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Description
Sujets
Informations
Publié par | editions-encre-de-lune |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782493316240 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Gayl Vagr
LES BERGERS
DES LOUPS
LIVRE 1 : BANNISSEMENT SOCIAL
© 2021. ©GAYL VAGR, Editions Encre de Lune.
Tous droits réservés.
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelques procédés que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Crédit photo : ©canva.com
ISBN Numérique 978-2-493316-24-0
Editions Encre de Lune, 21, rue Gimbert, 35580 Guignen
Courriel : editionsencredelune@gmail.com
Site Internet : www.https://editionsencredelun.wixsite.com/website-1
Cet ouvrage est une fiction. Toute ressemblance avec des personnes ou des institutions existantes ou ayant existé serait totalement fortuite.
Gravé sur un plancher de bois de la cave d’une maison inhabitée, l’on trouve ceci :
« À ceux qui sont seuls
À ceux qui n’ont rien
À ceux qui ont peur
À ceux qui ont faim
À ceux qui ont tout
Ou à ceux qu’on dit fous
N’écoutez pas le Monde, il vous ment pour que vous souffriez en silence
Pourtant, c’est faux, vous n’êtes pas inutiles
Vous êtes comme tout un chacun, seulement des êtres humains
Unis dans la même folie, le mal d’un temps
La main dans la main
Glissant ensemble vers le même élan
Guillaume et Cathie »
PREMIERE PARTIE : MAYRBEK KUTA
CHAPITRE 1 : SENTENCE
C’était un matin brumeux dans un lieu humidifié par une semaine de pluie. Deux femmes et deux hommes encerclaient un troisième. C’étaient des Gardiens. Ils s’apprêtaient à juger, condamner l’un des leurs, un ancien Repenti. Une chance, la morosité d’un ciel gris convenaient toujours mieux aux exécutions ; elle allouait un éloge mélancolique à ce moment de mauvaise passion. Ils l’avaient pourchassé jusque dans le Marais tufeux du Châtillonnais à la Côte-d'Or de Bourgogne-Franche-Comté. Tous étaient équipés d’armes blanches ; épée, machette, ou hache et étaient aussi vêtus d’une sorte de long et ample manteau blanc, tâché d’un rouge cuivré, comme s’il avait été maculé de sang. Or, c’était un téléphone portable que l’une des femmes gardait pour le moment en main. Elle l’avait collé à son oreille : « Nous le tenons, disait-elle à son interlocuteur. Il a abandonné, il ne court plus. Oui, nous allons procéder au jugement. On n’a pas encore décidé qui. Je te rappelle dès que c’est fini », raccrocha-t-elle finalement. Au centre d’eux, ledit Repenti semblait plutôt calme. Il avait l’air d’accepter son sort, de s’y avoir été préparé :
— Alors ? Qui s’y colle ? chercha-t-il à les provoquer. L’une de vous peut-être ? Les hommes seront-ils galants ?
— La préséance revient à ton ancien Gardien. Tu le sais , Gary. C’est moi que tu affronteras.
— Ha… fut-il cette fois déçu. Décidément, je ne tire jamais un bon numéro.
— Avant qu’on commence, tu peux au moins me dire pourquoi ?
— Je n'ai pas pu résister. Je ne sais pas pourquoi, celle-là, elle avait juste été gentille…
— As-tu seulement essayé ?
— Essay é, oui. Assez longtemps. Trop longtemps en fait. Toi-même tu sais.
L’autre Gardienne, une demoiselle prénommée Cléa, sortit son propre téléphone portable. Néanmoins, ce ne fut pas pour appeler, mais pour filmer la scène qui allait suivre. Dès qu’elle appuya sur « enregistrer », cela commença. Le Gardien tira son sabre de son fourreau, puis s’approcha calmement de Gary. Il était désolé, résigné, mais aussi décidé, alors il suivit la procédure :
— Gary Ridley, débuta-t-il. En tant que Repenti, vous avez violé le serment qui vous liait aux Gardiens. En accord avec nos lois, en vertu des droits qui nous sont conférés et sur ordre de la cour d’assises, nous allons procéder à un combat à mort. Votre adversaire sera votre ancien Gardien, Guillaume Bouillard, moi-même. Si vous parvenez à me tuer, vous serez relâché, puis à nouveau traqué dès demain afin d’être soumis à un nouveau combat à mort. Vous serez préalablement désarmé et dépouillé de tous vos biens, notamment vos armes et votre téléphone. Vous avez été condamné au Bannissement Social à perpétuité. C’est-à-dire à mort. Vous pouvez choisir de vous laisser exécuter. Vous pouvez demander que l’on vous fournisse pour la durée de ce duel une arme n'excédant pas la sixième catégorie, selon la législation en vigueur. Nous serons filmés pour preuve de la bonne tenue de cette condamnation. Ces images seront transmises au ministère de la Justice pour faire acte de cette sentence. Confirmez-vous être Gary Ridley ? Comprenez-vous tout ce que je viens de dire ?
— Tu fais chier Guigui sérieux… Protocole de mes deux. Place-toi , je n’ai pas le temps. Finissons-en simplement d’accord ?
Gary sortit une petite hache d’une main, un co uteau de l’autre, puis se plaça paisiblement. Face à lui, Guillaume lui fit un salut et se mit en garde. Lorsque le Repenti se lança, ce fut sans illusions. Moins d’une minute suffit au Gardien pour le désarmer, puis le blesser. Son adversaire tomba et cria fort avant d’atteindre le sol :
— Frappe ! Achève-moi Gardien !
Guillaume lui trancha donc net la gorge et répondit ainsi positivement à l’injonction. Il essuya ensuite sa lame et la retourna à son fourreau.
— Dépouillez-le et appelez les nettoyeurs, ordonna-t-il ensuite aux autres. Et n'oubliez pas d'appeler le centre pour les prévenir de mettre à jour le site. Sinon, c’est encore sur moi que ça va tomber.
— On est désolé Guillaume, ne se retint pas Cléa qui cessa it maintenant de filmer. On sait tous que tu avais pris soin de lui.
— Quand une chose est brisée, parfois c’est comme ça, on a beau faire, elle est irrécupérable, lui renvoya-t-il tristement.
— Il avait de la famille ? questionna l’autre Gardienne.
— Ce n’est pas notre affaire, c’est la leur. Ce corps et tout ce qui le concerne sont désormais leur affaire. Quand un Gardien trahit notre serment, il cesse automatiquement d’en être un. À ce propos, qui se chargera de son disciple ?
— On va lui trouver un autre maître, t’en fais pas, lui confirma-t-on immédiatement.
— Bien, conclut-il.
Cet après-midi-là, ce même jour, un dix-neuf septembre à Créteil, un jeune homme de dix-neuf ans était condamné par la cour d’assises.
Mayrbek Kuta, quatrième enfant d’une famille monoparentale, résidait en France depuis qu’il avait environ quatre ans. Ses trois frères plus âgés étaient en prison, tandis que ses deux sœurs plus jeunes poursuivaient leurs études ; des études prometteuses disait-on. Ils étaient tous nés d'un père qui ne les avait pas suivis jusqu’en France et dont ils avaient depuis très longtemps perdu le contact. À huit ans, sur la demande d’un de ses professeurs, on l’avait confié au jugement d’un pédopsychiatre qui lui avait attribué de grandes difficultés intellectuelles et comportementales. En doutant de ce diagnostic, sa mère avait fait des réclamations et de longues démarches nécessaires à l’obtention d’une contre-expertise. Celle-ci avait tardé à venir et l’enfant s’était révélé in fine être un « surdoué » qui avait perdu quatre ans de sa vie dans une classe inadaptée à ses capacités. Ce fut alors trop tard pour lui, il avait déjà décroché. Du monde, il n’avait retenu que le rejet et il aura poursuivi dans cette voie. Quant à ses aptitudes, elles étaient devenues avec le temps ce qu’on avait pensé de lui.
Aujourd’hui, il était accusé d’association de malfaiteurs, de trafic de stupéfiants, mais surtout d'homicide volontaire et prémédité dans une affaire de « guerre de gangs ». Sordide affaire hélas pour lui, sous contrat, l’adolescent qu’il avait tué de neuf coups de couteau ne lui avait rapporté que cinquante euros, ainsi que de se trouver présentement devant ce tribunal. Le procès fut rapide tant les charges retenues contre lui et les preuves réunies n’avaient permis aucun doute. Sa culpabilité était parfaitement assurée. Le jour du verdict ne lui avait laissé entrevoir aucune issue et, en ayant espéré qu’on le placerait dans l’une des prisons où patientait l’un de ses frères, il découvrit avec stupéfaction qu’il devrait faire un choix parmi les peines que l’on pouvait lui allouer. Le juge avait accepté de lui soumettre ce dilemme sur les conseils d’un psychiatre mandaté par la justice.
Sa seule alternative face à l’enfermement était d’être confié à un Gardien. Cela impliquait qu’en plus d’être dépossédé de tous ses biens, que son nom, son profil et ses méfaits seraient alors rendus public sur un site gouvernemental. On y ajouterait sa photo en prime pour que chacun l’y reconnaisse. Une sentence des plus atroces. De facto , il risquerait à tout instant le lynchage à peine serait-il rejeté dans la nature. Il perdrait sa nationalité française, l'égide de l’État et la possibilité de toutes interventions de la force publique en sa faveur. En conclusion, l’ensemble de ses droits seraient abolis pour la durée initialement prévue de son emprisonnement. Très simplement et métaphoriquement, cette sanction niait son humanité à l’individu, elle l’en délestait.
Si Mayrbek l’acceptait, il deviendrait un paria et une fois reconnu comme tel, il serait donc mis sous la responsabilité de ce qu’on appelait un Gardien ; un homme ou une femme qui vit dans les mêmes conditions, mais en ayant fait le serment de guetter les bannis et d’intervenir chaque fois que ceux-ci chercheraient à réitérer ce qui ne serait ni moralement, ni éthiquement, ni légalement, acceptable selon la législation actuellement appliquée.
Des articles et alinéas qui devaient définir les dispositions légales de ce statut particulier et toutes les modalités qui en incombaient obligatoirement, le jeune homme n’y comprenait rien. Il n'écoutait qu’à moitié jusqu’à ce qu’il entende un mot : « libe