Les petits Mondes
107 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les petits Mondes , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
107 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Les choses commencent simplement, de façon presque enfantine, avec la découverte d’un univers où se côtoient « heroic fantasy » et quête plus ou moins initiatique. Enfin, tout se complique: multiplication des personnages, des univers, descriptions ou informations partielles sur ces univers et ces personnages (personnes ?), ruptures narratives répétées, précisément au moment où le lecteur pense avoir enfin cerné le cadre, interrogations philosophiques latentes derrière la légèreté des propos. La maîtrise, le suivi de l’intrigue échappe constamment au lecteur non averti. Et pourtant; tout est là, les indices transparaissent, en filigrane. Mais l’organisation générale ne s’affirme qu’à la fin.

Informations

Publié par
Date de parution 29 octobre 2012
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312005379
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Petits Mondes

Hélène Péquignat
Les Petits Mondes
Tome 1 : Feuillet 28










LES ÉDITIONS DU NET 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
« Pour devenir sages, soyons fous ! »
À A., T., J., E., avec tout mon amour





















© Les Éditions du Net, 2012 ISBN : 978-2-312-00537-9
P ARTIE I

Chapitre N° 1
« Allez , me dit mon père, on en ramasse encore une poignée et on rentre. Montre-moi donc ce que tu sais faire », ajouta-t-il en riant, et d’un geste adroit, il me lança la précieuse liasse qu’il tenait sous le bras. Dédaignant son offre, je pris soin toutefois de ranger ladite liasse avec délicatesse sous le banc de la charrette : pas question de la laisser traîner, et de risquer de la perdre ou de l’abîmer. Compte-tenu de la rareté du produit, pas question non plus de céder à la facilité : mon père le savait bien, tout comme je savais que je l’aurais déçu si j’avais eu recours à cette méthode pour terminer notre cueillette. Et pourtant, l’invitation était tentante : je les trouvais vraiment attendrissants, ces petits, lorsqu’ils s’approchaient avec douceur des surfaces crémeuses. S’aplatissant, se rétractant, s’affinant, ils attendaient sagement de trouver chacun une place ; heureux, déjà, d’avoir retrouvé leur demeure de prédilection. Leur méfiance s’accentuait cependant ces dernières semaines comme si, dans leur prescience, ils sentaient confusément les tensions s’exacerber. Leurs pas se faisaient plus petits, plus hésitants, leur métamorphose moins rapide. Mais quel bonheur lorsque l’écrin se refermait doucement, rempli de leur consistance !
Je me souvenais surtout de cette fois-là : un support de qualité, tout en irrégularités duveteuses, travaillé à la main bien évidemment. Et le premier arrivé, impatient, fier aussi.
Aujourd’hui, cependant, c’était différent. Laissant donc mon père, somnolent, à côté de la charrette, je m’engageai dans le petit chemin de terre qui longeait la lisière du bois de feuillus. J’avais remarqué précédemment qu’en cette saison, ils aimaient profiter de l’ombre bienveillante des chênes, des jeux de lumière dans les feuillages des noisetiers. Il fallait bien sûr progresser en douceur, pour ne pas les effrayer.
Une fois de plus, lorsque je pus enfin les apercevoir, cette émotion si familière et si déconcertante me submergea. Je pris le temps de respirer lentement, calmement ; puis je m’approchai, stupéfait comme toujours de notre symbiose progressive. Le plus grand s’approcha de moi, déjà confiant. Il ne mesurait plus que quelques pouces lorsqu’il sauta dans ma main, puis dans ma poche, avant de se lover tout au fond, dans un soupir. Les autres le suivirent rapidement, plus joueurs. Ils s’arrêtaient sur mon bras, jouant avec les plis de ma chemise, s’entremêlant parfois, comme s’ils étaient ravis de m’avoir rencontré. Sans les forcer d’aucune manière, je leur suggérai doucement de s’installer là où ils se sentiraient le plus à l’aise. Et veillant à leur confort, je retournai auprès de mon père, qui profitait de la tiédeur des derniers rayons de soleil.
Il savait déjà ; j’avais toujours été étonné de cette surprenante capacité qu’il avait de déceler leur présence. Plutôt joyeux de nature, mon père rayonnait pleinement lorsqu’il s’en rapprochait. Il m’aida à monter dans la charrette et après avoir joué avec eux quelques instants, comme de juste, nous les installâmes dans la petite boîte où se trouvaient déjà ceux que nous avions récoltés en tout début d’après-midi.
« Tu vois, me dit mon père, regarde bien. Celui-ci, là, est presque brisé en deux. C’est étonnant, n’est-ce pas ? J’imagine pourtant que tu as procédé avec toutes les précautions d’usage ? »
« Bien sûr, papa. » J’étais un peu vexé qu’il puisse mettre en doute ma vigilance et mon adresse ; mais je sentais aussi confusément qu’au-delà de la question qu’il m’adressait, une interrogation plus sourde lui occupait l’esprit. Lisait-il, là encore, une confirmation de ses craintes ?
Son caractère enjoué reprit cependant le dessus, et après avoir déposé précautionneusement l’éclopé en compagnie de ses frères, il m’entoura les épaules de son bras nerveux, m’ébouriffant les cheveux au passage. « Mon fils, tu m’étonnes de jour en jour. Allez viens, c’est l’heure d’aller faire la fête ! Tout le monde doit nous attendre maintenant, et je suis littéralement affamé. »
Il donna un ordre bref à Cahin, puis à Caha et notre équipage se mit en route au rythme de leur déséquilibre, déconcertant pour le néophyte, habituel voire même agréable aussi bien pour mon père que pour moi.
Il ne s’était pas trompé : tous les autres avaient déjà abandonné leurs activités diverses pour reprendre le chemin du campement. Toutes les charrettes avaient signalé leur retour, même celle de Fée-Line, dont la structure métallique disparaissait presque entièrement derrière le déploiement des tentures nocturnes. Je l’avais toujours trouvé jolie cette charrette, avec ses rayures bicolores inégales. Ce soir-là, elle paraissait aussi plus mystérieuse, plus opaque. Fée-Line s’affairait à l’intérieur, et se contenta d’un hochement de tête souriant lorsque nous allâmes, bons derniers, mentionner notre arrivée à l’oreille de permanence, Esmucho en l’occurrence. Celui-ci nous demanda de nous installer rapidement : « Dites-donc, les cueilleurs de « loumières » (j’adorais sa façon de prononcer ce mot), vous vous êtes encore aventurés en dehors des sentiers balisés ? Et toi Joss, ton père t’a encore fait découvrir des mondes perdus ? Je crois que tu devrais le sermonner … »
Mon père répondit gentiment, tout en déclenchant le mécanisme qui déployait les armatures et les tissus au-dessus de la charrette : « Esmucho, tu sais bien que nous sommes en partie assujettis aux pérégrinations de notre équipage. Et comme chacun a pu le remarquer, il est parfois …imprévisible ! Encore plus en ce moment : on dirait qu’il ne sait plus toujours très bien où il doit nous emmener pour les récoltes. »
« C’est vrai , répondit Esmucho, un peu songeur. Mon propre équipage est quant à lui si routinier que j’en oublie parfois le sens de l’imprévu. » En même temps, il jetait un rapide coup d’œil à Recto et Verso, dont l’étonnante complémentarité assurait à tous ses déplacements une sécurité sans faille.
Je ne sais pas si vous faites partie de ces très nombreux lecteurs qui, dans les années 2000, ont succombé au charme des aventures du très célèbre Harry Potter. Sachez toutefois que nos habitations n’ont rien à envier aux tentes de camping magiques imaginées par J.K.Rowling. J’aurais même tendance à penser qu’elles sont, comment dirais-je, plus sophistiquées. Qui plus est, elles ont le mérite d’exister réellement. Bon, pour le cas où vous seriez le seul lecteur humain n’ayant jamais entendu le nom du sorcier de Poudlard, quelques brèves explications : une fois déployées, les tentes de camping des sorciers sont aussi vastes et confortables que des maisons. C’est un peu la même chose pour nos charrettes, sauf que, bien sûr, ce sont aussi des moyens de transport. Enfin bref, ceci reste un aspect relativement annexe de notre récit, aussi n’insisterai-je pas plus que nécessaire. Une fois, donc, notre habitation déployée, mon père nous confectionna un petit repas rapide, pendant que je regardais les étoiles s’installer peu à peu dans le ciel de fin d’été. Il faudra, à l’occasion, que je vous explique un certain nombre de choses sur notre monde et sur ses habitants, mais pour l’heure, laissez-moi le temps de manger, avant que je ne vous emmène découvrir quelques-unes des personnes qui font partie de notre communauté.
Esmucho et Fée-Line nous avaient déjà précédés, tout comme mes trois meilleurs amis, Uno, Dos et Tres. On les avait affublés de ces surnoms depuis si longtemps que plus personne ou presque ne se souvenait de leurs réels prénoms. Quoi qu’il en soit, nous formions depuis des années un quatuor presque inséparable.
Je serra

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents