangers, seule sans sa famille. Plus le terme de son voyage se rapprochait, plus elle se sentait nerveuse.
Après tout ce qu’elle avait traversé, la jeune fille angoissait à l’idée de se trouver dans ce lieu inconnu, perdue au milieu d’un grand nombre d’immortels dont elle savait que la plupart n’étaient même pas d’origine humaine. Elle retenait ses larmes ; une boule à l’estomac l’oppressait. Ses doigts amaigris se crispaient sur le bas de son pull. C’était à peine si elle osait se tourner vers la personne assise à ses côtés.
Angie, comme la plupart des gens la nommaient, avait grandi dans un clan d’une quinzaine de vampires, bien que sa famille fût humaine. Ceux-ci vivaient au sein de ce groupe d’individus hors du commun depuis des temps immémoriaux. La petite communauté occupait un manoir en pleine région champenoise. Cette bâtisse de la fin du XIXe offrait un nid douillet. Entourée d’un parc arboré, on y accédait par un long sentier perdu au milieu des vignes.
La jeune fille, alors âgée de vingt ans, y passa toute son enfance, choyée par ses parents et par tous les membres du clan où les nouveau-nés étaient plutôt l’exception. Son meilleur ami était l’un d’eux. Presque du même âge, les deux enfants évoluèrent ensemble, commirent les mêmes bêtises, partagèrent les mêmes joies. Où l’on apercevait l’un, l’autre n’était jamais loin. La profonde amitié qui les liait se mua peu à peu en d'autres sentiments.
Gabriel, le chef du groupe, un Vampire-Né, avait adopté Julien deux ans avant la naissance de l’humaine. Les parents du bébé le lui confièrent sur leur lit de mort après un malheureux accident de voiture. Gabriel avait une dette de sang envers le père du petit Julien qui lui avait sauvé la vie des années plus tôt. Au nom de celle-ci, il prit le petit garçon sous son aile. La mère lui fit promettre de sauver son fils atteint d’une leucémie. Le vampire n’eut d’autre choix pour honorer sa parole que d’abreuver Julien de son ichor. C’est ainsi qu’il acheva sa transformation à la fin de son adolescence.
Très tôt, la petite fille avait compris la différence entre les immortels et les rares humains vivant parmi eux. Angie s’était rendu compte que sa vie n’était pas ordinaire. Elle n’avait rien en commun avec le quotidien des gens du dehors, les homo sapiens comme les nommaient les Ichoriens.
Le commun des mortels n’avait aucune connaissance des vampires, si ce n’était à travers les contes et légendes. Et ces derniers comptaient bien continuer à garder leur existence secrète le temps qu’il faudrait.
Elle échangea un vague sourire avec la femme qui lui faisait face et préféra ignorer son chaperon, une Ichorienne assise à ses côtés. Ainsi, elle partait vers d’autres cieux… Le voyage lui avait fait traverser une bonne partie de la France, depuis Paris jusque dans le sud où l’attendait sa future existence.
Chapitre 1
Angie n’avait pas encore vingt ans lorsqu’un matin, débarqua Thomas, un vampire âgé de plusieurs siècles et engendré par Gabriel à la fin du Moyen Âge. Julien et lui étaient donc frères d’ichor, mais, alors que le cadet débordait de vie, l’aîné était plus taciturne. Tout les différenciait : Julien était un charmant jeune homme ténébreux. Angelyne aimait se perdre dans le regard noir de son fiancé, enfouir ses doigts dans les longues boucles de jais, parcourir sa peau d’albâtre. Il avait toute l’apparence de ce à quoi on s’attend en parlant de « vampire » : beau, jeune et nimbé d’une aura de mystère, alors que Thomas était son total opposé. Transformé alors qu’il était déjà adulte et proche de la trentaine, le frère aîné possédait une épaisse chevelure courte blond cendré, ses prunelles bleu acier se posaient avec distance et froideur sur les gens, ses traits fermes et sévères lui conféraient un aspect austère.
Dès le premier jour, Thomas la terrifia. Le regard trop appuyé sur ses formes quand ils se rencontrèrent pour la première fois, la manière dont ses yeux la dénudèrent pendant qu’ils remontaient le long de ses jambes gainées de bas noirs et juchées sur de hauts talons, la façon dont ils s'attardèrent sur les courbes de ses hanches et de sa poitrine enserrée dans un bustier de brocard, jusqu’à sa bouche légèrement pulpeuse. Elle aurait voulu retirer sa main quand, pour la saluer, il retourna son poignet pour y déposer un baiser sur les veines palpitantes. Percevant ses crocs sur sa peau fine, elle tressaillit et se serra contre Julien, irrité par l’attitude concupiscente de son aîné.
Puis, le vieux vampire saisit son jeune frère dans ses bras :
— Alors ! On ne salue pas son grand frère ?
Lorsque Angie rencontrait son regard, elle ne pouvait s’empêcher de frissonner et de ressentir un profond malaise. Quelque chose lui criait de fuir cet individu. Angelyne faisait dès lors tout pour l’éviter. Hélas, le manoir n’était pas suffisamment spacieux pour qu’elle ne le croise jamais quand elle était seule.
Thomas ne lui cachait pas qu’elle lui plaisait. Que du contraire, même. À de nombreuses reprises, il recourut à un langage lourd de sous-entendus à peine voilés. Julien n’apprécia pas, mais son frère le terrorisait, et le jeune homme n’osa défier son aîné pour le remettre à sa place.
Cela faisait des mois que ce petit jeu durait quand la jeune fille, malgré sa peur, repoussa violemment d’une gifle magistrale les avances de l’immortel qui tentait de la coincer dans le chai. Le regard noir qu’il lui adressa alors la pétrifia, mais ce qu’il fit l’épouvanta. L’empoignant par les cheveux, Thomas amena son visage vers le sien. À quelques centimètres de sa bouche, il lui affirma, les dents serrées par la rage :
— Ne recommence jamais ! Ou tu payeras cher ton audace…
Il la bloqua contre le mur, la tête immobilisée par une poigne de fer, une jambe entre ses cuisses et son autre main la bâillonna tandis qu’il plongeait ses crocs dans son cou. Angie rugit de douleur et de révolte contre la main qui l’empêchait de crier. Elle tenta de se débattre, de le repousser, de le frapper, mais le vampire semblait un roc. Il ne bougea pas d’un pouce et but tout son soûl. Elle sentit son sexe dur au travers de l’étoffe de son pantalon alors qu’il se pressait sans aucune gêne contre elle de manière à ce qu’elle n’ignorât rien de l’urgence de son désir. Thomas retira ses canines de sa chair, lécha la petite plaie et fit couler quelques gouttes de son ichor afin qu’elle cicatrise. Il la maintint contre le mur pendant qu’il lui murmurait à l’oreille tout ce qu’il fantasmait de lui faire.
— Crois-moi, un jour, tu jouiras dans mes bras. Je te ferai rugir, Angie ! Tu seras à moi, rien qu’à moi ! Cette jolie bouche, je la prendrai, je la mordrai et m’en abreuverai jusqu’à l’ivresse. Je te marquerai, tu seras mienne à jamais.
Avant de la relâcher, l’Ichorien plongea son regard dans les yeux pleins de larmes de la jeune fille, prit possession de son esprit et l’endormit. Comme quelqu’un approchait, il la déposa entre deux immenses tonneaux avant de sortir en toute discrétion.
Lorsqu’elle raconta ce qui s’était produit à Julien, celui-ci devint livide. Il demanda des comptes à son frère dès qu’il le trouva. En effet, celui-ci avait fait croire à tout le monde qu’il s’absentait pour la journée. Il lui avait suffi d’attendre le moment propice pour piéger Angie tandis que tous le pensaient en promenade. Il nia tout en bloc.
— Ta copine se fait des films. Que veux-tu que je fasse d’une gamine de vingt ans ? Elle n’a pas la moindre marque, semble-t-il.
Il se retourna vers la jeune humaine et poursuivit, plein de mépris :
— Ma pauvre Angie, cesse de prendre tes désirs pour la réalité. Julien, je crois que tu devrais t’occuper un peu mieux de cette fille… À ta place, je serais vexé que ma petite amie rêve de baiser avec mon propre frère.
Thomas